jeu.

19

août

2010

Afrique du sud, un condensé !

Nous voilà à Johannesburg. La dernière étape du voyage... Chaleureusement accueillis par Catherine, Joe et Khanya, nous en profitons pour nous attarder sur l'histoire mouvementée du pays, que nous avions assez peu abordée jusqu'ici. Avec la chance de bénéficier de leur expérience à tous les trois – Joe a été l'un des cadres dirigeants de l'ANC, qu'il a rejointe dès 1950.

Et nous nous sentons vraiment ignorants. Nous découvrons tout ou presque du combat mené par l'ANC contre le régime d'apartheid, du Congrès du peuple de 1955 au massacre de Sharpeville en 1961 – qui marqua un tournant dans la lutte, du mouvement pacifique à la lutte armée. Les 27 ans de prison de Nelson Mandela, évidemment, mais de tant d'autres aussi, et l'exil, long et difficiles, de ceux qui n'avaient pas été emprisonnés. Le soutien du parti communiste. La cruauté du régime Afrikaner, les pass pour circuler dans les villes, la discrimination jusqu'en prison (60 centimes de rand par jour pour nourrir une prisonnière blanche, 30 pour une Indienne ou métisse, 15 pour une noire...), les lois iniques interdisant tout ou presque... Le soutien plus ou moins avoué de la France au régime blanc – intérêts à protéger obligent (vente de centrales nucléaires, achat de l'uranium namibien, …). La presque guerre civile dans les townships à la fin des années 1980.

 

Si l'apartheid a pris fin en 1994, les stigmates en sont encore visibles – et les problèmes auxquels les Gouvernements successifs de l'ANC (Nelson Mandela, Thabo Mbeki, Jacob Zuma) doivent faire face nombreux. Logement, santé, éducation, criminalité... n'en sont que quelques uns. Les townships sont les premiers touchés. Mais difficile de les faire disparaître au profit de logements plus décents, lorsque leurs habitants résistent pour diverses raisons : refus de quitter un environnement dans lequel on a vécu toute sa vie ; réticence à l'idée de devoir à l'avenir payer un loyer, quand on n'en paie pas en habitant un bidonville ; et pour les criminels, aucune envie d'abandonner des zones de non-droit servant de planques et dans lesquelles les policiers n'osent guère s'aventurer.

 

Si tout cela peut sembler n'être guère positif, il faut replacer les choses dans leur contexte : la fin de l'apartheid ne date que d'il y a 16 ans... Et beaucoup a été fait depuis. Difficile de régler toutes les difficultés d'un seul coup ! Qui plus est, ces difficultés ne sont finalement pas si éloignées de celles que connaissent nos pays, même si cela se pose sans doute dans une proportion moindre. Pas la peine donc de trembler à la seule évocation de l'Afrique du Sud ou de Johannesburg, en se laissant prendre aux sirènes des médias français faisant leurs gros titres sur le business des sociétés de sécurité, etc. En ce qui nous concerne, pendant ces 5 semaines dans « l'un des pays dont la criminalité est le plus forte », le plus grave qu'il nous soit arrivé (bien que nous ayions emprunté les transports en commun, marché, et même fait du stop...) a été une « tick-bite fever » (infection à cause d'une piqûre de tique) pour Amélie. Mieux vaut donc venir se rendre compte sur place, et voir tout ce que le pays a par ailleurs la chance d'avoir à offrir !

 

Petit aperçu, par le biais de nos deux paires d'yeux – qui, par la force des choses (temps et budget limités) ont laissé de côté bien d'autres choses à découvrir !

 

4 jours dans la Hluhluwe Game Reserve – parc animalier au Nord Est du pays. 4 jours à marcher dans le bush, sa poussière brune, ses odeurs d'herbe sèche, sur les traces des Big Five (lion, éléphant, léopard, rhinocéros, buffle). A tenter de reconnaître les empreintes plus ou moins fraîches de toutes ces charmantes bestioles. A écouter le feulement des lions en pleine nuit, tuant un buffle à moins d'un kilomètre. A retenir notre souffle (même protégés par deux rangers avec fusils, on se sent vulnérable...) en admirant lions et rhinocéros blancs à moins de 30 mètres. A observer depuis la falaise le manège des impalas, girafes, kudus, éléphants, zèbres et autres oiseaux en contrebas...

 

Calme reposant et vivifiant des majestueuses montagnes du Drakensberg. Balades de montagne au milieu des lacs, sous l'œil tranquille des vaches locales. Excursion au Lesotho (mais si, vous savez, ce petit pays coincé au milieu de l'Afrique du Sud, surnommé « le royaume dans les nuages » car s'étendant sur un plateau à plus de 2000 mètres) par le légendaire Sani Pass et ses 27 abrupts lacets accessibles seulement à pied ou en 4x4... Soirées sympathiques près du feu, dans la salle commune du Backpackers, faites de rencontres de toutes sortes de voyageurs, jeunes, moins jeunes, de toutes nationalités...

 

Bastille Day à Franschoek, le week-end le plus proche du 14 juillet. Franschoek signifie en Afrikaner « le coin des Français ». Et pour cause : l'Afrique du Sud compte un certain nombre de descendants hexagonaux – dont les ancêtres huguenots fuirent les guerres de religion en France, se réfugièrent en Hollande et finirent ici, dans la région du Cap, à cultiver du vin. Qui est plutôt bon, d'ailleurs ! Et en ce Bastille Day, l'occasion est donnée de goûter aux différents crus, puisqu'est organisée une séance de dégustation géante sous un grand chapiteau, avec force bérets et drapeaux bleu / blanc / rouge... Ambiance sympathique bien qu'un peu artificielle dans cette petite ville elle-même artificielle. On termine pompettes, cela va sans dire, puisqu'ici dégustation n'implique pas de recracher le vin – et que l'entrée donne droit à 5 (petits) verres...

 

Une nuit dans un hôtel 5 étoiles à Stellenbosch. Invitation par le propriétaire, oui monsieur, oui madame. Totalement imprévu, totalement apprécié... Voilà le genre de choses que le voyage rend possibles ! Et découverte au passage de la ville, dans une vallée viticole proche de Franschoek. Passés la veille dans deux townships avec l'un des projets que nous avons rencontrés, nous remarquons la différence avec le centre ville coquet, propret – et blanc...

 

Gastronomie locale... A la fois classique et inventive, rarement décevante. A noter, le braai (barbecue) est tout un art ici. On s'en rend compte au vu des trousses d'ustensiles fièrement arborées, genre trousse de secours ou trousse à couture en taille x10... sauf qu'il y a là-dedans 2 ou 3 broches, des pinces, des couteaux, … Il faut dire que la viande rouge et les saucisses sont particulièrement bonnes. Il y a aussi le biltong, petits morceaux de viande séchée (boeuf, diverses antilopes, autruche) à grignoter, put être très gouteux également. Et puis également, sous l'influence anglaise, on trouve partout d'excellents muffins, carrot cakes et autres délices. Quant au vin, les cépages sont assez peu variés (merlot, chardonnay, sauvignon blanc, cabernet sauvignon, pinot noir, shiraz le plus souvent) – mais n'ont pas grand chose à envier aux crus français...

 

Et puis les ambiances urbaines (cf. notre précédent billet). Chacune des grandes villes que nous avons traversées a sa propre âme, ses propres ambiances, de Cape Town l'Européenne à Johannesburg, cosmopolite et toujours en mouvement...

 

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mer.

11

août

2010

Afrique du Sud, patchwork

Durban, dimanche après-midi.

Berea, quartier blanc sur la colline. Personne dans les rues ensoleillées, aux maisons cossues cachées par des haies et des murs, seulement des voitures – le seul endroit montrant un peu de vie est le centre commercial du coin...

Centre-ville globalement vide de piétons à l'exception de quelques rues. Ambiance pesante, on se croise en évitant de se regarder, d'un pas rapide – l'endroit n'est pas très conseillé bien que pas formellement déconseillé...

La plage. La foule sur la plage. Le long de la promenade, dans l'ombre alanguie des buildings du centre-ville et du stade flambant neuf, les gens avancent paresseusement, se croisent, une glace ou un bout de pizza à la main. Arc en ciel de peaux : blanches, bronzées, mates, métisses, franchement noires. La nation arc-en-ciel, ça doit être un peu ça... Minorité indienne bien visible (la province du Natal a été annexée par les Anglais à la fin du 19ème siècle ; ils y firent venir « sous contrat » un grand nombre d'Indiens – en réalité le système s'apparentait à de l'esclavage. Ghandi fit partie de ces nombreux travailleurs et c'est à Durban qu'il développa ses idées sur l'action non-violente). On retrouve la religion musulmane : certaines femmes sont voilées de noir de pied en cap, contrairement aux musulmanes ouest-africaines, le plus souvent vêtues de manière « laïque ». Ambiance de fête foraine, en musique et en famille. Première fois que nous voyons vraiment des familles noires profiter d'un moment de loisir, ensemble : ici, on est suffisamment à l'aise pour se permettre un moment de repos et une friandise un dimanche après-midi, ici, les conventions sociales n'imposent pas une séparation hommes / femmes.

 

Cape Town. Long Street : des maisons victoriennes du 19ème siècle ont résisté à l'invasion des tours modernes poussées deux rues plus loin. Atmosphère londonienne, boutiques d'antiquaires et vieilles librairies, piétons flânant, agréable.

Khayelitsha, à une vingtaine de kilomètres du centre : deuxième plus gros township du pays après Soweto ; du monde dans les rues calmes et ensoleillées, goudronnées, femmes, jeunes, enfants discutant, jouant, travaillant de menus travaux ; maisons en dur ou baraquements précaires faits de tôle, de bois, de tout ce qu'on trouve, aux intérieurs simples mais pas dénués de tout confort (pour ce que nous avons vu... et cela nous a assez surpris).

Kloof Street : cafés et restaurants se succèdent, pleins des habitants du coin – tous Blancs, venus partager un café, un gâteau, une bière.

Neighborgoods market, le samedi à Salt River : une foule blanche, trendy, se presse au milieu des étals couverts de mets tous plus délicieux les uns que les autres (sur le rayon français, pâtés et fromages viennent directement de France deux fois par semaine par avion) et des rayons pleins de vêtements design. Les prix suivent le standing. A deux pas, les messieurs de la sécurité empêchent les gens susceptibles d'être des pickpockets ou voleurs de rentrer. Délit de faciès : avis aux looks de miséreux, dans ce quartier métisse très modeste : interdits de passage ! Enclave de confort -qu'on apprécie sincèrement quand on a la chance de pouvoir y accéder...- dans un monde plus pauvre.

 

Afrique du Sud, autre visage de l'Afrique. Une vraie palette à soi tout seul, des grandes cités cosmopolites aux bourgades provinciales, si différentes selon qu'elles sont à majorité blanche ou noire, des plages paradisiaques de la Wild Coast aux montagnes du Drakensberg... Des mondes si éloignés, qui ont encore du mal à faire davantage que se croiser. Pendant des années, les Blancs ont employé – ou donné du travail, selon le point de vue - les autres : serveurs, femmes de ménage, agents de sécurité, ouvriers agricoles, ouvriers en bâtiment. Ca change, tout doucement...

 

Reste un certain antagonisme, bien qu'on ne l'avoue qu'à demi-mot. On se fait peur les uns les autres. Ainsi de cette aimable pharmacienne d'une petite ville côtière, qui nous conseille en sous-entendus de ne pas faire du stop avec un Noir. Ou bien ce couple charmant qui nous emmène gentiment à notre backpackers à Durban (le taxi commandé à la gare routière ne s'est pas montré) : « Soyez très prudents ! Quand vous allez en ville, faites attention aux taxis, ils vous arnaquent. C'est dommage de dire ça mais le crime ici a beaucoup augmenté... Ca serait bien si le pays pouvait former un seul bloc comme il l'a fait pendant la Coupe mais maintenant c'est fini, chacun repart à la défense de ses propres intérêts ». Ou ce jeune couple, avec lequel nous passons une agréable soirée en backpackers, dont les visages se sont métamorphosés en nous entendant évoquer notre brève expérience du stop – indispensable pour arriver ici : les yeux écarquillés, les deux nous disent « Jamais nous on ne vous aurait pris en stop. On a trop peur. On ne pas savoir si tu ne vas pas sortir un flingue pour nous braquer... ». Alors même que le stop nous a, en l'occurrence, été conseillé par la réceptionniste du backpackers, très rassurante... la seule différence est qu'elle est noire, la réceptionniste.

 

Nous savons que le pays compte un fort taux de criminalité. Mais où est la part de fantasme et la part de réalité ? Les quartiers blancs sont barricadés derrière alarmes, barbelés et systèmes de sécurité ; dans beaucoup, on n'imagine pas faire un trajet de 10 minutes à pied... L'atmosphère en devient pesante, on voit un potentiel criminel derrière chaque visage... Pourtant, jusqu'à présent, nous n'avons assisté à aucun acte de violence quel qu'il soit, dans les grandes villes ou en dehors (les campagnes et petites villes étant en principe moins exposées).Même dans les grandes villes, les choses changent quand on commence à avoir des repères ; quand on se familiarise avec les lieux, on s'y sent plus à l'aise. Etait-on parano avant ou devient-on laxiste ? Quoi qu'il en soit, nous ne sommes pas les seuls Européens à trouver l'ambiance pesante et déconcertante. (NB : précisons que nous n'avons jamais entendu de propos racistes de la part des uns ou des autres ; tenus sur le ton du constat, ils traduisent surtout une méfiance, chargée d'excuses et de regrets.)

 

En tous cas, après avoir passé du temps en Afrique de l'Ouest, nous nous sentons tout de même plus à l'aise – à tout le moins dans les communautés blanches urbaines -, car nous retrouvons un certain nombre de codes sociaux et une façon de vivre proches de ceux que l'on connaît en Europe. Ce qui fait dire à un Camerounais rencontré sur un marché de Durban : « Ici c'est pas l'Afrique. La vraie Afrique on la voit en Afrique centrale et en Afrique de l'Ouest ». Un peu dans le même ordre d'idées, une Finlandaise expatriée en Namibie nous raconte que des amis lui ont présenté le pays comme « Africa for beginners » (l'Afrique pour les débutants). Les lodges et autres hotels s'enorgueillissent quant à eux, sur leurs brochures et sites web, d'offrir à leur clientèle tout le confort souhaité, plus « a taste of Africa » (un parfum d'Afrique) ou un « african sunset » (coucher de soleil africain).

 

Parce que l'Afrique du Sud et la Namibie ont, à tout le moins dans les grandes villes, développé un mode de vie plus occidentalisé (pour certains), elles ne sont plus perçues comme véritablement africaines. Encore une histoire d'imaginaire... Ici aussi c'est l'Afrique, un continent à plusieurs facettes, voilà tout ! Du Maroc au Congo, du Mali au Botswana, de l'Afrique du Sud au Kenya. 

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mer.

11

août

2010

Photos du Cap

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lun.

09

août

2010

J -10

Depuis les montagnes du Drakensberg, un petit mot rapide pour vous dire que tout va bien. On a plante notre tente ici pour une petite semaine avant de rejoindre Johannesburg. Enfin, si elle resiste : il parait qu'il va neiger aujourd'hui...

 

Au programme : travail et balades en montagne. Avant le retour, qui se profile pour tres bientot maintenant, on voudrait boucler nos comptes-rendus et autres choses a ecrire... Mais on ne pourra sans doute pas tout de suite les partager avec vous (pas de wi fi ni cle usb...).

 

A bientot !

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sam.

31

juil.

2010

Strandloper Trail

Ecrit le 29, posté depuis Durban

 

On a marché, marché, marché et encore marché... 56 kilomètres en 3 jours et demi, le long de la Wild Coast sud-africaine, sur les pas de tous les peuples de pêcheurs et autres marcheurs des sables qui nous ont précédés. Pas d'internet, peu de téléphone, peu de rencontres... Des étendues de sable fin, des rochers et des galets (tant qu'à la fin on en avait assez !), des falaises, des mouettes, des dauphins surfant les vagues (plein !)... Des coquillages de toutes formes et couleurs, entiers ou cassés en un sable grossier, deux rivières à traverser (froid), des soirées au feu de bois... 3 jours de soleil, une dernière matinée grise et humide. C'était bien. On y retournerait volontiers... Mais nos jambes endolories nous supplient du contraire. Au programme pour la suite : Durban, puis à nouveau 4 jours de marche dans le Hluhluwe-Imfolozi park (le parc animalier, avec les rangers armés, on en a déjà parlé) - sans internet non plus... Et ensuite ? Ensuite, on verra !

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sam.

31

juil.

2010

Quelques photos de Namibie

Paysages...

Quelques bestioles...

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mar.

20

juil.

2010

Back to Namibia

[Tape sur un clavier QWERTY sud-africain, desoles pour les accents... Photos a venir - il faut qu'on fasse une selection...]

 

Nous sommes restes trois semaines en Namibie. Un peu moins que ce que nous avions souhaite au depart, notamment parce que plusieurs de nos projets n’ont pas pu se realiser faute de vehicule (passer du temps dans un village, ou quelques jours dans une ferme). Pas facile d’atteindre les zones rurales, tres peu desservies par les (rares) transports en commun. Que l’on a testes, en partie : le train (Transnamibia) est une experience memorable en soi… Tres abordable, permettant de ne pas “perdre de temps” puisque la plupart des trajets se font de nuit… En revanche, confort minimal (sans que l’on puisse voir une reelle difference entre 1ere et 2eme classe) : pas de couchettes, diffusion de film jusque 23.00 au maximum du volume… Et pour peu que vous heritiez de voisins indelicats braillant et mangeant des chips avec force froissements du paquet au milieu de la nuit, nous vous garantissons une nuit sans sommeil.

 

En dehors des villes, assez bien reliees au reste du pays, il n’existe pas vraiment de villages tels qu’on les connait en Europe, sauf au Nord du pays (zone la plus densement peuplee). Dans les zones desertiques, qui recouvrent la majorite du pays, on trouve plutot des habitations, parfois regroupees par deux ou trois, des fermes ou des lodges, espaces de plusieurs kilometres. En Namibie, on est presque toujours au milieu de rien…

 

Pays des grands espaces donc, proximite avec la nature. Comme un peu partout dans les pays que nous avons traverses, d’ailleurs, ou la nature n’est jamais tres loin meme en ville (a part dans les capitales). La partie itinerante de cette aventure a donc ete l’occasion pour nous de nous ressourcer… Nous en sommes arrives a apprecier pleinement les douches en plein air, pour la sensation si agreable au final d’etre tout nu en plein air, entoure par la campagne environnante, deux ou trois oiseaux moqueurs vous jaugeant depuis l’arbre voisin…

 

Bref, tout cela pour dire que la nature fait partie des arguments de vente de la Namibie dans les brochures touristiques. Et il est vrai que l’on en a eu a revendre.

 

Tout d’abord au Nord, vers les Victoria Falls et la bande de Caprivi. Prenez une carte de la Namibie : vous voyez cette bande de terre au Nord du pays (450 kms de long, 30 de large), qui file droit vers le Zimbabwe en longeant les frontiers angolaise, zimbabweene et zambienne ? C’est ca, la bande de Caprivi. Temoignage d’une epoque ou les frontieres etaient taillees au cordeau par des puissances coloniales avides d’asseoir leur pouvoir. En l’occurrence, les Allemands negocierent avec les Anglais, en echange de l’abandon de leurs interets a Zanzibar, l’inclusion de cette bande de terre dans le territoire namibien. Ce qui leur permettait d’atteindre le fleuve Zambeze… et de resoudre le probleme de l’acces a leurs autres possessions, “malheureusement” situees en Afrique de l’Est (ex Tanganyka, aujourd’hui les Etats du Rwanda, du Burundi et de la Tanzanie…).

 

Au Nord donc, nous sommes alles voir les chutes Victoria. Pas donne l’expedition, les Zambiens se plaisant a taxer pour tout et n’importe quoi (ils ont trouve le filon : une taxe “empreinte carbone” ! Un peu ironique dans des pays ou la protection de l’environnement est le cadet des soucis… mais bon) et a faire payer des visas hors de prix. Mais le jeu en vaut la chandelle : les chutes sont vraiment impressionnantes (9100 m3 d’eau par seconde pendant la saison des pluies). Panel de sensations : grondement de cette incroyable masse d’eau en tombant au fond du precipice (plus de 100 metres de haut), nuage de goutelettes qui remonte d’en-bas et vous trempe en un temps record,… Un regret : ne pas avoir profite de l’occasion pour admirer aussi le cote zimbabween, plus lointain et panoramique (mais nous n’avions plus de dollars US et les amis qui nous accompagnaient ne souhaitaient pas traverser la frontiere).

 

Ce fut egalement notre initiation avec les parcs animaliers et reserves, au sein de la Mahango reserve (pres de la frontiere avec le Botswana) et du Mudumu National Park. A vrai dire, nous avions déjà pu voir quelques bestioles le long des routes – eh oui, en Namibie, on prend sa voiture et on croise des singes, des antilopes, des girafes, ou des hyenes (moins sympa mais plus rare). Ashok, notre hote couchsurfer, nous a permis de completer un peu le bestiaire (cf. les photos). On n’a pas trop aime la balade en camion-touristes-safaris avec guide ; c’etait plus rigolo rien qu’entre nous en voiture (pas un 4x4 : le bas de caisse a parfois un peu racle le sol…) : on se prend au jeu, finalement... Mais le meilleur reste a venir puisque nous avons, folie de ce voyage, reserve une marche de 4 jours en pleine brousse dans un parc sud-africain – avec rangers armes (courageux mais pas temeraires…).

 

En fait, nous avons deja eu notre lot de frayeurs animalesque. Nuit en camping, a cote du lit d’une riviere (assechee a cette époque de l’annee), bordes par des bosquets protecteurs. 3 heures du matin : des bruits bizarres commencent a se faire entendre : branches d’arbres cassees par dizaines. Ca dure un moment. On a bien notre petite idée mais pas moyen de verifier : en camping, quand des bêtes sauvages passent dans les parages, il faut faire le mort dans sa tente, aussi silencieusement que possible. On n’en mene pas large, au fond de notre petite tente fragile, on n’ose meme plus bouger dans nos sacs de couchage en plume pas tres discrets… Plus tard dans la nuit, les bruits reprennent, encore plus inquietants : de la ferraille qui se tord, des trucs metalliques qui tombent. Gloups : la voiture de location… C’est seulement au lever du soleil que cela se calme. Les chiens de nos voisins sud-africains commencent a s’enerver : un peu tard, eux aussi ont fait les morts au plus pres du danger ! On sort prudemment de notre tente… et les traces au sol confirment notre intuition : une famille d’elephants, 2, peut-etre 3, sont venus nous rendre visite. Ils sont passes a 4 metres de la tente, qu’ils ont consciemment evitee. Et ils ont tout casse dans la “salle de bains” et les WC rustiques du camping : renverse le reservoir d’eau, arrache les tuyaux, defonce la cloture… Tout ca pour aller s’abreuver ! La voiture de location, elle, est encore entiere, ouf. Nous decidons d’aller voir dans le lit de la riviere s’ils sont encore la… Des barrissements nous indiquent que oui. Quelques minutes plus tard, nous les voyons traverser paisiblement, a quelques centaines de metres, papa, maman et petit…

 

Nous avons aussi pas mal sillonne le centre du pays. En voiture, que nous avons du nous resoudre a louer pour pouvoir sortir des itineraires couverts par les transports en commun. Pendant ces 7 jours, pas mal de kilometres au compteur (500 kilometres pour un Namibien, c’est comme Amiens-Paris pour nous…), et des paysages magnifiques, de desert en desert…

Dunes de Sossusvlei, dont certaines sont aussi hautes que la Tour Eiffel (300 m de haut, les plus grandes du monde) – et comme le dit une de nos amies couchsurfeuse, c’est “quite challenging” a grimper… Mais la magie de voir le lever du soleil dans cet environnement le merite bien.

Desert du Namib, et son centre de recherche Gobabeb perdu au milieu de rien, ou les etoiles sont plus lumineuses et la nuit plus pure que n’importe ou ailleurs… Et les Naukluft Moutains surgissant d’un seul coup, leurs babouins, leurs zebres de montagne (et leur itineraire de randonnee sur lequel on a bien galere…).

Desert de la Skeleton Coast, son brouillard epais, sa colonie de phoques (puante mais marrante), sa capitale Henties bay, ville de pecheurs un peu fantome aux patronnes de camping germaniques malaimables et alcolos…

Brandberg moutains, Spitzkoppe, leurs sommets offerts aux alpinistes chevronnes (i.e.: pas nous !) et leurs peintures rupestres vieilles pour certaines de 5000 ans…

 

En dehors du desert, la Namibie compte aussi, evidemment, quelques villes. La plupart sont plutot de grosses bourgades residentielles (ce qui ne veut pas necessairement dire “bourgoieses”, loin de la) traversees par une rue principale, de part et d’autre de laquelle on retrouve les memes enseignes. Dans certaines d’entre elles, on retrouve de maniere caracteristique l’influence allemande, notamment a Swakopmund, ville cotiere a l’architecture assez connotee (dans le centre a tout le moins). On y trouve le Treffpunkt Café, on peut y deguster des Apfel strudel… Les noms de rue sonnent aussi germanique, et les drapeaux allemands flottaient sur les voitures pendant la Coupe du monde (enfin, jusqu’aux demi-finales, eheh). D’une maniere generale, les souvenirs de la colonisation allemande abondent partout ; a Windhoek aussi, entre la Mozart Strasse, les Buchhandlung, la langue Afrikaner dont l’on peut saisir quelques mots si l’on est germanophone…

 

Certains considerent que la France a eu la pire des politiques colonialistes. Loin de nous l’idee de rentrer dans ce jeu de classement entre les colonisateurs europeens… Rappelons simplement que les Allemands, debarques en Namibie (alors appelee Sud-Ouest africain) en 1884, rencontrerent dans leur avancee une forte resistance de la part des peuples autochtones, notamment les Nama (Hendrick Witbooi) et les Herero (Samuel Maherero). Ce qui conduisit a une lutte armee extremement violente – et a ce qu’on appelle aujourd’hui le genocide des Herero, victimes d’abord de massacres puis, pour les survivants, de mauvais traitements dans des camps de concentration. De 80 000 Herero avant la colonisation, on est passé a 15 000 en 1910… Ce n’est qu’au lendemain de la premiere guerre mondiale que les Allemands seront contraints de renoncer a leurs possessions (Traite de Versailles) ; de nombreux colons allemands resent cependant sur place. La Namibie est placee sous mandat d’administration sud-africain… Et c’est le debut de la recolonisation : l’Afrique du Sud annexe progressivement le pays, jusqu’a en faire sa 5eme province et a y appliquer le regime d’apartheid.

 

A partir de 1945, la revolte contre la presence sud-africaine prend forme dans le pays, menee notamment par un chef traditionnel herero, Hosea Kutako, qui porte la voix de la Namibie devant les Nations-Unies. Des mouvements de resistance sont crees, dont les principaux sont la SWANU (majoritairement herero) et la SWAPO (mouvement secessioniste ovambo). La communaute internationale se mele du conflit, plusieurs resolutions de l’assemblee generale de l’ONU condamnant l’attitude sud-africaine des les annees 1960 (revocation du mandat, objectif d’independence de la Namibie – “resolution 435”). Ce n’est pourtant qu’en 1990, au terme d’un long processus, que le pays entrera vraiment dans la communaute internationale, après la redaction d’une constitution et les premieres elections presidentielles portant Sam Nujoma (SWAPO) a la tete de l’Etat. La Namibie est ainsi le dernier Etat africain a avoir obtenu son independance… Jeune Etat donc, qui a faire face a un certain nombre de challenges (cf. notre billet precedent). Rendez-vous dans 10 ans...

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jeu.

15

juil.

2010

Ca bosse dur...

Depuis la maison pleine de couleurs de Liz, qui nous accueille à Cape Town (nous y sommes arrivés mardi : ça y est, dernière partie du voyage...), en compagnie de Jack et Survivor, ses deux chiens que nous gardons pendant son absence, une tasse de thé fumant à la main (on a froid !), nous mettons en ligne quelques comptes-rendus de projets (et les photos !), résultat de quelques heures de travail ces derniers jours :

- notre visite au REN-LAC, qui lutte contre la corruption au Burkina ;

- les 3 jours passés à la Ferme de l'Espoir à Latian, toujours au Burkina ;

- la découverte du Centre de séchage des fruits tropicaux à Abomey au Benin.

 

D'autres devraient suivre très prochainement (on met à profit les trous de notre emploi du temps et le mauvais temps...).

 

Bises à tous !

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ven.

09

juil.

2010

Couchsurfing

Couch : canapé en anglais. Couchsurfing : surfer les canapés... L'idée : mettre en contact les voyageurs du monde entier avec des personnes désireuses de les accueillir ou simplement de les rencontrer. Ou comment faire du voyage un moment de partage et d'échanges avec les habitants d'un pays ou d'une ville, au-delà des relations commerciales d'hôtels ou auberges de jeunesse.

Le principe est simple : on s'inscrit sur le site, on remplit un profil, on dit si l'on souhaite héberger, être hébergé, ou si on est disponible pour prendre un verre ou dîner. Ensuite, lorsque l'on voyage, on cherche les personnes inscrites dans la ville de destination ; on voit celles avec lesquelles on a des points communs, celles qui sont disponibles, etc... Et on leur envoie une demande d'hébergement, en croisant les doigts très fort pour qu'elle soit acceptée !


Nous avons testé le principe deux fois ici en Namibie, à Windhoek et à Swakopmund. Quelques couchsurfers n'ont pas répondu à nos demandes... Mais l'expérience a été une vraie réussite avec ceux qui ont bien voulu nous héberger dans les deux villes.


Dans les deux cas, nous avons été accueillis avec une extrême gentillesse et dans des conditions de confort que nous n'aurions pas espérées. Nous avons pu discuter avec nos hôtes, qui nous ont ouvert des portes : à Swakomund, Sue nous a invités à partager une heure de cours avec ses élèves de Mondesa Youth Opportunities (une ONG qui travaille avec les jeunes du township de Mondesa, donnant à certains d'entre eux des cours de soutien afin de leur permettre de sortir des conditions précaires dans lesquelles ils vivent). Nous avons pu discuter avec elle et son mari du système éducatif namibien, ils nous ont orientés dans notre découverte de la ville...


A Windhoek, Ashok, qui a accepté de nous supporter pendant, en tout, près d'une dizaine de nuits, nous a conseillés dans la préparation de notre circuit dans le pays, nous a emmenés aux Victoria Falls, nous a fait découvrir des endroits dans lesquels nous ne serions pas allés sans lui (deux réserves animalières dans la zone de Caprivi, quelques restaurants à Windhoek, …). Sa fille Anita nous a emmenés dans des soirées où se retrouve la jeunesse (dorée) de la capitale. Nous avons partagé des repas et cuisiné les uns pour les autres.

Nous beaucoup discuté, ri, plaisanté, mangé, voyagé... Bref, nous avons établi des liens. Une philosophie du voyage qui nous plaît bien... Au retour, on passera à la phase suivante : l'hébergement !

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jeu.

08

juil.

2010

1ères images de la Namibie

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jeu.

08

juil.

2010

Namibia, première approche

En guise de clôture de notre séjour en Afrique de l'Ouest, un peu entre deux eaux, nous avions décidé de prendre quelques jours de repos / travail. Aussi, après

  • quelques rendez-vous sur Accra (organisation de lutte anti-corruption, réseau africain pour le développement, dîner avec des amis, …),

  • la visite du musée national, aux collections plutôt riches mais assez mal mises en valeur,

  • la rencontre à Cape Coast de l'équipe du projet Baobab, ONG dont l'objectif est d'amener à l'école les enfants non scolarisés ou déscolarisés de sa zone d'intervention – et de leur donner, au-delà des matières théoriques, des compétences pratiques leur permettant d'exercer un métier (CR... à venir...),

nous avons passé nos derniers jours complètement isolés sur un bout de plage à Cape Three Points.

Cape Three Points, c'est un petit paradis : entre les embouchures de deux rivières, une étendue de sable fin, l'océan, et quelques bungalows plantés là par Akwasi et Ketty, qui ont un projet d'éco-lodge / développement communautaire (sur lequel on reviendra aussi plus tard). Trois jours au calme... Travail : tentative -manifestement pas totalement couronnée de succès- de rattraper notre retard dans la rédaction d'articles et CR, préparation de la partie Afrique australe du voyage. Baignades, enfin possible en prenant garde aux courants, si agréables – imaginez-vous, pas de frisson qui recroqueville les orteils en rentrant dans l'eau, tellement elle est bonne ! Dégustation : les langoustes locales, délicieuses... Et aussi des balades, lectures, discussions avec les propriétaires des lieux, etc.

 

Et puis le vol vers l'Afrique australe. Comme aurait dit Nougaro, dès l'aéroport, on a senti le choc... La température d'abord : on a perdu 30 degrés en quelques heures ! Vent glacial sur Johannesburg puis Windhoek : ici, c'est l'hiver – et ça se sent (même si le thermomètre peut afficher jusque 25 à 35° en journée, suivant l'endroit où l'on se trouve).

 

Les bâtiments et infrastructures ensuite : nous voilà revenus, brutalement, dans la société de consommation, supermarchés et malls à l'américaine, carrelages et vitrines brillants et aseptisés, cafés cosy, multitude d'objets offerts à votre pouvoir d'achat – et plus seulement de l'utilitaire : on retrouve les babioles, la décoration, les trucs et les machins jolis mais inutiles, les mêmes articles disponibles dans 4 marques différentes… Une ville illuminée le soir, des poubelles dans les rues, des feux de signalisation et des panneaux directionnels. Modèle américain dans les quartiers que nous traversons : vastes maisons individuelles, souvent avec piscine, entourées de barbelés ou sous surveillance vidéo, une voiture par personne en âge de conduire, entretien par des femmes de ménage et jardiniers... La route entre l'aéroport et Windhoek, en excellent état – tout comme le taxi flambant neuf qui nous y emmène : ici, point de transports en commun, point de taxis collectifs ou de minibus.

 

En fait si, ils existent bien en ville – mais, comme nous dit une jeune Namibienne, « personne ne les prend, c'est pour les femmes de ménage... ». Car c'est cela aussi la Namibie, au-delà des sublimes paysages de cartes postales : un pays comptant parmi les plus fortes inégalités au monde. D'après les chiffres de 1993 (nous n'en avons pas trouvé de plus récents concernant la Namibie), le pays est le dernier (sur 124 pays étudiés) dans le classement selon l'indice de Gini, qui mesure « le niveau de distribution des revenus : le 0 signifie que les revenus sont uniformément répartis alors que le chiffre 1 correspondrait à l'accaparement par une seule personne de toute la richesse nationale » (source : Wikipédia). Le coefficient de la Namibie en 1993 était de 0,707 (contre 0,408 pour les Etats-Unis, 0,327 pour la France et 0,247 pour le Danemark – précisons que les données sont plus récentes pour ces 3 pays). Ce qui se traduit plus pratiquement : 75% de l'économie est sous contrôle de 5% de la population et 55% de la population vit avec moins de 2 $US par jour (PNUD, 2005).

 

Ces inégalités, nous n'avons fait que les frôler du bout des doigts pendant les 3 semaines (déjà) passées ici. Très clairement, deux mondes coexistent, se croisent parfois, mais ne se rencontrent pas vraiment. L'apartheid a pris fin ; pourtant, l'un de ces mondes est très majoritairement blanc, l'autre très majoritairement noir et coloured (métisse), quand bien même une certaine élite noire a émergé depuis l'indépendance du pays en 1992 (on vous reparlera de l'histoire de la Namibie un peu plus tard).

 

Ces inégalités, elles se matérialisent un peu partout pourtant, si l'on veut bien y prêter attention.

Dans ces villages du Nord du pays, semblables par bien des côtés aux villages d'Afrique de l'Ouest : absence d'eau potable et d'électricité, constructions de terre, revenus dépendant d'une agriculture de subsistance, enfants dans les rues et non à l'école, possédant pour tout jouet un pneu qu'ils poussent à l'aide d'un bâton...

 

Dans les townships qui se greffent aux grandes villes, Katutura à Windhoek, Mondesa et DRC à Swakopmund : chômage ou boulots aux salaires de misère, petites maisons colorées au toit de tôle abritant bien plus de monde qu'elles ne le devraient, assemblages de bric et de broc (tôle, bois, carton, …) quand l'argent pour vivre dans une vraie maison manque, « shebbeens » à tous les coins de rue (bars et lieux de vente d'alcool dans les townships)... Les traces de la ségrégation sont encore bien visibles au niveau de l'urbanisation, même si un début de mixité sociale semble s'installer en certains endroits. Encore faut-il préciser que ce mouvement s'opère à sens unique : si la classe moyenne noire émergente vient s'installer dans les quartiers plus cossus, point en revanche de blancs dans les quartiers noirs.

 

En ces hommes et ces femmes tentant de vendre aux touristes de passage les pierres semi-précieuses (ou le verre, s'ils tentent une arnaque) qu'ils vont chercher au prix de longues heures d'effort dans les montagnes où ils ont planté leurs pauvres maisons au milieu de rien.

 

Au moins, ce dont sont riches tous les Namibiens, c'est d'espace. Certains y fleurissent, d'autres y végètent.

 

 

 

 

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jeu.

08

juil.

2010

Dernières photos du Ghana

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jeu.

01

juil.

2010

En vitesse

Perdus au milieu du desert namibien (Namib desert), ce petit mot pour vous dire que tout va bien. Apres quelques jours dans le Nord du pays (Victoria Falls, bande de Caprivi), on a du se resoudre a louer une voiture pour parcourir un peu le centre.

 

Photos et articles a venir.

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sam.

26

juin

2010

Coupe du monde

Comme vous le savez tous (puisque vous sans doute eu à subir des JT consacrés au moins pour moitié aux états d'âme, déboires et défaites des Bleus – heureusement, votre calvaire est fini, réjouissons-nous !), la Coupe du Monde se tient cette année en Afrique du Sud. Nous nous souvenons, l'année dernière, alors que nous préparions notre voyage, des articles pessimistes que nous lisions, selon lesquels le pays ne serait jamais prêt à temps, les stades ne seraient pas construits, les transports ne suivraient pas, l'hôtellerie non plus... Il semble que la nation arc-en-ciel ait pourtant tenu ses promesses, pour le plus grand bonheur des fans du ballon rond et pour la plus grande fierté de ses citoyens.

 

La fierté, c'est un peu ce que ressentent tous les Africains en ce moment. Pourquoi ?... Les journalistes de tout bord l'ont sans doute martelé, mais il est bon de rappeler que c'est la première fois, depuis les débuts de la Coupe, que celle-ci a lieu dans un pays africain. Aucun Européen ne peut s'imaginer cela – l'évènement s'est déroulé tant de fois chez nous que cela n'a presque plus rien d'exceptionnel.

 

La fierté et la fièvre demeurent quand bien même les défaites de la quasi-totalité des équipes africaines aient provoqué d'intenses déceptions. Déceptions vite mises de côté, pour supporter de manière unie la seule équipe du continent encore en lice à l'issue des éliminatoires, les Black Stars du Ghana. Imagine-t-on les Anglais supporter, par solidarité européenne, les Français jouant contre disons, le Brésil ? Ou les Français supporter les Allemands contre ce même Brésil ?...

 

Quand on connaît la passion des Africains pour ce sport, quand on se rend compte qu'ils regardent le moindre match diffusé sur leurs chaînes, quand on voit vibrer à l'unisson hommes, femmes et enfants d'un même pays pour supporter leur équipe, comme nous l'avons vu au Ghana, au Mali ou même ici en Namibie (où l'on supporte l'Afrique du Sud, en général), on comprend mieux l'importance que cette Coupe revêt ici. Et mieux encore si l'on est conscient que, comme nous l'ont dit plusieurs personnes : « This will probably happen only once in our lifetime » (« Cela n'arrivera sans doute qu'une fois dans notre vie »).

 

Etre sur ce continent en ce moment, même sans être de grands amoureux du foot, même sans se déplacer dans un stade sud-africain, c'est partager une goutte de cet enthousiasme débordant, c'est être « in the right place in the right time ». C'est se dire aussi que, peut-être, grâce aux nombreux reportages sur le continent et sur l'Afrique du Sud qui ont à l'occasion probablement été diffusés en Europe, en Amérique, en Asie, de nombreux préjugés et idées reçues tomberont ?

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sam.

26

juin

2010

Retour sur le Ghana

Avec notre arrivée au Ghana, nous abandonnons pour 2 mois et demi les Africains francophones. Nous n'entendrons plus les « Y'a pas de problème », « Je te le dis », « ou bien ? » et autres... Il va falloir nous habituer à l'anglais parlé avec les accents d'ici – pas toujours facile, et en tous cas bien loin de l'anglais Oxford ou Harvard (qu'on ne comprend pas beaucoup mieux by the way). Nous allons aussi retrouver les particularités anglo-saxonnes : petit dèj eggs and bacon (ce n'est pas une si grosse rupture par rapport à l'Afrique de l'Ouest qui pratique le pain / omelette), thé qui arrive immanquablement « white » si par mégarde on oublie de le demander sans lait, vœux répétés de « safe journey », … Pas de conduite à gauche en revanche, va savoir pourquoi !

 

Nous arrivons à Accra de nuit – en prévoyant d'en repartir dès le lendemain vers la côte Ouest du pays. La moiteur est toujours présente, mais dans l'obscurité, il nous semble que c'est bien le seul point commun avec les capitales francophones. Immeubles modernes, parfois flambant neufs, de plusieurs étages ; routes à 4 voies ; rues toutes goudronnées avec des trottoirs dignes de ce nom ; éclairage public fonctionnel et répandu ; taxis en bon état ; beaucoup moins de vendeurs de rue ; nombre impressionnant de voitures (et peu de motos)...

 

Beaucoup nous avaient prévenus: « tu vas voir, le Ghana, c'est vraiment bien, c'est mieux qu'ici, notre développement à côté d'eux ce n'est rien »... Eh oui – on entend beaucoup ce genre de commentaires pessimistes en Afrique de l'Ouest francophone - car beaucoup intériorisent leur soit-disant infériorité. Des siècles de brimades morales (rappelez-vous, pendant plusieurs siècles, les Noirs n'étaient pas considéré comme des hommes) sont passés par là ! Quoi qu'il en soit, nous sommes effectivement impressionnés par le fossé existant entre cette capitale et ses voisines. Le lendemain matin, à la lumière du jour, nous nous rendons compte que cette première impression doit être nuancée : certains quartiers, manifestement plus populaires, se rapprochent de ceux que nous avons pu voir ailleurs, plus de bric et de broc, vivants et en pagaille ; en outre, de toutes les villes et villages que nous verrons par la suite (c'est à dire dans le Sud du pays), seule Accra fait preuve de cette « modernité ». Il n'en demeure pas moins que l'on sent que, malgré les difficultés, le niveau de vie moyen est plus élevé, les gens (certains constituant une classe aisée sans être immensément riche) ont davantage les moyens de sortir et de consommer, ce qui se remarque à l'offre en restaurants, bars et magasins.

 

Nous partons dès le lendemain matin vers la côte ; nous avons prévu un trajet qui la longe jusqu'à la Western region, plusieurs projets jalonnant notre route. Le parcours final sera bien différent de nos prévisions, diverses contraintes nous obligeant à revoir un peu sans arrêt nos plans (indisponibilités, incompatibilités de téléphone, précipitations...), et notamment à effectuer un aller-retour supplémentaire vers Accra. Ça fait partie des imprévus du voyage !

 

Un des intérêts de la côte ghanéenne est son versant historique. C'est en effet de là que partirent de nombreux esclaves vers l'Amérique. Certains des forts construits par les différentes puissances coloniales de l'époque (en l'occurrence, Suédois, Danois, Anglais) ont résisté à l'épreuve du temps et se visitent aujourd'hui ; ils sont remarquablement entretenus, lieux de mémoire comme il n'en existe plus tant que cela en Afrique (par exemple, les forts construits au Togo ou au Bénin ont disparu) ; la plupart ont fait l'objet d'une réhabilitation et disposent de guides compétents qui ont reçu une formation spécifique (ce n'est pas toujours le cas...). Nous sommes allés voir les forts d'Elmina et de Cape Coast : le premier a vu passer 60 millions d'esclaves en 450 ans. Deux tiers (soit quarante millions) d'entre eux sont morts avant d'embarquer... Malnutrition (nourriture jetée par une ouverture dans la voûte des cellules : celui qui attrape en premier mange, les autres meurent), mauvais traitements, conditions d'hygiène inimaginables (250 femmes parquées dans un donjon de peut-être 70 m2, sans douches ni toilettes, dormant à même le sol), choc dû au marquage au fer rouge, etc, expliquent ce « taux de perte » incroyable. Il faut y ajouter l'épuisement physique des esclaves, qui ont déjà parcouru à pied, enchaînés, des distances énormes (certains venaient de Ouagadougou, quelques 700 kilomètres au Nord).

 

Comble du cynisme, après avoir parcouru tant de kilomètres dans des conditions déplorables, les marchands d'esclaves faisaient arrêter leur « cargaison » quelques kilomètres avant l'arrivée sur les marchés aux esclaves jouxtant les côtes ; objectif, redorer le blason quelque peu terni de la « marchandise » : bain dans une rivière, corps enduit d'huile, quelques repas plus substantiels, et le commerce pouvait commencer.

 

Idem pour les femmes emprisonnées avant le départ dans les forts : elles avaient droit à une douche et de beaux vêtements... lorsqu'il s'agissait de préparer leur passage dans le lit d'un des officiers qui les avaient sélectionnées. Celles qui osaient résister étaient laissées dans la cour, sous les yeux de leurs compagnes, sans nourriture et sans eau, clouées au sol sous le soleil avec 8 lourds boulets aux pieds.

 

A noter, la plupart des acheteurs européens du « bois d'ébène » ne pénétraient pas à l'intérieur des terres africaines (trop peu sûr...). L'esclavagisme a donc fonctionné avec la participation active de certains rois africains – des rois d'Abomey au Bénin au fameux Samory Touré (plus connu pour sa lutte active contre le colon français). Ces derniers vendaient comme esclaves leurs prisonniers de guerre, leurs propres esclaves (car l'esclavage était aussi pratiqué dans les sociétés africaines – sans toutefois comporter la dimension de déshumanisation du commerce triangulaire), quelquefois même leur propre peuple.

 

Plus de 2 siècles après la fin de l'esclavage, les stigmates s'en font encore sentir dans la société africaine. C'est un élément à ne pas oublier (on a pourtant tendance à le faire, car ici, presque personne ne nous a parlé de l'esclavagisme contrairement à la (dé)colonisation) lorsque l'on se penche, interrogateur, sur la situation actuelle du continent. Même si, évidemment, cela n'explique pas tout.

 

Au-delà de la dimension historique, la côte ghanéenne est aujourd'hui l'un des pôles économiques du pays. Elle compte plusieurs ports commerciaux importants, donc celui de Tema (1er port du pays, que nous n'avons fait qu'entrevoir de loin le soir de notre arrivée à Accra) et celui de Takoradi, ville où nous avons séjourné quelques jours chez Gina et Thierry, couple franco-ghanéen qui nous a accueilli avec une très grande gentillesse. Takoradi, jumelée avec sa voisine Sekondi, est la troisième ville du pays. L'une et l'autre des deux jumelles apparaissent très différentes ; Sekondi, ville autrefois appréciée des colons, comme en témoignent les nombreux bâtiments d'époque (cf. photos), est aujourd'hui quelque peu à l'abandon, gardant le charme nostalgique d'une douceur révolue. Takoradi quant à elle, plus industrielle, vit grâce au port (exportation de bauxyte, manganèse et autres métaux ; quelques usines de transformation...) – et à la découverte de pétrole au large des côtes. L'exploitation devrait bientôt commencer, mais déjà, les prix des terrains (et du reste, d'ailleurs) se sont envolés et la communauté des expatriés a été renforcée par l'arrivée de techniciens et ingénieurs de tous horizons, français, anglais ou autres travaillant dans le secteur de l'or noire. Quant à savoir si la rente pétrolière potentielle (certains disent que cela va être « du très très gros ») va améliorer la vie des habitants de la région ou du pays, il va falloir attendre...

 

On retrouve certains de ces hommes le soir, en groupe, dans les quelques bars et boîtes « chic » de la ville. La plupart sont déjà fort ivres à 23.00 et continuent à aller de place en place vider verre sur verre, en draguant lourdement les femmes noires présentes – quant ils ne sont pas déjà dans les bras d'une prostituée. Ambiance particulière de ce monde de la nuit argenté (celui des Blancs ou des Noirs aisés), que nous a fait découvrir Gina. Quelques échanges aussi cohérents que possible avec un Anglais plein d'humour, un Breton, un Sud-Africain... On réussit à discuter, on rit même parfois, mais les flots d'alcool qui coulent donnent un goût amer à l'ensemble.

 

Échanges commerciaux donc, le long de cette côte. Mais aussi pêche. Nombreux petits ports traditionnels et colorés. Les hommes et les gamins qui apprennent le métier partent en mer sur leurs embarcations, bois et voile, si fragiles lorsque la houle pointe le bout de son nez, ou reprisent les filets le long de l'eau ; les femmes vendent la pêche du jour : crevettes, poissons de mer, langoustes, octopus frit... Il semble que l'activité revête une importance stratégique : lors de notre passage au port de pêche de Sekondi, et alors même que nous étions en compagnie de Thierry, habitant la ville depuis 20 ans, nous nous sommes vus réclamer nos passeports (que nous n'avions évidemment pas sur nous) pour entrer ! On nous a laissé entendre ensuite que cette sévérité serait due à l'importance croissante des trafics de drogue dans la région – en lien parfois avec les pêcheurs.

 

Voilà voilà, quelques lignes tapées au cours des derniers jours entre deux allers-retours, deux conversations, deux balades... La suite arrive, promis !

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mar.

22

juin

2010

Photos du Ghana part 1

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jeu.

17

juin

2010

Page tournée

Nous avons quitté l'Afrique de l'Ouest. Ça y est. Après 10 mois, nous avons changé de latitude (et presque de continent, il faut bien le dire !); une page se tourne...

 

Derrière nous, nous laissons comme une toile d'araignée : des amis, des contacts, reliés entre eux par un fil plus ou moins solide, et dont nous serions le point de connexion. Nous avons partagé le quotidien, ou simplement rencontré et échangé, avec des dizaines de personnes, familles, couples, célibataires, Noirs, Blancs, métisses, riches, pauvres, engagés ou non, ruraux ou urbains... Chacune de ces rencontres a été un enrichissement, à tout le moins un apprentissage ; chacune nous a donné à mieux comprendre les réalités des 5 pays que nous avons traversés – quand bien même nous n'avons fait qu'effleurer un certain nombre d'entre elles. Tous ont pris le temps de nous recevoir, de discuter avec nous, de partager simplement un moment, une plaisanterie, une confidence. Nombreux furent les rires et les sourires, incroyable la gentillesse dont ils ont fait preuve à notre égard, chaleureux l'accueil dont nous avons bénéficié...

 

Nous laissons les nombreux projets et dynamiques, rencontrés dans des champs aussi divers que la défense des droits humains, l'architecture, l'agriculture, l'éco-tourisme, la lutte anti-corruption, le développement durable / la protection de l'environnement, le développement communautaire... Avec les moyens du bord, le plus souvent faibles et inadaptés, des hommes et des femmes engagés essaient de – et parfois parviennent à – faire avancer leurs communautés, leurs pays. Nombreuses sont les difficultés, au rang desquelles la corruption généralisée, le manque de compétences, mais aussi de moyens matériels et financiers, les problèmes de communication, le climat, … Cela rend les réussites (même si elles sont rares) et les progrès (même s'ils sont lents) d'autant plus admirables. On leur souhaite bonne chance à tous, s'ils nous lisent.

 

Nous laissons les 5 territoires traversés, tous différents les uns des autres. Vous qui nous avez lu, vous en êtes sans doute rendu compte : on ne peut pas parler d'une seule Afrique, comme le font souvent les Européens. « Alors, comment c'est l'Afrique ? ». Impossible de répondre à cette question réductrice. Chaque pays d'Afrique est différent de son voisin, chaque région d'un pays africain est différente de sa voisine. Viendrait-il à l'idée d'un Européen de comparer Suède et Italie, de mettre dans le même sac Alsace et Languedoc ? Nous avons vu 5 capitales, de la bourdonnante Cotonou à la moderne et gigantesque Accra, en passant par le village poussé trop vite de Bamako. Nous nous sommes retrouvés dans des forêts luxuriantes, dans la brousse sèche et aride, nous avons grimpé des plateaux granitiques presque déserts, suivi des côtes aux vagues vengeresses ou plus douces. Nous avons connu une chaleur sèche et terrible dans les pays sahéliens, humide et lourde plus au Sud, dans les régions tropicales ; et le dégoulinement permanent, fatiguant, qui va avec. Et pourtant, nous gardons l'impression de ne rien connaître de ce morceaude continent, tant il est vaste, divers et complexe.

 

Nous laissons les couleurs vives, irradiées d'un soleil omniprésent ; le bruit incessant même la nuit (circulation, voix et rires ; radios, télés allumées chez les gens mais dont le bruit porte jusqu'à la rue, absence de fenêtre oblige ; cris d'animaux domestiques en tous genres ; muezzin, chants catholiques et prêcheurs de rue...) ; les senteurs multiples, agréables ou désagréables ; les vendeurs de rue et échoppes ouvertes tard dans la nuit ; bref, nous quittons ce monde où tous vivent à l'extérieur du fait de la chaleur et du manque d'espace.

 

Nous laissons les regards interrogateurs (qu'est ce que tu viens faire ici ?), les « Toubab / Yovo / Obwoni... », la curiosité spontanée, sympathique ou intéressée, manifestée par les Africains de l'Ouest pour ce couple de Blancs... En Afrique australe, nous ne serons plus les seuls au milieu de la foule, nous nous fondrons davantage dans la masse. Nous retrouverons un certain anonymat reposant.

 

Nous laissons aussi les caniveaux à ciel ouvert (quand ils existent), les amoncellements de déchets et décharges sauvages implantées au milieu des habitations, l'eau non potable, le paludisme (présent tout de même au Nord de l'Afrique australe), les délestages et coupures d'eau ; en bref, nous gagnons une partie du continent plus développée (ce qui ne veut pas nécessairement dire mieux développée).

 

A la fois pincement au cœur et envie de découvrir, encore et toujours. Pensées tournées vers celles et ceux grâce à qui on a aimé le Mali, le Burkina, le Bénin, le Togo, le Ghana... et vers la suite, les rencontres à venir, les contacts à activer. Nostalgie et envie. Ainsi va la vie...

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lun.

14

juin

2010

D'autres photos du Togo

[Edit : nous avons mis en ligne ici le compte-rendu de notre visite à l'Association des femmes juristes du Burkina Faso...]

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lun.

14

juin

2010

Balade à Atakpamé, Togo

Pendant notre séjour à Atakpamé, Claude nous a emmenés en découvrir le cœur.

 

Départ depuis la maison de maman Agnès, un peu excentrée ; on marche 5 à 10 minutes le long d'une route de terre pour rejoindre le goudron. Quartier résidentiel, aéré, route bordée de maisons familiales. Les enfants du quartier sortent des cours à notre approche, chantant les paroles auxquelles nous avons appris à nous habituer : « Yovo yovo bonsoir, ça va bien, mer-ci! ».

 

Au bord du goudron, négociation avec les zems qui nous emmèneront dans le centre ; Claude a du mal à obtenir le bon tarif – les conducteurs veulent plus d'argent puisque ce sont les Blancs qui paient. C'est le jeu, même si c'est frustrant... Court trajet vers le marché ; discussion avec le zem : « alors vous avez vu, la route principale d'Atakpamé est gâtée, alors c'est bien que vous soyiez là, vous pouvez vous rendre compte de notre misère, ici c'est la galère pour tout le monde... il faut nous aider ! Et puis de toutes façons je ne vais pas rester là, chez vous c'est mieux, moi je veux aller là-bas... ». Que répondre à tout cela ? On essaie de démythifier l'Europe (qui fait l'objet, tout comme l'Afrique en Europe, de nombreux préjugés), d'expliquer que ce n'est pas si simple que cela d'y vivre, surtout en tant qu'immigrant. De dire aussi que la solution pour le développement du pays n'est sans doute pas de le quitter... Mais quelle légitimité avons-nous, nous qui venons de là-bas et y retournerons ?

 

Le marché s'étend autour d'une des rues principales, un peu pentue, de la ville. C'est, comme d'habitude sur les marchés africains, un mélange d'un peu tout et n'importe quoi : fruits, légumes et épices regroupés par petits tas de différentes tailles (et différents prix) sur une table en bois ; boutique une peu plus sophistiquées vendant tout, des piles (on a testé, celles à 200 FCFA les 4 ne marchent pas dans notre appareil photo capricieux– faut dire que pour ce prix là, on pouvait toujours espérer) aux cahiers, en passant par les sardines en boîte, les bonbonnes de gaz, le savon... Lorsqu'elles sont encore un peu plus importantes, il arrive qu'elles soient tenues par des Indiens. Le tout au milieu de la circulation, quelques voitures, pas mal de zems, des vélos – dont ceux des vendeurs de Fan Milk, ces glaces à l'eau ou au lait très populaires dans le pays.

 

On grimpe la colline d'abord par une rue pavée assez large, sous le ciel gris – c'est la saison des pluies, il est rare que le ciel reste bleu toute la journée. L'air est lourd et très vite, nous dégoulinons. Nous saluons au passage les commerçants et les gens qui, tout simplement, sont assis devant leurs maisons ; les regards et visages s'éclairent alors d'un large sourire, permettant parfois un début de conversation ; d'où venons-nous, comment trouvons-nous l'endroit, combien de temps restons-nous, sommes-nous frère et sœur ? Quand nous répondons à cette dernière question que non, nous sommes un couple, immanquablement on nous dit que nous sommes un « très joli couple » (un sud-africain passablement ivre rencontré au Ghana nous a quant a lui qualifié de « fucking lovely French people » !) et on nous souhaite beaucoup de bonheur, de mariage, d'enfants... La balade reprend ensuite ; on traverse une zone plus pentue que la route contourne, les maisons sont plus proches, plus pauvres aussi, le chemin en latérite monte dru. Quelques épis de maïs sont plantés à un endroit où il s'élargit – il faut profiter de tout terrain disponible... Les gens vaquant à leurs occupations : une femme lave le linge, deux vieux palabrent et s'interrompent pour saluer Claude, un groupe d'enfants observe, très intéressé, ce qui se passe à l'intérieur de l'enclos d'un cochon. Nous continuons à grimper pour arriver à l'antenne qui se dresse au sommet de la colline : Claude veut nous montrer le panorama sur la ville. Nous saluons l'employé de la sécurité...

 

Et là, c'est le drame : le monsieur commence à nous chercher des noises :  « vous ne pouvez pas venir sur le site car vous êtes des étrangers, vous devriez demander une autorisation, avoir vos passeports, et toi (Claude) tu devrais avoir ta carte d'identité sur toi car en tant qu'autochtone tu es responsable d'eux, tu aurais dû savoir avant de venir que ce n'était pas autorisé comme ça », etc etc, pendant 10 minutes. Quand on répond que tant pis, on voulait juste voir la vue mais que si ce n'est pas possible, nous allons partir, le type se radoucit et nous dit « Non, vous pouvez tout de même aller jeter un coup d'œil, c'est juste derrière ». Bon, voilà autre chose. Nous y allons donc, et c'est vrai que la vue est jolie, la ville s'étend à flancs de colline, toits de tôle pointus et rouillés au milieu de la végétation luxuriante. Après quelques minutes, nous repartons ; et comprenons d'un seul coup l'attitude du type de la sécurité qui, sur nos talons, nous souhaite bonne route et ajoute « Et pour la bière ? ». On lui répond que ce n'était pas prévu, la bière, et on part sans demander notre reste. Tout ce cinéma, c'était donc pour ça. Exemple typique d'une forme de petite corruption, quasi insignifiante (quand bien même nous aurions payé une bière), mais bien présente partout et symptomatique...

 

Retour vers le marché en passant par la route cette fois. En repassant au marché par de petits passages tortueux dans lesquels l'on peine à se croiser, on en profite pour acheter de quoi goûter : Fan Milk aux fruits tropicaux et bananes (délicieuses). On grimpe l'autre versant de la colline, toujours accompagnés par les salutations des personnes que l'on croise. Quelques belles maisons, le quartier et plus chic. On débouche sur un des lycées privés de la ville, catholique. Des jeunes jouent au foot ; l'un des pères du lycée nous salue, on échange quelques minutes, conversation sympathique. Il parle de la nécessité pour les hommes de s'inspirer du modèle social des fourmis, entraide, solidarité, partage : si elles réussissent à le faire, pourquoi pas nous ? Sur cette conclusion philosophique, nous prenons le chemin du retour...

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lun.

14

juin

2010

Résumé du séjour togolais

Comme le lapin d'Alice au pays des merveilles, nous sommes toujours en retard en ce moment... Déjà une semaine que nous sommes au Ghana et nous n'avons toujours pas évoqué nos aventures togolaises. Alors, en bref...

 

Nous avons commencé par quelques jours à Lomé, sur un rythme tranquille, toujours en compagnie de Benoît. Des projets, de la culture, un peu de loisirs aussi... Puis quelques jours à Kpalimé, zone montagneuse à la frontière avec le Togo, au milieu des plantations de teck, de cacaoyers et de caféiers. Pour finir avec quelques jours à Atakpamé, dans le centre du pays, la région des hauts-fourneaux, elle aussi montagneuse et verdoyante en cette saison.

 

Lomé

 

Le séjour à Lomé, en dehors des rendez-vous « projets », a été l'occasion de profiter des plaisirs offerts par une capitale. Avec notamment...

 

une soirée au théâtre : Les monologues du vagin : mise en scène originale, actrices excellentes, une très bonne soirée. En plus, voir la pièce au Togo revêt un intérêt particulier : la sexualité reste un tabou dans les pays d'Afrique sub-saharienne (d'une manière générale mais peut-être encore davantage en milieu musulman). En l'occurrence, le public était au rendez-vous, majoritairement togolais – et masculin ; la pièce a été très bien accueillie, à l'exception d'une certaine réserve / désapprobation marquée lors du bref passage consacré à l'homosexualité. Voilà un sujet qui fait polémique, ici comme partout...

 

... quelques heures à la piscine. Eh oui, comme déjà dit, l'océan s'avère ici fort dangereux à cause des rouleaux et des courants. Pas facile de se baigner en toute quiétude – sauf à aller à la piscine. Par rapport au niveau de vie local, c'est cher car seuls les hôtels de luxe proposent l'accès à leurs piscines. Mais qu'est-ce que ça fait du bien ! Détail rigolo : de la musique des années 60 à 80 était diffusée, ce qui donnait au bain un petit côté rétro (Jolie bouteille, Aline, Abba, « si je pouvais me réveiller à ses côtés ... », « personne ne sait que tu m'as quittée pour elle », …) ; on s'est rendu compte ensuite que pas mal d'endroits, même des maquis à la clientèle majoritairement togolaise, passaient ce genre de musique. On n'a trouvé ça nulle part ailleurs : en général, musique africaine au menu, et souvent du « coupé décalé » ivoirien...

 

une projection – débat autour du film « Cameroun, autopsie d'une indépendance » (cf. précédent post) organisée par le centre Mytro Nunya. Très intéressants échanges sur la responsabilité des uns et des autres (ex puissances coloniales, dirigeants africains, peuples africains) dans la situation des pays africains aujourd'hui, sur la nécessité des réconciliations nationales, sur le rôle de l'Histoire dans le développement d'une démocratie, sur la nécessité du partage de la vérité ou au contraire de l'oubli, …

 

la visite du musée national. Pas très grand, comme le sont souvent les musées africains, mais bien documenté. Objets de la vie quotidienne, des dabas (houes locales) aux objets « fétiches », en passant par les instruments de musique, les armes (notamment servant à la chasse), une présentation des hauts-fourneaux utilisés dans la région d'Atakpamé. Et explications sur les techniques de fabrication traditionnelle. Petite partie historique, où nous avons appris que le pays, initialement colonisé par les Allemands, a été divisé en deux protectorats après la seconde guerre mondiale, l'un revenant aux Anglais, l'autre aux Français. Les Anglais intégrèrent leur partie dans l'actuel Ghana tandis que les Français, tenté un moment de joindre la leur au Dahomey (actuel Bénin), décidèrent finalement de conserver un territoire distinct. Exemple supplémentaire, s'il en était, du total arbitraire avec lequel les frontières africaines ont été tracées.

 

Atakpamé

 

Petite ville au milieu des montagnes togolaises, Atakpamé est un lieu de passage obligé pour les camions lourdement chargés en provenance et à destination des pays enclavés du Nord (Niger, Mali, Burkina), qui profitent du port autonome de Lomé pour exporter leurs matières premières et importer tous les produits transformés dont ils ont besoin. D'où une atmosphère particulièrement animée, notamment le long des goudrons, avec une multitude de petites échoppes en tous sens, quatre bouts de bois et une tôle, parfois même pas. Poissons séchés, mangues, ananas, avocats, gari (poudre de manioc), pain (en fait une sorte de pain brioché salé ou sucré, à la croûte croquante)... Pour nous, quelques jours au calme, très bien accueillis par « maman Agnès » et son petit neveu Claude, agrémentés d'une découverte de la ville et d'une escapade dans la plantation de tecks et palmiers à huile familiale – malheureusement ravagée par un feu de brousse... déclenché volontairement par des chasseurs d'agouti (sorte de gros cochon d'Inde qui se mange) : il n'y avait personne pour surveiller le terrain, autant en profiter...

 

Kpalimé

 

Également nichée au cœur des montagnes (Mont Kloto, Pic d'Agou), la ville a de tous temps été appréciée par les Blancs, d'abord colons allemands, puis français, aujourd'hui expatriés, pour son climat – le meilleur du pays apparemment. Et aujourd'hui, la région concentre d'ailleurs le plus grand nombre d'ONG du pays... Nous n'avons fait qu'une brève expédition d'une journée en ville, accompagnés de Boukari. Le temps de voir son marché coloré, sa cathédrale d'inspiration germanique (un instant, on se serait crus transportés au fin fond de la Bavière), de tester un maquis, d'acheter quelques fruits et légumes... Car il s'agit aussi de la principale zone de production du pays : ananas, papayes, avocats, bananes, mangues mûrs à point ; manioc, igname, maïs, … Tout comme à Atakpamé, on en a bien profité. Il sera difficile de revenir aux avocats et bananes vendus en France !

Kpalimé est aussi le secteur d'implantation premier des plantations de café et cacao. Toutefois, il semble qu'au plan économique, le secteur ne soit pas en bonne santé.

Nous avons quant à nous passé de très bons moments en compagnie de Boukari, sur l'exploitation familiale à quelques kilomètres de la ville, à évoquer les questions agricoles mais également plus généralement la situation politique, économique, sociale du Togo.

 

Projets et problématiques

 

Le Togo est un pays riche. Riche en minerais, riche en terres fertiles dans la moitié sud du pays, avec un climat favorable à la culture, riche d'un accès à la mer, bref, riche de diverses matières premières qui pourraient en faire un pays prospère s'il était correctement géré et si ces matières premières n'étaient pas exploitées au bénéfice de pays et entreprises étrangères – comme cela est largement le cas. Nous nous sommes intéressés à certaines de ces questions au cours de notre séjour.

 

Nous avons parlé avec plusieurs personnes de la problématique des phosphates au Togo (pas de noms car le sujet est fort sensible). Le phosphate togolais est d'excellente qualité, parmi les meilleurs au monde ; c'est pourquoi il a été exploité depuis les années 60 par une société togolaise qui a changé plusieurs fois de nom, aujourd'hui l'Office togolais des phosphates. Le problème, c'est que la gestion de l'OTP est loin d'être exemplaire, à plusieurs niveaux. D'abord, les conditions d'exploitation sont un vrai scandale en termes d'impact sur la santé des personnels et des habitants des environs, ainsi que sur l'environnement. Fluoroses, nombreux accidents du travail, nappes phréatiques non protégées, perte importante de biodiversité, rejets massifs de substances chimiques dans l'atmosphère et de phosphates en mer... Pas très rose. Au niveau financier, ça n'est pas beaucoup mieux : il est connu que la société servait de porte-monnaie au Gal Eyadéma (l'ancien président) et à quelques proches, la quasi-totalité des revenus générés par l'exploitation aboutissant directement dans leurs poches. Enfin, pas de création de revenus par la société : exportation directe du matériau, sans transformation sur place – mais relativisons ce dernier élément puisque c'est presque une norme en afrique : la création de valeur se fait ailleurs, seules les matières premières sont exportées...

 

Nous avons aussi rencontré des organisations du monde agricole pour discuter avec eux des problématiques rencontrées par le secteur (1er secteur d'activité dans tous les pays traversés, loin devant l'industrie et les services) : production, stockage, exportation, tarifs, relations avec les pouvoirs publics, fonctionnement des groupements, etc. Là encore, nous avons beaucoup appris et mieux compris les enjeux du secteur, que nous avons également abordés lors de notre séjour dans la ferme familiale de Boukari, près de Kpalimé. Exploitation agricole d'une centaine d'hectares (ce qui est rare, la production étant en général explosée en petites exploitations souvent inférieures à 3 hectares), près d'une rivière, une terre sur laquelle tout pousse, du teck aux tomates, du palmier à huile au maïs... Et une vraie vision écologique (pas d'utilisation de fertilisants autres que naturels ou de pesticides, pas de monoculture, respiration des sols, compostage, ...) ainsi que sociale et pédagogique (formation des ouvriers agricoles, accueil de stagiaires)... Nous avons passé là quelques jours très agréables, profitant de la fraîcheur relative des montagnes avoisinantes, très bien accueillis et dynamisés par des discussions intéressantes.

 

Nous avons également, dans la lignée de notre visite à Eco-Bénin au Bénin, essayé de voir dans quelle mesure la dynamique du tourisme équitable / de l'éco tourisme était présente dans le pays, en rencontrant à Kpalimé l'équipe de l'Association pour le développement du Togo Profond (ADETOP). Il semble que globalement, le secteur du tourisme ait souffert de l'image dégradée du pays au niveau international – et du retrait des bailleurs de fonds entre les années 1990 et 2005. Mais un compte-rendu plus détaillé suivra (on essaie aussi de rattraper notre retard de ce point de vue !).

 

Enfin, s'agissant des droits de l'homme, nous avons rencontré, avec Benoît, André Afanou du Cacit (Collectif des Associations Contre l'Impunité au Togo), qui a évoqué l'action de son association en faveur des victimes du régime répressif du Général Eyadéma.

 

Voilà, un long article résumant ces quelques 15 jours passés dans « la Suisse de l'Afrique », avant de passer le 1er juin la frontière avec le Ghana...

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mar.

08

juin

2010

Rapidos

Petit message depuis Cape Coast au Ghana pour vous dire que tout va bien mais que nous manquons de temps pour écrire (et d'accès régulier à internet). Espérons que les quelques jours à venir, que nous passerons isolés au bord de la plage sous les cocotiers...., seront propices à l'écriture et que nous pourrons remplir ce blog avant notre départ pour la Namibie (lundi prochain).

 

Des bises ensoleillées à qui en veut,

T&A

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jeu.

03

juin

2010

Le saviez-vous ?

Le saviez-vous ? Vendredi, le Gouvernement du Togo a été mis en place. Plus de 2 mois après les élections présidentielles qui ont reconduit Faure Gnassimbé, le fils du Général Eyadéma Gnassimbé, à la tête du pays... Rappelons que ces élections se sont déroulées de manière vivement contestée par l'opposition, menée par Jean-Pierre Fabre (Union des forces de changement). Depuis les élections, l'opposition, reconnaissable à ses casquettes et T-shirts jaunes, manifestait pacifiquement tous les samedis dans les rues de Lomé. Tension latente mais qui n'a pas été suivie de débordements comme en 2005 - plus de 150 morts selon les chiffres officiels et probablement plus en réalité, doublé d'un très fort sentiment anti-français. Eh oui, le soutien clairement exprimé de nos dirigeants d'alors à Faure, fils d'Eyadéma dont le peuple a souffert des exactions et du pillage des ressources du pays pendant 38 ans, ainsi que les promptes félicitations du Président Chirac au même Faure, alors même qu'il a été élu au terme d'élections manifestement frauduleuses (fraudes dont l'on murmure qu'elles auraient été facilitées par la France), n'ont pas redoré le blason français dans un pays (et un continent) où tous savent qu'une certaine collusion existe entre leurs dirigeants et les nôtres. Collusion qui, comme on nous l'a fait remarquer, peut éventuellement servir les intérêts de la population française (quand elle dépasse le simple cadre du copinage entre politiques et industriels français), tandis qu'elle s'effectue pleinement au détriment des populations africaines. A titre d'illustration du sentiment anti-français, on nous a raconté l'histoire d'un Blanc, pris entre 2 groupes d'émeutiers en 2005, et qui a probablement eu la vie sauve seulement grâce à sa nationalité suisse - heureusement connue d'un des émeutiers qui a bien voulu le sortir de ce mauvais pas.

Quoi qu'il en soit, coup de théâtre, l'UFC a annoncé mercredi qu'à l'issue de longue tractations, elle ferait son entrée au gouvernement avec 7 ministres. Après l'ouverture à la française, l'ouverture à la togolaise... Véritable changement, porteur d'espoir pour la population, ou ralliement de l'opposition, avide de profiter du système, comme les autres ? Seul l'avenir le dira...

 

Le saviez-vous ? Le Cameroun, indépendant depuis 1960, a connu une décennie de guerre civile entre 1954 et les années 60. Objectif : mater les rebelles camerounais emmenés par Ruben Um Nyogbe, leader populaire qui refusait toute compromission avec l'ancienne puissance coloniale. Il est bon de préciser que ces « rebelles » ont été les militants indépendantistes de la première heure, poussés à la clandestinité par l'interdiction de leur parti politique... En effet, la France avait décidé qu'Um Nyogbe ne serait pas dauphin du régime colonial et elle l'empêcha de se présenter aux élections qui aboutirent à la désignation du premier chef d'Etat camerounais. Notre pays appuya le pouvoir camerounais dans sa lutte contre Um Nyogbe – et ses successeurs, car le leader fut tué après quelques années de ratissage des forêts dans lesquelles lui et ses troupes se cachaient. Au cours de cette guerre (que les manuels d'histoire n'évoquent pas, selon nos souvenirs), du napalm fut employé. Commentaire de Pierre Messmer, alors Haut Commissaire de la République au Cameroun puis Ministre des Armées : « Oui. Mais cela n'a pas d'importance »... Édifiant. Si vous vous intéressez au sujet, nous vous conseillons de visionner l'excellent documentaire que nous avons eu l'occasion de voir au centre Mytro Nunya« Cameroun, autopsie d'une indépendance », de Gaëlle Le Roy et Valérie Osouf : il peut être visionné ci-dessous (cliquer sur "play" puis le rectangle pour mettre en plein écran).

 

 

 

Le saviez-vous ? Le 28 mai 2010, le Conseil Constitutionnel (français) a rendu une décision importante au sujet des pensions des anciens combattants des anciennes colonies françaises. En effet, les pensions de ces hommes, qui ont servi sous les drapeaux français pendant les 2 guerres mondiales, la guerre d'Algérie ou celle d'Indochine, souvent en première ligne (le nègre et le jaune font de la bonne chair à canon, c'est bien connu), ont été au moment des indépendances « cristallisées ». Un bien joli mot pour une réalité scandaleuse : qu'il s'agisse des pensions militaires de retraite, de la retraite du combattant ou des pensions militaires d'invalidité, l'indice, la valeur du point et les règles juridiques permettant de calculer leurs montants ont été figés à une date donnée, en fonction des indépendances des différents pays. Ce qui, des années plus tard, a abouti à des différences de traitement aberrantes entre deux hommes ayant servi au même grade : un sergent français peut recevoir une pension militaire de 7 512 € annuels, contre, à grade équivalent, 643 € pour un Marocain, 2 681 € pour un Sénégalais ou 3 279 € pour un Djiboutien. L'état du droit s'était un peu amélioré ces dernières années, grâce à l'action menée par certains anciens combattants devant les juridictions françaises et européennes (lesquelles ont considéré les dispositions en cause comme discriminatoires) et sous la pression de certaines institutions (Cour des comptes, HALDE). Il reste néanmoins des progrès à faire, dans la mesure où des disparités existent encore et où nombre de personnes concernées ne sont pas au courant de leurs droits – la perversité de certains textes correctifs consistant à n'appliquer leurs dispositions que « sur demande » des intéressés, et non automatiquement... Espérons que la décision du Conseil constitutionnel permettra d'avancer encore sur la voie de l'égalité. Si vous vous intéressez à la question, vous pouvez lire « La décristallisation des pensions des anciens combattants issus de territoires anciennement sous la souveraineté française : une égalité de traitement trop longtemps retardée », dans le rapport annuel de la Cour des comptes pour 2010 (facilement téléchargeable sur Internet).

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mar.

01

juin

2010

Flash back sur Cotonou

Voilà un moment que nous ne vous avons pas tenus informés de nos pérégrinations... C'est que nous avons pas mal bougé, et donc eu peu de temps pour écrire ! Séance de rattrapage...

 

Nous sommes restés un peu plus d'une semaine à Cotonou, dans deux quartiers différents : Fifadji, assez commerçant, et Fidjirossé plage, plus résidentiel – le second se situant, comme son nom l'indique, non loin de la plage. Difficile, à chaque nouvelle ville, de se faire aux noms des quartiers... Il faut prendre ses marques, avoir quelques points de repères géographiques, qui permettront aussi de ne pas trop se faire arnaquer par les zems. A Ouaga, c'était le rond point des Nations Unies ; à Cotonou, la place de l'Etoile rouge, vestige de l'époque socialiste ; à Lomé, le carrefour GTA, le Palm Beach Hotel. Comme les rues n'ont pas de nom, on se fie à des repères : station essence, pharmacie, rails, …

 

A partir du mercredi, notre planning était bien chargé. Nous avons fait un tour à Porto Novo, capitale du pays, à quelques 40 kilomètres de Cotonou ; ça se fait très bien en taxi sur une journée. On serait à vrai dire bien restés davantage, car la ville a le mérite d'être plus calme et plus jolie que Cotonou. On sent aux nombreuses maisons coloniales que la France est passée par ici... Malheureusement, peu de photos (celles que l'on vous met viennent de l'appareil de Benoît) car notre appareil nous joue des tours : alors que nos piles sont à peine entamées, il les détecte vides – et refuse, conséquemment, de prendre des photos... Très gênant – et cela nous oblige à racheter (trop) régulièrement des piles, on va avoir un stock impressionnant en rentrant ! Quoi qu'il en soit, nous avons visité là-bas le centre Songhai, centre de formation agro-écologique qui constitue une expérience intéressante bien qu'à notre avis, des améliorations puissent encore y être apportées. Dans l'après-midi, nous avons rencontré certains membres de l'équipe de l'Ecole du patrimoine africain, qui se battent pour la transmission et la préservation du patrimoine mobilier, immobilier et immatériel du continent...

 

Les autres jours, nous sommes restés sur Cotonou. Au rang des projets,

  • nous avons découvert l'Ecolojah, ferme agro-écologique de la famille Jah – c'est une famille jamaïquaine rasta, revenue en Afrique sur les traces de leurs ancêtres ; ils ont élu domicile sur la côte béninoise et s'emploient aujourd'hui à créer une fédération agro-écologique avec quelques autres structures ; ils ont également créé une école où les impacts du changement climatique sont enseignés aux enfants. A vrai dire, le projet de Fédération est encore peu avancé - nous avons donc surtout échangé, d'une manière générale, sur le Bénin d'aujourd'hui, les modes de vie, etc ;

  • nous avons rencontré l'équipe des Jeunes verts pour l'environnement du Bénin, ONG récemment redynamisée à Cotonou ; ils nous ont emmené voir le phénomène de l'érosion côtière, très impressionnant, en banlieue de Cotonou (cf. nos photos précédentes). L'eau grappille sur la terre à un rythme soutenu : plusieurs mètres gagnés par an. Pourtant, on continue de construire en bord de mer – et parfois des villas luxueuses...

  • nous avons échangé avec le responsable national du Gérès, qui essaie d'organiser le développement de services énergétiques divers en milieu rural (dans la région d'Abomey essentiellement) ;

  • nous avons discuté autour du phénomène de la corruption au Bénin avec le Président de l'Observatoire de la lutte contre la corruption et un membre de son équipe : le combat est loin d'être gagné malgré certaines avancées – notamment la création de cette institution ;

  • nous avons rencontré les membres d'Eco Bénin, ONG locale d'écotourisme œuvrant pour la préservation des patrimoines culturel et naturel africain en partant du principe que cela passe par l'amélioration du niveau de vie des populations, et qui a développé un modèle particulièrement intéressant pour parvenir à ses fins...

 

Que de comptes-rendus à écrire !

 

Sinon, en vrac :

  • nous avons obtenu l'explication à l'afflux massif de Toyota dans la ville de Cotonou : les japonaises et les allemandes sont, de l'avis d'un importateur de véhicules, celles qui résistent le mieux à la chaleur ; les françaises se gâtent trop vite – sauf les antiques Peugoet 504 apparemment !

  • Nous avons (Amélie a) tenté une incursion dans les flots béninois – constat d'échec : trop de courant, c'est vraiment dangereux, il faut enfoncer ses pieds de 20 cms dans le sable pour ne pas être déséquilibré par les flux et reflux ! Benoît a été plus téméraire et est revenu bien vivant ;).

  • Thomas a subi l'expérience douloureuse du coiffeur africain, qui, bien qu'ayant reçu la consigne de laisser un peu de longueur, ne s'arrêtait plus de couper, de couper, de couper, allez encore un petit peu par ici, et puis il faut bien égaliser avec l'autre côté alors encore un peu par là... Au final, une coupe militaire sur l'avant et les côtés, et des centimètres plus long sur le dessus, un petit air monastique... Une magnifique casquette « Franklin » fut achetée pour masquer le désastre, lui donnant cette fois un petit air de Schumacher... Heureusement, les talents de coiffeuse d'Audrey (cf. ci-dessous) ont permis de remédier au problème en égalisant sur le mode « brosse » l'ensemble de la coupe.

  • Nous avons réalisé le plus grand rassemblement, en nombre de personnes et de projets, de « Voyageurs de la Terre », avec l'arrivée sur Cotonou des quatre compagnons de Dialogues sur Terre. Nous avons passé avec Audrey, Mariette, Guillaume et Ludo, et Benoît évidemment, de très bons moments : fin d'après-midi sur la plage, dessert de mangues et sodabi, visite de l'excellente fondation Zinsou (expo d'artistes africains contemporains sur le thème de la Récréation, complet et bien commenté), petit plaisir partagé autour d'un goûter de glace et d'expresso... Beaucoup d'échanges sur le voyage, le bonheur, l'Afrique, la spiritualité, l'écologie...

 

Comme vous le voyez, tout va bien, on accumule les souvenirs, les contacts, les amitiés, les impressions, les sensations. Nous avons quitté Cotonou mardi 18 pour Lomé, où nous sommes restés une semaine avant de remonter un peu à l'intérieur du Togo (billet à venir). Nous repartons demain vers Lomé puis Accra : la partie anglophone du voyage commence. Dans 15 jours, avion vers l'Afrique australe...

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dim.

23

mai

2010

Lomé et plus largement

[edit : mise en ligne d'un article sur la technique du bronze à la cire perdue]

 

Nous voilà à Lomé, capitale du Togo. Arrivés mardi, après un trajet en taxi partagé avec Benoît et une Béninoise fort désagréable, qui nous a quittés en cours de route parce que les formalités à la frontière prenaient trop de temps à son goût... Route assez agréable, en bordure de côte : palmiers et mers à l'horizon, quelques lacs et villages lacustres avec leurs maisonnettes comme posées au milieu de l'eau. Traversée de Ouidah, ville historique, d'où partaient les esclaves du Bénin. Nous devions y passer la journée de lundi à la faveur d'un de nos rendez-vous, mais excursion et rendez-vous furent annulés en raison de l'orage dru qui s'abattit toute la matinée sur Cotonou et ses environs. Par conséquent, pour nous pas de maisons afro-brésiliennes des descendants d'esclaves revenus à la recherche de leurs racines, pas de marche le long de la route des esclaves, avec ses arbres du l'oubli et du retour : juste une traversée dénuée de sens – point de repère historiques le long du goudron... Aléas du voyage...

 

En arrivant à Lomé, surprise : une vaste zone franche s'étend à l'est de la ville. Jamais vu une telle concentration d'industries en Afrique de l'Ouest. Il paraît que le Ghana en compte encore davantage – ne parlons pas du Nigéria. La cimenterie en particulier est impressionnante. Après en avoir discuté avec plusieurs personnes et lu un peu sur le sujet, il semble que cette zone franche, destinée à attirer les investissements étrangers, bénéficie d'un statut assez particulier : exemption des taxes et impôts à l'importation et à l'exportation pour les produits qui y sont fabriquées et les matières premières nécessaires à leur fabrication, interdiction de constituer des syndicats, rémunération horaire du travail parmi les plus basses au monde...

 

La ville quant à elle, pour ce que nous en avons vu, est relativement agréable. Nonchalante, par rapport à sa voisine béninoise si frénétique. Circulation bien moins dense, urbanisation plus aérée, retour de la verdure, moins de pollution, quelques degrés en moins aussi. On apprécie. Quelques grands immeubles en centre ville, notamment l'hôtel du 2 février (date du retour à Lomé de l'ancien chef d'Etat, le général Eyadéma, après un accident d'avion). Il faut dire qu'ici, pas mal de noms de rues ou d'immeubles sont liés à l'histoire personnelle du Général Président. Quand ils ne sont pas des vestiges de la colonisation (avenue du Général de Gaulle, avenue Pompidou, avenue Mitterrand – on n'a pas trouvé l'avenue Chirac mais elle doit bien exister ! ça fait un peu bizarre, tout de même...).

 

Pour le reste, il y a quand même pas mal de ressemblances avec la grande sœur de l'Ouest : ces petites lampes à pétrole qu'on ne voyait pas chez les voisins sahéliens, qui s'allument comme autant de lucioles à la tombée de la nuit pour éclairer les échoppes de bord de route ; l'apparition des « pavés », en plus des traditionnels « goudrons » ; les « yovos, yovos ! » qui fusent à chaque coin de rue (et plus « toubabou » comme au Mali et au Burkina) ; la plage, sans ombre bien que bordée par quelques palmiers, déserte en semaine et où il est dangereux de se baigner à cause des courants très forts ; les traditionnels panneaux d'ONG à tous les coins de rue, qui s'occupant des droits des enfants, qui de la lutte contre le sida, la rougeole ou la polio, qui de l'accès à l'énergie, de la microfinance, etc etc. Il y en a tellement, et pourtant les pays sont dans des situations encore tellement difficiles... D'où vient le problème ?...

 

Il y a aussi les messages de sensibilisation diffusés à grande échelle sur des panneaux publicitaires, qui traduisent bien les problématiques auxquelles les pays sont confrontés : « Je n'attrape pas le SIDA en mangeant avec une personne séropositive », « Et si cette homme couchait avec votre jeune fille ? Alors, pourquoi couchez-vous avec sa jeune fille ? Il est temps de faire cesser ces pratiques dangereuses », « Parlons de sexualité avec nos enfants pour une vie responsable et épanouie » (message qu'on ne pourrait sans doute pas diffuser à l'heure actuelle dans un pays comme le Mali par exemple) …

 

Et à côté de ces panneaux, les pubs : pour les grandes compagnies de téléphone (dont le capital est détenu pour partie voie majoritairement dans certains cas... par le groupe France Télécom) et leurs cartes prépayées – qui coûtent, au Togo comme au Burkina, une fortune par rapport aux revenus des gens ; pour des produits de soin et notamment des produits éclaircissants pour la peau ; pour la coupe du monde de football ; pour des places d'avion vers l'Europe... Comme chez nous, le « rêve » et le besoin de consommation sont savamment entretenus. La télévision participe évidemment au mouvement général, diffusant les journaux de France 2 sur les chaînes nationales (vous imaginez ça en France ?...), ou des séries – TV novellas brésiliennes ou mexicaines, séries indiennes type Bollywood) – abrutissantes et donnant à voir une irréalité faite d'argent, de trahisons, d'amour, d'armes, d'océan... C'est Dallas puissance 100... Sinon, on peut regarder les DVD chinois vendus 1000 ou 1500 francs dans la rue : en tête de palmarès, films et séries américaines ou asiatiques, souvent d'action, que les TV diffusent en continu – car quand on a une télé, il est inconcevable de l'éteindre...

 

Et voilà comment un article censé vous raconter ce que nous avons fait de nos dernières journées se transforme au fil de l'écriture en un condensé quelque peu subjectif de nos impressions au fil des jours et des découvertes... La suite au prochain billet !

 

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lun.

17

mai

2010

Quelques photos de Cotonou

Au-delà des quelques petites photos ci-dessous, vous pourrez trouver 2 comptes-rendus de nos visites : le village solaire de Hon et l'association Voûte Nubienne.

 

Sinon TVB, plus de nouvelles + tard !

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mer.

12

mai

2010

Depuis Cotonou

[Ecrit le mardi 12 mai]

 

Cotonou. Notre 3ème « capitale » africaine (précisons que la capitale administrative du Bénin est Porto Novo ; Cotonou n'en est que la capitale économique). Nous y sommes arrivés dimanche, après avoir traversé le pays du Nord au Sud en faisant escale d'abord à Tanguiéta, puis à Koussoucoingou (cf. notre précédent billet), Natitingou, et enfin Abomey / Bohicon. Dans les cars, nous avons été bercés par la musique locale – plus souvent en français que lorsque nous étions au Mali. Mais on doit avouer que finalement, ce n'était peut être pas plus mal de ne pas comprendre les paroles... Les chauffeurs (et peut-être aussi les passagers ?) manifestent un goût certain pour les balades, à notre goût, très sirupeuses dans lesquelles l'artiste peut hurler 15 fois d'affilée « Je t'aime », se demander qui choisir entre « la jolie Fanta » et « la gentille Amina », déclarer son amour à sa dulcinée sur le mode« je vais lui offrir mon cœur dans un grand bouquet de fleurs », … Sinon, il y a le reggae catho, pas mal aussi dans son style.

 

A Natitingou, nous n'avons pas fait grand chose, n'y passant qu'une demi-journée et une nuit. Repos, cyber, et soirée sympathique en compagnie de Dany et Nadine, les deux françaises chez qui nous passions la nuit ; elles sont venues s'expatrier au Bénin il y a près de 2 ans et ont monté une petite structure hôtelière fort agréable – après notre nuit sur la terrasse d'un tata, ça nous a fait du bien. Si jamais vous passez par le Bénin, on vous recommande l'adresse!

 

Abomey a été une étape déconcertante. Ville tranquille en apparence, avec ses larges avenues bordées d'arbres et demeures coloniales en pagaille, c'est la capitale du vaudoun, où la Cour suprême du vaudoun a d'ailleurs son siège. Le vaudoun est la religion traditionnelle au Bénin, réputée pour les sorts, envoûtements, fétiches et empoisonnements qui y sont liés...

 

On avait déjà entendu des histoires quelque peu effrayantes sur ce sujet au gré de nos rencontres : décès du mari qui quitte sa femme quelques semaines après la rupture, secrétaire vengeresse qui empoisonne toute son équipe, menaces, guéguerre entre 2 féticheurs (c'est mon fétiche qui est le plus fort et pas le tien !) aboutissant au décès de 2 des filles de l'un d'entre eux, 9 et 14 ans, en une semaine d'intervalle et dans des circonstances étranges... Pas rassurant tout ça, mais il paraît que les envoûtements et fétiches ne fonctionnent pas sur les Yovos (les Blancs) – ouf, c'est déjà ça (mais reste à prendre garde aux empoisonnements) !

 

Quoi qu'il en soit, nous avons rapidement plongé dans cette ambiance étrange à notre arrivée à Abomey, comme vous aller le constater avec le récit de notre premier déjeuner. Tranquillement assis dans un maquis, nous voyons arriver un type, blanc, l'air un peu bizarre (en fait, il est juste totalement ivre – comme nous l'indiqueront les nombreuses bouteilles de bière vides sur sa table, un peu plus tard). Il nous demande avec un drôle d'accent (normal, il est Allemand... et éméché) si on est Français. Oui, on est Français. Et là, il nous sort : « ils ont brûlé deux hommes, là derrière », en montrant la rue presque voisine. Nous nous regardons, franchement ébahis, ne sachant quoi répondre, nous demandant si c'est du lard ou du cochon... Mais le patron du maquis confirme – et explique : apparemment, une pratique en vogue ces derniers temps consiste à tuer de jeunes enfants pour récupérer leur sang pour « faire de l'argent » (on peut en effet transformer le sang d'enfants en billets de banque grâce à un « torchon magique »... à moins qu'il ne s'agisse de sacrifices destinés à des fétiches ?) ; on retrouve ensuite les cadavres en brousse... La population est à bout et ne supporte plus ces assassinats, tout en considérant la police comme incapable. Il semble donc que les 2 personnes en question aient été soupçonnées de vouloir enlever un gamin du coin. Du coup, vindicte populaire, lynchage, essence, flammes, deux cadavres. On ne rigole pas dans le coin. A moins qu'il ne s'agisse d'un règlement de compte au sein d'une même famille, entre frères, comme nous l'ont affirmé deux autres personnes ? En tout état de cause : bienvenue à Abomey ! (Du coup, lors de la suite de notre déjeuner, on a vu d'un tout autre œil la patronne lorsqu'elle est sortie de derrière le bar armée d'un grand couteau... finalement bien inoffensif !)

Si vous ajoutez à cela :

  • le « secret aimable » d'un autre type un peu éméché le même soir (il a levé le coude « mais dans le bon sens du terme »), nous conseillant de manger à notre hôtel plutôt que de sortir car « Abomey est devenue dangereuse, on risque de vous couper la tête » ;

  • les paroles d'un guide local, se voulant au contraire rassurant : « mais non, ce sont des bêtises, vous ne craignez rien, les touristes ça fait 20 ou 30 ans qu'on ne leur a rien fait » - hum ;

  • les zems (motos taxis) avec qui on se fatigue à discuter de longues minutes car, ville touristique oblige, ils se croient autorisés à multiplier leurs tarifs par 4 pour les blancs,

  • les quelques billets que nous avons été obligés d'aligner sans l'avoir prévu – pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer ici,

vous comprendrez que nous n'étions pas insatisfaits de quitter la ville après 3 nuits (dont en réalité, une à Bohicon à 9 kilomètres de là).

 

Nous avons tout de même mis à profit notre passage, sur le plan des projets. Nous avons visité le centre de séchage des fruits tropicaux (et pu à l'occasion goûter ananas et mangue séchée, ainsi que le jus d'ananas local – délicieux !), initiative d'une structure associative qui tend à devenir entrepreunariale, et qui commercialise sa production en commerce équitable. Nous avons également rencontré les responsables de l'Association béninoise pour l'éveil et le développement (ABED), qui a mené avec le PNUD, le GEF et le Barefoot College un programme d'électrification solaire en milieu rural – nous avons d'ailleurs pu échanger avec les villageois puisque nous nous sommes rendus à Hon, l'un des 2 villages solaires concernés. Cela a aussi été l'occasion de goûter le sodabi, alcool local de palme. Ça arrache !

 

Nous sommes arrivés dimanche à Cotonou. Ulrich, ami que Thomas avait rencontré au Mali, nous prend en charge immédiatement : déjeuner dans une fête de communion où il se trouvait à notre arrivée (on goûte l'ablo, gâteau de riz cuit à la vapeur, c'est très bon), bière dans un maquis, spectacle de « revenants »... Il nous emmène, le soir, dans une pension pas très chère où l'on s'installe le moral en berne (chambre un peu déprimante, propreté douteuse, …). Depuis, on a déménagé, pour une auberge de volontaires à peine plus chère, à deux pas de chez Benoît (dont nous vous avions déjà parlé ici) et que nous avons retrouvé après son passage au Togo.

 

Jusqu'à maintenant, nous avons surtout pris nos marques. Au premier abord, Cotonou ressemble à une gigantesque fourmilière : ville étendue, circulation la plus intense qu'on ait eu l'occasion de voir depuis notre arrivée en Afrique de l'Ouest (motos, zems -taxi-motos-, taxis, véhicules particuliers, 4X4, camions de travaux... c'est le bazar !), plein de petites échoppes sur le bord du goudron, qu'on éclaire à la lampe à pétrole le soir, pas mal de piétons aussi, ça s'agite, ca grouille dans tous les sens... On constate aussi, intuitivement mais clairement, l'élévation du niveau de vie par comparaison avec le Burkina et le Mali : ville bien structurée, davantage de véhicules type Berline, davantage aussi de petits supermarchés à l'occidentale, apparition de boulangeries – pâtisseries, prix globalement plus élevés, publicités pour Blackberrys, vin dans les maquis / restos...

 

Globalement (pas seulement à Cotonou), on constate un poids important de la religion. Eglise évangélique des assemblées de dieu du château, église méthodiste, église d'évangélisation « la parole de dieu au monde », église du christianisme céleste... Il y en a pour tous les goûts. Et la religion chrétienne est très pratiquée si l'on en croit les noms des échoppes locales : pressing « A la grâce de dieu », studio photo « L'œil de dieu », Lavage auto-moto « Dieu le très haut », boulangerie « Dieu est grand » … Moins anecdotique, plus préoccupant, nous avons croisé dans un village un instituteur qui nous a très sérieusement expliqué que, si nous sommes sur Terre, c'est que nous avons un Créateur ; que les Européens ont une théorie selon laquelle l'Homme descendrait du singe mais que ce n'est pas possible, car l'Homme descend d'Adam et Eve... Voilà sans doute ce que les enfants apprennent à l'école. Les évangélistes ont bien fait leur travail (NB : au Mali, la religion était aussi très présente – mais musulmane ; au Burkina, Dieu est aussi très présent : ce n'est pas une spécificité béninoise. Quant au rejet de la théorie de l'évolution, rappelons que certaines églises américaines le prônent également...). Et lorsque les gens apprennent que nous sommes l'un athée, l'autre « décroyante » -selon une jolie formule utilisée par un de nos amis-, ils ont peine à le croire...

 

Niveau climat, la chaleur, relative (30 à 33 °C) mais très humide (l'hygrométrie atteint 95% le matin ici), nous saisit dès l'arrivée. C'est surtout en sortant d'une pièce ou d'une voiture climatisée que l'humidité est sensible : l'air est suffocant.

 

Sinon, nous avons pas mal vu Ulrich qui nous a emmené déjeuner avant hier (igname pilé, autre spécialité locale) et nous a un peu montré la ville, pris nos visas pour le Togo, déjeuné ce midi dans un resto végétalien rasta très sympa avec Benoît... A partir de demain on enchaîne avec un emploi du temps plutôt chargé sur différents projets. On vous tiendra au courant, bien sûr...

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jeu.

06

mai

2010

Arrivée au Bénin

[Edit : on a eu quelques difficultés à mettre ce texte en ligne, donc il arrive un peu défraichi ! Par ailleurs on a ajouté quelques photos à nos comptes rendus de visites de projets au Burkina (la suite arrive, à petites gouttes !]

 

Nous voilà au Bénin. La dernière fois que nous avons écrit, c'était depuis Ouaga, où Alex nous a accueillis pour nos deux dernières nuits. Nous avons profité de notre dernière journée sur place pour rencontrer M. Philippe Yoda, vétéran de la guerre contre le plastique : il se bat depuis plus de 20 ans pour lutter contre les conséquences de l'usage immodéré des sachets et pour conscientiser les populations et leurs dirigeants sur ce fléau. On en parlera plus longuement dans un article consacré au plastique. Nous avons aussi, entre autres choses, visionné un film consacré à Thomas Sankara. Absent des livres scolaires français, c'est pourtant le Che Guevara africain, visionnaire à bien des égards même si la politique qu'il a menée n'était pas exempte de toute critique. Amertume de constater que, plus de 20 ans après, celui qui l'a assassiné est encore au pouvoir, avec le soutien de notre pays...

 

Nous avons passé la frontière dimanche, sans encombre.

 

Alors le Bénin, comment c'est ? Jusqu'ici, assez différent des pays que nous venons de quitter. Petit pêle-même... D'abord, c'est plus au Sud : il fait donc plus doux (mille fois ouf !), mais aussi plus humide... Beaucoup de vert (il y a de l'HERBE !) – la saison des pluies a débuté (du coup nous avons aussi décider de commencer notre traitement anti palu). Nous avons d'ailleurs fait l'expérience d'un orage assez violent avant-hier : lorsque le vent souffle, il arrache les toitures de tôle sans souci. Au niveau des paysages toujours, nous sommes dans une zone montagneuse – çà change de la brousse plate s'étendant à perte de vue. Les gens sont sympas, mais beaucoup plus réservés qu'au Mali et même au Burkina. Les constructions sont différentes, les toits pointus à la française ont remplacé les toits plats à la sahélienne, mais les murs restent de terre ou de ciment – suivant les moyens. Les routes sont plutôt en bon état, les conducteurs de motos mettent davantage des casques. Les zems (taxis-moto) ont fait leur apparition, avec leurs gilets verts et jaunes numérotés. Les hommes s'habillent plus souvent qu'au Burkina en boubou, mais en cotonnade wax et non en bazin comme au Mali (une Burkinabée nous a expliqué, à propos des Maliens : « Là-bas, c'est la sape, comme on dit ! » - et c'est vrai que les Maliens, et surtout les Maliennes, du moins ceux qui en ont les moyens, peuvent dépenser des sommes importantes pour un boubou, surtout pour les fêtes, et pour leurs coiffures...).

 

Et sinon qu'avons-nous fait ? Nous sommes restés 2 jours à Tanguiéta, au nord du pays, où nous avons rencontré les représentants de l'U-Avigref (Union des associations villageoises de gestion des ressources en faune) qui nous ont parlé de leurs différents projets, notamment celui pour lequel nous étions venus : le développement de la culture d'un coton biologique et équitable – en lieu eu place du coton conventionnel utilisé autrefois. Nous avons également pu discuter avec des groupements de producteurs dans les villages de Batia et Tanangou (compte rendu à venir !).

 

Moumouni, agronome de son état, travaillant pour l'Avigref, nous a très gentiment invités à dîner un soir, pour partager un repas traditionnel : pâte rouge, pâte blanche et leurs sauces. La pâte rouge est une sorte de tô, mais elle est assaisonnée, mélangée avec de la sauce tomate, et accompagnée d'une sauce tomate / oignons. C'est vraiment bon – en tous cas on a aimé. La pâte blanche est une pâte faite avec l'amidon d'igname et de manioc. C'est plus fade, mais accompagné de la sauce, ça devient agréable. Et, nouveauté, dans la sauce, les Béninois du Nord mettent des morceaux de fromage de vache, un genre de mozzarella coupé en cubes, frits et donc ajoutés à cette sauce.

 

Nous avons ensuite passé une journée dans le village de Koussoucoingou, vers la frontière avec le Togo. C'est un éco village qui reçoit l'assistance d'Eco-Bénin, une ONG qui a développé son modèle d'écotourisme et que nous devons rencontrer lorsque nous arriverons à Cotonou. Nous nous sommes dit qu'il serait intéressant, au lieu de n'en discuter que dans un bureau, d'aller voir directement sur le terrain ce que ça donnait... Nous avons donc eu l'occasion de découvrir les tatas, habitations traditionnelles du pays somba, et même d'y dormir ; nous avons également fait un parcours découverte autour du village, à la découverte de la flore (essentiellement) et en passant à côté des cachettes des habitants de la zone pendant la période coloniale, pour éviter les travaux forcés (construction de la route coloniale, transport de bottes de paille vers Natitingou, à 35 km de là, sur la tête évidemment...).

 

Nous avons quitté le village ce matin pour Natitingou justement – où nous sommes arrivés tant bien que mal, dans une Peugot 504 où nous étions 15 (plus des chaises et quelques kilos de céréales sur le toit, évidemment), qui est tombée en rade d'essence au milieu du parcours... L'apprenti a été envoyer chercher 2 litres qu'il a trouvés on ne sait où, pendant que le chauffeur essayait de réamorcer le moteur... avec sa bouche. C'est une étape tranquille, pas de visite, juste un peu de repos avant de repartir demain vers le Sud ; nous commençons à accumuler un peu de fatigue car nous nous levons tôt, nous couchons pas si tôt que ça, et ne dormons pas toujours très bien...

 

Voilà voilà, quelques premières impressions sur ce nouveau pays pour nous.

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sam.

01

mai

2010

Quelques photos de Ouaga

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sam.

01

mai

2010

Depuis Latian/Ouaga

[Si cela vous intéresse, vous trouverez notre compte-rendu de la visite à la Cité des arts ici! Et aussi, on avait oublié de le signaler mais on se rattrape, un article sur la gastronomie malienne ici– pour le moment, la cuisine burkinabé n'est pas fort différente bien que nettement moins grasse...]

 

Devant notre logement à Latian : la ratatouille chauffe, le néon éclaire à peine la table, sur la terrasse d'où nous écrivons. Quelques nouvelles... Ca fait longtemps !

 

De Koudougou donc, nous sommes partis pour Ouaga, sur laquelle nous avons déjà donné quelques impressions. Mais qu'avons-nous fait dans la capitale burkinabée ? Pas mal de choses en fait :

  • Profité d'une fin de journée pour visiter une fonderie de bronze pratiquant la technique assez impressionnante de la cire perdue ;

  • Passé un peu de temps au cyber du coin, pour prendre des nouvelles fe tout le monde et préparer notre séjour en Afrique australe (pas facile de devoir réserver quasiment tout, et notamment les randos, 3 mois à l'avance, sans savoir exactement où l'on sera à une date donnée... du coup, on fait un peu au petit bonheur la chance !). Cyber dans lequel la patronne nous a demandé si l'on était des jumeaux ; comme à Bamako, beaucoup croient que l'on est frère et soeur, mais quand nous les détrompons, disent que nous formons « un très joli couple ». Rigolo.

  • Au rayon « projets », rencontré le REN-Lac (réseau national de lutte anti-corruption) et l'association des femmes juristes du Burkina Faso (CR à venir !), tous deux intéressants chacun dans leur genre ;

  • Découvert les joies de la saison des pluies : mini tempête tropicale obligeant les habitants à s'abriter qui sous l'auvent d'une boutique, qui dans l'entrée d'un immeuble inconnu. Trombes d'eau tombant presque à l'horizontale sous le vent déchaîné, ciel noir sillonné d'éclairs, le tout pendant près de 2 heures. Résultat, mini inondation dans certains quartiers (10 à 20 cms d'eau au sol dans les quartiers non dotés d'égouts et aux aménagements urbains peu développés : on a joué à Mimi Cra Cra pour rentrer chez nos hôtes), et passage de 42 °C à 20°C dans le même laps de temps...

  • Assisté à un concert dans le cadre du festival « Jazz à Ouaga ». Deux groupes programmés, un présentateur déjanté (on n'a pas compris toutes ses blagues, pas mal de références locales, mais l'assistance riait bien) ; on a bien aimé le premier groupe (Dumba Kultur), original et punchy, mélangeant sonorités traditionnelles, reggae, rap (on a cherché le jazz, il faut bien l'avouer) ; en revanche, on a eu un peu de mal avec le second -David Tayorault- (on est même partis avant la fin, c'est dire...). Imaginez, déjà, une présentation faite par l'artiste lui-même et diffusée sur grand écran, comptant sa gloire, énumérant ses collaborations, montrant qu'il est expert dans tous les styles (notamment dans l'art de parler aux femmes : extrait musical: « vous les femmes, vous allez tous nous rendre fous »...) bref, quel génie. Ensuite le bonhomme lui-même : animateur paternaliste aux blagues lourdes, la musique ne rattrape pas vraiment le coup (balades suaves pas originales, enfin à notre goût et à celui d'une bonne partie du public occidental qui s'est aussi éclipsé entre 2 morceaux...), difficile de comprendre qu'il soit une star locale depuis 20 ans...

  • Rencontré Alexandre, Francis et sa femme, Lydie et Boreima, et plein d'autres, amis d'amis, avec lesquels on a (plus ou moins) discuté, échangé, sur le Burkina, ses coutumes et traditions, ses artistes, ses anciens combattants, …

  • Croisé, au hasard des rencontres, un artiste récupérateur qui façonne d'incroyables statues à partir de bouts de tout et n'importe quoi (pour en savoir plus, c'est par ici),

  • Pas mal déambulé dans les différents quartiers : Tampouy, Gnongsin, Koulouba, Hamdallaye, Kossodo, le centre ville (complètement mort le dimanche, contrairement à l'animation bamakoise qui ne s'arrête jamais), l'étonnant Ouaga 2000 dont les villas démesurées contrastent avec les habitats traditionnels, juste en face, de l'autre côté du goudron, et tous les autres dont on n'a pas retenu les noms;

 

Et puis l'heure du départ a sonné et nous avons repris le car, pour aller à Sapouy, une heure et demi au sud de Ouaga. Nous y attendaient Laukghmane et Benjamin, de la ferme de Latian, à une demi-heure de piste en moto. Nous avons passé 3 jours dans cette ferme école, et y serions bien restés davantage... Mais cela fait partie de notre projet, on ne peut pas s'attarder trop... Une présentation plus détaillée de la ferme est à venir ; en attendant, voici quelques souvenirs de ce que nous y avons fait, à la volée :

  • disputé 2 parties de pétanque contre l'adroit Laukghmane, qui nous a battus avec brio ; d'ailleurs, les apprenants se montrent à la hauteur de leur maître, et Latian pourrait sans rougir se mesurer aux équipes marseillaises !

  • découvert la vie rurale burkinabée, les souhaits et les difficultés des jeunes couples paysans que nous avons rencontré et avec lesquels nous avons eu l'occasion d'échanger. Des discussions très précieuses.

  • goûté le yahourt et le miel locaux – délicieux (et le poulet aussi, mais c'est moins attrayant) ;

  • lié amitié avec Laukghmane, paysan autodidacte qui, malgré son départ prématuré du système scolaire, parle un excellent français, maîtrise un ordinateur, mène une vraie réflexion sur l'amélioration de la condition paysanne dans son pays... et surtout, s'est montré avec nous plein de gentillesse, d'humour et de générosité ;

  • capturé (puis relâché) d'innocents poussins, entendu les plaintes véhémentes du jeune bouc éconduit à coups de corne par les chèvres, répondu aux « ça va ? » insistants des enfants,

  • testé la conduite sur piste des petites motos locales (et crevé un pneu au passage)…

 

Nous avons quitté Latian cet après-midi (nous sommes à présent vendredi 30) pour Ouaga. Départ dimanche pour le Bénin...

 

Tout se passe donc bien. Quelques petits bobos tout de même sans lesquelles le voyage ne serait pas le voyage :

  • les traditionnels coups de soleil (très jolie la marque des brides des sandales sur les pieds),

  • l'étonnante bourbouille (vous connaissez, vous ? Nous, on a découvert ça ici : à la faveur d'une peau dont la sueur ne sèche jamais, une multitude de tous petits boutons formant une espèce de plaque, très urticants et pas très sexy, et qu'on soigne grâce à une poudre magique...),

  • une brûlure au mollet par un pot d'échappement de moto (bien brûlée, Amélie la pas douée... mais ça se soigne),

  • quelques égratignures et un pantalon troué (belle chute d'Amélie la pas douée bis...).

 

Malgré tout, nous survivons. Encore quelques jours de chaleur avant de descendre vers le Sud... et la saison des pluies !

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lun.

26

avril

2010

Bamako / Ouagadougou

On retrouve la même terre, rouge et sèche, dans les rues non goudronnées – et les mêmes nuages de poussière provoqués par le passage des voitures et motos. D'ailleurs, en parlant de poussière, un gros nuage de sable venu du Sahara est passé au-dessus de la ville les 2 derniers jours, donnant au ciel une coloration jaune sale, cachant le soleil – et faisant tomber quelques degrés.

 

Les mêmes vendeurs de tout et n'importe quoi, qui essaient de fourguer leur camelote à tout le monde et spécialement à nous, mais avec une inventivité plus exacerbée qu'à Bamako. A notre arrivée le premier jour, tranquillement assis dans un maquis, nous nous sommes ainsi vu proposer en l'espace d'une demi-heure :

des faux dvd chinois,

des livres,

des CD,

des fournitures scolaires,

des jeux de hasard à gratter,

des abonnements sur téléphone (résultats de matchs de foot),

des cartes téléphoniques,

des lunettes,

des bananes,

de l'artisanat touareg, (que du classique)

mais aussi, plus improbable :

de la viande ;

des roulements à billes de voiture (« j'en ai plein, si vous voulez ») ;

un tuyau d'arrosage ;

une canne orthopédique ;

une lampe torche grosse comme nos têtes (« mais si c'est utile en voyage ! Et c'est pas si gros, bien sûr que ça rentre dans vos sacs... ») ;

un espèce de bidule en plastique censé muscler la main (mort après le 1er essai de Thomas), …

 

Les mêmes maquis proposant riz au gras, frites, allocos, riz arachide, bière, Nescafé et Lipton. Sauf qu'ici, il y en a à tous les coins de rue – bien davantage qu'à Bamako. Mais qu'en revanche les portions sont beaucoup plus chiches pour le même prix (résultat, avant-hier on a dû manger dans 2 maquis différents pour combler notre faim)...

 

Les mêmes petites motos (bien qu'ici, les japonaises volent la vedette aux chinoises) et les mêmes voitures « au revoir la France » (tout de même globalement moins défoncées qu'à Bamako), les mêmes accidents même si la circulation est moins anarchique qu'à Bamako.

 

La même gentillesse des gens une fois qu'on a lié connaissance ; mais, globalement, une plus grande circonspection au premier abord.

 

La même verdure dans les rues – pas mal d'arbres, même si les manguiers cèdent le pas aux flamboyants et autres espèces endémiques dont nous ne connaissons pas le nom.

 

Au rayon des différences, Ouaga est mieux équipée en termes d'infrastructures que Bamako. Davantage d'immeubles construits, de « goudrons », comme on dit ici, d'égouts couverts, de trottoirs pavés, d'éclairages publics... Les rues sont aussi plus larges, plus aérées. Cela donne une impression de modernité et surtout de moins grande saleté qu'à Bamako – même si on retrouve les fameux sachets plastiques un peu partout, et des tas de déchets ça et là – mais surtout dans les quartiers périphériques.

 

Le réseau de taxis aussi : à Bamako c'était simple, on donnait la destination, on négociait le prix, et hop, c'était parti... Ici, les taxis fonctionnent comme des bus, sur les lignes données qui se terminent toutes en centre ville. Pour aller dans un autre quartier il faut prendre un autre taxi – et donc trouver l'endroit d'où partent ceux qui vont là où on veut aller... Pas pratique. Mais pas cher : 200 FCFA (0,3 euros) par personne pour une trajet sur une ligne. Si en revanche on veut aller à un endroit précis sans avoir à changer de taxi, là, le taximan vous le fait payer... De manière inversement proportionnelle au bronzage de votre peau, cela va de soi. De plus, pour rentabiliser leurs lignes, les taximen ont une fâcheuse tendance à bien remplir leur voiture : jusqu'à 6 passagers (2 sur le siège avant, 4 à l'arrière), alors que leurs homologues bamakois étaient moins bourratifs.

 

Nous sommes moins gênés qu'à Bamako par la pollution. Peut-être parce que davantage de goudrons, moins d'embouteillages (le nombre de ponts limité à 2 au dessus du Niger à Bamako est vraiment une catastrophe pour la patience des conducteurs et les poumons des Bamakois), et une situation géographique plane (pas de cuvette comme à Bamako) ?...

 

En revanche les « délestages » (coupure d'électricité) sont pires qu'au Mali. Ils durent des heures... Et des heures sans électricité, ça veut dire : pas de ventilo, tout qui se réchauffe dans le frigo, au travail pas d'ordi donc pas de boulot, difficultés à téléphoner, etc etc... Ben voilà, faut supporter, avec stoïcisme, que peut-on y faire ? Il paraît qu'un accord a été trouvé avec la Côte d'Ivoire pour améliorer la situation. Les Ouagalais sont sceptiques...

 

Et ici pas de thé, pas de « grain » comme au Mali à l'arrivée du « petit soir »... A Bobo on trouvait encore cela, mais plus ici à Ouaga, et on ne l'a pas vu non plus à Boromo, Koudougou ou Gaoua... Dommage, on aimait bien.

 

Moins de mosquées aussi. Et nécessairement, moins d'appels à la prière. Ouf, païens que nous sommes, nous pouvons dormir sans être réveillés à 5 heures par le lancinant « Allah ouakbar » (oui, c'est phonétique, on ne maîtrise pas l'arabe).

 

Et les noms aussi ont changé, évidemment. Plus de Diakité, Keïta, Diarra, Traoré, Sidibé, Koné, Touré, Diabaté, Bagayoko... Ici c'est Bénao, Ouédraogo, Compaoré, Neto, Badoua, Kiendrebogo...

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ven.

23

avril

2010

Quelques photos de Gaoua

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ven.

23

avril

2010

Quelques photos de Bobo

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jeu.

22

avril

2010

Burkina -suite-

Dimanche 18 avril.

Calfeutrés sous notre voûte, portes et volets clos, nous soufflons un peu. Voûte ? Oui oui, vous avez bien lu. Depuis hier soir (dimanche), nous sommes à Boromo, petite ville tranquille du Burkina, où l'association AVN (association voûte nubienne) a ses locaux. La voûte nubienne, on en avait déjà parlé un peu ici. On a eu la chance de tester la construction : ici à Boromo, un campement est construit suivant cette technique tout en terre (pas de bois pour la structure). Et pendant la journée, c'est une évidence : la construction est adaptée aux chaleurs sub-sahariennes, puisque l'on perd plusieurs degrés entre intérieur et extérieur, même à l'ombre. Appréciable lorsque, comme en ce moment, il fait plus de 45 degrés...

 

Au-delà, nous avons pu discuter ce matin du projet avec les membres de l'association. Nous allons essayer de mettre en ligne, au fur et à mesure, les présentations des projets que nous avons découverts... Mais nous manquons furieusement de temps pour tout faire !

 

Revenons sur notre périple. Nous nous étions quittés alors que nous étions encore à Bobo, au terme de notre 1re journée là-bas. Le deuxième jour, Thomas a fait 2 interventions d'une demi-heure dans des classes de CM2 (Serge Bernard, le fils de Bernadette qui nous a accueillis, assure la gestion d'une école privée créée par son père) sur le thème du changement climatique. Autant profiter de notre présence pour faire passer des messages ! Les enfants étaient manifestement intéressés, l'une des 2 classes particulièrement réceptive. On essaiera de renouveler l'expérience si on en a l'occasion...

 

Nous avions également rendu visite au GAFREH (groupement des association féminines pour le renouveau économique du Houët – le Houët étant la région autour de Bobo), autre association locale que nous avions ciblée pour son projet de recyclage de sacs plastiques qui tout à la fois réduit (à son échelle) la pollution endémique provoquée par les sachets, et assure une source de revenus à des femmes qui n'en ont pas ou peu – notamment des jeunes filles mères.

 

Nous nous étions enfin tranquillement baladés dans le quartier de l'ancienne mosquée, proche du coeur historique de Bobo (que nous n'avons en revanche pas visité car l'accès au quartier ancien était payant)... Coin paisible : discussions avec l'association des guides dont certains sont musiciens et ont monté un groupe – ils nous ont invité à écouter l'album... que nous avons finalement acheté !-. Puis découverte, au hasard, d'une autre initiative ayant pour effet de recycler du plastique (même si ce n'est pas l'objet recherché) : fabrication, à partir des sangles plastiques utilisées pour sécuriser les cartons de transport, de paniers très solides utilisés notamment par les vendeurs de poisson au Mali... Nous avions discuté sur le chemin du retour avec des jeunes qui nous avaient invité à boire le thé, de notre périple, de leurs études, de la passion de l'un pour le football... Les « docteurs des voitures » du quartier nous avaient à leur tour invité le lendemain, juste avant notre départ. Discussion plus politique à l'ombre du manguier. L'un se hasarde à parler de « dictature » à propos de son pays. Un autre le reprend immédiatement, « on ne peut pas tout à fait dire cela »... Ils nous font écouter le discours de Sankara, leur ancien président, sur la dette. C'était il y a plus de 30 ans, c'est toujours aussi actuel...

 

De Bobo-Dioulasso, la « maison des Dioulas et des Bobos » (son ancien nom – celui-ci lui a apparemment été donné par le colonisateur français - est Sya), nous gardons l'image d'une ville tranquille, verte, loin de la pollution et de l'anarchie de Bamako, aux taxis honnêtes (!), aux habitants souriants, curieux, accueillants – comme souvent en Afrique de l'Ouest, du moins dans les zones que nous avons traversées.

 

Puis nous avons quitté Bobo, après avoir subi l'épreuve de la bousculade-géante-pour-rentrer-dans-le-bus-par-45-degrés, direction Gaoua, au sud, en pays lobi, entre Côte d'Ivoire et Ghana. Là-bas, nous avons été accueillis par Kader, artiste de son état, qui a créé un campement ; celui-ci n'étant pas fonctionnel, il nous a proposé de dormir dans la tente montée devant chez lui... Proposition acceptée. Nous avons donc pendant 2 jours et demi partagé le quotidien d'une famille pour laquelle il n'est pas toujours facile de nouer les 2 bouts. Kader a été extrêmement attentionné avec nous et nous a montré sa région sans rien nous demander. Il nous a énormément appris sur la culture lobi, on a beaucoup parlé avec lui : des différences culturelles entre la France et le Burkina ; du secteur de l'orpaillage qui se développe de manière pas très nette dans la région de Gaoua ; des lobis, des lobis et encore des lobis ; de l'art et de la difficulté d'être un artiste ici... Nous avons rencontré comme prévu – puisque c'était pour cela que nous étions venus – l'association pour la promotion féminine de Gaoua (APFG – vous trouverez le compte-rendu de notre visite ici), dont fait partie la femme de Kader, Evelyne. Encore une initiative locale remarquable. Comme quoi, si l'Afrique noire est mal partie, comme dirait l'autre, il y a aussi plein de gens qui la font avancer, avec des idées, des compétences, de la persévérance...

 

Kader nous a aussi emmené voir une orpailleuse traditionnelle – c'était notre second point d'intérêt, car au-delà des projets, cela nous intéresse de découvrir la façon dont les gens vivent et donc, les métiers qu'ils exercent. Angéline vit dans un petit village et travaille 4 jours sur 5 à l'extraction de l'or. Le cinquième jour, si l'activité a été bonne, elle va vendre son or au marché de Doudou qui a lieu tous les 5 jours. Le travail consiste à creuser d'abord un puits, car il faut de l'eau pour rincer la terre ; ensuite un trou, lequel peut s'agrandir en galerie si la terre contient suffisamment de paillettes d'or. La terre est rincée à l'eau dans une calebasse plusieurs fois, jusqu'à ne plus contenir que le plus lourd : l'or. Des paillettes minuscules, qu'elle ne trouve pas à chaque fois ; il faut alors recommencer. Le travail est rude, physique, comme en attestent les bras musclés d'Angéline. Elle réussit à vivre de son activité, à nourrir ses enfants – le papa est en Côte d'Ivoire. Mais pas d'achats de loisirs ou de petits plaisirs... La vie pourrait être un peu plus facile si, comme elle le dit, elle et ses consœurs ne se faisaient pas exploiter par les acheteurs. Seuls les acheteurs agréés par l'Etat ont le droit d'acheter l'or et, apparemment, ils profitent de la faiblesse de ces femmes, analphabètes, pour les arnaquer par diverses techniques. Nous n'avons pas pu vérifier ni l'existence de cette fraude, ni son ampleur – mais si cela est vrai, c'est un vrai scandale...

 

Kader nous a également montré les métiers traditionnels de la région :

  • poterie : fascinante dextérité de la potière qui, en 10 minutes et en utilisant des objets simples (bouts de plastique, morceaux de pagne, morceau de terre cuite pour faire tourner la poterie en cours de réalisation), fabrique un joli vase rond... les potières se sont regroupées en association pour l'utilisation d'un four commun en terre cuite qui évite la technique de cuisson traditionnelle que nous avions croisée au Mali (des branches sont empilées au dessus des poteries crues et enflammées), laquelle contribue beaucoup à la déforestation ;

  • vannerie : multitude de paniers, corbeilles, dessous de table en osier tressé, formes traditionnelles réinventées en utilisant pour colorer l'objet les sachets plastiques... l'activité est, encore une fois, réservée aux femmes ;

  • sculpture : cette fois, seuls les hommes la pratiquent ; il s'agit d'une sculpture d'artisanat davantage que d'art – les hommes reproduisent des objets millénaires (tabourets à trois pieds qui leur sont réservés ; cannes ; portes-clés, …) avec, là encore, un incroyable savoir faire.

 

Nous sommes bien accueillis dans les différents villages (chacun a sa spécialité), même si l'échange est plus artificiel qu'avec Angéline l'orpailleuse : dès notre arrivée, les enfants sortent tous les modèles possibles et imaginables, pensant que nous allons acheter quelque chose... Et nous nous retrouvons dans une situation fort gênante puisque nous ne pouvons pas acheter (pas de place dans les bagages, pas de budget pour acheter quelque chose dans tous les endroits où nous passons). C'est le revers de la médaille...

 

Nous retrouvons certains des artisans le dimanche, au marché de Gaoua. Ils ont fait 10 à 15 kilomètres à pied, sous un soleil de plomb portant leurs œuvres sur leur tête dans des bassines ou calebasses, pour venir les vendre – et en vivre...

 

Nous ne pouvons nous empêcher de penser que cette production artisane qui est vendue si peu chère ici, se vendrait quelques dizaines voire centaines de fois plus cher en Europe. Nous parlons de commerce équitable à Kader, qui est également président d'une jeune association regroupant artistes et artisans de la localité. C'est une piste, mais tout est à construire.

 

Le dimanche après-midi sonne l'heure du départ pour Boromo. Plein de souvenirs et d'amitié en tête, espérant pouvoir rendre la pareille à Kader lorsqu'il viendra en France, nous prenons le bus, une fois de plus.

 

A Boromo, en plus de la voute nubienne, nous avons l'occasion de rencontrer les artistes de la troupe « les grandes personnes (d'Afrique) », qui produisent des marionnettes géantes et les spectacles qui vont avec. Les prestations se font autant ici au Burkina que dans la sous-région ou en France (d'ailleurs les Grandes Personnes travaillent étroitement avec la troupe basée à Aubervilliers). Les spectacles sont aussi l'occasion de faire de la sensibilisation et de la prévention sur divers thématiques. La vingtaine d'artistes de la troupe ne vit pas de l'activité, et chacun mène son petit business pour vivre. Obtenir des contrats localement pour la production de spectacles, bien que cela arrive, reste rare et difficile. Malgré tout, il est magique de voir sortir de « nul part » une telle créativité et un tel dynamisme original.

 

 

 

Mercredi 21 avril.

Nous avons quitté Boromo mardi pour Koudougou, troisième ville du pays. Arrivée assez peu agréable dans la chaleur ; un taxi-man particulièrement malhonnête (même si on sait se défendre). Nous ne visiterons finalement pas la ferme de spiruline (pour en savoir plus, voir par exemple un très intéressant reportage ici) dont nous avions découvert l'existence la veille, faute de moyens de transports.

 

En revanche, ce matin, mercredi, nous avons pu visiter la Cité des Arts, projet pour lequel nous avions décidé de passer par Koudougou avant Ouagadougou. La Cité des Arts est rassemble des artistes, regroupés par ateliers dans divers domaines : batik, peinture, bijoux, bronze, orchestre et danse traditionnelle... Chaque artiste est rémunéré en fonction des ventes de son atelier, moyennant une contribution commune pour la structure. Compte-rendu plus détaillé (probablement) à venir ;).

 

Finalement, nous avons quitté Koudougou pour Ouagadougou, après avoir sympathisé avec un des artistes de la Cité -Ousséni, sculpteur de bronze), dont la gentillesse n'a d'égal que le talent.

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jeu.

15

avril

2010

Bobo Dioulasso

Entre 2 rendez-vous, nous écrivons depuis la cour de Bernadette, la tante de notre ami Kalifa qui nous accueille pour notre séjour à Bobo-Dioulasso, capitale économique du Burkina Faso. Sur la terrasse, à l'abri de la tôle – car, incroyable mais vrai, il pleut ! Une petite pluie bienvenue, qui rafraîchit l'atmosphère en complément du gros orage bien venteux qui a traversé la ville hier soir. Un peu de répit avant la fournaise de Ouaga (paraît-il...).

 

Nous voilà donc au Burkina. Passage de frontière, avant-hier, sans encombre – bien que nous ayions attendu le car pendant 4 heures au départ, à Koutiala. Arrivée de nuit, nous sommes accueillis par Bernadette et son fils Serge Bernard (que nous appellerons Bernard pour la suite – vous aurez deviné aux prénoms que nous sommes dans une famille catholique, religion beaucoup plus présente qu'au Mali), qui eux aussi font tout pour nous : ils sont venus nous chercher à la gare routière, Bernadette a préparé notre dîner, une chambre nous attend... Voilà de quoi remonter notre motivation, un peu en berne notamment en raison de la chaleur, écrasante depuis notre retour, et que nous supportons vraiment difficilement. On rêve de piscines, de banquise...

 

Hier, nous avons pris contact avec la ville. Larges rues et avenues, pas mal d'arbres : manguiers, flamboyants, taxis verts (et non jaunes comme à Bamako), atmosphère tranquille, moins de circulation (et de motos chinoises) qu'à Bamako, peu de boubous – surtout chez les hommes : chez les femmes, le basin est rare, la cotonnade est plus présente : effet Sankara, plus de 30 ans après (cf notre article) ? Les gens dans les rues sont très sympas, nous saluent et nous invitent à prendre le thé comme au Mali. Ici on parle le dioula, très proche du bambara, on peut donc encore échanger quelques mots en langue locale – on en profite, ça ne va plus durer très longtemps...

 

Nous avions programmé la visite du musée de la musique et une balade dans le quartier des artisans pour cette première journée. Rien de trop fatigant ! Seul hic, personne dans la ville ne connaît le « quartier des artisans »... La balade sera donc remplacée par une visite de la ville en voiture avec Bernard qui nous en montre les principaux points névralgiques : bâtiments administratifs importants, marché, gare, ancienne mosquée…

 

Nous en profitons pour jeter un œil au musée provincial du Houët : expo temporaire autour des lauréats de la semaine de la culture 2008 (statues, batiks, art composite), expo permanente sur les valeurs et traditions burkinabées. Une salle par expo. Les statues lauréates du concours sont assez belles, traitant de différents thèmes (la famille, le rôle de la femme, l'excision, …). Malheureusement nous ne pourrons pas vous les montrer car les photographies étaient interdites. L'expo permanente met en scène des objets relatifs aux rites : par exemple, pour le mariage, les paniers de mariage offerts à la jeune épouse, contenant tout ce qu'il faut pour la bonne gestion du ménage (!)... Les valeurs de la société burkinabée et notamment l'intégrité (« Burkina Faso » = pays des hommes intègres) sont également détaillées ; toutefois, le panneau concluant l'exposition souligne que l'intégrité ainsi que l'amour du travail sont quelque peu en perdition à l'heure actuelle, notamment dans la gestion des affaires publiques... No comment. Ça n'est pas inintéressant mais le guide va un peu vite, on n'a pas le temps de profiter pleinement des explications écrites par ailleurs affichées. A la sortie du musée, reconstitution de 2 habitats traditionnels : maison en argile rouge bobo et case peuhle. Nous vous joignons quelques images / explications.

 

Le matin, nous avons visité le musée de la musique (si cela vous intéresse, vous pouvez en savoir plus ici). Et c'était vraiment intéressant. Le musée est géré par une association, l'Association pour la sauvegarde du patrimoine artistique et culturel, qui cherche à faire connaître ce patrimoine aux populations locales – qui, le plus souvent, en sont en grande partie ignorantes. Ainsi de notre ami Bernard, qui explique apprendre beaucoup dans ce musée où il vient pour la 1ère fois. La stratégie de l'association est de passer par les enfants, qui peuvent ensuite parler de leurs découvertes en famille et parfois, font revenir la famille au grand complet au musée. Cela est apparemment plus efficace que de viser les adultes qui ne s'intéressent pas vraiment à ce genre de sujets. Pour cela, appuyée par la coopération française, l'ASPAC a développé un livret pédagogique bien conçu à l'intention des classes de CM : jeu de piste, questions réponses, pratique de certains instruments... Une initiative remarquable dans un pays où, comme chez ses voisins, la culture n'est franchement pas une priorité et où les habitants, par rejet, ignorance ou indifférence, oublient ou se détournent souvent de ce patrimoine, pourtant si riche.

 

Après un dîner sympathique pris en compagnie d'un couple ivoirien venu rendre visite à Bernadette, et qui évoque les problèmes de leur pays mais aussi de la RDC (où le mari, qui travaille pour MSF, vient de passer un an), nous nous rendons chez Bernard qui nous a proposé de passer la fin de soirée en sa compagnie et de nous faire sortir en ville. D'abord, un peu de scrabble en attendant minuit, l'heure à laquelle les gens d'ici commencent à sortir: Bernard est féru de ce jeu qu'il pratique quotidiennement avec un ami avec leurs propres règles. Deux parties, l'une l'opposant Amélie, l'autre à son partenaire habituel. Atmosphère un peu irréaliste, scrabble par grand vent sous la nuit africaine, à la lumière du néon et au son de balades de Cabrel... Et on apprend de nouveaux mots : okas, ur, … On vous laisse le soin de chercher la définition dans le dictionnaire !

 

Vers minuit donc, nous sortons. Direction l'Entente, lieu de détente de la jeunesse de Bobo. C'est un maquis traditionnel : piste de danse centrale, sous une paillote, entourée par les tables et les chaises en plein air. Bêtement, nous commandons des Flag – au lieu de goûter la bière du cru. On espère avoir l'occasion de se rattraper... Bonne ambiance, musique africaine moderne, les couples dansent collé serré pendant les slows, se séparent le restent du temps. La danse nous semble plus conventionnelle, moins expressive que dans les balani (fêtes de quartier) que nous avons vus au Mali. Bernard insiste pour nous offrir une 2ème bière. L'effet de la 1re se faisant déjà un peu sentir, nous acceptons seulement de partager la 2ème... Et rentrons vers une heure et demi du matin, fatigués mais heureux de cette première journée en territoire burkinabé.

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dim.

11

avril

2010

Bamako - Koutiala

Nous sommes bien arrivés à Bamako, vendredi en fin de journée. Les 37 degrés à la sortie de l'avion sont rudes à supporter (on monte à 45 en journée en ce moment). Nous avons passé la nuit dans la maison bamakoise de Kalifa, et avons quitté la capitale hier à 14 heures pour arriver à Koutiala hier soir, sans encombre. Nous repartons demain vers le Burkina... Tout va bien.

 

Pour vous réhabituer, comme nous, au Mali, nous avons choisi de vous raconter notre trajet en car entre Bamako et Koutiala. Mais ça pourrait être n'importe quel trajet en car en Afrique de l'Ouest...

 

L'histoire commence la veille du voyage, ou le matin pour l'après-midi, avec l'achat des billets à la gare routière. Bousculade au guichet, la queue n'en est pas une, on se fait joyeusement doubler, on attend parfois les guichetiers, occupés à quelque chose d'autre (manger, discuter, …) alors que les clients s'amoncellent devant le guichet...

Toutefois, un peu de patience plus tard, le précieux sésame est finalement obtenu sans encombre.

 

Ça se poursuit avec le rendez-vous, en général une demi-heure avant le départ du car. Dépôt en soute des bagages, sur lesquels sont apposés des bandes d'une sorte de sparadrap sur lesquelles sont indiquées la destination et le numéro du billet. Plutôt bien organisé !

 

5 minutes avant le départ du bus, c'est l'appel. Pas toujours facile de reconnaître les noms français africanisés (Le Provost peut se transformer en Post...), concentration donc de rigueur.

Les passagers sont appelés les uns après les autres en fonction du moment auquel ils ont acheté leurs billets. Premiers à s'être déplacés, premiers à monter dans le car – et donc à pouvoir choisir leur place. Importance stratégique donc d'être dans les premiers – pour pouvoir se mettre en dessous des bouches d'aération de la travée centrale et éviter surtout les banquettes du fond sous lesquelles chauffe le moteur... Ca peut sembler anecdotique mais lorsque la température extérieure monte à 45 degrés, il faut compter plusieurs degrés supplémentaires à l'intérieur du car... Pour notre aller à Koutiala, Amélie a acheté un éventail local en plastique tressé et manche en bois, qui s'est révélé fort utile. Certaines compagnies affichent pourtant des bus climatisés : le petit surplus dans le prix du ticket n'est alors pas un luxe ! Le problème est que le bus en question peut très bien rouler pendant les 4/5ème du voyage avec les trappes de plafond ouvertes comme n'importe quel bus non climatisé. La climatisation n'arrive que sur la fin du voyage pendant quelques minutes avant l'arrivée. Probablement dans un souci d'économies ?

 

Une fois installés, il faut attendre encore que le car démarre. Toujours en retard de 15 à 30 minutes en général...

 

Et puis le trajet lui-même. Plusieurs heures bien au chaud, accompagnés parfois par la radio ou la TV (en général à fond, les boules Quiès ne permettant qu'une légère atténuation du vacarme), ponctuées par les arrêts (fréquents).

 

Eh oui : il y a les postes de contrôle, les gares de transit dans les villes importantes... et tous les autres arrêts, parfois sans raison identifiée. A chaque fois, la moitié des passagers descendent, tant bien que mal puisque les bagages encombrent la travée centrale, pour acheter qui de l'eau, qui des bananes, qui du dibi (viande de mouton grillée emballée dans du papier craft... très odorant lorsque les heureux gourmands ouvrent le paquet dans le bus, les voisins apprécient !), … Les vendeurs et vendeuses entrent parfois dans le car, au son des « Dji bê », « Gato bê », « Pomme bê » (il y a de l'eau, des gâteaux, des pommes...). A la fin du trajet, le car ressemble à une poubelle géante : les passagers balancent leurs ordures sans aucun scrupule sous les sièges et dans les travées (bouteilles vides, pelures de bananes, papiers gras, …).

 

Si on n'a pas de chance, on peut être confronté à une panne... Pas très drôle d'être coincés au milieu de nulle part, par une chaleur écrasante, en n'ayant d'autre solution que d'attendre que ça se passe... Ça a failli nous arriver hier, à 20 kilomètres de Koutiala : le car s'arrête, le chauffeur descend... et ne remonte pas. Certains passagers le suivent, parlent de panne... Oups. Après 20 minutes, nous redémarrons malgré tout, sans avoir su quel était le problème.

 

A l'arrivée à la gare routière, il faut encore écarter les sollicitations insistantes des taxi men « Tsss tsss, taxi, taxi » et récupérer les sacs (maniés en toute délicatesse). Ça y est, le voyage est terminé... Un peu folklo, assez fatiguant, mais finalement on arrive à bon port, et c'est bien ça le principal !

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lun.

29

mars

2010

Depuis Saintes et Oléron

Nous sommes revenus, si rapidement. Ce n'était pas prévu, ce n'était pas voulu.

 

La vie fait parfois que certaines personnes qui vous sont chères s'en vont par surprise : c'est le cas de Ginette, la grand-mère de Thomas.

 

Nous sommes donc rentrés, pour un dernier hommage et pour être présents avec la famille.

 

Nous repartirons à Bamako le 9 avril, afin de reprendre notre périple à peine entamé, en nous rendant directement à Bobo Dioulasso au Burkina. Nous repartirons avec dans la tête et dans nos coeurs le souvenir de Ginette, qui nous accompagnera.

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lun.

22

mars

2010

Bye bye Bamako

Voilà, après 6 mois, nous avons quitté Bamako. Moment attendu, car nous avions hâte de débuter la partie itinérante de notre année. Le départ s'est fait sur les chapeaux de roue, entre mille choses à faire à gauche et à droite, on n'a pas vraiment eu le temps de se préparer, il nous est tombé dessus...

 

Et si nous sommes heureux d'échapper à certains aspects (pollution, surtout), ça n'a pas été si facile de quitter la capitale malienne. On y laisse un peu de notre cœur, comme disent les Maliens...

 

On se rappellera de ses bruits : klaxons incessants des voitures, appels à la prière lancinants des muezzins, cris des enfants de l'école voisine, coups sourds du pilon sur le mortier et des batteurs de basin, émissions télévisées diffusées en permanence...

De ses odeurs: celle, aigre, du beurre de karité ; celle, âcre, de la pollution – des gaz d'échappement des voitures aux ordures brûlées sur les bas côtés des routes- ; parfums entêtants des femmes ; puanteur des égouts à ciel ouvert ; encens diffusé dans les bureaux, …

Des couleurs, partout dans les rues : boubous des hommes, femmes et enfants, façades colorées des boutiques de bord de goudron, ustensiles de cuisine en plastique arc en ciel, …

De ses rues en terre poussiéreuses, de ses ponts embouteillés, de ses taxis jaunes et Sotrama verts déglingués, de ses contrastes (villas luxueuses vs maisons de banco, 4x4 climatisés vs vélos et charrettes), de ses ânes, moutons et poules, de ses sacs plastiques et autres déchets jonchant les rues...

De cette activité débordante : ateliers de menuiserie métallique, de couture, de teinture, salons de coiffure toujours pleins, marchés grouillants de monde et rassemblant tout et n'importe quoi...

De cette circulation anarchique, des chargements comico-hallucinants des véhicules...

 

Et surtout de la gentillesse et de la sociabilité de ses habitants, parmi lesquels, au hasard des rencontres, nous nous sommes fait de vrais amis, qui se sont mis en quatre pour nous car au Mali, l'étranger est une richesse - quand chez nous, il suscite peur et méfiance... Ici, on a multiplié les sourires, les rires, les émotions, les moments partagés, éphémères ou renouvelés... Au moment du départ, chacun y est allé de son cadeau souvenir... Une vraie chaleur de laquelle notre Europe individualiste aurait bien des enseignements à tirer. Et on n'oubliera pas ces visages et ces noms : Amadou, Elie, Antoine, Kadi, Mam', Mamadou, Alassane, Bintou, Fatoumata, Benoît, Baba, Mamouchka, JP, Ablo, Djiguiba, Abdramane, Djénébou, Moussa, Jacky, Youssouf, Adja, Florence, Anna, Maurice, Djominé, et tant d'autres...

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mar.

16

mars

2010

Le deuxième départ approche...

Revue de la dernière semaine…

 

  • Hier, dernier jour de travail pour nous deux. Amélie a réussi à boucler son évaluation dans les temps ;  Thomas a obtenu un magnifique diplôme attestant de son stage si fécond. Cela nous laisse une petite semaine pour finir de nous préparer et mener nos quelques rendez-vous (eh oui, on commence la 2ème partie du projet, et les rencontres s’accumulent…).

 

  • Chaleur oblige, on a testé la nuit sous la tente, sur le toit. On avait oublié que notre tente n’était pas tout à fait autoportante… Bon, on s’en est sortis en coinçant les coins avec des pierres (on développe l’art de la débrouille à l’africaine !). Bilan : premières heures pas faciles, le toit dégageant encore la chaleur de la journée. Mais ensuite, le bonheur de la fraîcheur ! Voire même un peu froid entre 3 et 5 heures… Depuis les températures en journées sont un peu tombées, du coup nous avons regagné notre lit.

 

  • Nous avons rencontré, au hasard de nos achats de pain à l’épicerie du coin, deux frères très sympas, Mamadou et Ablo, qui encore une fois n’ont pas fait mentir  la « djatiguiya » (l’accueil) malienne ; on a beaucoup discuté avec eux, et aussi avec Amadou (à qui nous avons dit au revoir) : nous testons un questionnaire auquel les réponses apportées devraient nous servir de base, au retour, pour notre travail d’écriture / expo). Pour le moment nous trouvons l’exercice positif et intéressant !

 

  • Nous avons aussi croisé Benoît, compatriote de passage au Mali dans le cadre de son projet sur le thème du changement climatique (décidément !), jetez y un œil… Il nous a parlé de l’Appel des voyageurs de la Terre, rédigé par des baroudeurs qui souhaitent donner un sens à leurs voyages et en limiter les impacts autant que possible ; nous l’avons rejoint (vous pouvez le lire ici).

 

  • Thomas a été incité à devenir catholique par de jeunes maliens qui nous ont interpellés alors que l’on rentrait chez nous et avec qui on a discuté (ça c’est le Mali, pouvoir échanger, plaisanter, créer des liens, au détour d’une rue, sans se connaître, que l’on se revoie ou pas… et ça nous manquera !) ; eh oui, « il faut croire à quelque chose dans la vie », « suivre quelque chose (sinon on est comme une vache !) ». Il n’a pas été convaincu pour autant…

 

  • Nous empaquetons, rangeons, nettoyons… Notre malle mastodonte, fabriquée sur mesure pour transporter (par frêt maritime) nos affaires en trop vers la France, est arrivée et nous commençons à la remplir (les parents, préparez-vous !).

 

  • Visas obtenus pour le Burkina et le Bénin, en cours pour le Ghana. On attend de voir pour le Togo si la situation ne se crispe pas trop (si vous n’en avez pas entendu parler, les élections présidentielles ont eu lieu la semaine dernière et maintenu au pouvoir le Président sortant, Faure Gnassimbé, fils du Général Eyadéma qui avait régné d’une main de fer sur le pays pendant 38 ans ; les élections de 2005 suivant la mort du papa s’étaient terminées dans le sang et la répression ; le résultat de la semaine dernière est quant à lui contesté par l’opposition – et l’Union européenne elle-même rapporte des fraudes. Si le sujet vous intéresse, regardez l’appel de Survie qui dénonce la situation actuelle).

 

  • Notre itinéraire se précise. Sur notre route, pas mal de projets intéressants à découvrir : de la construction en terre, du recyclage, de l’alphabétisation, de la protection de la biodiversité, de la création d’emploi pour les défavorisés, de la préservation du patrimoine, ... On essaiera de vous les faire partager dans la mesure du possible (cad dans la mesure de nos accès à Internet !).

 

  • Le blog fête son premier anniversaire ! Youpi !

 

Voilà pour les dernières nouvelles…

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ven.

05

mars

2010

On n'oublie pas le blog...

... mais le départ s'approche à grands pas et avec lui plein de choses à faire : l'évaluation à boucler pour Amélie, l'organisation du rapatriement en France des affaires que nous n'emmènerons pas pendant le voyage et de nos quelques souvenirs du Mali, la recherche des projets qui guideront notre itinéraire, la série des « au revoir » qui commence, etc...

 

Viennent s'y ajouter quelques invitations impromptues, ainsi que des petits problèmes informatiques (l'ordinateur d'Amélie a très, très chaud !).

 

Tout ceci explique un peu notre inactivité bloguesque. Pour nous faire pardonner, vous trouverez ici quelques élucubrations sur le caractère éthique du tourisme au pays dogon (comme annoncé dans un précédent billet).

 

 

Edit : le lien qui ne fonctionnait pas a été corrigé ;)

 

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mar.

23

févr.

2010

Quoi de neuf à Bamako ?

Le blog est resté silencieux pendant quelques jours. Nous nous sommes un peu rattrapés par quelques billets… Mais quoi de neuf à Bamako ?

 

Niveau travail, Amélie a terminé ses missions à l’intérieur du pays. Après Mopti et Ségou, elle s’est rendue les 2 dernières semaines à San, petite ville située entre les 2 précédentes, et à Sikasso, au Sud Est du pays, près de la frontière burkinabé. Pas de photos malheureusement, car les journées de travail ont été fort chargées, ne laissant pas le loisir de sortir l’appareil… San, ville de banco gris, plutôt calme, à la très belle mosquée sur le modèle de celle de Djenné. Sikasso, ville carrefour (sur la route de la Côte d’Ivoire et du Burkina), fort étendue et animée, dans la région la plus verte du Mali. Trop peu de temps passé dans ces 2 villes pour pouvoir en dire plus… A Sikasso, un grand moment à l’hôtel : la définition par le gérant et un des collègues d’Amélie de la stratégie la plus efficace pour accrocher une moustiquaire à 4 coins dans la chambre, laquelle ne comportait aucun dispositif d’attache particulier. Bilan : un coin au porte-manteau amené dans la chambre spécialement pour l’occasion, un coin à la charnière de la fenêtre, un coin sur le cordon d’alimentation de la clim et le dernier à la poignée de la porte. Du grand art !

 

Thomas quant à lui a participé à un atelier de formation des administrations des Pays les Moins Avancés sur l’adaptation au changement climatique à la semaine dernière. Très instructif, à la fois sur le fond et sur le fonctionnement du système international multilatéral. Pas toujours très réjouissant…

 

Nous profitons aussi de nos dernières semaines pour faire tout ce que nous n’avons pas eu l’occasion de faire jusqu’à présent à Bamako, et pour voir et revoir nos amis.

 

C’est ainsi que nous sommes retournés voir Moussa, Jacky et Yousouf dimanche dernier à Baguineda. Nous avons dîné avec Amadou et Fatoumata au petit restaurant que nous affectionnons, pas loin de chez nous (avis aux Bamakois qui cherchent de nouvelles adresses : African Foods, à l’angle de l’ancien commissariat du 4ème arrondissement, Badalabougou – ils ont même un site web ! Le patron camerounais et le serveur togolais sont très sympas et l’on y mange bien). Discussions intéressantes sur des thèmes de société : la place des femmes (autour du Code de la famille que nous avons évoqué ici), l’excision (on vous en parlera aussi)…

 

On parcourt les  marchés, de l’ambiance très locale du marché de Médine (eh oui, pas d’artisanat là-bas, tout de suite ça change les choses) à celui de N’Golonina, découvert pendant le séjour des parents de Thomas à Noël et ô combien plus tranquille que la maison des artisans. Nous y avons rencontré un vendeur sénégalais sympa, fan de Tiken Jah Fakoly (le rastaman défenseur de l’Afrique – très populaire ici) avec qui nous avons refait le monde autour d’un thé…

 o M

Un peu de culture aussi avec l’exposition So masiri au musée national, autour du design malien, ou comment revisiter les techniques et matériaux traditionnels afin de créer de nouveaux objets « beaux et utilitaires ». C’est réussi, et bien mis en scène, objets différents de ceux que l’on trouve sur les marchés. Le prix non plus n’est sûrement pas le même !

 

Une leçon de cuisine supplémentaire pour Amélie : comment préparer le dabléni (ou bissap), le jus de dah blanc et le jus de gingembre, spécialités locales fort désaltérantes et appréciées. Avis aux amateurs, à notre retour !

 

Et puis toujours la préparation de notre périple. Nous devrions avoir nos visas pour le Burkina cette semaine, si nous réussissons à nous rendre à l’ambassade (aujourd’hui cela n’a pas été possible à cause d’une grève générale des taxis et Sotrama : l’un des leurs a été tué dans des circonstances peu claires, par un policier…). On peaufine le trajet, on multiplie les contacts… Le tout dans une chaleur déjà torride, accompagnée de coupures d’électricité et d’eau… Un peu rude, mais on fait avec !

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dim.

21

févr.

2010

Pays dogon - encore et toujours :-)

Carte du pays dogon (cliquez pour agrandir)
Carte du pays dogon (cliquez pour agrandir)

Après la 1re journée à Sangha, boucle de 4 jours à pied, entre plateau, dune et falaise, incluant 2 descentes et remontées de celle-ci, en passant par les villages de Banani, Tiéni, Ibi, Dourou, Youga, Yendouma, Tiougou et retour à Sangha. En moyenne, une dizaine de kilomètres quotidiens, en partageant le portage du gros sac à dos que nous avions pris pour nous tester par rapport à la suite envisagée de notre voyage. Bilan plutôt positif : hormis quelques courbatures, c’est passé comme une lettre à la poste !

 

Il est vrai que le circuit était un peu sportif par moments : Amélie ne s’est pas sentie très à l’aise sur certains passages où le vide était un peu trop proche à son goût. Mais nous étions prévenus, aussi bien par Souleymane que par nos guides papiers évoquant quelques passages abrupts nécessitant un « pied sûr »… Au final, on l’a fait !

 

Et la récompense était à la hauteur de l’effort, grâce aux paysages magnifiques : des dunes orangées sublimées par la lumière dorée du soir aux vertigineux escarpements rocheux de la falaise, en passant par la vue imprenable, d’en haut, sur les étendues infinies de la plaine courant jusqu’au Burkina Faso voisin, et nichés dans ce cadre idyllique, les villages si pittoresques dont chacun a déjà aperçu les images ici ou ailleurs. Une petite sélection d’images vous donne une idée de la variété de ces paysages ! 

Nous n’avons pas été gênés non plus par les conditions d’hébergement plutôt sommaires (un matelas plus ou moins épais sur la terrasse, douche au seau ou avec un filet d’eau, etc), même au bout de 4 jours. Seuls nos cheveux n’ont pas vraiment apprécié le lavage au savon de Marseille, se transformant en une masse hirsute et rêche… Pour le reste, quel bonheur que les nuits à la belle étoile (bien que fraîches et fort ventées) sous un ciel impressionnant de limpidité, à dormir « comme des petits lapins » (comme on dit ici), la fatigue aidant ; ou encore que de terminer nos repas par nos 1res mangues maliennes ou de goûter les délicieux beignets de farine du petit déjeuner.

 

Au niveau humain en revanche, comme nous l’avons déjà écrit dans d’autres billets, nos impressions ont été plutôt négatives… Nous n’avons pas du tout rencontré l’ouverture et la gentillesse pourtant partagées dans le reste du Mali. En dehors des discussions avec notre guide, dont les anecdotes étaient en général intéressantes ou savoureuses, et des quelques mots échangés avec les personnes vivant du tourisme (hébergeurs et vendeurs d’artisanat), il nous a été difficile d’aborder la population, assez fermée. Certes, la barrière de la langue empêchait les discussions poussées, mais même chez les francophones, difficile de passer le cap de l’exercice finalement assez formel des salutations. Certes, notre guide nous a introduits dans les concessions de certains de ses amis ; mais c’était pour nous retrouver au bout de 5 minutes avec la proposition d’aller visiter la boutique du neveu, ou avec une corbeille de bracelets confectionnés par la jeune fille de la maison sur les genoux. Quant aux enfants, encore assez calmes à Sangha, ils sont allés dans certains villages jusqu’à tâter nos poches pour vérifier si elles ne contenaient pas de bonbons.

 

Le tourisme dont le pays dogon est la cible a manifestement créé une relation très particulière entre locaux et visiteurs. Assurément, l’ambigüité de cette relation se retrouve ailleurs : lequel d’entre nous, sur un lieu de villégiature français, n’a pas été confronté à l’hostilité parfois à peine cachée des locaux, qui tout en vivant du tourisme, ne souhaitent qu’une chose, le départ rapide de ces mêmes touristes ? Thomas l’Oléronais-prof-de-voile-à-ses-heures-perdues connaît bien ce sentiment paradoxal qu’il a même pu partager en des temps anciens !

 

Ici toutefois, les différences de niveau de vie entre visiteurs et visités aboutissent au triste résultat que le visiteur, à partir du moment où il a la peau blanche, n’est conçu que comme une bourse vivante, et non une personne qui s’intéresse, qui souhaiterait échanger, partager. En outre, bien que cachées, il est clair que des tensions existent entre ceux qui profitent de la manne et ceux qui en restent à l’écart, que ce soit au niveau des villageois ou même des villages entiers.

 

Qui est responsable ?... Question difficile/ Il est toutefois clair que l’attitude de certains touristes, comme certains que nous avons rencontrés, explique en grande partie que l’on en soit arrivé là : ceux qui arrivent à deux par 4x4 climatisé, font la visite du village en 20 minutes en tenant tout heureux les mains d’autant de gamins que possible, dégustent au campement les plats mitonnés par le cuisinier qui les accompagne (nourriture majoritairement importée), achètent pour se rafraîchir des bières à gogo, emportent l’artisanat local par pelletées sans négocier ou si peu, etc.

 

Alors que ces villages n’ont ni eau ni électricité, obligeant les habitants à faire plusieurs kilomètres par jour pour aller se ravitailler en eau à la pompe la plus proche ; alors que ces gamins, ainsi incités à la mendicité, se détournent, attirés par les gains faciles, des bancs de l’école (parfois à l’insu de leurs parents, parfois avec leur bénédiction) ; alors qu’ici, plus qu’une tradition, le marchandage est un moyen d’être respecté.

 

Le résultat est malsain : il semble que deux mondes se côtoient sans se voir, sans se comprendre. Le fait de références culturelles si différentes, certes, mais surtout d’un niveau de vie sans commune mesure. Au-delà de l’irrespect que traduisent certains comportements et des considérations relationnelles, ce type de tourisme questionne quant à la réalité de son caractère éthique [développements à suivre, en cours de rédaction !].
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dim.

21

févr.

2010

Une histoire ordinaire

Elle a 17 ans, un sourire immense et un petit garçon de 2 ans dans les bras.

 

Son histoire est simple, semblable à tant d’autres. Elle habite avec sa famille un petit village un peu perdu du Mali. Pas grand chose à faire, les activités en dehors des travaux des champs pendant l’hivernage sont limitées. Pas de quoi se constituer un beau trousseau de mariage.

 

Elle est donc partie vers la grande ville, il y a un peu plus de 2 ans. Là bas, elle a trouvé du travail, comme aide ménagère, dans une famille. 7500 FCFA par mois (11,5 euros) pour trimer de 5 heures et demi à 23 heures, tous les jours, sans congés évidemment. Préparer les repas, nettoyer les ustensiles de cuisine, faire la lessive, faire le ménage, s’occuper des enfants… Logée et nourrie, certes. C’est bien le seul avantage.

 

Il y avait ce garçon, un voisin, il était gentil avec elle, il venait la voir souvent, lui faisait un peu la cour. Un soir de fête, elle s’est laissé convaincre, ils ont fait l’amour. Le mois suivant, ses règles ne sont pas arrivées. Elle ne n’en est pas inquiétée, elle ne savait pas ce que ça voulait dire…

 

Puis son ventre a commencé à s’arrondir et elle a compris. Elle a cherché à cacher la grossesse et y est parvenue jusqu’au 6ème mois ; après, ça devenait trop difficile. La patronne, lorsqu’elle s’en est rendu compte, l’a chassée : cela ne se fait pas d’avoir une bonne enceinte. Elle a aussi refusé de lui régler son dû…

 

Sans argent, avec son gros ventre, elle a erré dans les rues pendant presqu’une semaine. Au bout de ce temps, un passant l’a conduite à la police. C’est là qu’elle a été orientée vers ces gens qui l’ont aidée. Ils l’ont hébergée et soignée, ils l’ont accompagnée pendant sa grossesse, ils lui ont appris beaucoup de choses : à s’occuper correctement de son enfant, à connaître mieux son propre corps et son fonctionnement (depuis, elle a décidé d’utiliser un implant contraceptif). A lire et à écrire, à faire la cuisine. Et surtout à coudre. Quand elle est partie après 7 mois, comme elle avait beaucoup progressé, ils lui ont donné une machine, et ils l’ont appuyée en matériel de couture. C’était un vrai atout pour rentrer au village : la bouche supplémentaire du bébé, la honte pour la famille que représente cet enfant hors mariage, tout cela était un peu atténué par l’existence de cette machine qui pouvait lui permettre de se prendre en charge. Et aussi par le nom du père sur l'acte de naissance : à force de persuasion, il a accepté de reconnaître l'enfant. Il ne s'en occupe pas, mais ce nom sur ce papier évite au petit la stigmatisation pour être né "de père inconnu".

 

Elle sait qu’elle a eu de la chance et que beaucoup d’autres filles dans la même situation n’en ont pas eu autant, faute d’avoir croisé les bonnes personnes.

 

Quand elle est revenue, sa mère a pleuré de joie ; c’est bien la seule… Les autres membres de la grande famille, même aujourd’hui, continuent de la mépriser. Son père ne lui a jamais pardonné.

 

Avec la machine elle réussit pourtant à subvenir à ses besoins et à ceux de son enfant. Sa cousine, qui a un petit atelier, a continué à la former. Mais les affaires ne marchent pas fort en dehors des périodes de fête où elles travaillent jour et nuit ; et le partage des bénéfices n’est pas équitable… De plus, lorsque la grande famille a eu des soucis financiers, toute l’épargne constituée y est passée. Aujourd’hui tout est à refaire…

 

Une autre menace assombrit l’avenir : le mariage forcé. Son père a un ami, à laquelle une de ses sœurs était promise ; mais la sœur a refusé cette union et est partie à l’exode elle aussi pour l’éviter. Conséquence « logique » : c’est elle qui est devenue la promise de l’ami… Et comme elle ne peut pas opposer d’autres prétendants (ils ne sont pas légion, avec l’enfant, ou alors en la prenant comme 2ème ou 3ème épouse, ce qu’elle refuse), la situation est délicate.

 

Elle ne perd pas espoir, pourtant. Avec l’aide de sa mère, elle va quitter à nouveau le village. Pas pour retourner en ville comme aide ménagère, non, elle a bien compris la leçon. Mais pour chercher un atelier qui lui permettra de se perfectionner davantage (elle a bien vite atteint le niveau de la cousine…). Elle emmènera son enfant avec elle : au village, il n’aurait aucune chance…

 

Un jour, peut-être, elle aura son propre atelier. Et un mari, et des enfants qu’ils auront décidé d’avoir, ensemble ; ce jour là, elle retirera son implant.

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dim.

07

févr.

2010

Pain de singe

Nous l’avions d’abord connu par son jus, goûté un soir au hasard d’une soirée à Bamako, doux et sucré. Puis nous l’avions aperçu, pendouillant au bout de sa longue tige, du haut des branches biscornues des baobabs si nombreux dans la brousse s’étendant de part et d’autre des routes maliennes. Nos récentes sorties à l’intérieur du pays nous ont permis de l’approcher de plus près et même d’y goûter. Une écorce dure comme du bois, recouverte d’un duvet vert  pomme légèrement urticant… Et à l’intérieur une chair toute déshydratée, entourant des petites graines noires. Ca se suce par petits morceaux, comme des bonbons. Sucré-acidulé, plutôt agréable en fait !

 

Et ce n’est que l’un des atouts du baobab : comme dans le cochon, (presque) tout est bon ! Les fibres de l’écorce, très résistantes, utilisées pour tresser des cordes (notamment au pays dogon) ; les feuilles, intégrées dans la sauce du tô (la pâte de mil qui constitue le repas quotidien de nombreux Maliens) ; les fruits, consommés tels quels ou en jus (à savoir, ils contiennent 2 fois plus de calcium que le lait !) ; les graines, consommées grillées. Seul le bois est inutile, car gorgé d’eau…

 

En plus de tout cela, il a du charme. Que serait la brousse sans ce géant biscornu, au tronc massif et aux branches tordues et griffues ?...

 

[Pour continuer sur la piste végétale – il y a beaucoup à dire, car les Africains connaissent et exploitent quotidiennement les vertus des arbres et plantes qui les entourent -, allez lire notre article consacré au bogolan ici !]

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mer.

03

févr.

2010

Encore un peu de vrac

[Pour info, mise en ligne ici d’une enquête aussi longue que passionnante (hum…) sur l’or blanc du Mali, i.e. le coton]

 

Un peu de football d’abord : la CAN a pris fin dimanche dernier, faisant grimper sur le podium l’Egypte, suivie du Ghana et du Nigeria. Le Mali avait été éliminé dès le début – suscitant les commentaires blasés des Maliens sur cette équipe qui ne sait pas jouer et, de toutes façons, gagne trop d’argent.

 

Une anecdote ensuite (qui n’a pas fait rire Thomas) : Amélie, dans le cadre de son évaluation de projet, rencontre pas mal de gens à qui elle fait passer un entretien. Dont des gens bien placés, des notables. C’était le cas hier ; discussion de presque une heure avec le monsieur, la quarantaine, fort caractère mais plutôt sympathique. Sauf que… A la fin de l’entretien : « Alors au revoir… Madame ou mademoiselle ? » « Mademoiselle » « Ahah ! Eh bien mademoiselle, celui qui se tient devant vous, il est partant ! ».

...?!!! On préfère ne pas se demander pour quoi exactement le bonhomme était partant. Ce qui est sûr c’est qu’ici, la Blanche est fort courue. Enfin d’ailleurs, le Blanc aussi (à Mopti, une jeune femme qui nous regardait passer depuis la terrasse de sa maison a lancé à Thomas un très clair « Je t’aime ! » - c’était la 1re fois qu’on nous faisait ce coup là !). C’est bien connu, quand l’offre est faible, la demande est forte !

 

Un peu de climat : la trêve fut brève… Malgré l’harmattan qui continue à souffler ces derniers jours (beaucoup, beaucoup de poussière), les températures commencent à remonter. En principe c’est plutôt à la fin du mois de février… Vous avez dit changement climatique ?

 

Enfin on avance dans la préparation de notre partie itinérante. Les grandes lignes seraient : départ le 15 mars de Bamako, on quitte le Mali le 27, traversée (dans l’ordre) du Burkina, Bénin, Togo, Ghana ; on s’envole vers la mi-juin pour la Namibie (histoire de ne pas atterrir dans une Afrique du Sud survoltée par la Coupe du monde de football), puis incursion au Botswana et passage en Afrique du Sud avant le retour en France programmé pour la toute fin août…

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mer.

03

févr.

2010

Prise de contact avec le pays dogon

Après une nuit peu reposante, nous décollons à 7.00 du centre, où Souleymane, plutôt silencieux, est venu nous chercher. 2 kms à pied pour rejoindre la gare routière d’où part le minibus pour Bandiagara. Décollage quand c’est plein - évidemment il n’est « pas plein, mais presque »… Petite attente (ça aurait pu être bien pire), mise à profit par les éternels pots de colle vendeurs de pacotille pour essayer de nous refiler qui un chapeau peuhl, qui un bracelet… On laisse faire, on éconduit, on commence à être habitués.

 

Puis une heure et demi de route, petites sardines bien calées entre les autres passagers. Le paysage est fantomatique sous l’effet de l’harmattan, lumière pâle du soleil matinal voilé de poussière sur les baobabs, les palmiers rôniers et les rochers… Arrivés à Bandiagara, nous attendons, dans une gargote affichant de manière improbable une attestation de parfaite hygiène dressée par un pharmacien, le taxi que Souleymane a appelé pour nous conduire à Sangha. Lui-même est parti nous acheter des fruits. La gargotière nous propose des brochettes… Il est 9.30, merci, ça ira ! Devant nous, des cochons très poilus farfouillent dans les sacs plastiques et autres déchets. Ca sera à peu près notre seule vision de Bandiagara la mythique, ville d’Hampâté Ba (le plus célèbre écrivain malien, on en a un peu parlé et vous pouvez aller voir notre bibliographie pour quelques titres), de Tierno Bokar (le « sage » de Bandiagara : maître coranique respecté, prônant contre le puritanisme déjà présent à son époque tolérance et ouverture d’esprit) et de tant d’autres…

 

Encore une heure et demi de trajet pour effectuer les 35 kms qui nous séparent de Sangha. Nous supportons assez bien les secousses de la mauvaise piste, engoncés que nous sommes dans la banquette arrière défoncée du taxi. Les premiers villages, reconnaissables entre mille, pointent le bout de leur nez de temps à autre. Quelques champs d’oignons très verts. Et puis Sangha : passage sous une arche de bienvenue plutôt laide, et sur le plateau rocheux aride, premières maisons, assez espacées, pas très typiques, bâtiments modernes du futur marché artisanal pas encore fonctionnel… Rien de bien enthousiasmant !

 

Souleymane nous emmène déposer nos sacs chez lui. Dans la cour, plusieurs femmes qu’il ne nous présente pas, et des enfants, des poules, un mouton. On se pose quelques minutes et là, 1re bonnesurprise depuis hier soir, il nous sort sa carte de guide homologué. On commençait à ne plus y croire ! Pour commencer, il nous propose d’aller faire le tour de quelques villages de Sangha avant de déjeuner un peu tardivement et de profiter de la fin d’après-midi pour nous reposer avant nos grandes journées de marche. Marché conclu !

Circuit de l’après-midi : Ogol du Haut, Ogol du Bas, tunnel de Gogoli. 6 kms pour goûter aux saveurs du pays dogon : aperçu du panorama sur la falaise (impressionnante malgré la visibilité réduite à cause de la poussière qui obsurcit toujours l’horizon), ocre des maisons en banco contre gris du plateau, tables de divination du renard pâle, maison du hogon et autels sacrificiels, greniers des hommes et des femmes, maison des femmes et autres traditions que nous vous expliquerons plus en détail…

 

Pincement au cœur en voyant les enfants, à notre passage, se rassembler pour entonner un « chant de bienvenue aux touristes ».  Le traditionnel « ça va ? » (même à 2 ans, sans savoir parler français, ils connaissent ces 2 mots !), voire les demandes « toubab, le bicou ! » (ici tout est en « ou » ! à Bamako c’est le bici…), on ne peut pas y échapper, mais le chant, on ne connaissait pas et on aurait préféré s’en passer…

 

Admiration devant le travail des femmes dans la cour de Souleymane : teinturières, elles fabriquent les indigos traditionnels…

 

Et aussi, prise de contact avec la réalité quotidienne de nombreux villages africains : pas d’eau courante (douche au seau – tout un art !) et pas d’électricité (vivent les frontales !) sauf pour les maisons à panneaux solaires ou groupe électrogène. Les conditions de vie sont spartiates (et encore, Souleymane nous loge dans une chambre de passage en dur avec un vrai matelas au sol) mais ça n’est pas vraiment un problème. On le savait et puis il faut qu’on s’habitue, ça va être comme ça pendant un moment une fois que nous aurons quitté Bamako !

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dim.

31

janv.

2010

Dures négociations à Sévaré

Souleymane, notre guide : un brin arnaqueur mais tout de même un bon guide
Souleymane, notre guide : un brin arnaqueur mais tout de même un bon guide

Comme annoncé, nous avons donc profité de la mission d’Amélie dans l’antenne de Sévaré (ville voisine de Mopti) pour pousser quelques kilomètres plus loin, jusqu’au pays dogon. Un des collègues d’Amélie, lui-même Dogon, nous avait mis en contact avec un guide de sa connaissance, Daou, que nous avions contacté avant de quitter Bamako. Lui-même n’était pas disponible pour la période souhaitée, mais il pouvait nous recommander « un de ses employés en qui il a confiance ». OK, et pour le circuit, on a déjà une idée de ce qu’on voudrait faire, qu’est-ce que vous en pensez ? « Ah mais on va discuter de ça quand vous arriverez à Sévaré, on viendra vous chercher à la descente du bus et on discutera… ». D’accord, et pour les tarifs ? « Ah lala, ne t’en fais pas pour les tarifs, vous êtes recommandés par un ami, je te garantis que ça ira » … Oui mais encore ? « Bon, il ne faut pas trop discuter parce que le téléphone ça coûte cher, on verra ça aussi ensemble à Sévaré … » « Oui mais là c’est moi qui vous appelle ! » « Ah oui mais il faut que ça soit équitable »… Embobineur de première, mais on n’a pas trop le choix, RDV est donc pris à Sévaré le dimanche soir.

 

Bamako Mopti. Foire d’empoigne au moment de récupérer les billets le matin, les employés de la compagnie prenant tous en même temps leur petit dèj’ sans aucune considération pour la file de clients qui s’allonge et s’impatiente. Pour le reste, nous sommes agréablement surpris par l’organisation, les bagages se voient attribuer un numéro, l’entrée dans le bus se fait par ordre d’achat des billets… Mieux que l’organisation d’Eurolines ! Et puis 10 heures de bus, moites dès 10.00 du matin… A Ségou montent 2 Irlandaises. Un peu paumées, elles nous confient que c’est pas facile, ce pays, sans la langue française… Tu m’étonnes ! D’ailleurs, les pauvres louperont leur arrêt au carrefour de Djenné, faute d’avoir entendu le chauffeur l’indiquer…

 

C’est un peu lessivés que nous arrivons à Sévaré, où nous sommes attendus par le collègue d’Amélie. Au centre, nous rejoignent bientôt Daou et son « employé en qui il a toute confiance » - qui se révèlera être son grand frère -, Souleymane. Les discussions commencent : définition du périple (de Sangha à Sangha, en boucle, cf. carte), sur 5 jours. Et vient l’annonce du prix. Coup de massue, notre budget max est largement dépassé. On négocie ferme, pendant quasiment une heure. Impression d’être un peu piégés : comment dire non à ce guide conseillé gentiment par le collègue d’Amélie, qui est présent ? Et pourtant, on trouve qu’ils exagèrent, sans manifester la moindre souplesse (refus de dissocier les tarifs de guidage et autres prestations au prétexte fallacieux que l’on nous fera payer 2 fois plus cher – alors que les tarifs mentionnés dans notre guide correspondent à ceux qu’ils connaissent ; refus de passer la nuit dans des hébergements autres que ceux qu’ils fréquentent habituellement, etc). Le discours bien rodé et ultra commercial de Daou (« nuit sous 10000 étoiles », « attention le matin pas question de demander du pain hein, on mange local, c’est beignets de farine ») ne nous plaît pas davantage.

 

Finalement nous tombons d’accord sur un tarif qui nous semble plus raisonnable, bien qu’au-delà de la fourchette haute de ce que nous nous étions autorisés (et pour cause : ce tarif représente à peu près 5 fois le coût moyen de notre vie à Bamako depuis le début du séjour, incluant tous nos postes de dépenses !).

 

Le séjour commence mal, nous sommes dépités et avons le sentiment de nous faire avoir sans pouvoir mettre le holà. Piètre consolation de se dire que, pleine saison touristique oblige, nous n’aurions pas pu obtenir moins…

 

Mais de cette façon, nous rentrons de plain pied dans une des réalités locales : le blanc est perçu comme ayant de l’argent. Tout le monde est mis dans le même panier, des touristes en 4x4 ne s’arrêtant dans les villages que pour manger et acheter sans négocier l’artisanat local aux randonneurs désireux de découvrir la région et sa population de manière plus respectueuse. Très frustrant, mais il faut que nous nous habituions à ce sentiment car il ne nous quittera pas pendant 6 jours…

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dim.

31

janv.

2010

Bamako, home sweet home

Les 2 oisillons tout juste sortis de l'oeuf sur notre rebord de fenêtre !
Les 2 oisillons tout juste sortis de l'oeuf sur notre rebord de fenêtre !

Après ces presque 2 semaines d’absence, qu’il est bon de revenir chez soi ! De s’entendre héler dans la rue par l’un des gamins du quartier qui nous souhaite « Bonne arrivée ». De pouvoir échanger à nouveau quelques mots dans une langue que l’on maîtrise mal, mais suffisamment pour établir un contact. De retrouver les voisins, les filles, les amis, qui tous demandent comment était le voyage, si nous allons bien, etc. Bref, de bénéficier de cette chaleureuse attention de tous, qui nous a tant manqué au Pays dogon (et qu’on ne retrouvera pas en France non plus, d’ailleurs ! pas dans les mœurs…).

 

Et, surprise, sur l’appui de fenêtre de la cuisine, une petite famille nous attend pour nous souhaiter la bienvenue…

 

NB : s'agissant du pays dogon, nous vous raconterons la marche à proprement parler ici, sur le blog. Les éléments plus détaillés sur la culture, l'histoire, l'économie du pays dogon seront présentés dans la partie "Pays traversés / Mali". Un premier article de cadrage vous y attend !

Et nous allons aussi essayer de rattraper le retard pris pour partager nos vacances de Noël... :-)

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lun.

25

janv.

2010

On revient du pays dogon...

Nous sommes bien revenus du Pays Dogon ; Amélie est encore à Mopti pour quelques jours de travail tandis que Thomas est rentré directement à Bamako.

 

Nous revenons avec des sentiments ambivalents, comme seule l'Afrique sait vous en emplir. Cette région du Mali est impressionnante de par le poids et l'importance de la culture dogon. Les constructions et les pratiques culturelles sont remarquables. D'ailleurs, le tourisme qui est devenu une source de revenu prépondérante repose très largement sur ces caractéristiques "insolites". Pour le meilleur (construction d'écoles, de puits, de retenues d'eau...) et pour le pire. Nous avons trouvé les relations humaines totalement différentes de celles du reste du Mali, peu existantes voire fausses : les Toubabous ne semblent plus être vus que comme des porte-monnaies sur pattes. Alors on ne sait que conclure sur le bilan global du tourisme et de "l'ouverture sur le monde" de cette magnifique région. 

 

Photos (pas disponibles pour l'instant pour des raisons techniques) et commentaires supplémentaires à venir !

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sam.

16

janv.

2010

On part au pays dogon...

Nous partons demain pour une semaine au pays dogon (sur une carte, cherchez Bandiagara : la falaise, le plateau et la plaine dogons sont juste à côté, un peu à l'est). Thomas rentrera dimanche, Amélie un peu plus tard car elle continuera sa mission d'évaluation de projet à Mopti.

 

Pendant cette période, nous n'aurons pas d'accès à Internet : pas d'inquiétude à avoir, tout va bien !

 

En rentrant on aura encore plein de choses à vous raconter qui s'ajouteront à toutes celles que l'on vous doit déjà - et, promis, on répondra à tous nos mails en retard...

 

A très bientôt !

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dim.

10

janv.

2010

Mali Angola : 4 partout !

C’est la fête à Bamako ! Pétards en tous sens, klaxons et clameur impressionnante montant de toute la ville… Que nous vaut tant de ferveur ? Eh bien, le Mali vient de faire match nul contre l’Angola, au cours du match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations 2010 - un match de folie !

 

La CAN a été très médiatisée ces derniers jours au travers de l’attaque menée contre l’équipe du Togo par les Forces de libération de l'Etat du Cabinda (FLEC). Pour mémoire, Cabinda est une province angolaise très riche en pétrole enclavée entre RDC et République du Congo ; jamais soumise au colonisateur portugais, elle n’accepte pas non plus d’appartenir à l’Angola et revendique son autonomie depuis l’indépendance de ce dernier Etat en 1975. Officiellement, la lutte armée a pris fin en 2008 mais la guérilla continue sur le terrain. Dans le cadre de la CAN, le groupe B (Togo, Côte d’Ivoire, Ghana, Burkina Faso) est basé au Cabinda, l’objectif affiché par le Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (COCAN) étant la pacification. Pas gagné pour le moment…

 

Quoi qu’il en soit, le premier match de la coupe se jouait ce soir. A la mi-temps, 1-0 pour l’Angola, au terme de 45 minutes pourtant dominées du point de vue technique par le Mali en terme de construction de jeu. Un quart d’heure avant la fin, la partie commençait à se corser sérieusement pour les Aigles maliens, les Angolais ayant ajouté 3 nouveaux buts, dont 2 sur pénalty, à leur palmarès… Contre toute attente, les Aigles réussirent à égaliser au cours des dix dernières minutes : un premier but quelque peu laborieux suivi de 3 autres plutôt jolis ! Atmosphère effervescente chez nos amis du restaurant Yankadi, avec lesquels nous avons suivi le jeu, et qui ont accueilli chaque but avec force démonstrations de joie (et ce d'autant plus intensément qu'ils étaient inespérés !) : cris, sauts, applaudissements, tout le monde prend tout le monde dans ses bras… A notre retour au centre, ambiance aussi survoltée : les filles sont montées sur le toit et acclament les voitures qui passent en klaxonnant…

 

Rendez-vous le 14 janvier pour le prochain match, contre l’Algérie !

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sam.

09

janv.

2010

Ségou, la ville aux multiples qualificatifs

A trois heures de route de Bamako (240 kms), Ségou est le lieu idéal pour passer quelques jours au calme.  Première impression : tranquillité et verdure. Nous sommes entrés dans la ville par l’ancien goudron, bordé de part et d’autre par les bâtiments du quartier administratif, de style néo-soudanais, à l’ombre des caïlcédrats. A quelques mètres du goudron, le Niger, somptueux, déroule ses eaux…

 

Partout des arbres, et notamment les fameux balanzans à l’origine du surnom de « Cité des balanzans » ; d’après la légende, la ville compterait 4444 de ces arbres épineux de la famille des acacias, qui perdent leurs feuilles en saison des pluies, plus un qui, contrairement aux autres, serait bossu et dont nul ne connaîtrait l’emplacement. L’histoire des 4444 plus 1 remonte à l'époque du royaume bambara (cf. ci-dessous) : 4000 pour le nombre de membres de l’armée, composée de tous les hommes de 20 à 50 ans ; 400 pour les soldats de métier encadrant cette armés ; 40 pour les provinces du royaume de Ségou et de son allié Saro ; 4 pour le roi, sa famille, ses courtisans et sa garde. Le balanzan bossu représentait le conseil occulte du roi, véritable support du pouvoir à Ségou.

 

Pour nos deux jours à Ségou, nous avons choisi d’être hébergés non dans un hôtel, mais dans une famille ségovienne, la famille Coulibaly. Il faut dire que les Coulibaly (de Kulun-Bali – « sans pirogue » en bambara) sont légion, ici à Ségou. C’est d’ailleurs un certain Biton Coulibaly – de son vrai nom Mamary Coulibaly - qui fera de la ville la capitale de son royaume fondé en 1712, connu comme le « royaume Bambara de Ségou » et s’étendant de Bamako à Tombouctou. Nommé chef de « Ton » (c'est-à-dire une association regroupant des jeunes gens d’une même classe d’âge – ces associations existent dans quasiment toutes les ethnies du Mali, sous différents noms), après avoir été désigné trois fois lors d’un tirage au sort par un ancêtre aveugle, Biton Coulibaly conquiert les villages environnants et assoit son pouvoir grâce aux tons, dont il fait une véritable armée de métier, et à la flotte de guerre sur le Niger qu’il crée en alliance avec les Somono, une ethnie de pêcheurs.

Oumar Tall
Oumar Tall

Après sa mort en 1755, le royaume traversera différentes crises jusqu’à être renversé par El Hadj Oumar Tall le 10 mars 1861. C’est à cette époque que se perdit la tradition animiste dans la région de Ségou : après avoir détruit les fétiches protecteurs du royaume, Oumar Tall et son fils Ahmadou diffusent, comme ailleurs au Mali, l’islam qui est aujourd’hui pratiqué par la très grande majorité de la population. Une grande mosquée, pouvant accueillir 3300 fidèles, a d’ailleurs été construite en 2007 grâce à un financement libyen – pays très présent au Mali, nous en reparlerons - à travers l’Association Mondiale pour l’Appel Islamique (environ 1,5 milliard de FCFA).

Revenons à notre famille d’accueil. En l’occurrence, Zanke, le chef de famille, maçon de profession, a décidé il y a un an à peine de se lancer dans l’hébergement. Il accueille, face au fleuve, les visiteurs dans sa maison construite en banco rouge (car la terre est un matériau très présent à Ségou, de ce fameux banco rouge aux célèbres poteries de Ségou, fabriquées au village des potières sur l’autre rive du fleuve, village que nous avons visité… on en reparlera aussi !). Convivialité, calme et partage sont au rendez-vous ; repas cuisinés par la maman, soirée en famille dans la cour, discussions autour du thé, rencontre d’autres visiteurs… De vrais moments d'un bonheur tout simple...

Après les balanzans, les poteries et le banco rouge, Ségou est encore la ville du bogolan. En fait, cette technique de teinture  est également utilisée ailleurs au Mali, mais Ségou compte plusieurs ateliers de fabrication de bogolan dont certains ouvrent leurs portes au public, qui peut en suivre les différentes étapes. Ce que nous avons fait avec beaucoup d’intérêt (un autre article à venir !).

 

Et aussi, une agréable balade en pirogue sur le Niger, une tentative ratée de sortie dans un maquis (après avoir tourné dans la ville pour le trouver, déception : deux péquins dans une salle vide, nous avons rebroussé chemin), la visite du centre d’art africain Bajidala qui présentait une intéressante exposition sur les fétiches : réflexion sur cette notion de fétiche, soulignant le regard tout à la fois ignorant et méprisant porté par le monde occidental sur ces objets qualifiés de « primitifs », regard paradoxal lorsqu’on le confronte au rapport de nos sociétés aux objets de luxe et aux marques, par exemple…

 

On n’a pas eu le temps de tout voir… On y retournerait bien !

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ven.

08

janv.

2010

Premier colis, youpi !

Hier est enfin arrivé notre premier colis… parti de France à la mi-novembre ! Nous étions depuis l’envoi passés toutes les semaines à La Poste pour vérifier la boîte postale… toujours vide. Amélie s’était même renseignée au guichet, mentionnant le retard dans l’arrivée de ce paquet, et s’était entendu répondre que, sans le bordereau d’arrivée du colis, glissé en principe dans la boîte aux lettres, on ne pouvait rien faire pour elle…

 

C’est donc à notre grande surprise que nous avons reçu un appel de La Poste malienne, nous informant qu’un colis nous attendait depuis un moment ! En réalité, après moult pérégrinations de bureau en bureau, il nous fût expliqué que certains colis ne sont pas déposés à la Poste centrale… Mais au centre des colis postaux, situé dans un autre quartier de Bamako ; et dans ce cas, aucun papillon n’est glissé dans la boîte postale... Ce genre de petit désagrément ne nous surprend même plus : après tout, dixit un collègue d’Amélie, « En Afrique, tout est possible ! »…

 

Et effectivement, après avoir passé la douane et contre quelques FCFA de taxes, le colis nous fût remis…

 

Décorations de Noël, un peu en retard ; mais elles ont tout de même trouvé leur place dans notre chez-nous. Douceurs diverses et livres sont quant à eux venus compléter les trésors issus d’un autre colis et des cadeaux de Noël arrivés par l’intermédiaire des parents de Thomas (mode de transport plus rapide… bien qu’un peu plus onéreux :-) ).

 

Encore merci à tous les généreux envoyeurs !

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lun.

04

janv.

2010

A l'intérieur du Mali

Comme annoncé dans un précédent billet, nous avons mis à profit le récent séjour de la famille de Thomas pour visiter l’intérieur du Mali. En 10 jours, nous n’avions pas suffisamment de temps pour aller très loin (par exemple au pays dogon). Nous avons préféré restreindre nos pérégrinations à un périmètre relativement proche de Bamako, que nous avons quittée d’abord pour Ségou (3 heures de route), puis Teriya Bugu (à 2 heures de route / piste de Ségou) et enfin Koutiala (5 heures de route depuis Bamako), où habite notre ami Kalifa. La carte ci-dessous vous aidera à mieux vous repérer…

 

En attendant de vous raconter de manière plus détaillée ces quelques jours, nous tenions à vous souhaiter à tous une très belle année 2010… A bientôt !

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mar.

29

déc.

2009

Noël à Bamako

[Désolés pour le silence sur ce blog les derniers jours : nous avons profité de la visite de la famille de Thomas pour quitter Bamako... et l'accès à internet ! Partis un peu vite, nous avons même oublié de mettre en ligne cet article - retard rattrapé ! - et beaucoup de choses à vous raconter dans les jours qui viennent...]

 

Certes, il fait encore 35 degrés au milieu de la journée. Certes, les chrétiens ne représentent que 1% de la population. Certes, les sapins et autres décorations sont à peu près inexistants, quant au foie gras, à la bûche et aux autres délices de la période, n’en parlons pas. Ce n’est pas pour autant que Noël n’est pas préparé et fêté au Mali – en tous cas, nous comptons bien, en ce qui nous concerne, en profiter. J’ai (Amélie) déjà pu un peu entrer dans l’esprit de la fête sur les 2 dernières semaines…

 

Marché de Noël allemand

Tout d’abord, aussi décalé que cela puisse paraître, des marchés de Noël sont organisés. Bon, il faut bien admettre que ce n’est pas une initiative malienne, mais de la coopération allemande et du CCF. Mais au-delà, ils sont sûrement bien plus intéressants que les marchés de Noël des villes françaises (sauf peut-être en Alsace), dont les stands n’offrent souvent que des objets standardisés d’un marché à l’autre et sans grand intérêt. En l’occurrence, les stands sont tenus pour la plupart par des artisans maliens dont une majorité a également une boutique à la Maison des artisans. Bijoux de tous types, tissus, sacs et sandales en cuir, tapis de laine, objets faits à partir de matériaux de récupération se côtoient dans une atmosphère bon enfant. A cette occasion, j’ai pu pratiquer l’art délicat du marchandage et voir les autres le pratiquer… Pas facile : tout dépend en fait du vendeur à qui l’on s’adresse.

 

Il y a les sympas et compréhensifs, qui ne cherchent pas à toute force à faire acheter quelque chose si rien sur le stand ne correspond aux attentes du client. Ouf.

 

Il y a les charmeurs qui n’hésitent pas à user avec un certain art de la flatterie et du chantage à l’amitié (« maintenant qu’on s’est serré la main, on est amis ! ») pour parvenir à leurs fins. Difficile alors de quitter le stand en moins d’un quart d’heure.

 

Enfin, il y a les vendeurs de mauvaise foi, les pires, ceux qui refusent de s’avouer vaincus lorsque le client leur dit que finalement, rien n’a attiré son attention, et qui insistent tellement pour que le client « donne un prix » que celui-ci, de guerre lasse, s’exécute. Erreur : le piège se referme, le vendeur baisse son prix jusqu’à en arriver à celui du malheureux client, qui se retrouve alors coincé : comment ne pas acheter cet objet dont il a lui-même fixé le prix ? Evidemment, le vendeur prend alors à témoin de sa situation les vendeurs voisins…

 

Quelques "règles" issues de cet après midi de pratique et d'observation :

  • savoir que si l’on s’approche d’un stand ou d’une échoppe, le vendeur arrive aussitôt. Et que l’on ne s’en tirera pas comme en France avec un « Je regarde, merci » ;
  • esquiver autant que possible les demandes de fixation d’un prix par le vendeur si l’on n’est pas réellement intéressé par l’article ;
  • rester poli, ne pas s’énerver (et j’en ai vu plus d’un bouillir !)… et prendre son mal en patience tout en demeurant ferme.

 

Au final, résultat pas trop mauvais en réussissant pour mes quelques achats à négocier un peu plus de 50% sur le prix annoncé (lequel, en fin de journée, est toujours plus bas que le matin).

En compagnie d'Anna

C’est avec Anna justement que j’ai continué à préparer Noël. Dans un registre quelque peu inhabituel pour moi : le registre religieux…

 

D’abord, qui est Anna ? Maman de 2 enfants, elle a une formation comptable mais s’est finalement orientée vers la cuisine, pour laquelle elle a une véritable passion ; elle donne des cours de cuisine au centre, c’est comme cela que nous nous sommes rencontrées. Elle est sénégalaise, son mari Maurice est congolais, ils habitent au Mali, où ils se sont rencontrés, depuis une petite vingtaine d’années. Ils appartiennent à la communauté catholique de Bamako, plus précisément à la paroisse de la cathédrale, et y sont très actifs : Maurice en tant que responsable de la liturgie, Anna en tant que membre de la chorale polyphonique « Christ-Roi ».

 

Elle m’avait promis de me donner des leçons de cuisine africaine depuis quelque temps. Cela s’est concrétisé le week-end dernier, rendez-vous fixé le dimanche à la cathédrale, à la sortie de l’office de 10.00. Curieuse de voir si, comme je l’avais lu à diverses reprises, les messes africaines étaient vraiment plus vivantes et dynamiques que les françaises, j’ai donc assisté à cet office, celui du troisième dimanche de l’Avent, qui célèbre la joie de l'Église et des croyants dans l'attente de l'avènement du Christ. Finalement, la messe était tout ce qu’il y a de plus classique… Peut-être parce que célébrée par un prêtre blanc ? Ou parce que paroisse de la cathédrale ?

 

Quoi qu’il en soit, la chorale à quatre voix (soprano, alto, basse, ténor) est quant à elle vraiment remarquable. Bamakois de passage ou expatriés, si vous en avez l’occasion et que les chants liturgiques ne vous rebutent pas, allez les voir… Créée en novembre 1993 par des étudiants, elle rassemble aujourd’hui une quarantaine de membres réguliers. Et tout de suite, c’est plus prenant qu’une messe animée par un unique choriste accompagné au synthétiseur…

 

La chorale donnait d’ailleurs hier son traditionnel concert de Noël au CCF. Chants liturgiques et laïcs et gospels (The lion sleeps tonight, We are the world, Oh Happy day, …) se sont succédé au court de la première partie, magnifiquement interprétés, accompagnés par un petit orchestre mêlant instrument traditionnels et modernes. Sentiment de sérénité… Pendant la seconde partie, la chorale accompagnait une jeune griotte, découverte récemment lors d’une émission télévisée, Toungakouna. C’était la première fois que je voyais une femme en concert depuis notre arrivée ; belle performance (malgré des chaussures éverestesques qui la faisaient parfois grimacer de douleur) ! Et la présence de la chorale permettait d’atténuer le côté quelque peu lancinant (à mon goût) des chants des griots…

Revenons-en à dimanche dernier. Après la messe, retour en famille à l’appartement qu’Anna et Maurice louent dans le centre ville de Bamako (une quarantaine de mètres carrés pour 4) ; ils ont dû quitter il y a quelque temps leur première maison, réclamée par le propriétaire… mais toujours fermée lorsque l’on passe devant. Ils sont à nouveau à la recherche d’un logement car le propriétaire de celui qu’ils occupent actuellement souhaite aussi le récupérer… Il ne fait pas bon être locataire à Bamako.

 

C’est sur le balcon, qui fait office de cuisine, que j’ai appris à cuisiner mon premier plat africain. Pas vraiment un plat de Noël mais tellement typique d’ici : le riz au gras. En fait, il s’agit de sa variante sénégalaise, le tiep bou djen (riz au poisson – sauf qu’on avait mis de la viande…) ; ce plat se retrouve dans tous les restaurants et gargotes où mangent les africains, et est aussi consommé très régulièrement dans les familles. Chaque cuisinier a ses variantes : avec ou sans cube Maggi (ici, quasiment tout le monde utilise ces cubes de bouillon !) ? Oignons pilés ou pas ? Quels légumes ajouter ? Viande ou poisson ? L’avantage, c’est qu’une même recette peut ainsi varier à l’infini… Allez, si j’ai le courage, je vous la mettrai en ligne. Sinon, il faudra patienter et venir goûter le riz au gras à notre retour… Vous verrez, c’est délicieux.

 

Après le déjeuner en famille (verdict des convives : l’apprentie a bien appris !), pendant la sieste des enfants, Anna m’apprend à confectionner des merveilles, petits biscuits frits délicieux, du style de ceux dont une fois qu’on y a touché, on n’arrive plus à refermer la boîte… Voilà qui remplacera mon père Noël en chocolat…

 

Joyeux Noël à tous !

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mar.

15

déc.

2009

Tabaski

Avertissement : âmes sensibles attention ! Certaines photos accompagnant cet article sont un peu sanguinolentes...

 

Le 28 novembre dernier a eu lieu la fête de Tabaski, nom donné ici à la fête plus connue en France sous celui d’Aïd-el-Kebir. C’est la grande fête (par opposition à la petite fête – Aïd-el-Fitr- qui marque la fin du Ramadan), au cours de laquelle on célèbre la soumission à Allah d’Ibrahim (Abraham), qui avait accepté l’ordre divin de sacrifier son fils Ismaël. Ce n’est qu’au dernier moment qu’Allah lui fit parvenir par l’intermédiaire de l’archange Gabriel un mouton destiné à remplacer l’enfant. D’où le nom populaire de la fête : la fête du mouton (et effectivement, c’est sa fête, au mouton…).

 

A cette occasion, les invitations ont plu sur nous, à tel point que nous avons du en refuser une, nous partager pendant la journée du samedi entre la famille de Kalifa et cella d’Amadou et promettre une visite ultérieure à Mam’, notre restauratrice du quartier Mali. 3 jours pas comme les autres…

 

Le samedi matin à 7.50, alors que rendez vous était pris vers 9.00 chez Kalifa, nous recevons un coup de fil de Fatoumata, sa femme, disant qu’elle passe nous chercher dans les 10 minutes : il faut que nous soyions présents le plus tôt possible si nous voulons « voir comment ça se passe ». Branle bas de combat pour être prêts dans les délais ; à l’heure dite la voiture, conduite par Vieux, un neveu de Kalifa, nous attend. Une petite explication à ce niveau s’avère nécessaire : nous nous rendons en fait dans la 2ème famille de Kalifa, c'est-à-dire chez sa seconde épouse et ses enfants. Fatoumata était auparavant la femme d’un des frères de Kalifa, décédé il y a quelques années ; c’est alors que, selon la tradition du lévirat, elle a épousé Kalifa en secondes noces. Actuellement, elle vit à Bamako tandis que Kalifa vit la majeure partie du temps à Koutiala avec sa première femme et leurs enfants ; il lui rend visite de temps à autre.

 

Une petite dizaine de minutes plus tard, nous arrivons devant la maison de la famille Camara, mais ne faisons qu’y déposer Fatoumata : Vieux, deux des fils de Fatoumata et nous-mêmes repartons aussitôt pour la mosquée (à peine le temps pour Amélie d’emprunter un voile pour se couvrir la tête) ! Plus qu’en tout autre jour, la prière est suivie ; on pourrait dire que c’est l’équivalent de la messe de Noël des chrétiens… Tout le monde est sur son trente-et-un, les boubous en basin rivalisent de couleurs et de broderies (oui, on vous doit un article sur les tissus maliens, c’est dans les tuyaux !).

 

Pour Thomas ça n’est pas vraiment une épreuve : il est bien entouré par les 3 cousins Camara. Pour Amélie c’est différent : elle se retrouve seule avec son tapis de prière au milieu d’inconnues (puisqu’hommes et femmes sont séparés dans les mosquées), avec comme unique consigne de suivre les mouvements des autres…

 

La prière dure une petite demi-heure ; une première partie est consacrée aux rak^ah, au nombre de 2 pendant la prière de Tabaski. Il s’agit d’un enchaînement de postures (debout, incliné, prosterné, assis sur les talons), chacune ayant sa propre signification symbolique et spirituelle. La seconde partie, plus longue, est le sermon de l’imam, basé sur les sourates du Coran, pendant lequel les fidèles peuvent parler entre eux. Nous n’avons évidemment rien compris ni aux rak^ah, ni au sermon, l’ensemble étant en arabe ; nos amis nous ont cependant expliqué que l’imam procède au sacrifice rituel du mouton au cours de la cérémonie (ce que nous n’avons pu voir, étant donné que nous n’étions pas à l’intérieur même de la mosquée) ; les fidèles doivent attendre ce premier sacrifice avant de tuer leur bête à la maison, sans quoi le geste n’aurait aucune valeur spirituelle.

 

A la fin de la prière, tout le monde se salue et se souhaite une bonne fête ; à cette occasion, Amélie a même été incitée par un groupe de femmes, sympathiques bien que prosélytes, à se convertir !...

 

Retour à la maison. Là nous attend le moment redouté, auquel nous espérions échapper : le sacrifice du mouton. En effet, pour la fête, chaque famille qui en a les moyens achète son mouton, qui doit être « mâle et sans défaut » (et à l’approche de la fête, les prix grimpent… vertigineusement ! de 35 000 à 160 000 FCFA suivant la taille de la bête – 55 à 245 euros environ) ; du coup, les rues de Bamako s’étaient transformées ces derniers jours en marché au mouton géant ; il y en avait à tous les coins de rue… Et la bestiole suscite la convoitise : le Canard déchaîné rapporte ainsi des cas de propriétaires dormant avec leur bélier pour éviter les vols…

Seul peut procéder au sacrifice un musulman assidu (qui prie « permanemment », comme on dit ici), c'est-à-dire celui qui effectue ses cinq prières quotidiennes. Les jeunes Camara admettent en rigolant ne pas faire partie de cette catégorie ; le rôle revient donc à un ami de la famille. Le rituel est précis : la bête doit être couchée sur le flanc gauche, la tête en direction de la Mecque.

 

Nous n’en menons pas large (surtout Thomas)… Mais finalement, nous sommes moins choqués que ce que nous aurions cru : bien que pénible, l’acte n’apparaît, somme toute, pas moins sain que l’abattage à la chaîne dans des abattoirs déshumanisés… Nos amis insistent pour nous prendre en photo aux côtés du mouton : « ca fera des souvenirs ! ». Vous excuserez nos sourires un peu crispés ! :-) Ensuite, la bête est dépecée ; les familles, avec les différents morceaux, préparent différents plats qui seront mangés tout au long du week-end ; la tradition religieuse veut en outre qu’elles offrent un peu de viande aux familles nécessiteuses voisines et apportent des plats aux autres membres de la famille et voisins.

 

Pendant que les messieurs rendent visite à un ami malade, puis achètent une pastèque et un poulet (le fait que Thomas n’aime pas le mouton n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde !), Amélie participe activement, sur les directives de Fatoumata, à la préparation du plat de mouton, en éminçant une montagne d’oignons pour la sauce. Sans planche et avec un couteau qui ne coupe pas très bien, pas facile…

 

Sur le coup de onze heures, le « petit déjeuner » nous est servi : foie et cœur du mouton, sauce oignons, à manger dans du pain avec une assiette de crudités. Conclusion : le foie, ça n’est pas pour nous ; par contre, après avoir goûté avec appréhension le cœur, Amélie trouve que ça n’est pas si mauvais et sauve l’honneur en finissant son assiette. S’ensuite une discussion très intéressante avec Vieux et Boubacar, sur la situation du pays, celle des jeunes, les évolutions sociétales, les difficultés quotidiennes…

 

Vers 14.00, nous devons prendre congé car nous avons promis à Amadou d’aller le voir ; nous sommes très gênés car le poulet a été spécialement acheté pour Thomas, mais nous partons avant le déjeuner… Pour Fatoumata, voilà un très bon prétexte pour nous réinviter le lendemain. Rendez-vous est donc pris à 11.00.

Vieux nous conduit chez Amadou, dont nous retrouvons la maison presque du premier coup. Là, nous sommes à nouveau très bien accueillis par toute la famille et un repas nous est servi : coucous, mouton, allocos, pastèque, oranges… L’hospitalité africaine est vraiment incomparable. Sur le sol, la peau du mouton est étendue, prête à sécher. Les peaux des moutons sont ensuite données aux tanneurs, qui font là une sacrément bonne affaire vu le nombre de bestioles tuées… Il paraît que certains décollent la peau du mouton en faisant un petit trou dans la peau et en soufflant ensuite à l’intérieur comme dans un ballon. Nous avons pour notre part vu une méthode plus conventionnelle, à la main.

 

Après-midi tranquille passé à discuter, à regarder les photos du séjour d’Amadou en France l’année dernière ; en fin de journée nous quittons Amadou et rentrons au Centre, chargés des oranges, arachides et de la viande offerts par Amadou. Nous passons un peu de temps avec les filles, toutes belles en ce soir de fête. Un généreux donateur leur a offert un bœuf. A défaut de mouton…

 

Le lendemain la fête continue dans de nombreuses familles : traditionnellement, Tabaski dure 3 jours. Nous retournons chez Fatoumata, comme convenu, pour partager le fameux poulet… Nous y passons l’après-midi ; comme souvent la télé est allumée et nous faisons un stock de documentaires animaliers (l’écureuil d’Europe, la migration des gnous en Afrique de l’Est), supportons Vivement dimanche et regardons avec intérêt une émission de l’ORTM consacrée aux traditions, et qui traite cette semaine du mariage. Où l’on apprend que les règles traditionnelles étaient plus souples en matière de relations entre hommes et femmes que celles que souhaiteraient aujourd’hui imposer les tenants d’un certain rigorisme religieux…

 

Et Amélie se voit offrir par Fatoumata son premier boubou, en basin brodé. Pas de photos encore mais cela ne saurait tarder. L’ensemble est un peu grand car il était conçu pour Fatoumata, qui n’a pas tout à fait la même carrure qu’Amélie ; mais comme on dit ici, « ça passe ». En tous cas les filles du centre, devant qui un essayage est fait, semblent plutôt convaincues : elles disent à Amélie qu’elle est à présent vraiment une Africaine !

 

De retour chez nous en fin de journée, nous croyions en avoir terminé avec Tabaski. Que nenni ! C’est seulement le lundi soir que la fête prit fin pour nous. En effet, Mam’, notre restauratrice – chez qui nous n’avions pas eu l’occasion de passer pendant le week-end, continuait les festivités le lundi également. Elle nous avait mis de côté un gigot entier (dont Amélie se régala le soir suivant). Surtout, en ce lundi soir, elle avait organisé un show sur le goudron en face de son restaurant. Nettement plus animé que le premier que nous avions vu ! Cette fois, point de DJ bavard, mais des musiciens et chanteurs traditionnels. Et des danseurs qui se succèdent suivant une organisation assez stricte mais dont nous ne comprenons pas le fonctionnement.

 

Après une séance de photos en compagnie des filles et femmes de la famille, rivalisant d’élégance dans leurs boubous de fête blancs et roses, Amélie est entraînée sur la piste de danse… où elle est la cible de tous les regards. Pas facile… C’est le genre de moment où l’on a vraiment envie de se transformer en petite souris… Elle sera heureusement bientôt rejointe par Thomas, qui offrira une prestation improvisée de danse africaine tout à fait remarquable et d’ailleurs saluée avec force rires, cris et applaudissements par la foule en délire. Nous faisons également notre première expérience directe des louanges : nous ne passons pas inaperçus non plus aux yeux du griot, qui vient nous complimenter (comme d’autres personnes du public) pendant une dizaine de minutes… en bambara. Dommage, nous aurions bien voulu savoir ce qu’il pouvait bien dire de nous…

 

En conclusion : Tabaski, c’était réussi !

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dim.

13

déc.

2009

L’aviez-vous remarqué ?

Depuis hier, un nouvel onglet est apparu dans la barre de navigation du site. Nous rendant compte que la lecture du blog devenait un peu difficile pour qui ne vient pas régulièrement, nous avons décidé de vous faciliter les choses en classant les billets…

 

Alors, rendez-vous à la rubrique « S’y retrouver dans le blog »… On espère que cela vous sera utile !

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sam.

12

déc.

2009

Où il est question de démocratie

Cette semaine à Bamako, un évènement a touché le monde de la justice et de l’administration pénitentiaire : la semaine des détenus. Le concept est d’informer le grand public sur les activités menées au sein des établissements pénitentiaires : formation, éducation, activités génératrices de revenu, toutes censées contribuer à la réinsertion socioéconomique des détenus. Est notamment organisée une exposition vente bien achalandée des objets fabriqués par les détenu(e)s, majeurs et mineurs : boîtes, tissus et vêtements, sacs, bijoux, portes clé et autres colifichets. Sont par ailleurs diffusées à la radio diverses émissions de sensibilisation à l’intention du grand public sur la situation des détenus.

 

Le rappel apathique, à la radio, des textes applicables aux détenus et notamment aux enfants, ainsi que l’animation joviale de l’exposition, où tout le monde salue tout le monde avec force sourires, laissent cependant rêveur lorsque l’on connaît la réalité du terrain… Bien que des progrès aient été réalisés, l’état des lieux est loin d’être rose ; s’agissant de la délinquance juvénile, on peut ainsi mentionner les cas de mise en garde à vue d’enfants de moins de 13 ans (non pénalement responsables), le dépassement des délais de GAV et de détention provisoire, l’insuffisance de la formation et de l’éducation de base dans les centres pénitentiaires, la faible utilisation des alternatives à l’emprisonnement, le manque de quartiers spéciaux pour mineurs dans les prisons et dans les commissariats, la vétusté et insalubrité des installations, l’insuffisance de personnel spécialisé… Les détenus ne sont manifestement pas prioritaires dans l’allocation des fonds publics. Pour autant, comment en blâmer le Mali sans hypocrisie, quand on sait que dans les pays développés, le monde carcéral est lui aussi la cinquième roue du carrosse : surpopulation carcérale, taux de suicide élevé et en constante augmentation, pénurie d’effectifs des surveillants, conditions d’hygiène affligeantes, …

 

L’exposition vente de la semaine des détenus s’inscrivait en marge de l’Espace d’interpellation démocratique (EID), qui tenait cette année sa 14ème édition. Le principe est simple : confronter directement les dirigeants maliens aux citoyens ; le quotidien de Bamako précise qu’il s’agit d’un « forum annuel qui a pour objectif d’informer l’opinion publique nationale et internationale sur l’état des droits de l’homme en République du Mali, contribuer de manière active et pédagogique à la réalisation d’une culture démocratique nationale et d’impulser de façon significative la politique de promotion et de protection des droits et libertés des citoyens. Il permet aux citoyens d’interpeller directement les pouvoirs publics à travers le gouvernement, sur les actes qu’ils jugent attentatoire à leurs droits fondamentaux ».

 

Lorsque nous en avions entendu parler alors que nous étions encore en France, nous avions trouvé la démarche très intéressante et nous étions promis d’aller y faire un tour afin de voir comment cela fonctionnait. J’ai donc passé 2 heures dans la grande salle du Palais des congrès de Bamako, un peu clairsemée en cette fin d’après midi (mais paraît-il, pleine le matin).

 

Premier constat : l’EID ne fonctionne pas de manière très interactive. En réalité, les « interpelleurs » transmettent leurs demandes par avance à une Commission, qui les examine. C’est ainsi que cette année, sur 68 interpellations reçues, 19 ont été lues dans la salle, 22 ont été retenues "pour suite à donner" et 27 ont été rejetées. Les « interpelleurs » qui passent ce premier barrage expriment leurs questions et demandes durant la matinée ; l’après-midi est consacrée aux réponses des ministres, leurs services leur ayant préparé en amont tous les éléments nécessaires. Les réponses se succèdent donc, dossier après dossier, chacun des Ministres interpellé lisant ses notes devant le public quelque peu endormi.

 

Quant aux questions, elles se sont avérées, au moins pour la partie à laquelle j’ai assisté, terriblement individuelles et spécifiques : untel attend son diplôme universitaire depuis X années, untel n’a pas été payé pour des bons de commande passés au nom du Ministère de la Défense, untel avait un problème de succession, …

 

Ainsi, malgré l’intérêt de la démarche en tant que telle, visant à confronter le peuple à ses dirigeants sans passer par la barrière de la représentation (démarche dont l’on pourrait s’inspirer en France, du niveau local au niveau national !), l’exercice reste assez convenu et montre un certain nombre de limites.

 

Les associations de défense des droits de l’homme ne s’y trompent d’ailleurs pas. C’est ainsi que l’association malienne des droits de l’homme (AMDH) souligne que l’EID suscite malheureusement peu l’intérêt des Maliens ; elle regrette « cette forme d’organisation improvisée que le ministère de la Justice semble privilégier, malgré les lacunes, les frustrations et les suspicions que cela comporte » et suggère de confier l’organisation de l’évènement à une structure « indépendante et crédible »

 

A suivre, donc...

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sam.

12

déc.

2009

Hiver à Bamako

L’hiver s’est déclaré en Europe… Ici aussi ! L’harmattan, ce vent froid venu du Nord, souffle sur Bamako depuis deux jours, charriant d’innombrables particules de poussière rouge qui s’insinuent dans le moindre interstice, même fenêtres fermées… Le matin, tout le monde arrive au travail emmitouflé dans des châles, des pulls, des gants… Drôle d’ambiance ! Cela n’empêche pas le thermomètre de dépasser allègrement les 30 degrés dans l’après-midi…

 

Nous voilà en effet arrivés dans la saison froide, qui s’étend ici de décembre à février. Ensuite, les températures remontent en mars, avril, juin, pour la saison chaude (le mois d’avril est, paraît-il, terrible !). Puis de juillet à septembre, la saison des pluies vient abreuver les terres desséchées, remplir le lit du Niger, faire pousser la végétation… Octobre et novembre sont quant à eux les mois de la « petite saison chaude » (on l’a sentie passer à notre arrivée !), marqués encore par quelques pluies orageuses rafraîchissantes. Et c’est ensuite reparti pour un tour…

 

Les 16 à 17 degrés matinaux actuels sembleront sans doute très agréables à la plupart de nos lecteurs subissant les rigueurs de l’hiver européen. Mais ici, ils sont véritablement ressentis comme froids, même par nous qui ne sommes là que depuis 2 mois et demi (notre organisme s’est habitué) ; sensation d’autant augmentée par les variations de température quotidiennes (imaginez-vous subir les mêmes en France…).

 

En réalité, il ne s’agit pas que d’une sensation ; pour preuve, les rhumes, bronchites et grippes sont légion en ce moment (pour le moment pas entendu parler de cas de H1N1 :-) ). Plus grave, les particules de poussière et de sable véhiculées par l’harmattan amplifient les infections de méningite à méningocoque observées dans les pays sahéliens (zone encore appelée « la ceinture de la méningite » par les scientifiques). D’après les chercheurs de l’IRD : « Durant cette période, les particules de poussière [que l’harmattan] transporte combinées au rafraîchissement des nuits favorisent les infections des voies respiratoires. La muqueuse nasale des habitants de la zone sahélienne ainsi fragilisée, le risque de méningite augmente de manière significative au sein de la population ». Et plus le vent souffle fort, plus le risque s’accroît… A noter à cet égard que les effets du changement climatique sur la santé humaine sont un des éléments discutés et pris en considération dans le cadre des actuelles négociations à Copenhague.

 

L'incidence moyenne de la maladie dans la ceinture de la méningite s'élève à 100-800 nouveaux cas pour 100 000 habitants (à comparer  à celle de la France, inférieure à 1 pour 100 000). Evidemment ici, les vaccins les plus récents, qui couvrent les différentes souches de la maladie, ont un « prix élevé et une disponibilité limitée » ; en outre les enfants de moins de 2 ans ne peuvent être vaccinés car ils ne peuvent fabriquer les anticorps adaptés… D’où des campagnes de vaccination de masse limitées aux phases épidémiques, dans les zones touchées et les zones voisines. D’après l’OMS, si une telle campagne est menée rapidement, 70% des cas peuvent être évités. Restent 30%...

La ceinture de la méningite
La ceinture de la méningite
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dim.

06

déc.

2009

A celles et ceux qui souhaiteraient nous écrire...

 

Pour info, l'adresse postale que nous vous avons envoyée par mail nous permet bien de recevoir notre courrier, ouf !

 

En revanche, les délais d'acheminement sont longs. Si vous souhaitez les réduire, SVP n'oubliez pas d'indiquer "Par avion" sur l'enveloppe... Sans quoi la lettre partira par bateau, ce qui explique les délais de plus d'un mois entre l'envoi et la réception... :-)

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sam.

05

déc.

2009

Encore un peu de culture !

Avant toute chose, une petite info pour ceux qui ne seraient pas encore au courant : Thomas est parti hier soir sauver le monde à Copenhague (sommet sur le climat dont vous avez tous entendu parler :-) ). Il revient le 20, accompagné de ses parents et de son frère qui ont décidé cette semaine de nous rendre visite pendant les vacances de Noël… D’ici là, c’est donc votre servante qui essaiera de tenir ce blog à jour !

 

Les dernières semaines ont été assez riches en sorties culturelles. Outre le concert de Toumani Diabaté et du Symmetric Orchestra, qui a fait l’objet d’un article spécifique, nous avons profité des Biennales de la photographie et de « Bintou Wéré », Opéra du Sahel. Compte-rendu.

Des images plein la tête

Les Biennales de la photographie (plus d’infos ici) sont un évènement important à Bamako : de nombreux artistes originaires de tout le continent africain s’exposent aux quatre coins de la ville (Musée national, CCF, Palais de la culture, galerie de l’INA, musée du district). Nous avons choisi de commencer par le Palais de la culture, autant pour découvrir l’endroit, que nous ne connaissions pas encore, que les expositions variées qui y prennent place pour l’occasion.  Le Palais est un bâtiment relativement moderne de deux étages, comprenant une immense salle de spectacle, et entouré d’un vaste parc ombragé voisin du fleuve. Le parc abrite également le Café des arts, où ont souvent lieu des concerts, et plusieurs terrains de sport.

 

Ce samedi-là, la tristesse suintait des murs du Palais, dont nous sommes restés les uniques visiteurs pendant une bonne heure au moins, les seules autres présences étant celles des gardiens et des femmes de ménage passant la serpillère dans les grands couloirs vides… Cette absence de visiteurs nous a réellement surpris, dans la mesure où les expositions sont gratuites et font l’objet d’une certaine publicité dans la ville ; alors quelle explication à ce peu de succès : désintérêt ? manque d’information ?... Constat désolant de la non appropriation par les Bamakois d’un évènement organisé pour eux par des Africains…

Au total, les œuvres d’une dizaine d’artistes s’offraient à nous, en un patchwork surprenant de diversité.

 

Nous n’avons pas tout apprécié, notamment la vision très spéciale du Sud-africain Pieter Hugo, qui a pris le parti de déguiser ses sujets en personnages de films d’horreur, grotesques et effrayants.

Ou encore les clichés de la Swazi (habitante du Swaziland) Nadipha Mntambo, qui s’est photographiée elle-même dans un amphithéâtre vide, en costume de toréador.

 

Nous devons dire que ces visions artistiques sont restées un peu hermétiques à nos yeux…

Mais nous avons également été admiratifs du travail d’autres artistes.

Les images terribles prises par le Namibien Karel Prinsloo, retraçant l’exode de la population du Nord Kivu en République démocratique du Congo, prise en otage lors des conflits armés : fuite en files interminables de familles pliant sous le poids des plus précieuses possessions, emportées à la va vite, sous l’œil impuissant des forces des Nations Unies ; scènes de vie au sein des si précaires camps de réfugiés. Etonnamment, la fixité de ces images les rend encore plus frappantes que les scènes télévisées du même conflit, que nous avons tous eu l’occasion de voir au cours d’un JT ou un autre…

Les visages de ces femmes espérant que leurs enfants ou maris partis au loin reviennent ou donnent des nouvelles, immortalisés par Angèle Etoundi Essamba la Camerounaise, visages tournés vers la mer, lumineux malgré l’attente et les inquiétudes.

Les photos du Français Bruno Boudjelal, au parti pris flou et coloré parfois déroutant (on aime ou on n’aime pas), accompagnées des textes saisissants du photographe, qui a traversé l’Afrique de Tanger au Cap par la route : description des arnaques multiples subies sur le chemin, de certaines réalités parfois oppressantes de l’Afrique, comme ce dîner à Lomé en compagnie d’un responsable politique dont un jeune homme goûte tous les plats (il paraît que le poison est un moyen privilégié d’élimination des opposants politiques), ou cette soirée où l’on rend visite au propriétaire d’un cyber, dans l’arrière-boutique duquel des jeunes femmes essaient par tous le moyens, y compris en dévoilant leurs charmes, de convaincre des hommes occidentaux qu’elles n’ont jamais rencontré de les épouser…

 

 

Les clichés décalés de l’Angolais Jean Depara, dans le Kinshasa des années 60, après la décolonisation, capitale de tous les plaisirs, plus libertine à l’époque que ne le sont aujourd’hui la plupart des pays africains…

En conclusion, un évènement vraiment bien conçu : il ne nous reste plus qu'à trouver le temps d'aller visiter toutes les autres expositions...

De la musique plein le cœur !

Vendredi 27 novembre, en compagnie d’Elisabeth, la collègue française d’Amélie présente à Bamako pour 3 semaines, nous sommes retournés au Palais de la Culture voir Bintou Wéré, l’opéra du Sahel. Créée en 2005 à l’initiative du Prince Claus des Pays-Bas, l’œuvre a connu une première tournée africaine et européenne en 2007, laquelle lui a valu d’excellentes critiques.

 

La deuxième tournée africaine se clôturait par une représentation gratuite à Bamako ; nous nous délections par avance de l’évènement.

 

Programmé à 21.00, l’opéra n’a commencé qu’à 21.45 (à l'africaine !), ce qui nous a laissé le temps, constatant que de nombreuses places « VIP » de l’immense salle de spectacle ne se remplissaient pas, de tenter notre chance auprès de l’hôtesse qui nous a accordé le droit d’en occuper trois. Public assez mixte, noirs et blancs, ministres et officiels côtoyant simples péquins comme nous…

Après un discours de bienvenue retraçant l’historique de l’œuvre et résumant l’histoire, les artistes prennent possession de la scène. Ils évoluent dans un décor tout de bleu, ciel infini, et d’ocre, sable sahélien à perte de vue. Accompagnés par une dizaine de musiciens (balafon, kora, n’gonis et autres percussions), leurs voix tout à tout puissantes ou caressantes, toujours chaleureuses, transcrivent le déchirement de Bintou, jeune femme d’un village sahélien où ni elle, ni les autres jeunes, n’ont d’avenir. Symbole de toute une jeunesse africaine désenchantée… Enceinte, elle décide de partir, accompagnée par plusieurs amis, à l’assaut des barrières de Mellila, direction l’Europe…

Seul hic : les textes sont évidemment en wolof, en bambara, et autres langues africaines… Nous voilà bien démunis ! Nous avions pensé qu’une traduction serait projetée, ou que le livret serait en vente, mais point du tout… Nous devons donc nous contenter du plaisir des oreilles et des yeux, sans comprendre vraiment les détails de l’histoire. Mais la magie opère malgré tout, grâce aux costumes chatoyants, chorégraphies dynamiques, mouvements gracieux, jeux de lumière… Si jamais la troupe pose à nouveau ses valises en Europe, n’hésitez pas !

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ven.

04

déc.

2009

Concert de Toumani Diabaté

 

Tout d’abord, et sans relation avec ce qui suit, nous tenons à rassurer les inquiets : nous sommes toujours vivants, et contrairement à ce qui se passe dans le Nord du Mali (où nous ne comptons justement PAS nous rendre), il n’y a pas de risque d’enlèvement à Bamako ! :-)

 

Vendredi 20 novembre, Toumani Diabaté er le Symmetric Orchestra donnaient un concert exceptionnel à Bamako, au BlonBa (salle de concert récemment réaménagée qui vaut largement une salle de concert parisienne).

 

Ambiance mi-noire, mi-blanche, la salle étant remplie à peu près autant de Maliens que de Toubabou.

 

Toumani Diabaté est un griot d'une famille très renommée au Mali : il est membre de la 71ème génération qui joue de la kora. Les griots, chanteurs et musiciens, sont les gardiens de la mémoire ; ils racontent les histoires des familles. Ils chantent les louanges de chacun, et chantent pour le plaisir auditif.

 

L'artiste a donc joué de la kora, accompagné par une grosse quinzaine de musiciens et chanteurs du Symmetric Orchestra, collectif né de la volonté d'excellents musiciens de différents pays d'Afrique et même d'Europe, renommés dans leur spécialité, de jouer ensemble.

 

Dans chaque chanson malienne d'un griot, l'oreille étrangère distingue deux phases : la première peut être plus ou moins longue, plus ou moins ennuyeuse pour qui ne comprend pas le bambara. Il s'agit de chanter en une longue litanie quelque peu monocorde les louanges de la personne à qui l’on s'adresse. Les chanteurs l'ont fait pour Toumani au début, puis pour des spectateurs tout au long du concert. Si les louanges plaisent, les billets tombent, et même parfois pleuvent. Etonnant, voire choquant.

 

La seconde phase est plus entraînante, déchaînée, libre. Le rythme s'emballe, la mélodie se colore, les solos musicaux s'enchaînent... et les spectateurs dansent dans la salle.

 

Ici on ne danse pas comme par chez nous. Point de « 1, 2, 3, 1, 2, 3 » coincés et distingués, pour ne pas dire péteux. Non, ici le corps s'exprime vraiment, totalement, pleinement. Les uns après les autres, des jeunes maliens viennent profiter de l'espace réservé à l'avant scène pour se libérer corporellement. Difficilement descriptible, ce jeu entre hommes et femmes, plus ou moins évident, plus ou moins assumé, plus ou moins sexué. Le rythme dans la peau, l'élégance sont surprenants ; la beauté simple et naturelle d'être vivant, terriblement vivant, vous surprend. Envie d'en faire autant. Envie de liberté.

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ven.

27

nov.

2009

Sélingué

Nous avons à nouveau décidé de quitter Bamako il y a 15 jours. Cette fois, direction Sélingué, à 140 kilomètres au sud de Bamako. Départ en voiture le vendredi soir avec deux collègues d’Amélie. Nous avons réservé deux chambres dans un hôtel « écologique et convivial » recommandé par notre guide, nous réjouissant par avance de profiter de la piscine des lieux. Le trajet de deux heures sur une bonne route, bercé par RFI et une cassette de chants religieux africains, ne nous permet pas de voir grand’ chose : la nuit très noire s’étend sur la campagne alentour, tout au plus devine-t-on les villages traversés. Après quelques difficultés pour trouver l’hôtel à l’arrivée, une ou deux pancartes stratégiques manquant sur le trajet, nous sommes accueillis par le cuisinier, qui nous installe dans les chambres, simples mais agréables. Seul petit souci : le robinet de douche des collègues d'Amélie ne se referme plus… Du coup, le gérant décide de couper l’eau dans notre « bloc » de chambres et de nous faire déménager, après le dîner, dans l’autre « bloc ».

 

Dîner, prise de possession des lieux : un grand jardin calme, la piscine au fond, repos en perspective ! Petite inquiétude tout de même, un « truc » non identifié a bougé dans l’eau… On verra demain à la lumière du jour ! Un peu fatigués, nous nous apprêtons à déménager mais le cuisinier nous explique que pour nous, ce n’est pas la peine, il va faire une « petite » réparation dans la douche voisine et remettra l’eau ensuite… Trois quart d’heure plus tard, en désespoir de cause, nous finissons par nous coucher toujours sans eau, la « petite réparation » n’étant pas encore terminée. Et le lendemain matin… nous sommes réveillés à 7.00 tapantes par des coups de marteau dans le mur voisin : suite et fin de la réparation… Heureusement, ça ne dure pas longtemps et nous nous rendormons facilement.

 

Au petit déjeuner, Amélie, qui n’a pas vraiment récupéré, traverse un moment de découragement : sur la table, pas de thé ni de confiture, simplement café beurre (qui la connaît sait qu’elle ne boit pas de café et ne mange pas de beurre sur ses tartines !), et une mauvaise nouvelle : la piscine est impraticable… Eh oui, le filtre ne fonctionne plus depuis 3 mois, car des câbles ont été endommagés par un orage ; l’hôtel court après Electricité du Mali depuis tout ce temps pour qu’ils soient remplacés mais jusqu’ici, cela n’a pas payé !

La route au-dessus de la retenue d'eau (à gauche, la centrale hydroélectrique ; à droite, le lac !)
La route au-dessus de la retenue d'eau (à gauche, la centrale hydroélectrique ; à droite, le lac !)

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous prenons la voiture pour aller découvrir les alentours. Au programme : le barrage, le lac et les villages bozo autour du lac (les Bozos sont une ethnie de pêcheurs). Après la traversée de Sélingué ville, calme et tranquille, avec ses échoppes le long du goudron, la route continue au milieu des rizières pour arriver directement à la retenue d’eau. Le barrage hydroélectrique, construit en 1978 sur la Sankarani (affluent du Niger), produit environ 30% de l’électricité malienne (puissance de 46 MW) et alimente notamment les villes de Bamako et Koulikoro. Dans la mesure où nous nous sommes sagement conformés à l’interdiction officielle de photographier le barrage, il faudra vous contenter de la vue aérienne depuis google maps, à laquelle nous joignons tout de même une photo de près trouvée sur un autre site. Le lac quant à lui est vraiment immense, avec ses 409 kilomètres carrés d’eau. Outre les ressources halieutiques exploitées par les pêcheurs Bozo, il facilite la riziculture au sein de l’Office du développement rural de Sélingué (mise en place de périmètres aménagés, etc).

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Une fois sur l’autre rive, nous décidons d’aller visiter le Woloni, structure hôtelière située les pieds dans l’eau. L’endroit est vraiment agréable, conçu par un ardéchois d’origine, qui a posé ses valises ici après avoir ouvert puis revendu d’autres structures du même type au Burkina et ailleurs au Mali. Après avoir passé un moment sympathique dans le salon / restaurant sur pilotis et visité l’une des chambres-cases, nous repassons le barrage et nous dirigeons vers un des villages bozo dont le gérant de l’hôtel a parlé. Contrairement aux habitations bamakoises et même à celles de Baguinéda, les constructions sont ici fréquemment en banco (plus d’infos sur la construction en terre dans notre article sur ce sujet), et rondes. On parvient souvent à reconnaître les revenus d’une famille à sa maison : les familles les plus nécessiteuses vivent dans des maisons en banco au toit de paille ; lorsqu’elles sont plus aisées, la tôle remplace la paille ; les familles plus riches font construire en ciment et tôle…

 

Arrivés dans le village, nous nous arrêtons au port. Ce dernier, réalisé dans le cadre d’un vaste projet de développement des ressources halieutiques financé par un prêt de 5,2 millions de dollars octroyé par la banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), doit comprendre à terme une rampe d’accostage, une esplanade de nettoyage du poisson, une chambre froide et une unité de production de glace, un centre de nettoyage, de tri et de conditionnement du poisson et une unité de fumage et de séchage du poisson. Nous n’avons pour notre part vu qu’une assez grande esplanade en béton, jouxtant un hangar en béton lui aussi, sommairement aménagé pour le nettoyage et le conditionnement du poisson, et un peu plus loin, ce qui devait être la chambre froide / unité de production de glace. L’ensemble n’est pas encore en fonction : aucune débarquement ni traitement de poisson, aucune vente ; seuls des enfants jouent dans l’eau, quelques jeunes filles lavent le linge, un piroguier transfère des rondins de bois d’une pirogue joliment peinte à une autre (il nous explique que ce bois servira à fabriquer les figures de proue / poupe de sa pirogue).

Les collègues d'Amélie restent sous le hangar, et nous en profitons pour aller découvrir, à deux pas, le marché traditionnel de poisson, formé de petits étals abrités sous des cabanes en bois. A la vente, beaucoup de friture. Comme toujours, les gens sont très gentils, nous saluent, on discute quelques minutes… Mais nous ne sommes pas très à l’aise : l’arrivée en voiture nous rend difficile le contact avec les gens car nous avons l’impression de faire partie de ces touristes en 4x4 qui s’extasient 10 minutes sur un endroit avant de vite repartir pour le prochain arrêt de leur tour organisé ; de surcroît les collègues nous attendent, nous ne disposons donc pas du temps nécessaire pour prendre le temps comme nous le souhaiterions… Nous rejoignons donc rapidement nos compagnons, qui discutent de la pêche locale : malheureusement, les alevins pris dans les filets ne sont la plupart du temps pas relâchés, ce qui risque évidemment à terme de poser le problème de l’extinction des poissons vivant dans le lac. Des instructions sont pourtant données dans l’objectif de sauvegarder les espèces (contrôle des équipements de pêche  et du respect des saisons de pêche notamment). La question est celle de l’efficacité de ces instructions et de la réalité des contrôles… Certains problèmes sont universels !

 

Après cette excursion, retour à l’hôtel, déjeuner / goûter de bananes, repos, lecture dans le jardin. Puis nous décidons tous les deux d’aller nous promener dans Sélingué ville. Plus tôt en voiture, nous sommes passés devant un bâtiment abritant le « projet d’extraction de gaz à effet de serre ». Thomas est évidemment très intéressé, mais une fois devant le bâtiment, nous nous rendons compte que manifestement, le projet a déménagé : une famille vit ici au grand complet. Nous posons tout de même la question ; du coup tous les enfants de la maison sortent pour voir ces toubabs qui se sont arrêtés pour discuter avec leur mère. Dialogue franco-bambara-gestuel : notre intuition est confirmée, le projet n’existe en fait plus du tout sur Sélingué… Après avoir salué, nous reprenons notre paisible balade : quelques chèvres, des enfants, les salutations habituelles, une discussion avec des vendeuses de fruits et légumes, puis un quart d’heure passé avec des footballeurs en herbe qui nous invitent à les regarder… Et retour à l’hôtel pour une soirée au calme avec nos amis, devant un bon poulet grillé et le match Irlande France (dire qu’il faut que nous soyions au Mali pour regarder les matchs de foot !).

Le lendemain matin, après un petit déjeuner au soleil (le luxe en plein mois de novembre, héhé), nous quittons l’hôtel. Nous découvrons les rizières et autres plantations voisines (bananes, papayes, …) en voiture. Puis, direction le Woloni, à nouveau, où nous avons décidé de tester la cuisine. L’apéro au calme sur le lac est suivi d’un excellent déjeuner (méchoui d’agneau, gratin de pommes de terre fondant à souhait et gratin de papaye). Nous pensions ensuite profiter du début d’après-midi pour une baignade dans le lac ou dans la piscine… Ca ne sera malheureusement pas possible, les collègues d'Amélie souhaitant manifestement ne pas rentrer trop tard à Bamako. C’est à regret que nous abandonnons les lieux et reprenons la route vers la capitale…

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lun.

23

nov.

2009

Rapidement...

Notre premier courrier est arrivé aujourd'hui ! Envoyé le 13 octobre, il aura donc mis un mois et 10 jours à nous arriver. Bon, peut-être un peu mois car cela faisait une dizaine de jours que la boîte postale n'avait pas été relevée ! Alors merci aux Montois :).

 

Nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour écrire depuis une semaine et demi (week-end en dehors de Bamako, quelques sorties, des tracas administratifs à régler... Nous vous raconterons tout ça, les posts sont en cours de rédaction !). La fête de Tabaski se prépare, les moutons fleurissent à tous les coins de rue et leurs bêlements emplissent la ville... La chaleur baisse la nuit (17 degrés ce matin, Amélie a même mis un gilet et l'a gardé toute la journée sans y prêter attention : ça y est, nous nous sommes acclimatés !), le travail suit son cours, pas de souci de santé, bref tout va bien...

 

A bientôt pour plus de nouvelles :)

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mer.

18

nov.

2009

Quelques photos en vrac

4 commentaires

jeu.

12

nov.

2009

Une journée à Baguineda

NB: comme d'habitude, vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir. Par ailleurs, on nous a signalé un problème d'accès aux commentaires depuis la page d'accueil du blog. Nous allons essayer d'y remédier :) (mais vous pouvez toujours accéder à ces commentaires depuis la page de chaque article, après avoir cliqué sur le titre !).

La pollution et le vacarme bamakois commençant à devenir fatigants, nous avions décidé le week-end passé de sortir de la capitale pour aller prendre l’air, sur une journée. Sur les conseils de l’équipe d'Amélie, nous avons opté pour la ville de Baguinéda, à une vingtaine de kilomètres de Bamako.

 

A 8.30, nous attendons sur le deuxième « goudron » derrière chez nous que passe un Sotrama assurant la liaison avec Baguinéda. A peine deux minutes plus tard, nous sommes installés, après avoir sauté à l’intérieur et salué les autres voyageurs qui, comme souvent, nous ont demandé notre prénom (toro) et notre nom (jaamu) bambara (ici, c’est une habitude que de donner à des étrangers un jaamu bamanan : nous n’y avons pas échappé et avons été rebaptisés Keïta (pour Thomas) et Diarra (pour Amélie)). Trajet d’une heure et demi environ, accompagné par la litanie de l’apprenti (« Faladjé Yirimadjo Baguinéda Baguinéda camp ») qui cherche à attirer le maximum de clients, et rythmé par les nombreux arrêts précisément pour faire monter lesdits clients.

 

A l’arrivée, le Sotrama s’arrête au niveau du marché. Baguineda est une petite ville, coupée en deux par la route ; elle se situe à 3 kilomètres du Niger, au sein d’un périmètre irrigué géré par l’OPIB (Office du périmètre irrigué de Baguinéda). On y cultive principalement du riz, mais également des produits maraîchers. Le fleuve sert en outre de carrière d’extraction de sable.

Dans un premier temps, direction les champs de riz, avec pour objectif d’arriver jusqu’au fleuve. Nous traversons donc une partie de la ville : sur le bord de la route, des bâtiments officiels et des maisons plutôt cossues. Atmosphère tranquille, les gens sont aimables et nous saluent tous, sans nous solliciter pour autant. Après être passés sous l’ombre des manguiers qui jouxtent la ville et traversé le canal, nous voilà sur le chemin qui va vers le fleuve en coupant à travers les rizières ; grand soleil, et déjà il fait très chaud. Thomas regrette de n’avoir pas encore de casquette… Des enfants (aux T shirts improbables, annonçant « ATT, un Mali qui gagne », ou « Dieu vous bénisse ») pêchent des petits poissons dans les canaux ou jouent dans l’eau – ça fait envie ! Un groupe de jeunes hommes fauchant les pousses de riz à la faucille nous invite à les rejoindre et nous fait essayer. Couper quelques pousses n’est pas trop difficile, mais n’a rien à voir avec faucher un champ entier, à demi-courbé sous un soleil de plomb… Après cet intermède, nous repartons, mais sommes rapidement bloqués par l’eau : les terres deviennent marécageuses, nous nous enfonçons et préférons donc rebrousser chemin.

 

Retour à Baguinéda. Nous nous dirigeons vers le marché, dont nous faisons assez rapidement le tour. Nous décidons alors de nous mettre en quête du restaurant que l’équipe du Bice nous a indiqué, car c’est bientôt l’heure du déjeuner. Nous remontons donc la route, et nous faisons alors héler par un homme assis avec ses amis devant la « station essence » de la ville. Ils nous invitent à prendre le thé ! Nous acceptons avec plaisir l’invitation. Il y a là Moussa, qui a pris l’initiative de nous inviter ; transporteur routier de son état, après avoir travaillé pendant plusieurs années dans des usines, il est établi à Baguinéda avec sa femme et leur petite fille de 3 mois. Le patron de la station essence s’appelle quant à lui Jacky ; le troisième compère est Youssouf, d’origine togolaise, lui aussi transporteur, qui vient d’avoir des jumeaux avec sa femme malienne (il a également une femme au Togo). On discute, et on apprend de nouveaux mots bambara en prenant le premier thé ; puis surgit un plat de riz au gras, et nous sommes invités à déjeuner. Les trois nous offrent également de l’eau, du muguji (c’est une boisson à base de poudre de mil et de banane, très agréable à boire), de la pastèque… Royal ! L’hospitalité malienne ne se dément pas. Après le déjeuner, Moussa nous emmène dans la concession familiale, très fier de nous montrer sa fille. Nous rencontrons donc la famille, qui veut à nouveau nous inviter à déjeuner… invitation que nous sommes obligés de décliner car nous ne pouvons décemment plus rien avaler !

 

Moussa, à qui nous avons raconté l’échec de notre tentative de voir le fleuve, veut nous y emmener. Mais pas n’importe où, ni n’importe comment : en camion, pour aller voir la carrière de sable. Nous attendons donc qu’un camion passe devant la station ; c’est chose faite après quelques minutes d’attente. Amélie monte dans la cabine, Thomas à l’arrière dans la benne, mais nous devons redescendre presqu’aussitôt : un pneu est crevé, il faut le changer. Pendant ce temps, débarque d’un Sotrama un homme chargé d’énormes baluchons : il a acheté des vêtements sur le marché de Bamako et vient les vendre ici, à Baguinéda. Il y a des T-shirts, des pantalons, et surtout une cargaison de manteaux et doudounes d’hiver (vendus 1500 FCFA – 2,5 euros). Le tout datant des années 80, évidemment ! C’est la ruée : chacun y va de son essayage. Un peu surprise, Amélie demande à Moussa pourquoi tout le monde tient à avoir une doudoune ; c’est très simple : « en novembre, décembre, janvier, ici il fait très très froid ! ». Euh… Très très froid, c’est combien de degrés ? « 25, 26 degrés »… Quand nous leur disons qu’en France, en ce moment il fait une dizaine de degrés, ils ont peine à nous croire !

Le pneu du camion a été changé. Nous reprenons nos places, et partons en direction du fleuve. Le trajet de 3 kilomètres dure une vingtaine de minutes, car la route est très accidentée. Nous en profitons pour admirer la campagne environnante sous un autre angle. La « carrière » se dévoile enfin, et c’est un monde à part entière. Ici, les femmes font la cuisine et vendent des aliments sous des abris de bois et de branchages ; les hommes quant à eux exploitent la carrière. D’abord, ils partent à plusieurs sur une pirogue au milieu du fleuve ; l’un d’eux plonge en apnée, les autres remontent le sable, jusqu’à ce que la pirogue soit pleine. Ils reviennent alors à terre et déchargent le sable deux par deux. Puis intervient l’étape du tamisage pour séparer sable et graviers. Enfin, le sable est transporté à la pelle dans les camions. Point de machines ni d’automatisation : ici tout se fait à la force du poignet ! Et le travail est très physique, 6 jours sur 7, de 8 heures à 18 heures… Nous sommes invités à essayer, et relevons le défi, à la surprise et à la joie des travailleurs : Thomas se sort très honorablement de l’épreuve de déchargement du sable, Amélie a plus de mal avec le chargement à la pelle des camions…

 

Un peu plus loin, l’atelier de fabrication / réparation des pirogues. A titre de repère, une pirogue neuve, en bois, coûte 275 000 FCFA (420 euros)…

 

Après ce petit tour, nous revenons vers la ville, toujours en camion. Discussions et repos à nouveau, puis c’est l’heure du départ car nous commençons à être fatigués. Après avoir salué nos nouveaux amis et promis de revenir, très heureux de cette belle journée, nous sautons à nouveau dans un Sotrama, direction Bamako… Du calme, de l’air pur, du soleil, du riz, de l’eau, du sable, du labeur, de la sueur, de l’amitié.

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dim.

08

nov.

2009

Premier concert

Jeudi soir, nous sommes allés voir Adama Yalomba en concert au CCF (petit nom que donnent les habitués au centre culturel français). Nous voulions depuis un moment profiter de Bamako également au plan musical, mais n’en avions pas encore eu l’occasion…

 

D’abord, découverte du CCF : entre les deux ponts, un lieu qui correspond bien à l’image que l’on s’en fait… Lieu de rassemblement de la communauté expatriée, avec son restaurant Le patio (où, dans la série expériences gustatives, nous dégustons un jus de tamarin – un peu amer - et un jus de fruit du baobab, ou « pain de singe » - doux et acidulé), ses expos, sa médiathèque, sa salle de spectacle. Le public est majoritairement blanc, même si des Maliens sont aussi présents. Différence notable par rapport aux concerts en France, qui rassemblent en général un public relativement homogène, il y a un peu tous les styles, des dreadlocks des musicos aux costards-cravates des officiels du milieu culturel…

 

Sur scène, ils sont 8. Adama Yalomba, au chant, à la guitare sèche et au n’goni (cette fois-ci, contrairement à celle que nous avions vue à la maison des artisans, c’est un n’goni harpe et non pas un n'goni luth - il y a beaucoup plus de cordes!) ; un percussionniste endiablé (djembé, balafon) ; un bassiste (le seul blanc) ; un guitariste ; un batteur ; deux choristes femmes, qui dansent aussi, et un choriste homme.

 

Et il n’y a pas à dire : ils savent faire de la musique ! Vous pouvez les écouter ici. Chant en français, bambara, anglais ou autres langues africaines, rythmes et sonorités variés, voilà la musique africaine d’aujourd’hui, qui a su se renouveler sans perdre son âme en s’occidentalisant trop. Et on ne s’ennuie pas une seconde, il y a trop à regarder et à écouter, car les musiciens sont tous bons ! Les prestations de danse sont elles aussi impressionnantes, un spectacle à elles seules…

 

C’est donc très satisfaits que nous avons regagné nos pénates. Petit message aux parisiens : Adama Yalomba sera en concert le 16 décembre prochain au Satellit’Café  (M° Oberkampf – Parmentier), si vous voulez oublier le thermomètre qui flirte avec le zéro… Et pour tous : le nouvel album, intitulé Yassa, est le premier qui sort en France et sera disponible  à partir du 23 novembre (notamment à la Fnac).

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dim.

08

nov.

2009

Le fruit bizarre

Peu de temps après notre arrivée à Bamako, nous avons remarqué que certaines vendeuses de rue proposaient une sorte de fruit, gros comme une pomme, vert brun, avec des sortes d’écailles. Voilà qui nous a intrigués…

 

 Dans un premier temps, nous n’avons pas osé acheter la chose, ne sachant pas vraiment si c’était un fruit, un légume, comment ça se préparait, etc. Nous nous sommes renseignés auprès de notre ami Amadou, qui nous a dit que c’était un fruit (il nous a donné le nom bambara, que nous n’avons évidemment pas retenu), très agréable à manger.

 

Nous avons donc profité de notre dernier ravitaillement en fruits et légumes pour tester le fruit en question. Après quelques recherches, il s’avère qu’il s’agit d’une pomme-cannelle, ou atte, ou encore sugar apple (le nom savant est annona squamosa), très répandue dans les régions subtropicales.

 

Sous les écailles se cachent de gros pépins noirs, entourés d’une chair blanche très sucrée. C’est vraiment délicieux. Dommage qu’il y ait autant de pépins…

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dim.

01

nov.

2009

Sorties bamakoises

Bamako sous la pluie, 20 degrés, incroyable ! Voilà qui a fait dire à Amélie qu’à quelques détails près, on pourrait se croire en Picardie… En tous cas, nous mettons à profit cette fraîche journée pour vous relater nos dernières sorties, très différentes les unes des autres, dans la capitale.

 

La maison des artisans

 

En plein centre de Bamako, imaginez un grand marché couvert dans les dédales duquel on se perd, formé de galeries et de petites cours intérieures où travaillent, sous nos yeux, certains des artisans. Multitude de boutiques regroupées plus ou moins par cœur de métier : les métiers du cuir, le quartier des instruments de musique, celui des bijoux, des tissus, des sculptures et masques… Il y en a dans tous les sens, de toutes les couleurs, pour tous les goûts, et souvent ce sont réellement de très jolis objets.

 

Nous ne voulions rien acheter, juste découvrir… Nous avons réussi à tenir le pari, mais à quel prix ! Eh oui, le problème à Bamako, c’est qu’on est vite repérés : blancs, donc touristes, donc argent, donc pluie de sollicitations : « entrez dans ma boutique, venez voir mes articles, j’ai des statues du pays dogon, des colliers, des tissus, c’est fabriqué localement ! Même si vous n’achetez pas, venez, plaisir des yeux ! ». Ah, le plaisir des yeux… Nous avons cédé à deux ou trois reprises, difficile de faire autrement. Evidemment, une fois à l’intérieur, on sent la pointe de déception du vendeur lorsque l’on repart les mains vides… Ca n’est pas toujours très agréable d’être perçu comme une bourse sur pattes et de ne pouvoir faire un pas tranquillement ; c’est surtout vite fatiguant. Aussi, la prochaine fois, nous irons découvrir l’autre marché artisanal de Bamako, apparemment moins touristique (on a dû voir 10 toubabs en une heure ! plus que depuis notre arrivée ici !) et plus tranquille.

Un n'goni
Un n'goni

Nous avons tout de même fait une rencontre sympathique, celle de Séverin, musicien de son état, originaire du Burkina, avec qui nous avons discuté un moment autour d’un n’goni (sorte de guitare à 3 cordes en l’occurrence, faite à partir d’une calebasse).

 

Et, à notre grande surprise (jamais personne ne nous a dit ça en Europe !), on nous a demandé à plusieurs reprises si nous étions frère et sœur ! Il paraît que nous nous ressemblons…

Soirée chez Fatoumata

 

Fatoumata est la fiancée d’Amadou (dont nous avons déjà parlé ici). Nous avons été invités à « faire la causette » chez ses parents, en compagnie d’Amadou. Après 20 minutes de mobylette, emmenés par Amadou et un de ses amis, nous arrivons chez Fatoumata, qui habite dans le quartier Kalabancoro ACI, au sud ouest de Bamako. Présentations aux parents, très accueillants, à Fatoumata elle-même (nous ne la connaissons pas encore), aux deux petites sœurs et aux deux jeunes domestiques, toutes quatre intimidées par le fait de nous saluer.

 

Puis nous (les 5 jeunes) nous installons dans la cour, autour d’une table basse installée sous un arbre. Nous sommes impressionnés par la propreté des lieux : ici, pas un papier qui traîne ! C’est la première fois que nous voyons une cour aussi nette. Et ça change vraiment tout… On discute tranquillement autour des biscuits et jus de fruit que nous avons apportés ; parfois la conversation se poursuit en bambara, alors nous profitons simplement du fait d’être assis là, au calme, dans le quotidien d’une famille bamakoise.

 

Cette fois encore, l’hospitalité malienne est fidèle à sa réputation : un grand plat de crudités, pommes de terre, œufs et poisson nous est servi. C’est délicieux, et très différent de la cuisine traditionnelle que nous mangeons habituellement. On savoure… Puis vient le thé, autour de discussions plus animées (le repas a permis de briser la glace !) : études des uns et des autres, souvenirs de Paris, système de santé malien, etc.  Et c'est déjà l’heure du départ, car tout le monde travaille tôt le lendemain. Alors que nous remercions pour l’accueil très chaleureux que nous avons reçu, nos remerciements nous sont retournés : c’est nous qui avons pris la peine de venir dîner ! Le monde à l’envers… Et une très bonne soirée à conserver dans nos souvenirs !

 

Le musée national

 

Dimanche dernier, nous avons décidé d’aller visiter le musée national du Mali, dont l’on nous avait dit beaucoup de bien. Nous n’avons pas été déçus ! [NB: vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir!]

Le musée se situe sur la rive opposée du fleuve, dans le quartier des ministères, quasiment à la sortie de la ville. Beaucoup de verdure, un jardin qui doit offrir un lieu de promenade agréable en temps normal mais qui est actuellement en travaux, des bâtiments modernes (1982) s’inspirant de l’architecture traditionnelle du pays, personne d’autre que les gardiens et nous dans les salles (ça change des expos du Grand Palais !)… Et surtout une collection permanente riche et vraiment intéressante.

 

Elle se divise en trois expositions : la première est consacrée aux tissus maliens, du bogolan à l’indigo en passant par le basin et les couvertures en laine (on vous expliquera tout ça dans un article à venir, promis) ; la seconde, intitulée « Mali millénaire », présente le résultat de fouilles archéologiques menées dans les différentes régions du pays ; la troisième est consacrée aux masques et autres objets de rite dans les sociétés initiatiques (là aussi quelques explications en vue).

 

Les objets sont bien conservés et mis en valeur, les explications claires, on apprend beaucoup de choses. A ceux qui considèrent que l’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire, on pourrait conseiller de venir découvrir l’architecture tellem (11ème siècle), qui a su exploiter au mieux un milieu pourtant hostile, les superbes poteries de Djenné (9ème siècle), et plus généralement la richesse d’un patrimoine qui demeure largement ignoré… Ou pillé, au contraire ! Comme pour d’autres richesses africaines, certains indélicats n’hésitent pas à faire fi de la loi ; et l’on lit sur de nombreux écriteaux du musée que l’objet présenté a été « restitué » par les douanes françaises… D’ailleurs, au détour d’une allée, on trouve une statuette en terre cuite… « offerte » par Jacques Chirac ! Il s’agit en fait d’un objet issu du pillage, illégalement exporté hors du Mali et offert à notre ancien président pour un de ses anniversaires. Mis au courant de son origine douteuse, il en a alors, et c’est tout à son honneur, fait cadeau au Musée.

 

A la sortie, nous profitons de la boutique du musée pour acheter enfin notre dictionnaire Français bambara, la méthode associée, rédigée par le Père Bailleul, et ses 4 CD. Si avec tout ça nous ne progressons pas…

 

Sortie dans un maquis

 

Susanne et Félix, nos amis allemands, sont revenus de leur périple à l’intérieur du pays. Samedi soir, Susanne nous emmène à Badalabougou, l’un des deux quartiers festifs de Bamako, tout proche de chez nous. En fait de quartier, il s’agit plutôt d’une rue, bordée de part et d’autre de bars, de discothèques et de « maquis ». Les maquis sont des lieux où l’on peut écouter de la musique et danser, tout en buvant une bière et/ou en mangeant. A la fois restaurant et « bar dansant » donc.

 

Nous choisissons tout d’abord le « Koud’frein », plus calme que les autres car la salle de danse (entrée payante) est séparée de la partie bar / restaurant. Nous en profitons pour discuter autour d’une bouteille de Castel, la bière locale (plutôt agréable !), aux sons de Khaled, Ricky Martin et autres morceaux occidentaux sans grand intérêt. Pas mal de toubabs dans la rue et dans le maquis ; du coup on a l’impression de passer inaperçus, et pour une fois, c’est plutôt agréable.

 

Puis nous décidons de changer d’ambiance, et d’atterrir cette fois dans un vrai maquis malien. Nous nous attablons dans le jardin, à une table Castel sur laquelle, détail incongru, sont inscrites des citations de St Simon, d’où nous observons les quelques danseurs. L’atmosphère est plus animée qu’au Koud’frein, la musique africaine change tout de suite l’ambiance !

 

Nous sommes étonnés de ne voir quasiment que des hommes : Susanne nous explique qu’ici, les seules femmes que l’on rencontre dans ce genre d’endroit et à cette heure-ci sont soit des jeunes femmes non mariées, soit des prostituées (que l’on remarque vite ! les décolletés en particulier sont … majestueux ? renversants ? hallucinants ?...). Les femmes mariées ne sortent pas, si ce n’est pour boire le thé avec leurs amies...

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mar.

27

oct.

2009

Que faire avec 10 000 FCFA ?

Voici une liste non exhaustive de ce qu'on peut faire à Bamako avec 10 000 FCFA, soit 15€.

 

Se déplacer

  • faire 1 aller en taxi entre l'aéroport et mon hôtel de luxe ou un aller-retour (si je sais très bien négocier)
  • faire 66 voyages en sotrama (taxi collectif) entre différents quartiers de Bamako ou 120 voyages équivalents en mobylette
  • aller à Mopti depuis Bamako (640 km) en bus, avec un bagage

 

Manger

  • 50 plats de riz-sauce (ou similaire) dans une petite échoppe de rue
  • 1 à 10 plats dans un restaurant pour toubabou (entrée de gamme)
  • 9 paquets de biscuits (origine France) chez l'épicier libanais
  • 66 baguettes de pain chez le boulanger libanais
  • 200 oranges ou 14 grosses pastèques ou 25 kg de bananes

 

Boire

  • 9 litres de jus de mangue (origine Egypte) ou de jus d'ananas (origine Cote d'Ivoire)
  • 10 bières locales Castel (75 cL) dans un maquis (bar avec musique)
  • 100 bouteilles (35 cL) de jus local : bissap ou gingembre
  • 25 bouteilles d'eau minérale (1,5 L)

 

Communiquer

  • économiser encore un peu pour m'acheter prochainement un téléphone portable bas de gamme dans une boutique de rue à 16 000 FCFA
  • disposer de 104 minutes de communications voix sur Orange Mali (vers tout réseau, à toute heure)

 

Loisirs/culture

  • fairea imprimer 20 photos à partir de mon appareil photo numérique
  • faire 4 visites du musée national
  • acheter un dictionnaire français-bambara
  • aller 3 fois à un concert d'un musicien connu au centre culturel français
  • aller 20 fois au stade pour voir un match de foot (place non couverte)
  • aller 5 fois à la piscine d'un grand hôtel de luxe (piscine quasi-privative !)
  • acheter 4 petits masques traditionnels au marché artisanal
  • acheter 40 cartes postales au musée national
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dim.

25

oct.

2009

Au travail...

Nous voilà, chacun de notre côté, dans un environnement de travail tout nouveau. Après quelques semaines, nous voulions partager avec vous nos premières impressions… Evidemment, elles ne doivent pas être extrapolées à l’ensemble de la société malienne, car elles ne sont que le reflet de nos observations, par nature limitées et incomplètes !

 

  • Le monde des bureaux est essentiellement masculin. Les femmes occupent le plus souvent des postes de secrétaire ou en lien avec la "social" au sens large. Si cette situation s’explique pour partie par une vision encore très « traditionnelle » du rôle de la femme ( à elles le social, aux hommes le reste), elle est surtout due au faible taux de scolarisation des filles. En effet, notamment dans les villages, les petites filles sont utiles à la gestion du foyer familial : elles sont souvent associées, dès le plus jeune âge, aux travaux ménagers, et à la garde de leurs frères et sœurs  lorsque leur mère est aux champs ; en outre, la fille, une fois mariée, « appartient » à la famille du mari : dans ces conditions, à quoi cela sert-il d’assurer son éducation ? Les chiffres officiels mentionnent une différence de 20 points entre taux brut de scolarisation des filles et des garçons (65,1% en 2005-2006 pour les filles en 1er cycle, contre 85,1 % pour les garçons ;  sur la même période, 31,1% en second cycle pour les filles, contre 52,1% pour les garçons). Cela se voit vite sur le terrain : à la bibliothèque nationale (BN), sur une quarantaine de lecteurs, seulement trois femmes... Quelques exceptions existent toutefois, et certaines femmes parviennent à accéder à des postes à responsabilité ; c’est ainsi que le poste de coordinateur national adjoint du Bice a été attribué à une femme.

Faute de moyens, les outils de travail sont souvent insuffisants pour un travail efficace : utilisation de PC antiques en nombre insuffisant ;  absence de recensement informatique des ouvrages de la BN, dont le cahier de doléances précise que l’informatisation est en cours ; absence d’accès aux textes juridiques, y compris pour les juristes – qui peuvent ne pas savoir qu’une des lois qu’ils utilisent quotidiennement a été modifiée il y a plus de 2 ans, même si cette loi intervient dans leur matière de spécialité et même s’ils sont membres du cabinet ministériel du ministre de la justice ( !) ; ne parlons pas de bases de données informatiques, auxquelles n’importe quel étudiant en fac a accès en France. Dans les rares cas où de tels outils sont mis à disposition, ils sont généralement mal maîtrisés. Ainsi, certains de nos collègues nous ont déjà demandé de leur prodiguer une formation en traitement de texte… Forcément : à la fac, la formation informatique reste théorique ! Vous pouvez imaginer la présentation des documents, et les problèmes d’image de l’organisme qui en découlent…

 

  • Nous parlons tous français, certes… mais ça n’est pas toujours le même! Il est quelque peu surprenant, et parfois comique, de devoir subir un discours sentencieux de 10 minutes, parfois à coup de citations du dictionnaire, sur la signification d’un terme donné ! Exemple, à propos du terme « implications » (d’un évènement sur un autre) : « ce vocable, là, suppose que l’on s’implique, n’est-ce pas, donc, je ne vois pas ce que la personne qui l’a écrit a voulu dire ; non vraiment, ça n’est pas correct ; je suggère qu’on le remplace par le mot « impact »,  qui est le seul valable, etc etc ». On a parfois l’impression de s’épuiser à se faire comprendre, ou à comprendre…

 

  • Le temps malien est lui aussi parfois déconcertant, lorsqu’il est appliqué au travail ; d’un côté, les palabres, le thé, etc, peuvent durer des heures (sans que pendant ce temps le travail avance) ; certaines personnes peuvent soit ne pas venir travailler, soit écourter leur journée ; les travaux préalables à des ateliers de travail communs ne sont parfois pas effectués… De l’autre, lorsque le besoin s’en fait sentir, les Maliens font des heures supplémentaires (et pas dans le cadre du travailler plus pour gagner plus !) sans aucunement se plaindre, et sont même prêts à travailler chez eux le soir et le week-end… C’est une logique qui nous échappe encore un peu !

 

  • Sur certains lieux de travail existe le système des « amendes », qui n’est pas très simple à cerner pour nous car il se fonde sur les relations entre nos collègues : par exemple, si un jeune manque de respect à un plus âgé, il pourra « être amendé » ; il devra alors, suivant les cas, aller chercher un paquet de cigarettes, offrir une boisson à tout le monde, etc. Le plus compliqué est de savoir quand on manque de respect ou pas, d’autant plus que le système est souvent utilisé sur le ton de la plaisanterie, davantage comme une menace qu’une réalité…

 

  • Et puis, d’une manière générale, ce n’est pas toujours facile vis-à-vis de certaines personnes de faire valoir un point de vue, ou même de présenter des observations parfaitement objectives, lorsque l’on est  blanc (donc étranger, donc ne comprenant pas les réalités locales – ce qui est vrai évidemment pour un certain nombre de choses !), et plus encore  jeune et femme… Mais ces difficultés, si elles ne facilitent pas le travail, ne le bloquent pas pour autant ; et elles permettent aussi d’apprendre beaucoup, sur le plan des relations humaines.

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dim.

25

oct.

2009

Avec les filles

8 commentaires

ven.

23

oct.

2009

Quelques réponses en vrac

D’abord, car c’est le plus important : plus d’inquiétudes à avoir, Thomas a recouvré la pleine forme. Merci à tous de vous être inquiétés et de nous avoir manifesté votre soutien !

 

Et puis, quelques réponses à certains de vos commentaires et questions.

 

S’agissant des axes routiers : oui, il y a vraiment des rues aussi droites. En fait, le découpage, au moins dans notre quartier, ressemble beaucoup à celui des villes américaines (c’est très rectangulaire). Sauf que toutes les rues ne sont pas bitumées… Et oui également, nous habitons à côté d’un grand axe routier. Il s’agit d’une route bitumée à 2 fois 2 voies, qui est très empruntée, la circulation y est assez dense (et variée : voitures, petites mobylettes chinoises que tout le monde utilise ici, piétons, charrettes tirées par des ânes, …). S’agissant des routes à l’intérieur du pays, comme nous ne sommes pour le moment pas sortis de Bamako, nous ne pouvons pas en parler.

 

Pour les déplacements, on utilise jusqu'alors le taxi, bien moins cher qu’en Europe. Nous avons aussi fait notre baptême de mobylette, car notre ami Amadou nous a invités lundi soir chez sa fiancée et est venu nous chercher avec un ami… et leurs mobylettes ! Nous sommes donc montés derrière eux. Ils maîtrisent bien leurs machines, et ont roulé lentement à notre demande… Mais tout de même, on ne se sentait pas très rassurés, surtout sans casque ! Et sinon, dernier moyen de transport, le Sotroma, minibus collectif très économique mais au fonctionnement complexe pour qui ne connaît pas bien la ville (car les destinations et le parcours ne sont pas affichés et que les annonces de destination se font l'oral généralement en bambara).

 

A propos du fleuve : il s’agit du Niger (nous avons mis en ligne des photos dans des posts antérieurs). A Bamako, le fleuve est très large, plus que tous nos fleuves français. En fait, il traverse plusieurs pays, sur près de 4200 kilomètres (Guinée, Mali, Niger, Nigeria). Nous en reparlerons sûrement dans d’autres articles !

 

S’agissant du logement : il est gracieusement mis à notre disposition par l’association pour laquelle travaille Amélie. Nous n’avons donc pas eu à le chercher et heureusement, car ça aurait été difficile sans connaître la ville. Par un heureux hasard, la localisation est très pratique pour Thomas car la navette qui transporte les employés vers son lieu de travail passe juste à côté de chez nous.

 

S’agissant des photos : il n’y a pas de visages d’autres Blancs parce que, effectivement, nous sommes les seuls Toubab dans le quartier ! En fait, une collègue allemande d’Amélie est arrivée il y a 15 jours, mais elle n’était pas présente lorsque nous avons pris nos photos.

 

A propos des noms de quartiers : pas faciles à maîtriser ! En fait, « bougou », ou « bugu » en orthographe bambara, veut dire hutte et hameau (les mots bambara ont souvent plusieurs sens), et donc par extension « quartier ». C’est « bugun » (verbe) qui signifie augmenter, se multiplier. Il existe d’ailleurs une ville au Mali dont le nom est Bougouni (petite case).

 

Voilà, on espère avoir répondu aux interrogations des uns et des autres !

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dim.

18

oct.

2009

Situation géographique

Nous habitons précisément dans le bâtiment où est situé le point rouge. Il suffit de cliquer sur "+" ou "-" (en haut à gauche) afin de changer l'échelle de la carte et pour nous localiser dans Bamako, au sein du Mali, en Afrique, ou même dans ce vaste monde !

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dim.

18

oct.

2009

Meilleure santé !

Nous n'avons pas été très prolixes cette semaine. C'est que nos plans ont été quelque peu bouleversés par une petite mésaventure... Un petit flash back sur les journées de mercredi et jeudi s'impose donc pour narrer cette expérience certes désagréable, mais finalement banale pour des toubabous en Afrique.

 

Mercredi matin, très tôt vers 3h du matin, j'ai (Thomas) commencé à avoir un très fort mal de ventre, rapidement accompagné de problèmes digestifs (je vous laisse imaginer :)). J'ai tout de même décidé d'aller à mon travail, en pensant que les douleurs passeraient rapidement, et surtout dans l'espoir de rencontrer mon chef de service, rentré depuis le lundi... Finalement, comme les jours précédents, mon entrevue avec le chef de service a été reportée au lendemain ; mon mal de ventre s'était accentué, j'ai préféré rentrer vers 13h pour me reposer. J'ai rapidement constaté que j'avais de la fièvre, malgré un Doliprane pris quelques heures auparavant. Puis des courbatures, mal de tête, troubles de la vision sont arrivés progressivement...

 

Tous ces sympathiques symptômes pouvant être ceux du paludisme, nous commençons vraiment à nous inquiéter. 15h, nous décidons avec Amélie de nous rendre immédiatement au centre de santé situé à côté de chez nous, après avoir prévenu les collègues d'Amélie qui me souhaitent tous « meilleure santé ».

 

Le centre de santé de référence de la commune V est une annexe décentralisée de l'hôpital public (Bamako est découpée en 6 communes). Les locaux sont exigus, partiellement délabrés, ça ne sent pas très bon, les gens rentrent et sortent (on assiste même à une altercation entre un médecin et un couple en bambara), la propreté douteuse... Mais nous sommes « pris en charge » assez vite. Prise en charge est un bien grand mot: après que je lui ai expliqué mes symptômes et qu'il a pris ma température, l'interne prescrit un « test de la goutte épaisse », qui permet de savoir si on a le palu ou pas; nous devons trouver seuls le laboratoire qui effectue le test (qui prend une demi-heure et coûte 750 Fcfa (1,1€)) ; et patienter à l'extérieur, en pleine chaleur (mais tout de même à l'ombre) avant d'avoir les résultats et d'être redirigés vers le premier médecin.

 

Lequel rend son verdict : j'ai le palu et il est développé à un niveau élevé. Un traitement de cheval m'est prescrit. Peu inspirés par l'idée de rester ici, nous décidons de rentrer à l'appartement et d'appeler notre assurance; pour pouvoir être couverts il faut en effet la prévenir préalablement à toute démarche; nous espérons aussi qu'elle pourra nous rediriger vers un meilleur hôpital... Bizarrement, quand la santé est en jeu, on a une très pressante envie de retrouver des standards occidentaux! Cela ne nous empêche pas de penser à tous ces hommes et femmes qui sont ici et n'iront pas ailleurs, eux, faute de moyens. Rien ne justifie a priori que je puisse être mieux soigné qu'eux ...

J'enrage : pourquoi n'avoir pas réagi plus tôt, dès les 1ers symptômes ? Je suis dégoûté : nous ne sommes arrivés qu'il y a 15 jours, j'ai donc dû être contaminé dès les premiers jours (le parasite se développe au bout de 7 jours à plusieurs semaines à compter de la piqûre du moustique infecté). Je ne comprends pas: nous avons été très précautionneux et je n'ai pas le souvenir d'une piqûre... Je joue vraiment de malchance... Je n'ai pas envie d'avoir le palu ; mais c'est trop tard.

 

En arrivant à l'appartement, j'avale en urgence un cachet de Malarone, qui ne suffira pas à me guérir mais peut ralentir la progression du palu. Je me recouche : malgré l'air à 35°C, un duvet de montagne conçu pour aller jusque 0°C suffit à peine à me réchauffer. La fièvre est forte. Je fantasme, m'imaginant des complications dues au palu, un rapatriement sanitaire... Amélie s'occupe des démarches avec l'assurance ; après discussion avec un médecin, il nous est conseillé d'aller à la polyclinique Pasteur, avec laquelle ils ont des accords de paiement. Le temps de glisser le strict nécessaire dans un sac (change, eau, papier toilettes – eh oui, il n'y en a pas partout ici...), et nous y partons en taxi, au son des « meilleure santé » à nouveau lancés par les collègues d'Amélie.

 

17 heures : en arrivant à la clinique, nous sommes rassurés par le bon état des locaux ; et, luxe parmi le luxe, le médecin nous attend (prévenu par l'assurance). Nous sommes cette fois réellement pris en charge, et c'est un vrai soulagement. Le médecin doute du diagnostic établi par le centre de santé (espoir), fait refaire des tests (prise de sang), et les résultats montrent que je n'ai en réalité pas le palu (gros soulagement). Il s'agit en fait d'une gastro-entérite, probablement due à une intoxication alimentaire, doublée d'une légère déshydratation. Une perfusion avec antibiotiques, antalgiques et solution réhydratante permet de faire chuter rapidement la fièvre (après être montée largement au dessus de 40°C), et de diminuer les douleurs. Nous restons 24h à la clinique, le temps de stabiliser la situation, de faire une indigestion de TV (dans l'urgence, nous n'avions pas pensé à emmener de quoi nous distraire), de se faire souhaiter « meilleure santé » par tout le personnel médical, et de subir de nouveaux tests indiquant que tout semble rentré dans l'ordre. Nous sortons donc jeudi en fin d'après-midi, quittes pour une grosse frayeur.

 

En soi, cette expérience n'est pas très originale : tous les blancs sont un peu faibles ici, et je ne suis pas le seul à qui ce genre de désagrément est arrivé. Un peu de positif dans l'aventure: nous savons désormais où aller (et surtout ne pas aller) en cas de problème de santé ; nous savons comment fonctionne l'assurance ; mes défenses immunitaires doivent être un peu renforcées. Et puis nous avons à nouveau eu une preuve de la gentillesse des Maliens : tous ceux qui ont été avertis de mon problème de santé se sont inquiétés véritablement de mon état, loin de l'indifférence que l'on constate parfois chez nous. Meilleure santé !

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dim.

18

oct.

2009

Après-midi avec nos amis du quartier Mali

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mar.

13

oct.

2009

Ceux qui nous entourent

[Nous mettrons des photos en ligne demain. En attendant, si vous avez un peu de temps, vous pouvez aller lire notre dernier article de fond ici !]

 

Plus de 2 semaines à présent que nous sommes installés. Toujours dans la phase de découverte mais les premières habitudes s’installent également… Et les contacts se multiplient.

 

Avec nos collègues de travail évidemment, avec lesquels nous avons des discussions intéressantes, de la politique intérieure malienne (très critiquée, à tous points de vue – nous y reviendrons) à la politique intérieure/extérieure française (vertes critiques de notre bon président – certains discours et attitudes laissent des traces !-, admiration surprenante de Villepin, etc.), en passant par le tourisme, ou les débats passionnés sur les questions de société, etc.

 

Avec les jeunes filles du Centre aussi. Nous approfondissons les contacts malgré notre bambara balbutiant (eh oui, contrairement à ce qu’on nous avait dit, tout le monde ne parle pas français à Bamako, loin de là ; et même les francophones parlent souvent bambara entre eux. Les quelques mots appris avant le départ et nos séances de travail régulières sont donc d’une particulière importance !). Quoi qu’il en soit, nous mangeons régulièrement avec les filles et elles se font un plaisir de nous faire goûter les plats qu’elles ont préparé ; nous avons aussi passé plusieurs soirées avec elles, autour de jeux de cartes, tresses, autres jeux (style « Le facteur n’est pas passé ») : au-delà des paroles, un début de complicité s’établit ! Et avec celles qui parlent français, on peut plus facilement discuter.

Pas toujours simple d’ailleurs, car si elles sont là, c’est bien qu’elles ont traversé des événements dramatiques auxquels nous ne sommes pas nécessairement préparés à  être confrontés… Elles nous rappellent d’ailleurs parfois à cette réalité – par exemple lorsqu’elles nous demandent de prendre leur bébé, qu’elles n’ont pas vraiment désiré, avec nous lorsque nous rentrerons en France… Malgré cela, c’est étonnant de voir à quel point elles prennent sur elles et vont de l’avant. Nous ne sommes évidemment pas présents en permanence et ne comprenons pas tout ce qui se dit, mais il se dégage une extraordinaire impression générale de dynamisme et de bonne humeur.

 

Il y a aussi les connaissances avec lesquelles nous tissons des liens, progressivement :

 

Amadou, l’étudiant en médecine rencontré par Thomas en France en décembre dernier, et qui nous a invités à partager un petit déjeuner chez lui et nous a fait découvrir le samedi matin d’une famille bamakoise. Partage du temps africain : petit déjeuner, repos à l’ombre du manguier tout en discutant, thé (les trois thés maliens, on vous expliquera plus tard), discussions à nouveau, pendant que la maman est au marché et que les domestiques rangent, puis préparent le repas du midi… Amadou est en thèse de médecine mais n’a pas d’ordinateur ; il se connecte, une heure par ci, une heure par là, à l’hôpital ou dans un cyber, pour ajouter quelques lignes au texte enregistré sur une précieuse clé usb…

 

Mam’, la dame qui tient le petit restaurant à 200 mètres de chez nous, chez qui tout le quartier  (nous inclus) vient chercher ses repas (on mange pour moins de 500 FCFA – soit moins d’un euro- pour deux !). Elle semble nous avoir pris en amitié et nous a invités à venir préparer, dimanche dernier, le repas avec elles. Nous avons accepté avec plaisir et nous sommes retrouvés, à l’heure dite, dans la cour attenante au restaurant. Après nous avoir fait prendre des forces à coup de purée d’igname et sauce, elle nous a gentiment mis à contribution : tamisage d’une espèce de poudre humide très compacte (poudre de banane), qui sert à confectionner l’un des plats quotidiens. Et remplissage de petits sachets de pop corn maison. Dans la cour, une dizaine de femmes travaillant (lessive, préparation du repas, nettoyage, etc), et autant d’enfants observant l’attraction du jour : nous !…

 

Et Baba, son neveu, qui finit le lycée. Il veut faire du droit, ensuite… Il nous aide tous les soirs à nous faire comprendre (Mam’ non plus ne parle pas français), puis nous raccompagne jusqu’au Bice, on discute, c’est un moment privilégié… Et Bintou, la fille de Mam’, plus en retrait, mais avec laquelle nous avons échangé quelques mots dimanche, et beaucoup de sourires depuis… Et tous les autres que nous saluons régulièrement… Déjà, nous ne nous sentons plus complètement étrangers !

 

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mar.

13

oct.

2009

Enfin le CAPA!

Un peu égoïstement, je (Amélie) me sers de ce blog commun (mais c'est quand même le meilleur moyen pour que vous soyiez au courant!) pour partager avec vous une bonne nouvelle : les résultats du CAPA (certificat d'aptitude à la profession d'avocat) sont tombés hier, et je suis admise ! Me voilà donc presqu'avocate (pas encore complètement, il me reste la prestation de serment...) !

 

Champagne! (euh, non en fait, on n'en trouve pas ici... :))

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mer.

07

oct.

2009

Des visages, enfin (soirée passée avec les jeunes filles du Centre)

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mar.

06

oct.

2009

Bamako de plus près, ça ressemble à quoi?

Les surprises sont à tous les coins de rue, pour nous Européens. Creusons un peu le sujet…

 

D’abord au niveau de l’habitat en tant que tel, pas de buildings comme dans nos villes occidentales, ou si peu (cf. la tour de la BCEAO). La grande majorité des habitations, en tous cas dans notre quartier et ceux que nous avons eu l’occasion de traverser, sont des bâtiments de plain-pied, en béton ou en terre, entourés d’une cour et séparés de la rue soit par un muret, soit par de la végétation. Les habitations sont regroupées en « carrés », et les carrés séparés par des rues, dont la plupart sont simplement en terre (quelques autres -les axes principaux- en goudron ; on les appelle d’ailleurs les « goudrons »). Quelques immeubles plus hauts (un à deux étages) s'élèvent de temps à autre;  il s'agit parfois de maisons (appartenant à des Maliens déjà assez à l’aise…) mais surtout d'immeubles administratifs, comme celui du Bice ou les écoles et lycées. Sur ce qui ressemble à nos trottoirs, bien qu’ils ne soient pas matérialisés, fleurissent les étals sauvages : vente de fruits et légumes, de bouteilles d’huile et d’essence pour les motos, etc. Et plus généralement, c’est là que les habitants du quartier se regroupent pour discuter, autour d’un thé, à l’heure du grin, et un peu n’importe quand en fait. D’où cette impression d’animation incessante dans la rue, et cette représentation de « grand village » davantage que de mégalopole.

 

Les bâtiments et quartiers officiels tranchent nettement avec les quartiers résidentiels. Les étages se multiplient, de belles allées bien entretenues y mènent, des grilles un peu travaillées les protègent, le style est moderne… Bref, c’est un autre monde, où manifestement l’argent ne manque pas. Ici les photos de ces bâtiments officiels sont interdites, on n’a pas pris le risque d’enfreindre cette règle, il faudra donc se contenter de photos prises de très loin !

 

Bamako compte 2,2 millions d’habitants, c'est-à-dire 16 % de la population du Mali (sans compter les moutons, que l'on peut voir surgir inopinément dans la moindre rue, et les ânes, fidèles tracteurs de charrettes et autres carioles) ; mais du fait de la faible concentration de l’habitat (encore que… la tradition de la « grande famille » se perpétue encore, même en ville ; certaines « cours » ou « concessions » regroupent donc plus de 40 personnes !), la ville est très étendue, de part et d’autre du fleuve Niger. Sa superficie (262 km carrés) représente plus du double de celle de Paris intra muros. D’où une impression d’espace vraiment agréable (par rapport aux cinq étages haussmanniens engoncés dans leurs compactes avenues), renforcée par la présence  d’arbres en grand nombre (bien verts en cette fin de saison des pluies). Et la désagréable sensation de devoir parcourir de longues distances pour aller quelque part (par exemple au travail !).

 

Quid des services collectifs pour ces 2 millions d’habitants ? On ne mentira pas en estimant qu’ils sont réduits au strict minimum. C'est-à-dire un service d’adduction potable traitée (oui oui, on en boit et tout va bien !) et de distribution d’électricité, dont tous les habitants ne bénéficient d’ailleurs pas.

 

Le ramassage et le traitement des déchets ? Inconnu, apparemment, au vu de l’état des rues où trônent les déchets jetés là par les habitants (le concept de poubelle semble également largement ignoré), et des odorantes décharges de plein air qui poussent comme des champignons. Tout aussi capiteux sont les égouts, eux aussi laissés à l’air libre.

 

Les transports ? Mobylette, plus rarement voiture (mais alors là, le nombre de places est plus qu’optimisé !), taxi (qui reste assez cher comparé au niveau de vie moyen), ou « Sotroma » : minibus verts aménagés de manière à pouvoir accueillir le plus de passagers possibles (20 à 30...), très économiques (50 à 100 FCFA pour aller sur l’autre rive contre 1500 FCFA en taxi !). Le problème : ils n’affichent pas leur destination… On n’a pas encore testé ! En tous cas, pas de bus, encore moins évidemment de métro ou de tram. Français, cessez de vous plaindre de la RATP ou ses équivalents provinciaux, svp !

 

La voirie ? Comme dit plus haut, quelques « goudrons », de rares passages cloutés et feux rouges, et deux ponts en tout et pour tout (pont des Martyrs, 1960, et pont du roi Fahd d'Arabie saoudite qui en fut le bailleur de fonds) pour relier les deux rives (un troisième en construction, cadeau chinois). Pour mémoire, Paris compte à elle seule 37 ponts. Tout cela explique cette circulation dont l’on ne saisit pas tout à fait la rationalité... Question d’habitude !

 

De ces observations de résidents au regard neuf nous essaierons de tirer des articles de fond plus détaillés et étayés. Mais pour ce soir, on s’arrête, le temps de mettre quelques photos en ligne pour aller ensuite suivre notre leçon quotidienne de bamanankan (langue bambara… en bambara !).

 

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mar.

06

oct.

2009

Orage bamakois

Quelques images d'un début d'orage à Bamako. Pour nous, c'est le bonheur: la température chute (dans les 20 degrés, voire moins), et ce rafraîchissement dure une bonne partie de la journée du lendemain. Autant dire que l'on attend ces orages, qui plus est assez spectaculaires, avec impatience...

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dim.

04

oct.

2009

Deux premiers jours de travail

Nous voilà à Bamako depuis presque une semaine. On commence à se familiariser un peu avec le quartier, et on passe de nouvelles étapes dans nos découvertes tous les jours ! Jeudi et vendredi, nous avons commencé le travail.

 

Pour moi (Thomas), ça a été un peu complexe : pas de contact très approfondi avec mon équipe avant le départ, aucune idée de l'endroit où se trouvaient les bureaux en arrivant… Dès mardi on a finalement appris que la DNM (Direction nationale de la météorologie) se situe vers l'aéroport. C'est à dire à un bon 20 minutes en voiture de l'appartement ! Petit souci: comment y aller ? En taxi ? C'est cher (plus de 100 euros par mois)... A pied, c'est beaucoup trop loin. En mobylette ? Comment dire... Etant donné l'application très particulière du Code de la route qui est faite par les Maliens, nous avons préféré ne pas trop réfléchir à cette solution. C'est donc en taxi que je suis parti le 1er jour... Mais soulagement : j'ai appris sur place que la DNM met à disposition de ses employés une navette aller retour depuis le centre de Bamako, laquelle, heureux hasard, passe sur l'échangeur routier juste à côté de chez nous. Ouf! Quant au travail en lui-même, c'est un peu flou pour l'instant !

En arrivant jeudi, date prévue du début de mon stage, je n'étais visiblement pas très attendu... Le directeur national (avec qui j'avais discuté) était parti en mission pour 15 jours (conférence sur le climat des Nations Unies de Bangkok). Le directeur adjoint m'a donc gentiment reçu mais n'était pas très au fait du dossier. Il m'a donc envoyé chez le directeur de la branche recherche et développement de la DNM qui m'a très agréablement reçu et écouté. Il m'a ensuite confié que lui non plus n'était pas très au courant, mais m'a indiqué qu'on allait faire un programme ensemble, bien que ce que je lui avais exposé ne corresponde pas vraiment à ce qui est fait d'habitude au sein de la DNM (structure scientifique, où seul le directeur national semble s'occuper des questions plus politiques telles les négociations internationales sur le climat). Le « programme » détaille seulement les premiers jours, ce qui me convient. Le temps que ce document soit écrit, que le directeur réalise la prévision météo hebdomadaire, qu'il fasse passer un entretien à un stagiaire malien, qu'il reçoive une doctorante, que nous discutions... je suis resté assis en face de son bureau (pendant environ 6 h !). Heureusement, j'avais un peu de lecture, mais c'était long quand même ! Il m'a ensuite raccompagné en voiture.

Le lendemain, vendredi, je devais encore passer la journée dans le service R&D, avec le directeur, pour en savoir plus sur le fonctionnement du service. Mais le directeur n'est arrivé (tard) que pour mieux repartir car il avait une réunion toute à la journée au ministère.... Il m'a donc dit, ainsi qu'à l'autre stagiaire -Abdramane-, que nous étions « free » pour la journée. Nous nous sommes installés dans un bureau et nous avons discuté (Abdramane a essayé de m'apprendre un peu de bambara). Puis nous avons pu avoir accès à internet avec mon ordinateur... Ce qui m'a permis de travailler par moi même tout le reste de la journée. En résumé : tant que le directeur national ne sera pas rentré (fin de semaine prochaine), je serai assez libre ! J'espère que tout va se préciser avec son retour.

 

Pour moi (Amélie), c'était plus facile : j'avais suivi une semaine de formation en Europe, me préparant à mes futures tâches ; en outre, d'un point de vue pratique, les bureaux de l'ONG sont situés juste en dessous de l'appartement que nous occupons, et nous avions rencontré l'équipe dès mardi, ce qui facilite la prise de fonctions !

Mon arrivée n'était donc pas une surprise pour l'équipe, qui m'a très bien accueillie. Les deux journées sont passées assez vite car il y a beaucoup à faire : remplir une demande de financement, etc etc... et comme il s'agit principalement de travail de rédaction, assez peu apprécié par l'équipe, je suis très sollicitée.

La difficulté, c'est d'avancer sur tous les points auxquels je n'ai pas de réponse ou que je ne connais pas bien (parce que je ne connais pas  encore les détails de l'activité, ni du droit malien des enfants !). D'abord parce que les membres de l'équipe sont souvent dehors pour les tournées sur le terrain. Ensuite parce qu'en l'absence du chef (ce qui était le cas vendredi), rien ne peut se faire, parce que TOUT se fait en équipe!... Les nombreuses questions que je me posais n'ont donc pas pu recevoir de réponse, il faudra attendre son retour lundi... Et puis aussi, sur une journée de 7-8 heures (on commence vers 8.30, et la « descente », comme on dit ici, se fait vers 16.30)... environ 3-4 heures sont effectivement consacrées au travail. Le reste du temps, on discute, on déjeune, on prend le thé, on fait la pause ; il ne sert à rien de se presser, on a le temps... Ça a ses bons côtés: je me sens bien intégrée, je partage le repas (repas africain: on mange local, riz sauce, ou fonio, avec un bout de viande ou de poisson, tous dans le même plat, à la main... mais je fais ma toubab: je garde ma fourchette, je trouve encore ça plus pratique pour le moment !), le thé, les discussions... Mais cela présente aussi un inconvénient majeur, par rapport en tous cas à ma façon habituelle de travailler : je me sens bien moins efficace... Enfin globalement, je suis plutôt satisfaite de cette prise de contact : j'ai la chance de travailler dans un environnement très sympathique, et je ne suis pas désœuvrée, loin s'en faut !

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sam.

03

oct.

2009

Vues depuis la colline de l'Université

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ven.

02

oct.

2009

Et une petite précision...

Vous trouverez nos réponses à vos commentaires (merci bcp ! ) à la suite des vôtres (le seul moyen que nous avons de répondre est d'ajouter nous-mêmes un nouveau commentaire).

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jeu.

01

oct.

2009

Premières images

Photos prises depuis le toit de notre immeuble, car nous n’avons pas encore osé sortir notre gros appareil photo alors que nous ne connaissons pas encore bien les gens qui nous entourent.

(Qualité moyenne afin de ne pas surcharger le site... et notre connexion !).

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jeu.

01

oct.

2009

Retour sur le mois de septembre

Septembre a été très chargé, comme une K7 qui passe en accéléré, en allant de plus en plus vite à la fin. C’est pour cela que nous n’avons pas donné de nouvelles sur ce blog, bien que les trois dernières semaines aient été particulièrement riches.

 

Nous avons tous les deux multiplié les contacts et les rendez-vous, histoire de passer du temps avec autant de monde que possible avant le départ. Nous avons aussi dit au revoir à nos familles, puis à nos amis, au cours d’une soirée sympathique. Pas facile facile, mais merci à eux tous pour leur soutien et les bons moments passés ensemble !

 

Nous avons également pris quelques leçons de bambara, avec Yan, qui connaît bien le Mali et le Burkina, et a lui-même appris la langue sur le terrain et à la fac. Il nous reste encore beaucoup à faire avant de pouvoir suivre et mener une conversation, mais nous avons pu lui poser toutes les questions restées en suspens après la lecture de notre manuel de bambara, et il nous a aussi beaucoup appris sur les traits culturels du Mali.

 

Et puis on a couru partout pour les dernières formalités et achats, du Vieux Campeur à Décathlon, de pharmacie en mairies, de centre de sécurité sociale en boutique de déblocage pour téléphone, etc… Bref, on s’est agités jusqu’à la dernière minute, d’autant plus qu’il fallait aussi vider la chambre d’Amélie pour sa future locataire, et qu’avant de pouvoir se consacrer vraiment à la préparation du voyage, Amélie a passé ses examens du CAPA (elle croise maintenant les doigts pour les résultats - le 13 octobre).

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mer.

30

sept.

2009

Arrivée à Bamako

Ca y est, nous avons posé le pied sur la terre africaine, lundi, 19.45, 30°C. Notre avion a eu un peu de retard (retard pris dès le départ, qui était d'ailleurs très folklo, entre l’attente pendant une demi-heure d’un passager qui était en train d’enregistrer son argent à la douane, puis le déchargement impromptu, juste avant le décollage, de coussins chargés par erreur dans notre avion, etc), mais rien de grave. A Orly, on s’est fait quelques petites frayeurs : une alerte à la bombe a retardé notre enregistrement, le personnel navigant d’Aigle Azur était en grève (mais notre vol maintenu, ouf !). A Bamako à l’arrivée, autre coup de stress : la personne censée nous accueillir n’était pas là… Et évidemment, nous n’avions pas les numéros de téléphone permettant de la contacter. Du coup, après avoir attendu une heure et demi, sollicités toutes les deux minutes par les chauffeurs de taxi, nous avons fini par en prendre un (une vieille Merco toute défoncée, pare-brise fendu, pas de ceintures à l’arrière – banquette réservée aux dames…) qui tant bien que mal a trouvé les locaux du BICE (« ne vous inquiétez pas, vous êtes entre de bonnes mains »… ce qui était vrai !). Après coup on a su que Djénébou, qui devait venir nous chercher, était bien sur place mais ne nous avait pas trouvés car il y a des travaux en cours à l’aéroport et 2 halls d’arrivée…

 

Bref, on est arrivés à bon port, délestés de quelques francs CFA mais entiers. Première nuit difficile, chaleur, stress qui a du mal à retomber, on n’a pas vraiment fermé l’œil. Au matin, on a retrouvé Suzanne, allemande de notre âge qui a passé 2 mois ici à réaliser une étude ethnologique sur les enfants maliens et notamment le troc des enfants. Elle nous a livré toutes sortes d’informations et nous a fait visiter le quartier… Déjà pressenti la veille au soir lors du trajet en taxi, le choc : tout est tellement loin de ce que nous connaissons. On s’y attendait, évidemment, mais c’est différent lorsque l’on prend réellement la mesure des choses. Circulation bordélique (traverser la rue relève du challenge !), des gens partout dans la rue, qui semblent attendre quelque chose (on ne sait pas bien quoi) ou vendent des petites choses (cartes de téléphone, fruits et légumes, petit bazar, …), les enfants pieds nus qui jouent et nous hèlent : « Toubab ! », la terre rouge au sol en guise de chaussée, remplacée par du goudron dans certaines rues, … On fait quelques emplettes (pain, eau) et on retourne au centre, où on rencontre l’équipe. Tout le monde est vraiment très gentil, nous souhaite la bienvenue, discute avec nous (quelques uns tentent l’échange en bambara… malgré nos quelques heures de cours, nous nous trouvons bien démunis !). Ca fait du bien !

 

Le chauffeur du Bice, Kadibou, nous emmène dans un supermarché libanais pour nous ravitailler (c’est cher mais on ne trouve pas tout dans les épiceries de quartier). On se limite au minimum (un fromage, riz, pâtes, thon en boîte, huile, vinaigre) et on complète nos achats par des fruits et légumes, chez des marchandes à proximité. On profite aussi de sa présence pour chercher des puces de téléphone, et tenter de faire débloquer celui d’Amélie : comme en France, impossible ; on achète donc un téléphone pas cher pour pouvoir communiquer entre nous  (Thomas a déjà un téléphone débloqué) et avec les Maliens sans payer les yeux de la tête. Cette fois, grâce à Kadibou, les prix que nous avons payés sont corrects. Sans lui en revanche, on se serait sans doute fait avoir ! Ici, il est nécessaire d’avoir de bon repères concernant les prix et l’un des premiers réflexes à acquérir consiste en l’apprentissage de l’art de la négociation…

 

Pour tout cela, Kadibou nous a emmenés sur l’autre rive, et nous avons donc découvert le grand marché : une fourmilière géante où l’on trouve de tout (et même des panneaux solaires !), dans un mélange de couleurs et de sons assez incroyable. Premier aperçu de la ville donc, on a les yeux grands ouverts, il y a tant à voir partout, des gamins qui portent des sacs trois fois plus gros qu’eux aux nouveaux bâtiments de la cité administrative offerte par la Lybie, de la largeur tranquille et impressionnante du fleuve Niger au panneau incongru souhaitant la « bienvenue à Alain Juppé, maire de Bordeaux »…

 

Au déjeuner, le repas nous est offert par l’équipe : riz et sauce au bœuf. Cela ressemble à un ragoût, plutôt épicé, c’est très bon (l’assiette est tellement remplie que Thomas a l’impression de gravir un Everest culinaire). Ensuite, sieste bien méritée : on s’écoule pendant deux heures. A 16.00, nous avons rendez-vous avec Kalifa, ami malien du cousin de la mère d’Amélie. Il nous emmène chez lui, où il tient une chambre à notre disposition en cas de besoin. La maison est moderne et bien équipée : électricité et eau courante, ventilation, clim, traitement anti moustique des murs, télévision avec le câble : Kalifa, qui a son entreprise de transport routier, est un homme à l’aise ici au Mali. Encore une fois nous sommes accueillis comme des rois, tout nous est proposé (utiliser la voiture de Mme si besoin, venir dormir quand on veut, venir dîner tous les soirs si on le souhaite, profiter du chauffeur pour aller au pays dogon, …). Nous sommes  invités à dîner : viande de bœuf à nouveau, frites et crudités : première rupture des ‘‘interdits’’ sanitaires au cours de ce repas -eau non embouteillée et crudités- mais comment refuser ce qui est offert avec tant de gentillesse ?! Conversation intéressante avec Kalifa sur le Mali d’aujourd’hui : religion et traditions, position du gouvernement, corruption, etc. Nous en profitons également pour observer la répartition des rôles dans la maison : Fatoumata cuisine, met la table, apporte les mouchoirs et les boissons… Et Kalifa nous accueille, discute, regarde avec nous le match Liverpool / Fiorentina. Fatoumata ne dîne pas avec nous, expliquant qu’elle ne peut pas car elle n’est pas lavée ; les garçons de la famille non plus : ils mangeront ensemble après le match.

 

Nous rentrons vers 21.30, sous un orage magnifique, changeons de chambre (nous récupérons celle de Suzanne, plus agréable, avec sa salle de bains privative), nous installons. Mise en place de la moustiquaire, douche (il n’y a pas d’eau chaude, mais quel bonheur que la douche froide par cette chaleur), et enfin repos, après une première journée bien remplie !

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ven.

04

sept.

2009

Retour aux dures réalités

Après avoir passé un mois et demi entre nos différents cocons familiaux, le retour à la vie parisienne se profile. A la clé, les dernières (mais tout de même nombreuses) démarches administratives et autres qu’il nous faut effectuer (souscription d’une assurance, procurations à donner sur les comptes, RDV médicaux divers et variés, etc), les derniers achats, quelques examens pour Amélie, plein d’amis à voir et revoir avant de partir… De quoi remplir rapidement les journées et faire monter progressivement le stress à l’approche du départ…

 

Les vacances ont été bien utiles dans l’avancée de nos lectures africaines, même si nous avons été un peu moins productifs sur la fin et que l’apprentissage du bambara a été provisoirement mis entre parenthèses, dans l’attente des leçons que nous souhaitons prendre à notre retour à Paris. Nous avons également un peu complété ce site, comme vous l’avez peut-être remarqué (cf. notre dernier article) ! Nous avons pu tester notre matériel de camping (tente, sacs de couchage, tapis de sol) : satisfecit général, mais pour le confort, on repassera !

 

Et cette semaine, Amélie a reçu une formation de l'ONG pour laquelle elle va travailler, lui permettant de mieux appréhender son rôle à Bamako, qui promet d’être passionnant et fort en émotions. Elle a également pu profiter d’une mine d’informations et de conseils pratiques plus généraux de la part de l’équipe, qui connaît bien l’Afrique pour y avoir vécu et continuer à se rendre régulièrement sur le terrain.

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jeu.

13

août

2009

En bref

Un nouvel article sur une actualité qui fait bouger le Mali en ce moment : l'adoption du nouveau code de la famille, source de progrès (suffisants ou insuffisants) pour les uns ou de destruction des traditions pour les autres...

 

Bonne lecture !

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ven.

07

août

2009

Ah, les vacances...

Voilà 3 semaines que nous avons quitté l’agitation parisienne ; après nous être mis au vert en Auvergne et avoir passé une semaine en Charente-Maritime, nous voilà dans le Finistère pour quelques jours, tout cela en famille évidemment, histoire de partager quelques moments avant la séparation (qui, mine de rien, se rapproche).

 

Nous mettons tout ce temps à profit, comme prévu, pour avancer notre projet.

 

L’apprentissage du bambara se révèle ardu : il s’agit d’une langue très différente de celles auxquelles nous sommes habitués, non seulement du point de vue du vocabulaire mais aussi et surtout de sa logique et de sa syntaxe… Nous progressons assez lentement dans notre programme de lectures diverses et variées, mais apprenons beaucoup au fil des pages. Enfin, nous relevons pour le moment sans trop de difficultés le défi de la remise en forme sportive que nous nous étions lancés : rando, canoë, footing, … Et puis aussi, une petite mise à jour du site (un nouvel article et quelques compléments à gauche à droite).

 

Bref, on progresse même si la liste des choses à faire reste conséquente…

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mar.

14

juil.

2009

Préparatifs lents mais certains...

Malgré l'absence d'information récente sur ce blog, le projet continue de faire son bonhomme de chemin. Les examens étant terminés pour Thomas et bientôt pour Amélie, les stages se finissant bientôt pour nous deux, nous allons prochainement avoir du temps pour récupérer du semestre (très chargé) et nous consacrer aux préparatifs.

 

Ces derniers continuent d'avancer : les vaccinations sont (enfin) terminées (peut-être encore la grippe A, en septembre) et les visas obtenus : une photo, l'imprimé de demande de visa, les frais administratifs, et voilà !

 

Par ailleurs, nous avons profité des soldes pour nous équiper à moindre frais pour la partie itinérante de notre projet : tentes, chaussures, vêtements, petit équipement, sacs de couchage, sacs à dos, le tout aussi léger que possible (une liste détaillée de notre matériel sera mise en ligne plus tard ; qui sait, cela pourrait s'avérer utile à certains, tout comme le sont pour nous les blogs de tours-du-mondistes divers et variés)... La générosité de ceux qui nous entourent (grands-parents, cousins, parrain, bienveillant prêteur, ...) nous a également beaucoup aidés ! Encore merci... :)

 

Pour nos sacs, nous visons l'objectif ambitieux de moins de 10 kg par personne, tout compris. Et comme nous transporterons notre maison pendant près de 6 mois, la tâche n'est pas facile. Nous nous inspirons des conseils des adeptes de la MUL (marche ultra-légère) en calibrant les objets en fonction de nos besoins (puisque nous ne serons presque jamais en totale autonomie). Nous sommes sur le bon chemin !

 

Parallèlement, nous continuons à lire à gauche à droite.

 

Et enfin, dernière info en date : parallèlement à un programme de remise en forme physique (si, si !), nous allons nous atteler à l'apprentissage du bambara (la langue la plus parlée au Mali) durant les vacances d'été, que nous allons passer auprès de nos familles respectives (en Auvergne, Bretagne et Poitou-Charentes).

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mer.

10

juin

2009

Lancement officiel

Nous avons passé un certain temps, durant les dernières semaines, à mettre en place ce site / blog. Bien qu'il soit encore très incomplet et que nous soyions très en amont du départ, nous avons choisi de le partager dès aujourd'hui avec familles et amis. Alors, on compte sur vous pour les commentaires, les idées, etc !

 

A part ça, pas beaucoup de nouvelles concernant le projet... Une de taille, tout de même: après la déception de la bourse Max Lazard - cf. post du 16 avril), nous n'avons pas obtenu non plus la bourse Paris Jeunes Aventures, bien que nous ayions été présélectionnés. Tant pis : nous aurons certes moins de sous, mais davantage de liberté dans notre organisation !

 

Sinon, pour ces derniers jours, pas grand chose de plus à raconter, car nous avons été très mobilisés par le travail, les élections européennes, etc... :)

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dim.

31

mai

2009

Quoi de neuf ?

Une visite expresse de la section Afrique du musée du Quai Branly pour Amélie : très intéressant, mais il faudra y retourner, en prévoyant davantage de temps, pour mieux explorer et en profiter.

 

Une tentative réussie de plat africain : le poulet yassa, plat sénégalais à base de... poulet, comme vous l'aurez deviné, et d'oignons. Nos papilles s'en souviennent encore :).

 

Trois nouveaux opus à ajouter à notre bibliothèque : les deux premiers, dans l'esprit Scénario catastrophe,  manuel de survie en voyage ; ou comment apprendre à, au choix, traverser une rivière remplie de piranhas, ne pas se faire voler ses bagages en passant un portillon de sécurité, échapper à une bande de rebelles armés, etc. Ou encore, comment se faire peur en découvrant toutes sortes de choses que l'on n'aurait pas imaginées... Le troisième est un beau livre sur l'art africain, source d'informations précieuses. Merci aux parents de Thomas !

 

Voilà pour les dernières nouvelles...

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jeu.

21

mai

2009

Quelques nouvelles rapides du front « Préparation du voyage »…

1) Ca y est, nous sommes passés (samedi dernier) par l’étape douloureuse des vaccins. Nous avons donc passé la matinée au centre de vaccinations internationales de l’hôpital Saint-Louis, où un charmant médecin nous a expliqué toutes les précautions à prendre pendant notre périple, et où deux infirmiers tout aussi charmants ont pris nos épaules pour terrains de jeu (quatre injections chacun, deux dans chaque épaule, un vrai bonheur).

 

Petit tour d’horizon : nous sommes donc, ou serons très bientôt, vaccinés contre la fièvre jaune, la rage, l’hépatite A et B, la méningite à méningocoques et la fièvre typhoïde. En plus de tout ça, nous avons une belle ordonnance pour nous constituer une trousse de secours « minimale » : anti-paludéens, en curatif seulement, car pour un voyage aussi long il n’est pas conseillé de suivre un traitement préventif sur toute la durée, eu égard aux effets secondaires ; en conséquence on met le paquet sur les répulsifs et moustiquaires, anti-vomitif, anti-diarrhéique, antibiotique, et autres pansements, compresses, seringues, Doliprane, etc.

 

Ouf.

 

2) Plus joyeux, j’ai fêté il y a quinze jours, au cours d’un week-end mémorable au fin fond du Finistère, mon quart de siècle, entourée par ceux des amis qui ont pu faire le déplacement. A priori, rien à voir avec le voyage…

 

Sauf que, évidemment, cette joyeuse troupe a eu l’excellente idée de m’offrir des cadeaux sur le thème « Afrique : introuvable là-bas / nécessaire là-bas », soigneusement rangés dans une caisse « camouflage ». Recensement :

 

1. une bouteille d’Insect Ecran ;

2. de la crème solaire indice 50 (nécessité absolue vu ma peau) ;

3. un gros tube de Biafine (idem) ;

4. un porte-clé répulsif anti-moustiques par ultrasons ;

5. un chargeur solaire ;

6. le guide Petit Futé du Mali ;

7. The natural guide sur le Mali ;

8. des bananes Haribo (et oui, on ne se refait pas), avec une spéciale dédicace : « à défaut d’avoir la frite, faudra avoir la banane » ;

9. une bouteille de Chardonnay (idem) ;

10. des chewing-gum / dédicace : « A ouvrir si besoin de fraîcheur… de vivre ! »;

11. clin d’œil humoristique : un Savane ;

12. un réveil Culbuto de chez Nature et découvertes ;

13. un livre de cuisine d’Afrique noire ;

14. un Aspivenin ;

15. un adaptateur ;

16. un CD de musique malienne ;

17. une bouteille de Clinogel ;

18. le livre Paris vu du ciel de Yann Arthus-Bertrand ;

19. Paroles d’Afrique, aux éditions Albin Michel.

 

Si avec tout ça, on n’est pas parés… Merci à vous les amis ! :-)

 

Et puis, dans la série « cadeaux », en sus des guides qui nous ont été prêtés, ou offerts (Routard Afrique de l’Ouest, par les parents de Thomas), nous avons reçu les Petits Futés Ghana et Botswana en guise de cadeaux de Pâques par les miens. Notre collection s’agrandit de semaine en semaine ; ne manquent plus qu’Afrique du Sud, Togo et Bénin pour être au complet !

 

Amélie

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jeu.

16

avril

2009

Rattrapage

Il est temps de rattraper le retard pris ces dernières semaines, pendant lesquelles la préparation du voyage a tout de même avancé, même si, faute de temps –le rythme du quotidien parisien étant soutenu-, nous avons été contraints de la mettre quelque peu entre parenthèses.

Les rencontres d’amis connaissant l’Afrique se sont poursuivies. Nous commençons à avoir un aperçu assez vivant de quelques uns des pays que nous allons traverser, et la liste de nos contacts sur place et ici continue de s’allonger. Nos lectures continuent également, de guides en essais et romans.

J’ai également rencontré l'équipe européenne de l'ONG pour laquelle je vais travailler ; à travers ce premier contact positif, j’ai pu mieux appréhender le contenu des actions de l’association au Mali (en direction des enfants), ainsi que les attentes de l’équipe et l’aide que je pourrai apporter à ces projets.

Nous avons aussi acheté, enfin, nos billets d’avion. La date du départ est donc fixée : le 28 septembre ! Dans cinq mois seulement à présent. Et encore beaucoup de choses à faire, de démarches administratives en vaccins, d’itinéraires en achat de fournitures, etc. !

Et puis, parce qu’il n’y a malheureusement pas que du positif, nous n’avons pas obtenu la bourse Max Lazard que nous avions sollicitée (elle n’a en fait pas été attribuée cette année, faute pour les projets présélectionnés, dont le nôtre, de correspondre parfaitement à « l’esprit de la bourse »; pour nous, le motif avancé a été le fait que nous partions à deux...). Nous essayons donc de trouver des pistes alternatives de financement (mais sans grand succès pour le moment !), en attendant les résultats de la bourse Paris Jeunes Aventure à laquelle nous avons également postulé.

Voilà donc les dernières nouvelles. On essaiera d’être plus réguliers à l’avenir (en profitant des week-ends longs jusque juin !), et de commencer à mettre en ligne des articles « de fond » sur les pays de notre périple.

 Amélie

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dim.

22

mars

2009

Prises de contact

Les dernières semaines ont été placées sous le signe des rencontres, de l'échange autour de l'Afrique. Nous essayons, en amont, de recueillir les premiers témoignages, et puis aussi quelques informations pratiques sur la vie là-bas.

 

C'est ainsi que nous avons découvert l'action remarquable de l'ASEB (Action, santé et éducation pour Bougouni) dans la ville de Bougouni au Mali, la motivation sans faille de ses membres, leur vision réaliste de la situation du pays et plus généralement du continent (plus d'infos sur l'association ici). Comme il paraît qu'en Afrique, tout est beaucoup plus simple en face à face que par email ou par téléphone, on les aidera dans leurs démarches lorsque nous serons sur place, dans la mesure de nos humbles moyens.

 

Delphine, notre amie du Facteur Céleste, nous a parlé du Burkina et de ses projets de recyclage solidaire (allez jeter un oeil ) avec les femmes de Tiébélé, autour d'un ragoût d'igname (c'est très bon l'igname, ça gagnerait à être connu!). Anecdotes, rires et enthousiasme au rendez-vous. Nous sommes repartis avec de la lecture (un magnifique guide sur le Burkina) et un porte-monnaie en plastique recyclé.

 

Enfin, nous avons discuté Mali, Afrique du Sud et Namibie (programme chargé!) avec Cyril (dont la famille est d'origine malienne et qui connaît bien le pays) et Christine (la tante d'Amélie, qui a visité Namibie et Afrique du Sud). Encore une vision différente des choses, et plein de détails pratiques en prime. A suivre, une séance photos et un prêt de guides...

 

Toutes ces reoncontres enrichissantes (qui vont d'ailleurs continuer pendant quelques week-ends) ne font qu'accroître notre envie de partir. Encore 6 mois...

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sam.

15

mars

2003

Au commencement...

... était l'idée, le rêve, et puis le partage autour de l'idée...

 

Petit à petit, cette idée s'est concrétisée, précisée, développée...

 

Pour lui donner, à présent qu'elle a bien mûri, une réalité tangible (si l'on peut dire), nous avons décidé de créer ce site internet / blog, grâce auquel vous pourrez suivre en amont, sur place et en aval le déroulement de notre projet, et y prendre part via vos claviers. On vous espère nombreux!

 

15 mars 2009, plus de 6 mois avant le grand départ: Pabajo est né!

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