Bronze à la cire perdue

De passage à Ouaga, nous avons découvert la technique ancestrale et toujours pratiquée – avec dextérité - de la fonderie de bronze « à la cire perdue » ; initialement utilisée pour fabriquer des objets utilitaires, notamment des outils, c'est surtout dans le domaine artisanal qu'elle est aujourd'hui employée. Explications (et illustrations en photos).

 

Dans un premier temps, le bronzier fabrique le moule. Pour cela, il utilise de la cire d'abeille, dans laquelle il façonne le modèle. Ensuite, ce modèle est recouvert d'une couche épaisse de terre crue, que l'on cuit comme une poterie : le moule est prêt ; la cire d'abeille quant à elle est fondue et récupérée pour réaliser d'autre modèles.

 

Le bronzier peut à présent passer à l'étape de la réalisation de la pièce à proprement parler. Il convient de chauffer le moule à la bonne température – afin qu'il puisse supporter d'être mis en contact avec le métal en fusion. C'est aussi le moment de chauffer le métal dans un creuset de terre – en fait, un alliage de zinc et cuivre. Normalement, le zinc n'entre pas dans la composition du bronze, il est remplacé par l'étain. Ici en Afrique, l'étain est introuvable ou trop cher... D'une manière générale, notre bronzier explique qu'il est de plus en plus difficile de trouver le métal. Il semble que les récupérateurs (ces hommes et femmes travaillant dans les décharges afin de récupérer tout ce qui est bon à vendre – nous en avions parlé ici) soient très courtisés pour la revente de métal par les Chinois à Ouaga, qui leur proposent des tarifs supérieurs à ceux que peuvent se permettre les artisans locaux. La question est de savoir à quoi serviront ces métaux...

 

Une fois la bonne température atteinte, le métal est versé dans le moule. Comme le reste des opérations, cette étape particulièrement délicate est réalisée sans protection aucune... Il ne reste plus qu'à attendre que la température redescende pour pouvoir briser le moule et découvrir la pièce. La technique de la cire perdue implique donc que chaque moule, et par conséquent chaque modèle, est unique...

 

Dernière étape, la finition. Selon l'aspect que l'on veut donner à la pièce, on utilise soit la finition traditionnelle (polissage au sable et jus de citron, la pièce changeant alors de teinte au fil du temps jusqu'à devenir verte – un nouveau polissage est alors nécessaire), soit la finition chimique (qui peut donner une couleur à certaines parties de la pièce), soit la finition « or » (à l'acide). Voilà, c'est fini !

Musique à Bobo Dioulasso

Au musée de la musique de Bobo, ville réputée pour ses musiciens, on découvre beaucoup d'instruments traditionnels des différentes ethnies burkinabées : mossis, lobis, bobos, sénoufos, gans, etc.

 

Il y a des instruments à vent (flûtes, sifflets, cornes, …), à cordes (n'goni, petits violons aux cordes de crin de cheval, …), des percussions (tambours, tambours d'aisselle, balafons, cloches, ...), … On aurait aimé joindre des photos mais cela était interdit dans le musée...

 

On remarque une vraie richesse, une vraie ingéniosité et surtout une vraie maîtrise dans leur fabrication à tous, à partir de matériaux locaux : calebasse, peaux de différents animaux (vache, âne, antilope, …), bois, terre, crins d'animaux, métal, paille...

 

Et on apprend quels sont les différents rôles joués par les instruments (qui peuvent varier selon les ethnies pour un même instrument) : au-delà du divertissement, ils ont une vraie fonction communicationnelle. Certains sont utilisés pour communiquer de village à village (annonce d'une guerre, de la mort d'un chef, etc) ; d'autres au sein du village (pour encourager le travail des champs ou les lutteurs en compétition ; célébrer des festivités ou accompagner des funérailles...) ; d'autres enfin pour communiquer avec l'au-delà, les esprits (en général, pour prévenir de la sortie d'un esprit, afin que ceux qui n'ont pas le droit de le voir – notamment les femmes et enfants – ne quittent pas leurs cases). Ainsi, au-delà du rythme musical, un vrai message est délivré – que seuls les initiés comprennent, à charge pour eux de le transmettre au reste de la population. Ce message est porté directement par les variations tonales de la musique, qui imite en réalité les langues locales ; en effet, celles-ci sont dites tonales car la signification d'un même phonème change suivant la hauteur à laquelle il est prononcé. Les percussions peuvent donc imiter ces variations tonales... et parler.

 

Certains de ces instruments sont sacrés : seuls peuvent en jouer les griots initiés. Les femmes quant à elles ne sont le plus souvent pas autorisées à jouer, que l'instrument soit sacré ou non. Elles ne pratiquent que quelques instruments, qu'elles ont inventé elles-mêmes à partir d'objets du quotidien, notamment les calebasses. Ainsi de cet instrument visant à calmer les enfants récalcitrants : une calebasse retournée sur laquelle on pose l'index enduit de cendre, sur lequel on va glisser le manche d'une cuiller en bois : en sort le mugissement d'un lion (ou presque) – les enfants ne pipent plus mot !

 

Une dernière information : contrairement à une représentation répandue, le djembé est un instrument récent et non traditionnel. Il a été créé par des jeunes non initiés qui ont détourné des tambours classiques de leur fonction ; le système de tension de la peau, en principe en cuir, a été remplacé par des fils de nylon, permettant une tension plus forte et donc une meilleure résonance. L'instrument s'est développé à une vitesse phénoménale et est aujourd'hui connu partout et vendu sur tous les marchés africains... Mais les touristes, souvent peu informés, achètent en général des instruments de mauvaise qualité car fabriqués dans n'importe quel bois – or, tous n'ont pas les mêmes qualités sonores...