Prise de contact avec le pays dogon

Après une nuit peu reposante, nous décollons à 7.00 du centre, où Souleymane, plutôt silencieux, est venu nous chercher. 2 kms à pied pour rejoindre la gare routière d’où part le minibus pour Bandiagara. Décollage quand c’est plein - évidemment il n’est « pas plein, mais presque »… Petite attente (ça aurait pu être bien pire), mise à profit par les éternels pots de colle vendeurs de pacotille pour essayer de nous refiler qui un chapeau peuhl, qui un bracelet… On laisse faire, on éconduit, on commence à être habitués.

 

Puis une heure et demi de route, petites sardines bien calées entre les autres passagers. Le paysage est fantomatique sous l’effet de l’harmattan, lumière pâle du soleil matinal voilé de poussière sur les baobabs, les palmiers rôniers et les rochers… Arrivés à Bandiagara, nous attendons, dans une gargote affichant de manière improbable une attestation de parfaite hygiène dressée par un pharmacien, le taxi que Souleymane a appelé pour nous conduire à Sangha. Lui-même est parti nous acheter des fruits. La gargotière nous propose des brochettes… Il est 9.30, merci, ça ira ! Devant nous, des cochons très poilus farfouillent dans les sacs plastiques et autres déchets. Ca sera à peu près notre seule vision de Bandiagara la mythique, ville d’Hampâté Ba (le plus célèbre écrivain malien, on en a un peu parlé et vous pouvez aller voir notre bibliographie pour quelques titres), de Tierno Bokar (le « sage » de Bandiagara : maître coranique respecté, prônant contre le puritanisme déjà présent à son époque tolérance et ouverture d’esprit) et de tant d’autres…

 

Encore une heure et demi de trajet pour effectuer les 35 kms qui nous séparent de Sangha. Nous supportons assez bien les secousses de la mauvaise piste, engoncés que nous sommes dans la banquette arrière défoncée du taxi. Les premiers villages, reconnaissables entre mille, pointent le bout de leur nez de temps à autre. Quelques champs d’oignons très verts. Et puis Sangha : passage sous une arche de bienvenue plutôt laide, et sur le plateau rocheux aride, premières maisons, assez espacées, pas très typiques, bâtiments modernes du futur marché artisanal pas encore fonctionnel… Rien de bien enthousiasmant !

 

Souleymane nous emmène déposer nos sacs chez lui. Dans la cour, plusieurs femmes qu’il ne nous présente pas, et des enfants, des poules, un mouton. On se pose quelques minutes et là, 1re bonnesurprise depuis hier soir, il nous sort sa carte de guide homologué. On commençait à ne plus y croire ! Pour commencer, il nous propose d’aller faire le tour de quelques villages de Sangha avant de déjeuner un peu tardivement et de profiter de la fin d’après-midi pour nous reposer avant nos grandes journées de marche. Marché conclu !

Circuit de l’après-midi : Ogol du Haut, Ogol du Bas, tunnel de Gogoli. 6 kms pour goûter aux saveurs du pays dogon : aperçu du panorama sur la falaise (impressionnante malgré la visibilité réduite à cause de la poussière qui obsurcit toujours l’horizon), ocre des maisons en banco contre gris du plateau, tables de divination du renard pâle, maison du hogon et autels sacrificiels, greniers des hommes et des femmes, maison des femmes et autres traditions que nous vous expliquerons plus en détail…

 

Pincement au cœur en voyant les enfants, à notre passage, se rassembler pour entonner un « chant de bienvenue aux touristes ».  Le traditionnel « ça va ? » (même à 2 ans, sans savoir parler français, ils connaissent ces 2 mots !), voire les demandes « toubab, le bicou ! » (ici tout est en « ou » ! à Bamako c’est le bici…), on ne peut pas y échapper, mais le chant, on ne connaissait pas et on aurait préféré s’en passer…

 

Admiration devant le travail des femmes dans la cour de Souleymane : teinturières, elles fabriquent les indigos traditionnels…

 

Et aussi, prise de contact avec la réalité quotidienne de nombreux villages africains : pas d’eau courante (douche au seau – tout un art !) et pas d’électricité (vivent les frontales !) sauf pour les maisons à panneaux solaires ou groupe électrogène. Les conditions de vie sont spartiates (et encore, Souleymane nous loge dans une chambre de passage en dur avec un vrai matelas au sol) mais ça n’est pas vraiment un problème. On le savait et puis il faut qu’on s’habitue, ça va être comme ça pendant un moment une fois que nous aurons quitté Bamako !

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Commentaires: 2
  • #1

    Juliette (jeudi, 04 février 2010 13:28)

    Je découvre votre blog et votre projet, très intéressant. Bravo à vous deux, je viens de lire le retour et vos impressions, dommage comme vous dites... Je mets un lien vers ce billet pour faire découvrir votre blog à mes lecteurs sur le blog du travail. Bonne continuation !

  • #2

    Tom et Amélie (jeudi, 04 février 2010 17:52)

    Merci bcp, pr le commentaire sympa et encourageant et aussi pr le lien !