mar.

23

févr.

2010

Quoi de neuf à Bamako ?

Le blog est resté silencieux pendant quelques jours. Nous nous sommes un peu rattrapés par quelques billets… Mais quoi de neuf à Bamako ?

 

Niveau travail, Amélie a terminé ses missions à l’intérieur du pays. Après Mopti et Ségou, elle s’est rendue les 2 dernières semaines à San, petite ville située entre les 2 précédentes, et à Sikasso, au Sud Est du pays, près de la frontière burkinabé. Pas de photos malheureusement, car les journées de travail ont été fort chargées, ne laissant pas le loisir de sortir l’appareil… San, ville de banco gris, plutôt calme, à la très belle mosquée sur le modèle de celle de Djenné. Sikasso, ville carrefour (sur la route de la Côte d’Ivoire et du Burkina), fort étendue et animée, dans la région la plus verte du Mali. Trop peu de temps passé dans ces 2 villes pour pouvoir en dire plus… A Sikasso, un grand moment à l’hôtel : la définition par le gérant et un des collègues d’Amélie de la stratégie la plus efficace pour accrocher une moustiquaire à 4 coins dans la chambre, laquelle ne comportait aucun dispositif d’attache particulier. Bilan : un coin au porte-manteau amené dans la chambre spécialement pour l’occasion, un coin à la charnière de la fenêtre, un coin sur le cordon d’alimentation de la clim et le dernier à la poignée de la porte. Du grand art !

 

Thomas quant à lui a participé à un atelier de formation des administrations des Pays les Moins Avancés sur l’adaptation au changement climatique à la semaine dernière. Très instructif, à la fois sur le fond et sur le fonctionnement du système international multilatéral. Pas toujours très réjouissant…

 

Nous profitons aussi de nos dernières semaines pour faire tout ce que nous n’avons pas eu l’occasion de faire jusqu’à présent à Bamako, et pour voir et revoir nos amis.

 

C’est ainsi que nous sommes retournés voir Moussa, Jacky et Yousouf dimanche dernier à Baguineda. Nous avons dîné avec Amadou et Fatoumata au petit restaurant que nous affectionnons, pas loin de chez nous (avis aux Bamakois qui cherchent de nouvelles adresses : African Foods, à l’angle de l’ancien commissariat du 4ème arrondissement, Badalabougou – ils ont même un site web ! Le patron camerounais et le serveur togolais sont très sympas et l’on y mange bien). Discussions intéressantes sur des thèmes de société : la place des femmes (autour du Code de la famille que nous avons évoqué ici), l’excision (on vous en parlera aussi)…

 

On parcourt les  marchés, de l’ambiance très locale du marché de Médine (eh oui, pas d’artisanat là-bas, tout de suite ça change les choses) à celui de N’Golonina, découvert pendant le séjour des parents de Thomas à Noël et ô combien plus tranquille que la maison des artisans. Nous y avons rencontré un vendeur sénégalais sympa, fan de Tiken Jah Fakoly (le rastaman défenseur de l’Afrique – très populaire ici) avec qui nous avons refait le monde autour d’un thé…

 o M

Un peu de culture aussi avec l’exposition So masiri au musée national, autour du design malien, ou comment revisiter les techniques et matériaux traditionnels afin de créer de nouveaux objets « beaux et utilitaires ». C’est réussi, et bien mis en scène, objets différents de ceux que l’on trouve sur les marchés. Le prix non plus n’est sûrement pas le même !

 

Une leçon de cuisine supplémentaire pour Amélie : comment préparer le dabléni (ou bissap), le jus de dah blanc et le jus de gingembre, spécialités locales fort désaltérantes et appréciées. Avis aux amateurs, à notre retour !

 

Et puis toujours la préparation de notre périple. Nous devrions avoir nos visas pour le Burkina cette semaine, si nous réussissons à nous rendre à l’ambassade (aujourd’hui cela n’a pas été possible à cause d’une grève générale des taxis et Sotrama : l’un des leurs a été tué dans des circonstances peu claires, par un policier…). On peaufine le trajet, on multiplie les contacts… Le tout dans une chaleur déjà torride, accompagnée de coupures d’électricité et d’eau… Un peu rude, mais on fait avec !

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dim.

21

févr.

2010

Pays dogon - encore et toujours :-)

Carte du pays dogon (cliquez pour agrandir)
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dim.

21

févr.

2010

Une histoire ordinaire

Elle a 17 ans, un sourire immense et un petit garçon de 2 ans dans les bras.

 

Son histoire est simple, semblable à tant d’autres. Elle habite avec sa famille un petit village un peu perdu du Mali. Pas grand chose à faire, les activités en dehors des travaux des champs pendant l’hivernage sont limitées. Pas de quoi se constituer un beau trousseau de mariage.

 

Elle est donc partie vers la grande ville, il y a un peu plus de 2 ans. Là bas, elle a trouvé du travail, comme aide ménagère, dans une famille. 7500 FCFA par mois (11,5 euros) pour trimer de 5 heures et demi à 23 heures, tous les jours, sans congés évidemment. Préparer les repas, nettoyer les ustensiles de cuisine, faire la lessive, faire le ménage, s’occuper des enfants… Logée et nourrie, certes. C’est bien le seul avantage.

 

Il y avait ce garçon, un voisin, il était gentil avec elle, il venait la voir souvent, lui faisait un peu la cour. Un soir de fête, elle s’est laissé convaincre, ils ont fait l’amour. Le mois suivant, ses règles ne sont pas arrivées. Elle ne n’en est pas inquiétée, elle ne savait pas ce que ça voulait dire…

 

Puis son ventre a commencé à s’arrondir et elle a compris. Elle a cherché à cacher la grossesse et y est parvenue jusqu’au 6ème mois ; après, ça devenait trop difficile. La patronne, lorsqu’elle s’en est rendu compte, l’a chassée : cela ne se fait pas d’avoir une bonne enceinte. Elle a aussi refusé de lui régler son dû…

 

Sans argent, avec son gros ventre, elle a erré dans les rues pendant presqu’une semaine. Au bout de ce temps, un passant l’a conduite à la police. C’est là qu’elle a été orientée vers ces gens qui l’ont aidée. Ils l’ont hébergée et soignée, ils l’ont accompagnée pendant sa grossesse, ils lui ont appris beaucoup de choses : à s’occuper correctement de son enfant, à connaître mieux son propre corps et son fonctionnement (depuis, elle a décidé d’utiliser un implant contraceptif). A lire et à écrire, à faire la cuisine. Et surtout à coudre. Quand elle est partie après 7 mois, comme elle avait beaucoup progressé, ils lui ont donné une machine, et ils l’ont appuyée en matériel de couture. C’était un vrai atout pour rentrer au village : la bouche supplémentaire du bébé, la honte pour la famille que représente cet enfant hors mariage, tout cela était un peu atténué par l’existence de cette machine qui pouvait lui permettre de se prendre en charge. Et aussi par le nom du père sur l'acte de naissance : à force de persuasion, il a accepté de reconnaître l'enfant. Il ne s'en occupe pas, mais ce nom sur ce papier évite au petit la stigmatisation pour être né "de père inconnu".

 

Elle sait qu’elle a eu de la chance et que beaucoup d’autres filles dans la même situation n’en ont pas eu autant, faute d’avoir croisé les bonnes personnes.

 

Quand elle est revenue, sa mère a pleuré de joie ; c’est bien la seule… Les autres membres de la grande famille, même aujourd’hui, continuent de la mépriser. Son père ne lui a jamais pardonné.

 

Avec la machine elle réussit pourtant à subvenir à ses besoins et à ceux de son enfant. Sa cousine, qui a un petit atelier, a continué à la former. Mais les affaires ne marchent pas fort en dehors des périodes de fête où elles travaillent jour et nuit ; et le partage des bénéfices n’est pas équitable… De plus, lorsque la grande famille a eu des soucis financiers, toute l’épargne constituée y est passée. Aujourd’hui tout est à refaire…

 

Une autre menace assombrit l’avenir : le mariage forcé. Son père a un ami, à laquelle une de ses sœurs était promise ; mais la sœur a refusé cette union et est partie à l’exode elle aussi pour l’éviter. Conséquence « logique » : c’est elle qui est devenue la promise de l’ami… Et comme elle ne peut pas opposer d’autres prétendants (ils ne sont pas légion, avec l’enfant, ou alors en la prenant comme 2ème ou 3ème épouse, ce qu’elle refuse), la situation est délicate.

 

Elle ne perd pas espoir, pourtant. Avec l’aide de sa mère, elle va quitter à nouveau le village. Pas pour retourner en ville comme aide ménagère, non, elle a bien compris la leçon. Mais pour chercher un atelier qui lui permettra de se perfectionner davantage (elle a bien vite atteint le niveau de la cousine…). Elle emmènera son enfant avec elle : au village, il n’aurait aucune chance…

 

Un jour, peut-être, elle aura son propre atelier. Et un mari, et des enfants qu’ils auront décidé d’avoir, ensemble ; ce jour là, elle retirera son implant.

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dim.

07

févr.

2010

Pain de singe

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mer.

03

févr.

2010

Encore un peu de vrac

[Pour info, mise en ligne ici d’une enquête aussi longue que passionnante (hum…) sur l’or blanc du Mali, i.e. le coton]

 

Un peu de football d’abord : la CAN a pris fin dimanche dernier, faisant grimper sur le podium l’Egypte, suivie du Ghana et du Nigeria. Le Mali avait été éliminé dès le début – suscitant les commentaires blasés des Maliens sur cette équipe qui ne sait pas jouer et, de toutes façons, gagne trop d’argent.

 

Une anecdote ensuite (qui n’a pas fait rire Thomas) : Amélie, dans le cadre de son évaluation de projet, rencontre pas mal de gens à qui elle fait passer un entretien. Dont des gens bien placés, des notables. C’était le cas hier ; discussion de presque une heure avec le monsieur, la quarantaine, fort caractère mais plutôt sympathique. Sauf que… A la fin de l’entretien : « Alors au revoir… Madame ou mademoiselle ? » « Mademoiselle » « Ahah ! Eh bien mademoiselle, celui qui se tient devant vous, il est partant ! ».

...?!!! On préfère ne pas se demander pour quoi exactement le bonhomme était partant. Ce qui est sûr c’est qu’ici, la Blanche est fort courue. Enfin d’ailleurs, le Blanc aussi (à Mopti, une jeune femme qui nous regardait passer depuis la terrasse de sa maison a lancé à Thomas un très clair « Je t’aime ! » - c’était la 1re fois qu’on nous faisait ce coup là !). C’est bien connu, quand l’offre est faible, la demande est forte !

 

Un peu de climat : la trêve fut brève… Malgré l’harmattan qui continue à souffler ces derniers jours (beaucoup, beaucoup de poussière), les températures commencent à remonter. En principe c’est plutôt à la fin du mois de février… Vous avez dit changement climatique ?

 

Enfin on avance dans la préparation de notre partie itinérante. Les grandes lignes seraient : départ le 15 mars de Bamako, on quitte le Mali le 27, traversée (dans l’ordre) du Burkina, Bénin, Togo, Ghana ; on s’envole vers la mi-juin pour la Namibie (histoire de ne pas atterrir dans une Afrique du Sud survoltée par la Coupe du monde de football), puis incursion au Botswana et passage en Afrique du Sud avant le retour en France programmé pour la toute fin août…

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mer.

03

févr.

2010

Prise de contact avec le pays dogon

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