sam.

01

mai

2010

Quelques photos de Ouaga

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sam.

01

mai

2010

Depuis Latian/Ouaga

[Si cela vous intéresse, vous trouverez notre compte-rendu de la visite à la Cité des arts ici! Et aussi, on avait oublié de le signaler mais on se rattrape, un article sur la gastronomie malienne ici– pour le moment, la cuisine burkinabé n'est pas fort différente bien que nettement moins grasse...]

 

Devant notre logement à Latian : la ratatouille chauffe, le néon éclaire à peine la table, sur la terrasse d'où nous écrivons. Quelques nouvelles... Ca fait longtemps !

 

De Koudougou donc, nous sommes partis pour Ouaga, sur laquelle nous avons déjà donné quelques impressions. Mais qu'avons-nous fait dans la capitale burkinabée ? Pas mal de choses en fait :

  • Profité d'une fin de journée pour visiter une fonderie de bronze pratiquant la technique assez impressionnante de la cire perdue ;

  • Passé un peu de temps au cyber du coin, pour prendre des nouvelles fe tout le monde et préparer notre séjour en Afrique australe (pas facile de devoir réserver quasiment tout, et notamment les randos, 3 mois à l'avance, sans savoir exactement où l'on sera à une date donnée... du coup, on fait un peu au petit bonheur la chance !). Cyber dans lequel la patronne nous a demandé si l'on était des jumeaux ; comme à Bamako, beaucoup croient que l'on est frère et soeur, mais quand nous les détrompons, disent que nous formons « un très joli couple ». Rigolo.

  • Au rayon « projets », rencontré le REN-Lac (réseau national de lutte anti-corruption) et l'association des femmes juristes du Burkina Faso (CR à venir !), tous deux intéressants chacun dans leur genre ;

  • Découvert les joies de la saison des pluies : mini tempête tropicale obligeant les habitants à s'abriter qui sous l'auvent d'une boutique, qui dans l'entrée d'un immeuble inconnu. Trombes d'eau tombant presque à l'horizontale sous le vent déchaîné, ciel noir sillonné d'éclairs, le tout pendant près de 2 heures. Résultat, mini inondation dans certains quartiers (10 à 20 cms d'eau au sol dans les quartiers non dotés d'égouts et aux aménagements urbains peu développés : on a joué à Mimi Cra Cra pour rentrer chez nos hôtes), et passage de 42 °C à 20°C dans le même laps de temps...

  • Assisté à un concert dans le cadre du festival « Jazz à Ouaga ». Deux groupes programmés, un présentateur déjanté (on n'a pas compris toutes ses blagues, pas mal de références locales, mais l'assistance riait bien) ; on a bien aimé le premier groupe (Dumba Kultur), original et punchy, mélangeant sonorités traditionnelles, reggae, rap (on a cherché le jazz, il faut bien l'avouer) ; en revanche, on a eu un peu de mal avec le second -David Tayorault- (on est même partis avant la fin, c'est dire...). Imaginez, déjà, une présentation faite par l'artiste lui-même et diffusée sur grand écran, comptant sa gloire, énumérant ses collaborations, montrant qu'il est expert dans tous les styles (notamment dans l'art de parler aux femmes : extrait musical: « vous les femmes, vous allez tous nous rendre fous »...) bref, quel génie. Ensuite le bonhomme lui-même : animateur paternaliste aux blagues lourdes, la musique ne rattrape pas vraiment le coup (balades suaves pas originales, enfin à notre goût et à celui d'une bonne partie du public occidental qui s'est aussi éclipsé entre 2 morceaux...), difficile de comprendre qu'il soit une star locale depuis 20 ans...

  • Rencontré Alexandre, Francis et sa femme, Lydie et Boreima, et plein d'autres, amis d'amis, avec lesquels on a (plus ou moins) discuté, échangé, sur le Burkina, ses coutumes et traditions, ses artistes, ses anciens combattants, …

  • Croisé, au hasard des rencontres, un artiste récupérateur qui façonne d'incroyables statues à partir de bouts de tout et n'importe quoi (pour en savoir plus, c'est par ici),

  • Pas mal déambulé dans les différents quartiers : Tampouy, Gnongsin, Koulouba, Hamdallaye, Kossodo, le centre ville (complètement mort le dimanche, contrairement à l'animation bamakoise qui ne s'arrête jamais), l'étonnant Ouaga 2000 dont les villas démesurées contrastent avec les habitats traditionnels, juste en face, de l'autre côté du goudron, et tous les autres dont on n'a pas retenu les noms;

 

Et puis l'heure du départ a sonné et nous avons repris le car, pour aller à Sapouy, une heure et demi au sud de Ouaga. Nous y attendaient Laukghmane et Benjamin, de la ferme de Latian, à une demi-heure de piste en moto. Nous avons passé 3 jours dans cette ferme école, et y serions bien restés davantage... Mais cela fait partie de notre projet, on ne peut pas s'attarder trop... Une présentation plus détaillée de la ferme est à venir ; en attendant, voici quelques souvenirs de ce que nous y avons fait, à la volée :

  • disputé 2 parties de pétanque contre l'adroit Laukghmane, qui nous a battus avec brio ; d'ailleurs, les apprenants se montrent à la hauteur de leur maître, et Latian pourrait sans rougir se mesurer aux équipes marseillaises !

  • découvert la vie rurale burkinabée, les souhaits et les difficultés des jeunes couples paysans que nous avons rencontré et avec lesquels nous avons eu l'occasion d'échanger. Des discussions très précieuses.

  • goûté le yahourt et le miel locaux – délicieux (et le poulet aussi, mais c'est moins attrayant) ;

  • lié amitié avec Laukghmane, paysan autodidacte qui, malgré son départ prématuré du système scolaire, parle un excellent français, maîtrise un ordinateur, mène une vraie réflexion sur l'amélioration de la condition paysanne dans son pays... et surtout, s'est montré avec nous plein de gentillesse, d'humour et de générosité ;

  • capturé (puis relâché) d'innocents poussins, entendu les plaintes véhémentes du jeune bouc éconduit à coups de corne par les chèvres, répondu aux « ça va ? » insistants des enfants,

  • testé la conduite sur piste des petites motos locales (et crevé un pneu au passage)…

 

Nous avons quitté Latian cet après-midi (nous sommes à présent vendredi 30) pour Ouaga. Départ dimanche pour le Bénin...

 

Tout se passe donc bien. Quelques petits bobos tout de même sans lesquelles le voyage ne serait pas le voyage :

  • les traditionnels coups de soleil (très jolie la marque des brides des sandales sur les pieds),

  • l'étonnante bourbouille (vous connaissez, vous ? Nous, on a découvert ça ici : à la faveur d'une peau dont la sueur ne sèche jamais, une multitude de tous petits boutons formant une espèce de plaque, très urticants et pas très sexy, et qu'on soigne grâce à une poudre magique...),

  • une brûlure au mollet par un pot d'échappement de moto (bien brûlée, Amélie la pas douée... mais ça se soigne),

  • quelques égratignures et un pantalon troué (belle chute d'Amélie la pas douée bis...).

 

Malgré tout, nous survivons. Encore quelques jours de chaleur avant de descendre vers le Sud... et la saison des pluies !

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lun.

26

avril

2010

Bamako / Ouagadougou

On retrouve la même terre, rouge et sèche, dans les rues non goudronnées – et les mêmes nuages de poussière provoqués par le passage des voitures et motos. D'ailleurs, en parlant de poussière, un gros nuage de sable venu du Sahara est passé au-dessus de la ville les 2 derniers jours, donnant au ciel une coloration jaune sale, cachant le soleil – et faisant tomber quelques degrés.

 

Les mêmes vendeurs de tout et n'importe quoi, qui essaient de fourguer leur camelote à tout le monde et spécialement à nous, mais avec une inventivité plus exacerbée qu'à Bamako. A notre arrivée le premier jour, tranquillement assis dans un maquis, nous nous sommes ainsi vu proposer en l'espace d'une demi-heure :

des faux dvd chinois,

des livres,

des CD,

des fournitures scolaires,

des jeux de hasard à gratter,

des abonnements sur téléphone (résultats de matchs de foot),

des cartes téléphoniques,

des lunettes,

des bananes,

de l'artisanat touareg, (que du classique)

mais aussi, plus improbable :

de la viande ;

des roulements à billes de voiture (« j'en ai plein, si vous voulez ») ;

un tuyau d'arrosage ;

une canne orthopédique ;

une lampe torche grosse comme nos têtes (« mais si c'est utile en voyage ! Et c'est pas si gros, bien sûr que ça rentre dans vos sacs... ») ;

un espèce de bidule en plastique censé muscler la main (mort après le 1er essai de Thomas), …

 

Les mêmes maquis proposant riz au gras, frites, allocos, riz arachide, bière, Nescafé et Lipton. Sauf qu'ici, il y en a à tous les coins de rue – bien davantage qu'à Bamako. Mais qu'en revanche les portions sont beaucoup plus chiches pour le même prix (résultat, avant-hier on a dû manger dans 2 maquis différents pour combler notre faim)...

 

Les mêmes petites motos (bien qu'ici, les japonaises volent la vedette aux chinoises) et les mêmes voitures « au revoir la France » (tout de même globalement moins défoncées qu'à Bamako), les mêmes accidents même si la circulation est moins anarchique qu'à Bamako.

 

La même gentillesse des gens une fois qu'on a lié connaissance ; mais, globalement, une plus grande circonspection au premier abord.

 

La même verdure dans les rues – pas mal d'arbres, même si les manguiers cèdent le pas aux flamboyants et autres espèces endémiques dont nous ne connaissons pas le nom.

 

Au rayon des différences, Ouaga est mieux équipée en termes d'infrastructures que Bamako. Davantage d'immeubles construits, de « goudrons », comme on dit ici, d'égouts couverts, de trottoirs pavés, d'éclairages publics... Les rues sont aussi plus larges, plus aérées. Cela donne une impression de modernité et surtout de moins grande saleté qu'à Bamako – même si on retrouve les fameux sachets plastiques un peu partout, et des tas de déchets ça et là – mais surtout dans les quartiers périphériques.

 

Le réseau de taxis aussi : à Bamako c'était simple, on donnait la destination, on négociait le prix, et hop, c'était parti... Ici, les taxis fonctionnent comme des bus, sur les lignes données qui se terminent toutes en centre ville. Pour aller dans un autre quartier il faut prendre un autre taxi – et donc trouver l'endroit d'où partent ceux qui vont là où on veut aller... Pas pratique. Mais pas cher : 200 FCFA (0,3 euros) par personne pour une trajet sur une ligne. Si en revanche on veut aller à un endroit précis sans avoir à changer de taxi, là, le taximan vous le fait payer... De manière inversement proportionnelle au bronzage de votre peau, cela va de soi. De plus, pour rentabiliser leurs lignes, les taximen ont une fâcheuse tendance à bien remplir leur voiture : jusqu'à 6 passagers (2 sur le siège avant, 4 à l'arrière), alors que leurs homologues bamakois étaient moins bourratifs.

 

Nous sommes moins gênés qu'à Bamako par la pollution. Peut-être parce que davantage de goudrons, moins d'embouteillages (le nombre de ponts limité à 2 au dessus du Niger à Bamako est vraiment une catastrophe pour la patience des conducteurs et les poumons des Bamakois), et une situation géographique plane (pas de cuvette comme à Bamako) ?...

 

En revanche les « délestages » (coupure d'électricité) sont pires qu'au Mali. Ils durent des heures... Et des heures sans électricité, ça veut dire : pas de ventilo, tout qui se réchauffe dans le frigo, au travail pas d'ordi donc pas de boulot, difficultés à téléphoner, etc etc... Ben voilà, faut supporter, avec stoïcisme, que peut-on y faire ? Il paraît qu'un accord a été trouvé avec la Côte d'Ivoire pour améliorer la situation. Les Ouagalais sont sceptiques...

 

Et ici pas de thé, pas de « grain » comme au Mali à l'arrivée du « petit soir »... A Bobo on trouvait encore cela, mais plus ici à Ouaga, et on ne l'a pas vu non plus à Boromo, Koudougou ou Gaoua... Dommage, on aimait bien.

 

Moins de mosquées aussi. Et nécessairement, moins d'appels à la prière. Ouf, païens que nous sommes, nous pouvons dormir sans être réveillés à 5 heures par le lancinant « Allah ouakbar » (oui, c'est phonétique, on ne maîtrise pas l'arabe).

 

Et les noms aussi ont changé, évidemment. Plus de Diakité, Keïta, Diarra, Traoré, Sidibé, Koné, Touré, Diabaté, Bagayoko... Ici c'est Bénao, Ouédraogo, Compaoré, Neto, Badoua, Kiendrebogo...

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ven.

23

avril

2010

Quelques photos de Gaoua

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ven.

23

avril

2010

Quelques photos de Bobo

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jeu.

22

avril

2010

Burkina -suite-

Dimanche 18 avril.

Calfeutrés sous notre voûte, portes et volets clos, nous soufflons un peu. Voûte ? Oui oui, vous avez bien lu. Depuis hier soir (dimanche), nous sommes à Boromo, petite ville tranquille du Burkina, où l'association AVN (association voûte nubienne) a ses locaux. La voûte nubienne, on en avait déjà parlé un peu ici. On a eu la chance de tester la construction : ici à Boromo, un campement est construit suivant cette technique tout en terre (pas de bois pour la structure). Et pendant la journée, c'est une évidence : la construction est adaptée aux chaleurs sub-sahariennes, puisque l'on perd plusieurs degrés entre intérieur et extérieur, même à l'ombre. Appréciable lorsque, comme en ce moment, il fait plus de 45 degrés...

 

Au-delà, nous avons pu discuter ce matin du projet avec les membres de l'association. Nous allons essayer de mettre en ligne, au fur et à mesure, les présentations des projets que nous avons découverts... Mais nous manquons furieusement de temps pour tout faire !

 

Revenons sur notre périple. Nous nous étions quittés alors que nous étions encore à Bobo, au terme de notre 1re journée là-bas. Le deuxième jour, Thomas a fait 2 interventions d'une demi-heure dans des classes de CM2 (Serge Bernard, le fils de Bernadette qui nous a accueillis, assure la gestion d'une école privée créée par son père) sur le thème du changement climatique. Autant profiter de notre présence pour faire passer des messages ! Les enfants étaient manifestement intéressés, l'une des 2 classes particulièrement réceptive. On essaiera de renouveler l'expérience si on en a l'occasion...

 

Nous avions également rendu visite au GAFREH (groupement des association féminines pour le renouveau économique du Houët – le Houët étant la région autour de Bobo), autre association locale que nous avions ciblée pour son projet de recyclage de sacs plastiques qui tout à la fois réduit (à son échelle) la pollution endémique provoquée par les sachets, et assure une source de revenus à des femmes qui n'en ont pas ou peu – notamment des jeunes filles mères.

 

Nous nous étions enfin tranquillement baladés dans le quartier de l'ancienne mosquée, proche du coeur historique de Bobo (que nous n'avons en revanche pas visité car l'accès au quartier ancien était payant)... Coin paisible : discussions avec l'association des guides dont certains sont musiciens et ont monté un groupe – ils nous ont invité à écouter l'album... que nous avons finalement acheté !-. Puis découverte, au hasard, d'une autre initiative ayant pour effet de recycler du plastique (même si ce n'est pas l'objet recherché) : fabrication, à partir des sangles plastiques utilisées pour sécuriser les cartons de transport, de paniers très solides utilisés notamment par les vendeurs de poisson au Mali... Nous avions discuté sur le chemin du retour avec des jeunes qui nous avaient invité à boire le thé, de notre périple, de leurs études, de la passion de l'un pour le football... Les « docteurs des voitures » du quartier nous avaient à leur tour invité le lendemain, juste avant notre départ. Discussion plus politique à l'ombre du manguier. L'un se hasarde à parler de « dictature » à propos de son pays. Un autre le reprend immédiatement, « on ne peut pas tout à fait dire cela »... Ils nous font écouter le discours de Sankara, leur ancien président, sur la dette. C'était il y a plus de 30 ans, c'est toujours aussi actuel...

 

De Bobo-Dioulasso, la « maison des Dioulas et des Bobos » (son ancien nom – celui-ci lui a apparemment été donné par le colonisateur français - est Sya), nous gardons l'image d'une ville tranquille, verte, loin de la pollution et de l'anarchie de Bamako, aux taxis honnêtes (!), aux habitants souriants, curieux, accueillants – comme souvent en Afrique de l'Ouest, du moins dans les zones que nous avons traversées.

 

Puis nous avons quitté Bobo, après avoir subi l'épreuve de la bousculade-géante-pour-rentrer-dans-le-bus-par-45-degrés, direction Gaoua, au sud, en pays lobi, entre Côte d'Ivoire et Ghana. Là-bas, nous avons été accueillis par Kader, artiste de son état, qui a créé un campement ; celui-ci n'étant pas fonctionnel, il nous a proposé de dormir dans la tente montée devant chez lui... Proposition acceptée. Nous avons donc pendant 2 jours et demi partagé le quotidien d'une famille pour laquelle il n'est pas toujours facile de nouer les 2 bouts. Kader a été extrêmement attentionné avec nous et nous a montré sa région sans rien nous demander. Il nous a énormément appris sur la culture lobi, on a beaucoup parlé avec lui : des différences culturelles entre la France et le Burkina ; du secteur de l'orpaillage qui se développe de manière pas très nette dans la région de Gaoua ; des lobis, des lobis et encore des lobis ; de l'art et de la difficulté d'être un artiste ici... Nous avons rencontré comme prévu – puisque c'était pour cela que nous étions venus – l'association pour la promotion féminine de Gaoua (APFG – vous trouverez le compte-rendu de notre visite ici), dont fait partie la femme de Kader, Evelyne. Encore une initiative locale remarquable. Comme quoi, si l'Afrique noire est mal partie, comme dirait l'autre, il y a aussi plein de gens qui la font avancer, avec des idées, des compétences, de la persévérance...

 

Kader nous a aussi emmené voir une orpailleuse traditionnelle – c'était notre second point d'intérêt, car au-delà des projets, cela nous intéresse de découvrir la façon dont les gens vivent et donc, les métiers qu'ils exercent. Angéline vit dans un petit village et travaille 4 jours sur 5 à l'extraction de l'or. Le cinquième jour, si l'activité a été bonne, elle va vendre son or au marché de Doudou qui a lieu tous les 5 jours. Le travail consiste à creuser d'abord un puits, car il faut de l'eau pour rincer la terre ; ensuite un trou, lequel peut s'agrandir en galerie si la terre contient suffisamment de paillettes d'or. La terre est rincée à l'eau dans une calebasse plusieurs fois, jusqu'à ne plus contenir que le plus lourd : l'or. Des paillettes minuscules, qu'elle ne trouve pas à chaque fois ; il faut alors recommencer. Le travail est rude, physique, comme en attestent les bras musclés d'Angéline. Elle réussit à vivre de son activité, à nourrir ses enfants – le papa est en Côte d'Ivoire. Mais pas d'achats de loisirs ou de petits plaisirs... La vie pourrait être un peu plus facile si, comme elle le dit, elle et ses consœurs ne se faisaient pas exploiter par les acheteurs. Seuls les acheteurs agréés par l'Etat ont le droit d'acheter l'or et, apparemment, ils profitent de la faiblesse de ces femmes, analphabètes, pour les arnaquer par diverses techniques. Nous n'avons pas pu vérifier ni l'existence de cette fraude, ni son ampleur – mais si cela est vrai, c'est un vrai scandale...

 

Kader nous a également montré les métiers traditionnels de la région :

  • poterie : fascinante dextérité de la potière qui, en 10 minutes et en utilisant des objets simples (bouts de plastique, morceaux de pagne, morceau de terre cuite pour faire tourner la poterie en cours de réalisation), fabrique un joli vase rond... les potières se sont regroupées en association pour l'utilisation d'un four commun en terre cuite qui évite la technique de cuisson traditionnelle que nous avions croisée au Mali (des branches sont empilées au dessus des poteries crues et enflammées), laquelle contribue beaucoup à la déforestation ;

  • vannerie : multitude de paniers, corbeilles, dessous de table en osier tressé, formes traditionnelles réinventées en utilisant pour colorer l'objet les sachets plastiques... l'activité est, encore une fois, réservée aux femmes ;

  • sculpture : cette fois, seuls les hommes la pratiquent ; il s'agit d'une sculpture d'artisanat davantage que d'art – les hommes reproduisent des objets millénaires (tabourets à trois pieds qui leur sont réservés ; cannes ; portes-clés, …) avec, là encore, un incroyable savoir faire.

 

Nous sommes bien accueillis dans les différents villages (chacun a sa spécialité), même si l'échange est plus artificiel qu'avec Angéline l'orpailleuse : dès notre arrivée, les enfants sortent tous les modèles possibles et imaginables, pensant que nous allons acheter quelque chose... Et nous nous retrouvons dans une situation fort gênante puisque nous ne pouvons pas acheter (pas de place dans les bagages, pas de budget pour acheter quelque chose dans tous les endroits où nous passons). C'est le revers de la médaille...

 

Nous retrouvons certains des artisans le dimanche, au marché de Gaoua. Ils ont fait 10 à 15 kilomètres à pied, sous un soleil de plomb portant leurs œuvres sur leur tête dans des bassines ou calebasses, pour venir les vendre – et en vivre...

 

Nous ne pouvons nous empêcher de penser que cette production artisane qui est vendue si peu chère ici, se vendrait quelques dizaines voire centaines de fois plus cher en Europe. Nous parlons de commerce équitable à Kader, qui est également président d'une jeune association regroupant artistes et artisans de la localité. C'est une piste, mais tout est à construire.

 

Le dimanche après-midi sonne l'heure du départ pour Boromo. Plein de souvenirs et d'amitié en tête, espérant pouvoir rendre la pareille à Kader lorsqu'il viendra en France, nous prenons le bus, une fois de plus.

 

A Boromo, en plus de la voute nubienne, nous avons l'occasion de rencontrer les artistes de la troupe « les grandes personnes (d'Afrique) », qui produisent des marionnettes géantes et les spectacles qui vont avec. Les prestations se font autant ici au Burkina que dans la sous-région ou en France (d'ailleurs les Grandes Personnes travaillent étroitement avec la troupe basée à Aubervilliers). Les spectacles sont aussi l'occasion de faire de la sensibilisation et de la prévention sur divers thématiques. La vingtaine d'artistes de la troupe ne vit pas de l'activité, et chacun mène son petit business pour vivre. Obtenir des contrats localement pour la production de spectacles, bien que cela arrive, reste rare et difficile. Malgré tout, il est magique de voir sortir de « nul part » une telle créativité et un tel dynamisme original.

 

 

 

Mercredi 21 avril.

Nous avons quitté Boromo mardi pour Koudougou, troisième ville du pays. Arrivée assez peu agréable dans la chaleur ; un taxi-man particulièrement malhonnête (même si on sait se défendre). Nous ne visiterons finalement pas la ferme de spiruline (pour en savoir plus, voir par exemple un très intéressant reportage ici) dont nous avions découvert l'existence la veille, faute de moyens de transports.

 

En revanche, ce matin, mercredi, nous avons pu visiter la Cité des Arts, projet pour lequel nous avions décidé de passer par Koudougou avant Ouagadougou. La Cité des Arts est rassemble des artistes, regroupés par ateliers dans divers domaines : batik, peinture, bijoux, bronze, orchestre et danse traditionnelle... Chaque artiste est rémunéré en fonction des ventes de son atelier, moyennant une contribution commune pour la structure. Compte-rendu plus détaillé (probablement) à venir ;).

 

Finalement, nous avons quitté Koudougou pour Ouagadougou, après avoir sympathisé avec un des artistes de la Cité -Ousséni, sculpteur de bronze), dont la gentillesse n'a d'égal que le talent.

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jeu.

15

avril

2010

Bobo Dioulasso

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dim.

11

avril

2010

Bamako - Koutiala

Nous sommes bien arrivés à Bamako, vendredi en fin de journée. Les 37 degrés à la sortie de l'avion sont rudes à supporter (on monte à 45 en journée en ce moment). Nous avons passé la nuit dans la maison bamakoise de Kalifa, et avons quitté la capitale hier à 14 heures pour arriver à Koutiala hier soir, sans encombre. Nous repartons demain vers le Burkina... Tout va bien.

 

Pour vous réhabituer, comme nous, au Mali, nous avons choisi de vous raconter notre trajet en car entre Bamako et Koutiala. Mais ça pourrait être n'importe quel trajet en car en Afrique de l'Ouest...

 

L'histoire commence la veille du voyage, ou le matin pour l'après-midi, avec l'achat des billets à la gare routière. Bousculade au guichet, la queue n'en est pas une, on se fait joyeusement doubler, on attend parfois les guichetiers, occupés à quelque chose d'autre (manger, discuter, …) alors que les clients s'amoncellent devant le guichet...

Toutefois, un peu de patience plus tard, le précieux sésame est finalement obtenu sans encombre.

 

Ça se poursuit avec le rendez-vous, en général une demi-heure avant le départ du car. Dépôt en soute des bagages, sur lesquels sont apposés des bandes d'une sorte de sparadrap sur lesquelles sont indiquées la destination et le numéro du billet. Plutôt bien organisé !

 

5 minutes avant le départ du bus, c'est l'appel. Pas toujours facile de reconnaître les noms français africanisés (Le Provost peut se transformer en Post...), concentration donc de rigueur.

Les passagers sont appelés les uns après les autres en fonction du moment auquel ils ont acheté leurs billets. Premiers à s'être déplacés, premiers à monter dans le car – et donc à pouvoir choisir leur place. Importance stratégique donc d'être dans les premiers – pour pouvoir se mettre en dessous des bouches d'aération de la travée centrale et éviter surtout les banquettes du fond sous lesquelles chauffe le moteur... Ca peut sembler anecdotique mais lorsque la température extérieure monte à 45 degrés, il faut compter plusieurs degrés supplémentaires à l'intérieur du car... Pour notre aller à Koutiala, Amélie a acheté un éventail local en plastique tressé et manche en bois, qui s'est révélé fort utile. Certaines compagnies affichent pourtant des bus climatisés : le petit surplus dans le prix du ticket n'est alors pas un luxe ! Le problème est que le bus en question peut très bien rouler pendant les 4/5ème du voyage avec les trappes de plafond ouvertes comme n'importe quel bus non climatisé. La climatisation n'arrive que sur la fin du voyage pendant quelques minutes avant l'arrivée. Probablement dans un souci d'économies ?

 

Une fois installés, il faut attendre encore que le car démarre. Toujours en retard de 15 à 30 minutes en général...

 

Et puis le trajet lui-même. Plusieurs heures bien au chaud, accompagnés parfois par la radio ou la TV (en général à fond, les boules Quiès ne permettant qu'une légère atténuation du vacarme), ponctuées par les arrêts (fréquents).

 

Eh oui : il y a les postes de contrôle, les gares de transit dans les villes importantes... et tous les autres arrêts, parfois sans raison identifiée. A chaque fois, la moitié des passagers descendent, tant bien que mal puisque les bagages encombrent la travée centrale, pour acheter qui de l'eau, qui des bananes, qui du dibi (viande de mouton grillée emballée dans du papier craft... très odorant lorsque les heureux gourmands ouvrent le paquet dans le bus, les voisins apprécient !), … Les vendeurs et vendeuses entrent parfois dans le car, au son des « Dji bê », « Gato bê », « Pomme bê » (il y a de l'eau, des gâteaux, des pommes...). A la fin du trajet, le car ressemble à une poubelle géante : les passagers balancent leurs ordures sans aucun scrupule sous les sièges et dans les travées (bouteilles vides, pelures de bananes, papiers gras, …).

 

Si on n'a pas de chance, on peut être confronté à une panne... Pas très drôle d'être coincés au milieu de nulle part, par une chaleur écrasante, en n'ayant d'autre solution que d'attendre que ça se passe... Ça a failli nous arriver hier, à 20 kilomètres de Koutiala : le car s'arrête, le chauffeur descend... et ne remonte pas. Certains passagers le suivent, parlent de panne... Oups. Après 20 minutes, nous redémarrons malgré tout, sans avoir su quel était le problème.

 

A l'arrivée à la gare routière, il faut encore écarter les sollicitations insistantes des taxi men « Tsss tsss, taxi, taxi » et récupérer les sacs (maniés en toute délicatesse). Ça y est, le voyage est terminé... Un peu folklo, assez fatiguant, mais finalement on arrive à bon port, et c'est bien ça le principal !

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