Lomé et plus largement

[edit : mise en ligne d'un article sur la technique du bronze à la cire perdue]

 

Nous voilà à Lomé, capitale du Togo. Arrivés mardi, après un trajet en taxi partagé avec Benoît et une Béninoise fort désagréable, qui nous a quittés en cours de route parce que les formalités à la frontière prenaient trop de temps à son goût... Route assez agréable, en bordure de côte : palmiers et mers à l'horizon, quelques lacs et villages lacustres avec leurs maisonnettes comme posées au milieu de l'eau. Traversée de Ouidah, ville historique, d'où partaient les esclaves du Bénin. Nous devions y passer la journée de lundi à la faveur d'un de nos rendez-vous, mais excursion et rendez-vous furent annulés en raison de l'orage dru qui s'abattit toute la matinée sur Cotonou et ses environs. Par conséquent, pour nous pas de maisons afro-brésiliennes des descendants d'esclaves revenus à la recherche de leurs racines, pas de marche le long de la route des esclaves, avec ses arbres du l'oubli et du retour : juste une traversée dénuée de sens – point de repère historiques le long du goudron... Aléas du voyage...

 

En arrivant à Lomé, surprise : une vaste zone franche s'étend à l'est de la ville. Jamais vu une telle concentration d'industries en Afrique de l'Ouest. Il paraît que le Ghana en compte encore davantage – ne parlons pas du Nigéria. La cimenterie en particulier est impressionnante. Après en avoir discuté avec plusieurs personnes et lu un peu sur le sujet, il semble que cette zone franche, destinée à attirer les investissements étrangers, bénéficie d'un statut assez particulier : exemption des taxes et impôts à l'importation et à l'exportation pour les produits qui y sont fabriquées et les matières premières nécessaires à leur fabrication, interdiction de constituer des syndicats, rémunération horaire du travail parmi les plus basses au monde...

 

La ville quant à elle, pour ce que nous en avons vu, est relativement agréable. Nonchalante, par rapport à sa voisine béninoise si frénétique. Circulation bien moins dense, urbanisation plus aérée, retour de la verdure, moins de pollution, quelques degrés en moins aussi. On apprécie. Quelques grands immeubles en centre ville, notamment l'hôtel du 2 février (date du retour à Lomé de l'ancien chef d'Etat, le général Eyadéma, après un accident d'avion). Il faut dire qu'ici, pas mal de noms de rues ou d'immeubles sont liés à l'histoire personnelle du Général Président. Quand ils ne sont pas des vestiges de la colonisation (avenue du Général de Gaulle, avenue Pompidou, avenue Mitterrand – on n'a pas trouvé l'avenue Chirac mais elle doit bien exister ! ça fait un peu bizarre, tout de même...).

 

Pour le reste, il y a quand même pas mal de ressemblances avec la grande sœur de l'Ouest : ces petites lampes à pétrole qu'on ne voyait pas chez les voisins sahéliens, qui s'allument comme autant de lucioles à la tombée de la nuit pour éclairer les échoppes de bord de route ; l'apparition des « pavés », en plus des traditionnels « goudrons » ; les « yovos, yovos ! » qui fusent à chaque coin de rue (et plus « toubabou » comme au Mali et au Burkina) ; la plage, sans ombre bien que bordée par quelques palmiers, déserte en semaine et où il est dangereux de se baigner à cause des courants très forts ; les traditionnels panneaux d'ONG à tous les coins de rue, qui s'occupant des droits des enfants, qui de la lutte contre le sida, la rougeole ou la polio, qui de l'accès à l'énergie, de la microfinance, etc etc. Il y en a tellement, et pourtant les pays sont dans des situations encore tellement difficiles... D'où vient le problème ?...

 

Il y a aussi les messages de sensibilisation diffusés à grande échelle sur des panneaux publicitaires, qui traduisent bien les problématiques auxquelles les pays sont confrontés : « Je n'attrape pas le SIDA en mangeant avec une personne séropositive », « Et si cette homme couchait avec votre jeune fille ? Alors, pourquoi couchez-vous avec sa jeune fille ? Il est temps de faire cesser ces pratiques dangereuses », « Parlons de sexualité avec nos enfants pour une vie responsable et épanouie » (message qu'on ne pourrait sans doute pas diffuser à l'heure actuelle dans un pays comme le Mali par exemple) …

 

Et à côté de ces panneaux, les pubs : pour les grandes compagnies de téléphone (dont le capital est détenu pour partie voie majoritairement dans certains cas... par le groupe France Télécom) et leurs cartes prépayées – qui coûtent, au Togo comme au Burkina, une fortune par rapport aux revenus des gens ; pour des produits de soin et notamment des produits éclaircissants pour la peau ; pour la coupe du monde de football ; pour des places d'avion vers l'Europe... Comme chez nous, le « rêve » et le besoin de consommation sont savamment entretenus. La télévision participe évidemment au mouvement général, diffusant les journaux de France 2 sur les chaînes nationales (vous imaginez ça en France ?...), ou des séries – TV novellas brésiliennes ou mexicaines, séries indiennes type Bollywood) – abrutissantes et donnant à voir une irréalité faite d'argent, de trahisons, d'amour, d'armes, d'océan... C'est Dallas puissance 100... Sinon, on peut regarder les DVD chinois vendus 1000 ou 1500 francs dans la rue : en tête de palmarès, films et séries américaines ou asiatiques, souvent d'action, que les TV diffusent en continu – car quand on a une télé, il est inconcevable de l'éteindre...

 

Et voilà comment un article censé vous raconter ce que nous avons fait de nos dernières journées se transforme au fil de l'écriture en un condensé quelque peu subjectif de nos impressions au fil des jours et des découvertes... La suite au prochain billet !

 

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    agnès (lundi, 24 mai 2010 16:52)

    Et l'avenue Sarkosy ? Peut-être pour fêter le cinquantenaire de l'indépendance de l'Afrique ? lol...