Bamako de plus près, ça ressemble à quoi?

Les surprises sont à tous les coins de rue, pour nous Européens. Creusons un peu le sujet…

 

D’abord au niveau de l’habitat en tant que tel, pas de buildings comme dans nos villes occidentales, ou si peu (cf. la tour de la BCEAO). La grande majorité des habitations, en tous cas dans notre quartier et ceux que nous avons eu l’occasion de traverser, sont des bâtiments de plain-pied, en béton ou en terre, entourés d’une cour et séparés de la rue soit par un muret, soit par de la végétation. Les habitations sont regroupées en « carrés », et les carrés séparés par des rues, dont la plupart sont simplement en terre (quelques autres -les axes principaux- en goudron ; on les appelle d’ailleurs les « goudrons »). Quelques immeubles plus hauts (un à deux étages) s'élèvent de temps à autre;  il s'agit parfois de maisons (appartenant à des Maliens déjà assez à l’aise…) mais surtout d'immeubles administratifs, comme celui du Bice ou les écoles et lycées. Sur ce qui ressemble à nos trottoirs, bien qu’ils ne soient pas matérialisés, fleurissent les étals sauvages : vente de fruits et légumes, de bouteilles d’huile et d’essence pour les motos, etc. Et plus généralement, c’est là que les habitants du quartier se regroupent pour discuter, autour d’un thé, à l’heure du grin, et un peu n’importe quand en fait. D’où cette impression d’animation incessante dans la rue, et cette représentation de « grand village » davantage que de mégalopole.

 

Les bâtiments et quartiers officiels tranchent nettement avec les quartiers résidentiels. Les étages se multiplient, de belles allées bien entretenues y mènent, des grilles un peu travaillées les protègent, le style est moderne… Bref, c’est un autre monde, où manifestement l’argent ne manque pas. Ici les photos de ces bâtiments officiels sont interdites, on n’a pas pris le risque d’enfreindre cette règle, il faudra donc se contenter de photos prises de très loin !

 

Bamako compte 2,2 millions d’habitants, c'est-à-dire 16 % de la population du Mali (sans compter les moutons, que l'on peut voir surgir inopinément dans la moindre rue, et les ânes, fidèles tracteurs de charrettes et autres carioles) ; mais du fait de la faible concentration de l’habitat (encore que… la tradition de la « grande famille » se perpétue encore, même en ville ; certaines « cours » ou « concessions » regroupent donc plus de 40 personnes !), la ville est très étendue, de part et d’autre du fleuve Niger. Sa superficie (262 km carrés) représente plus du double de celle de Paris intra muros. D’où une impression d’espace vraiment agréable (par rapport aux cinq étages haussmanniens engoncés dans leurs compactes avenues), renforcée par la présence  d’arbres en grand nombre (bien verts en cette fin de saison des pluies). Et la désagréable sensation de devoir parcourir de longues distances pour aller quelque part (par exemple au travail !).

 

Quid des services collectifs pour ces 2 millions d’habitants ? On ne mentira pas en estimant qu’ils sont réduits au strict minimum. C'est-à-dire un service d’adduction potable traitée (oui oui, on en boit et tout va bien !) et de distribution d’électricité, dont tous les habitants ne bénéficient d’ailleurs pas.

 

Le ramassage et le traitement des déchets ? Inconnu, apparemment, au vu de l’état des rues où trônent les déchets jetés là par les habitants (le concept de poubelle semble également largement ignoré), et des odorantes décharges de plein air qui poussent comme des champignons. Tout aussi capiteux sont les égouts, eux aussi laissés à l’air libre.

 

Les transports ? Mobylette, plus rarement voiture (mais alors là, le nombre de places est plus qu’optimisé !), taxi (qui reste assez cher comparé au niveau de vie moyen), ou « Sotroma » : minibus verts aménagés de manière à pouvoir accueillir le plus de passagers possibles (20 à 30...), très économiques (50 à 100 FCFA pour aller sur l’autre rive contre 1500 FCFA en taxi !). Le problème : ils n’affichent pas leur destination… On n’a pas encore testé ! En tous cas, pas de bus, encore moins évidemment de métro ou de tram. Français, cessez de vous plaindre de la RATP ou ses équivalents provinciaux, svp !

 

La voirie ? Comme dit plus haut, quelques « goudrons », de rares passages cloutés et feux rouges, et deux ponts en tout et pour tout (pont des Martyrs, 1960, et pont du roi Fahd d'Arabie saoudite qui en fut le bailleur de fonds) pour relier les deux rives (un troisième en construction, cadeau chinois). Pour mémoire, Paris compte à elle seule 37 ponts. Tout cela explique cette circulation dont l’on ne saisit pas tout à fait la rationalité... Question d’habitude !

 

De ces observations de résidents au regard neuf nous essaierons de tirer des articles de fond plus détaillés et étayés. Mais pour ce soir, on s’arrête, le temps de mettre quelques photos en ligne pour aller ensuite suivre notre leçon quotidienne de bamanankan (langue bambara… en bambara !).

 

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Commentaires: 2
  • #1

    H. (mercredi, 07 octobre 2009 11:48)

    On dirait qu'il faudrait leur envoyer Bernard.
    Je le verrai bien en conseiller personnel du président (pour leurs construire quelques ponts, un SITCOM et toute la panoplie).
    Marie Jo avec, et on aura même plus un papier gras sur les trottoirs.
    ;-)

  • #2

    A (mercredi, 07 octobre 2009 17:51)

    Déjà! Ça fait 10 jours que vous êtes partis et il faudrait déjà qu'on arrête de se plaindre!
    Allez, on ne se plaint pas de vos récits en tout cas...