Hiver à Bamako

L’hiver s’est déclaré en Europe… Ici aussi ! L’harmattan, ce vent froid venu du Nord, souffle sur Bamako depuis deux jours, charriant d’innombrables particules de poussière rouge qui s’insinuent dans le moindre interstice, même fenêtres fermées… Le matin, tout le monde arrive au travail emmitouflé dans des châles, des pulls, des gants… Drôle d’ambiance ! Cela n’empêche pas le thermomètre de dépasser allègrement les 30 degrés dans l’après-midi…

 

Nous voilà en effet arrivés dans la saison froide, qui s’étend ici de décembre à février. Ensuite, les températures remontent en mars, avril, juin, pour la saison chaude (le mois d’avril est, paraît-il, terrible !). Puis de juillet à septembre, la saison des pluies vient abreuver les terres desséchées, remplir le lit du Niger, faire pousser la végétation… Octobre et novembre sont quant à eux les mois de la « petite saison chaude » (on l’a sentie passer à notre arrivée !), marqués encore par quelques pluies orageuses rafraîchissantes. Et c’est ensuite reparti pour un tour…

 

Les 16 à 17 degrés matinaux actuels sembleront sans doute très agréables à la plupart de nos lecteurs subissant les rigueurs de l’hiver européen. Mais ici, ils sont véritablement ressentis comme froids, même par nous qui ne sommes là que depuis 2 mois et demi (notre organisme s’est habitué) ; sensation d’autant augmentée par les variations de température quotidiennes (imaginez-vous subir les mêmes en France…).

 

En réalité, il ne s’agit pas que d’une sensation ; pour preuve, les rhumes, bronchites et grippes sont légion en ce moment (pour le moment pas entendu parler de cas de H1N1 :-) ). Plus grave, les particules de poussière et de sable véhiculées par l’harmattan amplifient les infections de méningite à méningocoque observées dans les pays sahéliens (zone encore appelée « la ceinture de la méningite » par les scientifiques). D’après les chercheurs de l’IRD : « Durant cette période, les particules de poussière [que l’harmattan] transporte combinées au rafraîchissement des nuits favorisent les infections des voies respiratoires. La muqueuse nasale des habitants de la zone sahélienne ainsi fragilisée, le risque de méningite augmente de manière significative au sein de la population ». Et plus le vent souffle fort, plus le risque s’accroît… A noter à cet égard que les effets du changement climatique sur la santé humaine sont un des éléments discutés et pris en considération dans le cadre des actuelles négociations à Copenhague.

 

L'incidence moyenne de la maladie dans la ceinture de la méningite s'élève à 100-800 nouveaux cas pour 100 000 habitants (à comparer  à celle de la France, inférieure à 1 pour 100 000). Evidemment ici, les vaccins les plus récents, qui couvrent les différentes souches de la maladie, ont un « prix élevé et une disponibilité limitée » ; en outre les enfants de moins de 2 ans ne peuvent être vaccinés car ils ne peuvent fabriquer les anticorps adaptés… D’où des campagnes de vaccination de masse limitées aux phases épidémiques, dans les zones touchées et les zones voisines. D’après l’OMS, si une telle campagne est menée rapidement, 70% des cas peuvent être évités. Restent 30%...

La ceinture de la méningite
La ceinture de la méningite

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Commentaires: 1
  • #1

    Geoffrey (lundi, 23 juillet 2012 06:24)

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