Gastronomie du Mali

Eh oui, 6 mois en Afrique déjà et nous vous avons à peine parlé de ce qu'on y mange... Voilà un article pour nous rattraper.

 

Au Mali, la base des repas, ce sont les céréales : sorgho et mil principalement, maïs aussi ; dans les villes s'y ajoute le riz, extrêmement consommé.

 

Le plat traditionnel est le tô, que l'on peut préparer à base de mil, de sorgho ou, plus rarement, de maïs. C'est une sorte de pâte qui se consomme très chaude ; en termes de texture, cela rappelle un peu la polenta ; le goût est assez peu marqué, mais le plat est servi avec une sauce qui permet de l'agrémenter, à base de gombo (ça ressemble à une petite aubergine aplatie au goût très amer) ou de feuilles de baobab (préférée par Amélie). Dans les deux cas, la texture très visqueuse est plutôt rebutante pour nous les toubabous ; mais on en a toujours mangé lorsqu'on nous en a offert : si on séjourne dans des villages, il est probable que nous n'aurons pas d'autre choix ! Dans d'autres pays et notamment en Côte d'Ivoire, on prépare aussi le tô à base de manioc, que l'on ne trouve pas ici.

 

Dans les campagnes, on mange aussi pas mal d'autres plats à base de mil, avec parfois un peu de viande ou de poisson. Très rarement des fruits et légumes.

 

En ville, l'alimentation est plus diversifiée. Beaucoup de plats sont préparés à base de riz et accompagnés de sauce. Et des sauces, il y en a beaucoup ! Il y a la sauce arachide, à base de pâte d'arachide. Nous, on a bien aimé et ça tombait bien car Thomas, en tant que Keïta, était censé être un « mangeur d'arachide ». Il y a la sauce saka saka, à base de feuilles de patates ; ça ressemble un peu à des épinards et c'est plutôt bon. Il y a la sauce aux oignons ou sauce yassa, qui vient du Sénégal et qui est aussi beaucoup faite au pays dogon (puisque c'est là bas que l'on cultive l'oignon – en réalité l'échalote) ; on a aussi apprécié, c'est doux...

Le riz est aussi servi en riz au gras (équivalent du tiep bou diem sénégalais), sorte de riz pilaf avec de la viande ou du poisson et quelques légumes ; bien que le nom ne soit pas très alléchant, c'est vraiment bon si c'est bien préparé.

 

En dehors du riz, on mange de l'igname, en sauce (à la tomate). Ça ressemble à de la pomme de terre, en plus fondant. Ou du fonio, céréale très fine (proche de la semoule de blé), agrémenté lui aussi de sauce à la tomate. Ou encore du haricot rouge (difficile à digérer pour nous...).

 

Et puis il y a les grillades, de poulet (poulet-bicyclette : le poulet maigre, le poulet des campagnes maliennes, qui arrive en ville accroché avec une douzaine de congénères, la tête en bas, de part et d'autre d'un vélo : par opposition au poulet-avion, ou poulet de chair, importé d'Europe !), de bœuf, de capitaine (poisson du fleuve, très consommé), de mouton, en général très bonnes. On les accompagne de frites de pommes de terre, de spaghettis (ici toutes les pâtes sont appelées « macaronis » et sont en général très très cuites), d'allocos (bananes plantain sautées : c'est délicieux mais rapidement écœurant, à force d'en avoir mangé, Thomas ne peut plus en avaler...), d'attiéké (couscous de manioc, en provenance de la Côte d'Ivoire), ...

 

Pour l'assaisonnement, le cube Maggi est utilisé à tire larigot. A tel point que cela devient un vrai problème de santé publique, car à force d'en manger à toutes les sauces (c'est le cas de le dire), les Maliens développent de l'hypertension... Et il y a le fameux piment, tout rouge, très dangereux malgré sa petite taille. Et beaucoup, beaucoup, beaucoup d'huile... Pas facile de faire un régime dans tout ça, comme le disent beaucoup de Maliennes.

 

Peu de desserts en dehors des fruits : pastèques, papayes, ananas, bananes, mangues, oranges. De toutes façons, à la fin du repas, on est souvent incapables d'avaler autre chose !

 

Au petit déjeuner, certains se sont convertis au pain beurre occidental. Mais la majorité prennent de la bouillie de mil, ou des galettes de mil, ou encore du pain / foie (miam...).

 

Au niveau des boissons, les jus traditionnels sont appréciés : bissap (à base d'hibiscus ou oseille de Guinée), jus de gingembre (plus ou moins fort, selon les goûts), jus de tamarin (proche de la pomme), jus de zira (fruit du baobab, également appelé pain de singe)… Il y a aussi les jus de fruits, évidemment : papaye, goyave, ananas essentiellement. Et les « sucreries » internationales (coca, sprite, fanta, …) et moins internationales (djino pomme ou pamplemousse, tonic : sortes de limonades aromatisées).

 

Et le thé, le fameux thé à la malienne dont la préparation est tout un art, jonglerie entre les 2 théières, importance de la mousse, du bon dosage de sucre, avec ou sans menthe... La particularité, est que le thé se boit en 3 fois, puisqu'une même dose de thé est infusée 3 fois. Le premier thé est «amer comme la mort », le deuxième « doux comme la vie » et le troisième « sucré comme l'amour »...

 

Tout ça est souvent très bon, bien que les plats n'atteignent pas le raffinement de la gastronomie française. Mais c'est aussi très très gras : au bout d'un moment, on sature et ça fait du bien de retrouver une bonne ratatouille ou simplement une salade de crudités.

Bogolan

 

Pendant notre voyage à l’intérieur du Mali au moment de Noël, nous avons fait escale à Ségou, ville riche de nombreuses traditions. Parmi celles-ci, l’art du bogolan. Kesako ?

 

En bambara, bogo = argile et -lan : résultat. Bogolan signifie donc, littéralement, « le résultat de l’argile ». En effet, la technique du bogolan permet de teindre des fibres végétales en utilisant de la terre, grâce à une oxydation entre le sulfate de fer contenu dans la terre et les tanins acides des teintures végétales traditionnelles ; originaire du Mali, elle est pratiquée par les populations bambara, dogon, minyanka et sénoufo.

 

Pour la petite histoire, cette réaction aurait été découverte par la femme d’un chasseur : ce dernier, revêtu de sa tunique de chasse ocre, aurait mis les pieds dans un marigot pour y rechercher sa proie abattue ; en en sortant, il aurait constaté que sa tunique était couverte de traces noires ; et son astucieuse épouse aurait à force de réflexion trouvé la source de ces traces, à savoir l’argile provenant du marigot.

 

Le bogolan fini (vêtement bogolan, puisque « fini » en bambara = tissu) s’obtient en plusieurs étapes.

Pendant notre voyage à l’intérieur du Mali au moment de Noël, nous avons fait escale à Ségou, ville riche de nombreuses traditions. Parmi celles-ci, l’art du bogolan. Kesako ?

 

En bambara, bogo = argile et -lan : résultat. Bogolan signifie donc, littéralement, « le résultat de l’argile ». En effet, la technique du bogolan permet de teindre des fibres végétales en utilisant de la terre, grâce à une oxydation entre le sulfate de fer contenu dans la terre et les tanins acides des teintures végétales traditionnelles ; originaire du Mali, elle est pratiquée par les populations bambara, dogon, minyanka et sénoufo.

 

Pour la petite histoire, cette réaction aurait été découverte par la femme d’un chasseur : ce dernier, revêtu de sa tunique de chasse ocre, aurait mis les pieds dans un marigot pour y rechercher sa proie abattue ; en en sortant, il aurait constaté que sa tunique était couverte de traces noires ; et son astucieuse épouse aurait à force de réflexion trouvé la source de ces traces, à savoir l’argile provenant du marigot.

 

Le bogolan fini (vêtement bogolan, puisque « fini » en bambara = tissu) s’obtient en plusieurs étapes.

 

Tout d’abord, l’étoffe est plongée dans des décoctions de plantes qui vont la colorer, et séchée au soleil. Plusieurs plantes sont utilisées, pour obtenir diverses  couleurs : le lannea microcarpa (raisin sauvage ou n’peku) pour l’ocre, le combretum ou le n’galama (anogeissus leiocarpus) pour le jaune. Afin de fixer la couleur, on utilise la potasse. Notre guide dogon Souleymane nous a expliqué comment la potasse est fabriquée : les femmes font brûler les tiges des épis de mil et récupèrent la cendre, qu’elles placent dans un grand canari – récipient en terre – percé au fond de multiples petits trous, un peu comme une passoire ; le canari est ensuite rempli d’une eau qui sera filtrée par la cendre, eau filtrée que les femmes feront bouillir jusqu’à l’obtention d’une pâte – la potasse (utilisée aussi en cuisine dans la préparation du tô pour éliminer les bactéries).

 

Le tissu ainsi teint prend le nom de « bassilan fini » (bassilan = résultat du médicament – les plantes étant des médicaments traditionnels).

 

Ensuite, des motifs sont tracés à l’argile sur l’étoffe, suivant diverses techniques : pochoir, pinceau, brosse à dents, stylet... C’est alors que la réaction chimique s’opère. Après un rinçage à l’eau claire, le résultat se dévoile (le fameux « bogolan ») : aux endroits où la terre a été déposée, des motifs noirs indélébiles sont apparus. L’opération doit être répétée plusieurs fois pour obtenir un bogolan fini de qualité.

 

Evidemment, seules certaines argiles, provenant de lieux d’extraction bien déterminés, possèdent ces propriétés. Les aînés apprennent aux jeunes où les trouver… L’argile, après extraction, est conservée avec de l’eau et des extraits végétaux augmentant ses propriétés tinctoriales dans des cuves pendant plusieurs mois.

 

Afin d’obtenir des zones blanches sur le tissu, la décoloration est pratiquée grâce à un mélange de javel et de savon traditionnel. Certaines zones du tissu peuvent également être plongées à plusieurs reprises dans les décoctions de plante, permettant d’obtenir des dégradés de couleurs, plus ou moins intenses.

 

A l’origine, le bogolan était utilisé pour marquer son appartenance. Les signes tracés sur les étoffes avaient tous une signification, et n’étaient souvent compréhensibles qu’entre membres d’une même ethnie ; ils conféraient aux vêtements des vertus protectrices. De nos jours, il n’est pas rare que les tissus vendus comportent des dessins et signes purement décoratifs. Perte de sens vs adaptation et renouveau… Une problématique à laquelle l’Afrique se trouve confrontée à bien des égards….

 

[Merci à JM pour nous avoir autorisés à utiliser quelques unes de ses photos :-)]

Culture malienne - quelques traits impressionistes

Mali, notre première destination, le pays où nous resterons le plus longtemps également, puisque nous y passerons nos 6 premiers mois. Nous commençons tout doucement à nous l’approprier, au travers de nos lectures, nos rencontres,  de la musique aussi.

 

Pour un premier article de fond, on n’avait pas envie de commencer par le Mali des chiffres, des difficultés économiques, de la dette, des inégalités, de la mortalité infantile, de la corruption, de l’analphabétisme, etc, bref, de rédiger une fiche de synthèse à la Sciences Po, froide, neutre et soi-disant objective.

 

Non, pour ce premier article, on aurait plutôt souhaité évoquer les facettes du Mali qui font envie, qui font rêver : fleuve Niger, fleur de coton, kora et chants wassoulou, pays Dogon, contes peuls, désert saharien, or, bambara, noix de cola, etc… En voici un aperçu, subjectif et incomplet, par notre bout de lucarne, guidé par l’imaginaire…

 

Cosmogonie Dogon - le Dieu Amma façonne la Terre
Cosmogonie Dogon - le Dieu Amma façonne la Terre

 Parce que l’imaginaire au Mali, le mystère, la magie, gouvernent de nombreux pans de la vie quotidienne. Ce n’est pas pour rien que la religion traditionnelle est l’animisme !

 

Et même si, aujourd’hui, moins de 10% de la population se revendique telle, les pratiques animistes restent bien enracinées, les rites et croyances différant néanmoins selon les ethnies. C’est chez les Dogon que ces pratiques sont les plus vivaces. Elles s’y doublent d’une culture mystérieuse, source de fascination pour beaucoup (ce qui explique d’ailleurs que la falaise de Bandiagara, zone d’habitation des Dogon, soit l’un des principaux lieux touristiques du Mali), fondée sur la cosmogonie (article à venir, mais en deux mots, la cosmogonie est la science de la formation de l'Univers, et consiste en des récits relatifs à l’origine du monde).

 

Ethnies : il faut préciser qu’elles ne sont pas moins de 22 au Mali, des Bozo, peuple pêcheur, aux Touaregs au turban couleur indigo, en passant par les « sans maîtres » Bambara ou les pasteurs Peulh, pour n’en citer que quelques unes… A chacune d’entre elles correspondent certains patronymes : par exemple, Traoré et Konaré sont des noms Bambara, Touré et Diabaté des noms Malinké. Il va falloir apprendre à maîtriser toutes ces nouvelles sonorités…

 

musiciens maliens
musiciens maliens

On commence en tous cas à écouter de la musique africaine et plus particulièrement malienne, grâce aux cadeaux qui nous ont été faits. On ne peut que vous recommander les albums Mali (sous le label Putumayo) et Masa (4 albums, sous le label Bleu). Rythmes et timbres bien différents de ceux du rock, de la pop, du jazz et autres musiques qui bercent au quotidien nos oreilles ; énergiques ou langoureux, joyeux ou mélancoliques, pas toujours faciles à s’approprier, ils ne laissent en tous cas pas indifférent. Des joueurs de kora (instrument hybride entre harpe et luth, formée à partir d’une calebasse et d’une peau) aux chants des griots (les griots sont les membres d’une même caste, dépositaires de la tradition orale, et donc de l’histoire du pays ou de la généalogie des familles, qu’ils transmettent souvent en s’accompagnant d’instruments de musique), du blues touareg aux chants wassoulou, les artistes sont nombreux ; au-delà des noms les plus connus tels Salif Keïta, Rokia Traoré – qui habite Amiens - ou Habib Koité (tous en écoute sur deezer), on peut citer Tinariwen, goupe Touareg, Ramatou Diakité et Mamou Sidibé, toutes deux chanteuses wassoulou dans des styles très différents, ou encore Tom Diakité. Pour plus d'infos sur les artistes maliens, vous pouvez visiter le site Mali Music, qui n'est pas très à jour au niveau des actualités mais dresse des portraits intéressants de nombreux musiciens maliens.

 

La magie et l'imaginaire se retrouvent également, évidemment, dans la littérature, moderne ou traditionnelle. S'agissant de la seconde, il faut souligner qu'il peut être difficile d'y accéder, dans la mesure où l'oralité prédomine dans la culture africaine; c'est ainsi qu'Amadou Hampâté Bâ, écrivain malien, a pu écrire cette maxime restée célèbre: "En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle".

 

Hampâté Bâ a, justement, couché sur le papier nombre de contes traditionnels peuls, afin d'éviter que des pans entiers d'une culture ne basculent dans l'oubli;  ces contes, par l'imagination, la poésie et l'humour dont ils sont empreints, valent largement un Harry Potter (sans doute le sujet d'un autre article à venir)... Essayez, vous verrez... :-)

 

Voilà, un tour d'horizon brossé à grands traits, car en quelques lignes, impossible de tout aborder. On complètera au fur et à mesure!