Page tournée

Nous avons quitté l'Afrique de l'Ouest. Ça y est. Après 10 mois, nous avons changé de latitude (et presque de continent, il faut bien le dire !); une page se tourne...

 

Derrière nous, nous laissons comme une toile d'araignée : des amis, des contacts, reliés entre eux par un fil plus ou moins solide, et dont nous serions le point de connexion. Nous avons partagé le quotidien, ou simplement rencontré et échangé, avec des dizaines de personnes, familles, couples, célibataires, Noirs, Blancs, métisses, riches, pauvres, engagés ou non, ruraux ou urbains... Chacune de ces rencontres a été un enrichissement, à tout le moins un apprentissage ; chacune nous a donné à mieux comprendre les réalités des 5 pays que nous avons traversés – quand bien même nous n'avons fait qu'effleurer un certain nombre d'entre elles. Tous ont pris le temps de nous recevoir, de discuter avec nous, de partager simplement un moment, une plaisanterie, une confidence. Nombreux furent les rires et les sourires, incroyable la gentillesse dont ils ont fait preuve à notre égard, chaleureux l'accueil dont nous avons bénéficié...

 

Nous laissons les nombreux projets et dynamiques, rencontrés dans des champs aussi divers que la défense des droits humains, l'architecture, l'agriculture, l'éco-tourisme, la lutte anti-corruption, le développement durable / la protection de l'environnement, le développement communautaire... Avec les moyens du bord, le plus souvent faibles et inadaptés, des hommes et des femmes engagés essaient de – et parfois parviennent à – faire avancer leurs communautés, leurs pays. Nombreuses sont les difficultés, au rang desquelles la corruption généralisée, le manque de compétences, mais aussi de moyens matériels et financiers, les problèmes de communication, le climat, … Cela rend les réussites (même si elles sont rares) et les progrès (même s'ils sont lents) d'autant plus admirables. On leur souhaite bonne chance à tous, s'ils nous lisent.

 

Nous laissons les 5 territoires traversés, tous différents les uns des autres. Vous qui nous avez lu, vous en êtes sans doute rendu compte : on ne peut pas parler d'une seule Afrique, comme le font souvent les Européens. « Alors, comment c'est l'Afrique ? ». Impossible de répondre à cette question réductrice. Chaque pays d'Afrique est différent de son voisin, chaque région d'un pays africain est différente de sa voisine. Viendrait-il à l'idée d'un Européen de comparer Suède et Italie, de mettre dans le même sac Alsace et Languedoc ? Nous avons vu 5 capitales, de la bourdonnante Cotonou à la moderne et gigantesque Accra, en passant par le village poussé trop vite de Bamako. Nous nous sommes retrouvés dans des forêts luxuriantes, dans la brousse sèche et aride, nous avons grimpé des plateaux granitiques presque déserts, suivi des côtes aux vagues vengeresses ou plus douces. Nous avons connu une chaleur sèche et terrible dans les pays sahéliens, humide et lourde plus au Sud, dans les régions tropicales ; et le dégoulinement permanent, fatiguant, qui va avec. Et pourtant, nous gardons l'impression de ne rien connaître de ce morceaude continent, tant il est vaste, divers et complexe.

 

Nous laissons les couleurs vives, irradiées d'un soleil omniprésent ; le bruit incessant même la nuit (circulation, voix et rires ; radios, télés allumées chez les gens mais dont le bruit porte jusqu'à la rue, absence de fenêtre oblige ; cris d'animaux domestiques en tous genres ; muezzin, chants catholiques et prêcheurs de rue...) ; les senteurs multiples, agréables ou désagréables ; les vendeurs de rue et échoppes ouvertes tard dans la nuit ; bref, nous quittons ce monde où tous vivent à l'extérieur du fait de la chaleur et du manque d'espace.

 

Nous laissons les regards interrogateurs (qu'est ce que tu viens faire ici ?), les « Toubab / Yovo / Obwoni... », la curiosité spontanée, sympathique ou intéressée, manifestée par les Africains de l'Ouest pour ce couple de Blancs... En Afrique australe, nous ne serons plus les seuls au milieu de la foule, nous nous fondrons davantage dans la masse. Nous retrouverons un certain anonymat reposant.

 

Nous laissons aussi les caniveaux à ciel ouvert (quand ils existent), les amoncellements de déchets et décharges sauvages implantées au milieu des habitations, l'eau non potable, le paludisme (présent tout de même au Nord de l'Afrique australe), les délestages et coupures d'eau ; en bref, nous gagnons une partie du continent plus développée (ce qui ne veut pas nécessairement dire mieux développée).

 

A la fois pincement au cœur et envie de découvrir, encore et toujours. Pensées tournées vers celles et ceux grâce à qui on a aimé le Mali, le Burkina, le Bénin, le Togo, le Ghana... et vers la suite, les rencontres à venir, les contacts à activer. Nostalgie et envie. Ainsi va la vie...

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Commentaires: 1
  • #1

    Sébastien V (lundi, 21 juin 2010 20:43)

    Hé bah...

    Tant de témoignages, d'images et d'histoires...

    Tout cela remarquablement raconté sur ce blog, c'est tout simplement superbe !

    Bravo pour ce voyage et ces rencontres, on attend avec impatience les récits de vos nouvelles aventures de ce côté de l'Afrique!

    A bientôt !