Sélingué

Nous avons à nouveau décidé de quitter Bamako il y a 15 jours. Cette fois, direction Sélingué, à 140 kilomètres au sud de Bamako. Départ en voiture le vendredi soir avec deux collègues d’Amélie. Nous avons réservé deux chambres dans un hôtel « écologique et convivial » recommandé par notre guide, nous réjouissant par avance de profiter de la piscine des lieux. Le trajet de deux heures sur une bonne route, bercé par RFI et une cassette de chants religieux africains, ne nous permet pas de voir grand’ chose : la nuit très noire s’étend sur la campagne alentour, tout au plus devine-t-on les villages traversés. Après quelques difficultés pour trouver l’hôtel à l’arrivée, une ou deux pancartes stratégiques manquant sur le trajet, nous sommes accueillis par le cuisinier, qui nous installe dans les chambres, simples mais agréables. Seul petit souci : le robinet de douche des collègues d'Amélie ne se referme plus… Du coup, le gérant décide de couper l’eau dans notre « bloc » de chambres et de nous faire déménager, après le dîner, dans l’autre « bloc ».

 

Dîner, prise de possession des lieux : un grand jardin calme, la piscine au fond, repos en perspective ! Petite inquiétude tout de même, un « truc » non identifié a bougé dans l’eau… On verra demain à la lumière du jour ! Un peu fatigués, nous nous apprêtons à déménager mais le cuisinier nous explique que pour nous, ce n’est pas la peine, il va faire une « petite » réparation dans la douche voisine et remettra l’eau ensuite… Trois quart d’heure plus tard, en désespoir de cause, nous finissons par nous coucher toujours sans eau, la « petite réparation » n’étant pas encore terminée. Et le lendemain matin… nous sommes réveillés à 7.00 tapantes par des coups de marteau dans le mur voisin : suite et fin de la réparation… Heureusement, ça ne dure pas longtemps et nous nous rendormons facilement.

 

Au petit déjeuner, Amélie, qui n’a pas vraiment récupéré, traverse un moment de découragement : sur la table, pas de thé ni de confiture, simplement café beurre (qui la connaît sait qu’elle ne boit pas de café et ne mange pas de beurre sur ses tartines !), et une mauvaise nouvelle : la piscine est impraticable… Eh oui, le filtre ne fonctionne plus depuis 3 mois, car des câbles ont été endommagés par un orage ; l’hôtel court après Electricité du Mali depuis tout ce temps pour qu’ils soient remplacés mais jusqu’ici, cela n’a pas payé !

La route au-dessus de la retenue d'eau (à gauche, la centrale hydroélectrique ; à droite, le lac !)
La route au-dessus de la retenue d'eau (à gauche, la centrale hydroélectrique ; à droite, le lac !)

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous prenons la voiture pour aller découvrir les alentours. Au programme : le barrage, le lac et les villages bozo autour du lac (les Bozos sont une ethnie de pêcheurs). Après la traversée de Sélingué ville, calme et tranquille, avec ses échoppes le long du goudron, la route continue au milieu des rizières pour arriver directement à la retenue d’eau. Le barrage hydroélectrique, construit en 1978 sur la Sankarani (affluent du Niger), produit environ 30% de l’électricité malienne (puissance de 46 MW) et alimente notamment les villes de Bamako et Koulikoro. Dans la mesure où nous nous sommes sagement conformés à l’interdiction officielle de photographier le barrage, il faudra vous contenter de la vue aérienne depuis google maps, à laquelle nous joignons tout de même une photo de près trouvée sur un autre site. Le lac quant à lui est vraiment immense, avec ses 409 kilomètres carrés d’eau. Outre les ressources halieutiques exploitées par les pêcheurs Bozo, il facilite la riziculture au sein de l’Office du développement rural de Sélingué (mise en place de périmètres aménagés, etc).

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Une fois sur l’autre rive, nous décidons d’aller visiter le Woloni, structure hôtelière située les pieds dans l’eau. L’endroit est vraiment agréable, conçu par un ardéchois d’origine, qui a posé ses valises ici après avoir ouvert puis revendu d’autres structures du même type au Burkina et ailleurs au Mali. Après avoir passé un moment sympathique dans le salon / restaurant sur pilotis et visité l’une des chambres-cases, nous repassons le barrage et nous dirigeons vers un des villages bozo dont le gérant de l’hôtel a parlé. Contrairement aux habitations bamakoises et même à celles de Baguinéda, les constructions sont ici fréquemment en banco (plus d’infos sur la construction en terre dans notre article sur ce sujet), et rondes. On parvient souvent à reconnaître les revenus d’une famille à sa maison : les familles les plus nécessiteuses vivent dans des maisons en banco au toit de paille ; lorsqu’elles sont plus aisées, la tôle remplace la paille ; les familles plus riches font construire en ciment et tôle…

 

Arrivés dans le village, nous nous arrêtons au port. Ce dernier, réalisé dans le cadre d’un vaste projet de développement des ressources halieutiques financé par un prêt de 5,2 millions de dollars octroyé par la banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), doit comprendre à terme une rampe d’accostage, une esplanade de nettoyage du poisson, une chambre froide et une unité de production de glace, un centre de nettoyage, de tri et de conditionnement du poisson et une unité de fumage et de séchage du poisson. Nous n’avons pour notre part vu qu’une assez grande esplanade en béton, jouxtant un hangar en béton lui aussi, sommairement aménagé pour le nettoyage et le conditionnement du poisson, et un peu plus loin, ce qui devait être la chambre froide / unité de production de glace. L’ensemble n’est pas encore en fonction : aucune débarquement ni traitement de poisson, aucune vente ; seuls des enfants jouent dans l’eau, quelques jeunes filles lavent le linge, un piroguier transfère des rondins de bois d’une pirogue joliment peinte à une autre (il nous explique que ce bois servira à fabriquer les figures de proue / poupe de sa pirogue).

Les collègues d'Amélie restent sous le hangar, et nous en profitons pour aller découvrir, à deux pas, le marché traditionnel de poisson, formé de petits étals abrités sous des cabanes en bois. A la vente, beaucoup de friture. Comme toujours, les gens sont très gentils, nous saluent, on discute quelques minutes… Mais nous ne sommes pas très à l’aise : l’arrivée en voiture nous rend difficile le contact avec les gens car nous avons l’impression de faire partie de ces touristes en 4x4 qui s’extasient 10 minutes sur un endroit avant de vite repartir pour le prochain arrêt de leur tour organisé ; de surcroît les collègues nous attendent, nous ne disposons donc pas du temps nécessaire pour prendre le temps comme nous le souhaiterions… Nous rejoignons donc rapidement nos compagnons, qui discutent de la pêche locale : malheureusement, les alevins pris dans les filets ne sont la plupart du temps pas relâchés, ce qui risque évidemment à terme de poser le problème de l’extinction des poissons vivant dans le lac. Des instructions sont pourtant données dans l’objectif de sauvegarder les espèces (contrôle des équipements de pêche  et du respect des saisons de pêche notamment). La question est celle de l’efficacité de ces instructions et de la réalité des contrôles… Certains problèmes sont universels !

 

Après cette excursion, retour à l’hôtel, déjeuner / goûter de bananes, repos, lecture dans le jardin. Puis nous décidons tous les deux d’aller nous promener dans Sélingué ville. Plus tôt en voiture, nous sommes passés devant un bâtiment abritant le « projet d’extraction de gaz à effet de serre ». Thomas est évidemment très intéressé, mais une fois devant le bâtiment, nous nous rendons compte que manifestement, le projet a déménagé : une famille vit ici au grand complet. Nous posons tout de même la question ; du coup tous les enfants de la maison sortent pour voir ces toubabs qui se sont arrêtés pour discuter avec leur mère. Dialogue franco-bambara-gestuel : notre intuition est confirmée, le projet n’existe en fait plus du tout sur Sélingué… Après avoir salué, nous reprenons notre paisible balade : quelques chèvres, des enfants, les salutations habituelles, une discussion avec des vendeuses de fruits et légumes, puis un quart d’heure passé avec des footballeurs en herbe qui nous invitent à les regarder… Et retour à l’hôtel pour une soirée au calme avec nos amis, devant un bon poulet grillé et le match Irlande France (dire qu’il faut que nous soyions au Mali pour regarder les matchs de foot !).

Le lendemain matin, après un petit déjeuner au soleil (le luxe en plein mois de novembre, héhé), nous quittons l’hôtel. Nous découvrons les rizières et autres plantations voisines (bananes, papayes, …) en voiture. Puis, direction le Woloni, à nouveau, où nous avons décidé de tester la cuisine. L’apéro au calme sur le lac est suivi d’un excellent déjeuner (méchoui d’agneau, gratin de pommes de terre fondant à souhait et gratin de papaye). Nous pensions ensuite profiter du début d’après-midi pour une baignade dans le lac ou dans la piscine… Ca ne sera malheureusement pas possible, les collègues d'Amélie souhaitant manifestement ne pas rentrer trop tard à Bamako. C’est à regret que nous abandonnons les lieux et reprenons la route vers la capitale…

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