Arrivée au Bénin

[Edit : on a eu quelques difficultés à mettre ce texte en ligne, donc il arrive un peu défraichi ! Par ailleurs on a ajouté quelques photos à nos comptes rendus de visites de projets au Burkina (la suite arrive, à petites gouttes !]

 

Nous voilà au Bénin. La dernière fois que nous avons écrit, c'était depuis Ouaga, où Alex nous a accueillis pour nos deux dernières nuits. Nous avons profité de notre dernière journée sur place pour rencontrer M. Philippe Yoda, vétéran de la guerre contre le plastique : il se bat depuis plus de 20 ans pour lutter contre les conséquences de l'usage immodéré des sachets et pour conscientiser les populations et leurs dirigeants sur ce fléau. On en parlera plus longuement dans un article consacré au plastique. Nous avons aussi, entre autres choses, visionné un film consacré à Thomas Sankara. Absent des livres scolaires français, c'est pourtant le Che Guevara africain, visionnaire à bien des égards même si la politique qu'il a menée n'était pas exempte de toute critique. Amertume de constater que, plus de 20 ans après, celui qui l'a assassiné est encore au pouvoir, avec le soutien de notre pays...

 

Nous avons passé la frontière dimanche, sans encombre.

 

Alors le Bénin, comment c'est ? Jusqu'ici, assez différent des pays que nous venons de quitter. Petit pêle-même... D'abord, c'est plus au Sud : il fait donc plus doux (mille fois ouf !), mais aussi plus humide... Beaucoup de vert (il y a de l'HERBE !) – la saison des pluies a débuté (du coup nous avons aussi décider de commencer notre traitement anti palu). Nous avons d'ailleurs fait l'expérience d'un orage assez violent avant-hier : lorsque le vent souffle, il arrache les toitures de tôle sans souci. Au niveau des paysages toujours, nous sommes dans une zone montagneuse – çà change de la brousse plate s'étendant à perte de vue. Les gens sont sympas, mais beaucoup plus réservés qu'au Mali et même au Burkina. Les constructions sont différentes, les toits pointus à la française ont remplacé les toits plats à la sahélienne, mais les murs restent de terre ou de ciment – suivant les moyens. Les routes sont plutôt en bon état, les conducteurs de motos mettent davantage des casques. Les zems (taxis-moto) ont fait leur apparition, avec leurs gilets verts et jaunes numérotés. Les hommes s'habillent plus souvent qu'au Burkina en boubou, mais en cotonnade wax et non en bazin comme au Mali (une Burkinabée nous a expliqué, à propos des Maliens : « Là-bas, c'est la sape, comme on dit ! » - et c'est vrai que les Maliens, et surtout les Maliennes, du moins ceux qui en ont les moyens, peuvent dépenser des sommes importantes pour un boubou, surtout pour les fêtes, et pour leurs coiffures...).

 

Et sinon qu'avons-nous fait ? Nous sommes restés 2 jours à Tanguiéta, au nord du pays, où nous avons rencontré les représentants de l'U-Avigref (Union des associations villageoises de gestion des ressources en faune) qui nous ont parlé de leurs différents projets, notamment celui pour lequel nous étions venus : le développement de la culture d'un coton biologique et équitable – en lieu eu place du coton conventionnel utilisé autrefois. Nous avons également pu discuter avec des groupements de producteurs dans les villages de Batia et Tanangou (compte rendu à venir !).

 

Moumouni, agronome de son état, travaillant pour l'Avigref, nous a très gentiment invités à dîner un soir, pour partager un repas traditionnel : pâte rouge, pâte blanche et leurs sauces. La pâte rouge est une sorte de tô, mais elle est assaisonnée, mélangée avec de la sauce tomate, et accompagnée d'une sauce tomate / oignons. C'est vraiment bon – en tous cas on a aimé. La pâte blanche est une pâte faite avec l'amidon d'igname et de manioc. C'est plus fade, mais accompagné de la sauce, ça devient agréable. Et, nouveauté, dans la sauce, les Béninois du Nord mettent des morceaux de fromage de vache, un genre de mozzarella coupé en cubes, frits et donc ajoutés à cette sauce.

 

Nous avons ensuite passé une journée dans le village de Koussoucoingou, vers la frontière avec le Togo. C'est un éco village qui reçoit l'assistance d'Eco-Bénin, une ONG qui a développé son modèle d'écotourisme et que nous devons rencontrer lorsque nous arriverons à Cotonou. Nous nous sommes dit qu'il serait intéressant, au lieu de n'en discuter que dans un bureau, d'aller voir directement sur le terrain ce que ça donnait... Nous avons donc eu l'occasion de découvrir les tatas, habitations traditionnelles du pays somba, et même d'y dormir ; nous avons également fait un parcours découverte autour du village, à la découverte de la flore (essentiellement) et en passant à côté des cachettes des habitants de la zone pendant la période coloniale, pour éviter les travaux forcés (construction de la route coloniale, transport de bottes de paille vers Natitingou, à 35 km de là, sur la tête évidemment...).

 

Nous avons quitté le village ce matin pour Natitingou justement – où nous sommes arrivés tant bien que mal, dans une Peugot 504 où nous étions 15 (plus des chaises et quelques kilos de céréales sur le toit, évidemment), qui est tombée en rade d'essence au milieu du parcours... L'apprenti a été envoyer chercher 2 litres qu'il a trouvés on ne sait où, pendant que le chauffeur essayait de réamorcer le moteur... avec sa bouche. C'est une étape tranquille, pas de visite, juste un peu de repos avant de repartir demain vers le Sud ; nous commençons à accumuler un peu de fatigue car nous nous levons tôt, nous couchons pas si tôt que ça, et ne dormons pas toujours très bien...

 

Voilà voilà, quelques premières impressions sur ce nouveau pays pour nous.

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Commentaires: 2
  • #1

    christine (vendredi, 07 mai 2010 14:00)

    Je n'arrive vraiment pas à comprendre ce que je dois voir sur la photo n°3:
    Sorte de termitiaire avec un "truc" sur le dessus?

  • #2

    A&T (vendredi, 07 mai 2010 19:49)

    C'est ce qu'on appelle un fétiche, protecteur de la maison et de ses habitants. On y fait des sacrifices de poulets blancs (le fétiche boit le sang, la viande est mangée par les habitants). Alors gare aux mauvaises interprétations !