dim.

31

janv.

2010

Dures négociations à Sévaré

Souleymane, notre guide : un brin arnaqueur mais tout de même un bon guide
Souleymane, notre guide : un brin arnaqueur mais tout de même un bon guide

Comme annoncé, nous avons donc profité de la mission d’Amélie dans l’antenne de Sévaré (ville voisine de Mopti) pour pousser quelques kilomètres plus loin, jusqu’au pays dogon. Un des collègues d’Amélie, lui-même Dogon, nous avait mis en contact avec un guide de sa connaissance, Daou, que nous avions contacté avant de quitter Bamako. Lui-même n’était pas disponible pour la période souhaitée, mais il pouvait nous recommander « un de ses employés en qui il a confiance ». OK, et pour le circuit, on a déjà une idée de ce qu’on voudrait faire, qu’est-ce que vous en pensez ? « Ah mais on va discuter de ça quand vous arriverez à Sévaré, on viendra vous chercher à la descente du bus et on discutera… ». D’accord, et pour les tarifs ? « Ah lala, ne t’en fais pas pour les tarifs, vous êtes recommandés par un ami, je te garantis que ça ira » … Oui mais encore ? « Bon, il ne faut pas trop discuter parce que le téléphone ça coûte cher, on verra ça aussi ensemble à Sévaré … » « Oui mais là c’est moi qui vous appelle ! » « Ah oui mais il faut que ça soit équitable »… Embobineur de première, mais on n’a pas trop le choix, RDV est donc pris à Sévaré le dimanche soir.

 

Bamako Mopti. Foire d’empoigne au moment de récupérer les billets le matin, les employés de la compagnie prenant tous en même temps leur petit dèj’ sans aucune considération pour la file de clients qui s’allonge et s’impatiente. Pour le reste, nous sommes agréablement surpris par l’organisation, les bagages se voient attribuer un numéro, l’entrée dans le bus se fait par ordre d’achat des billets… Mieux que l’organisation d’Eurolines ! Et puis 10 heures de bus, moites dès 10.00 du matin… A Ségou montent 2 Irlandaises. Un peu paumées, elles nous confient que c’est pas facile, ce pays, sans la langue française… Tu m’étonnes ! D’ailleurs, les pauvres louperont leur arrêt au carrefour de Djenné, faute d’avoir entendu le chauffeur l’indiquer…

 

C’est un peu lessivés que nous arrivons à Sévaré, où nous sommes attendus par le collègue d’Amélie. Au centre, nous rejoignent bientôt Daou et son « employé en qui il a toute confiance » - qui se révèlera être son grand frère -, Souleymane. Les discussions commencent : définition du périple (de Sangha à Sangha, en boucle, cf. carte), sur 5 jours. Et vient l’annonce du prix. Coup de massue, notre budget max est largement dépassé. On négocie ferme, pendant quasiment une heure. Impression d’être un peu piégés : comment dire non à ce guide conseillé gentiment par le collègue d’Amélie, qui est présent ? Et pourtant, on trouve qu’ils exagèrent, sans manifester la moindre souplesse (refus de dissocier les tarifs de guidage et autres prestations au prétexte fallacieux que l’on nous fera payer 2 fois plus cher – alors que les tarifs mentionnés dans notre guide correspondent à ceux qu’ils connaissent ; refus de passer la nuit dans des hébergements autres que ceux qu’ils fréquentent habituellement, etc). Le discours bien rodé et ultra commercial de Daou (« nuit sous 10000 étoiles », « attention le matin pas question de demander du pain hein, on mange local, c’est beignets de farine ») ne nous plaît pas davantage.

 

Finalement nous tombons d’accord sur un tarif qui nous semble plus raisonnable, bien qu’au-delà de la fourchette haute de ce que nous nous étions autorisés (et pour cause : ce tarif représente à peu près 5 fois le coût moyen de notre vie à Bamako depuis le début du séjour, incluant tous nos postes de dépenses !).

 

Le séjour commence mal, nous sommes dépités et avons le sentiment de nous faire avoir sans pouvoir mettre le holà. Piètre consolation de se dire que, pleine saison touristique oblige, nous n’aurions pas pu obtenir moins…

 

Mais de cette façon, nous rentrons de plain pied dans une des réalités locales : le blanc est perçu comme ayant de l’argent. Tout le monde est mis dans le même panier, des touristes en 4x4 ne s’arrêtant dans les villages que pour manger et acheter sans négocier l’artisanat local aux randonneurs désireux de découvrir la région et sa population de manière plus respectueuse. Très frustrant, mais il faut que nous nous habituions à ce sentiment car il ne nous quittera pas pendant 6 jours…

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dim.

31

janv.

2010

Bamako, home sweet home

Les 2 oisillons tout juste sortis de l'oeuf sur notre rebord de fenêtre !
Les 2 oisillons tout juste sortis de l'oeuf sur notre rebord de fenêtre !

Après ces presque 2 semaines d’absence, qu’il est bon de revenir chez soi ! De s’entendre héler dans la rue par l’un des gamins du quartier qui nous souhaite « Bonne arrivée ». De pouvoir échanger à nouveau quelques mots dans une langue que l’on maîtrise mal, mais suffisamment pour établir un contact. De retrouver les voisins, les filles, les amis, qui tous demandent comment était le voyage, si nous allons bien, etc. Bref, de bénéficier de cette chaleureuse attention de tous, qui nous a tant manqué au Pays dogon (et qu’on ne retrouvera pas en France non plus, d’ailleurs ! pas dans les mœurs…).

 

Et, surprise, sur l’appui de fenêtre de la cuisine, une petite famille nous attend pour nous souhaiter la bienvenue…

 

NB : s'agissant du pays dogon, nous vous raconterons la marche à proprement parler ici, sur le blog. Les éléments plus détaillés sur la culture, l'histoire, l'économie du pays dogon seront présentés dans la partie "Pays traversés / Mali". Un premier article de cadrage vous y attend !

Et nous allons aussi essayer de rattraper le retard pris pour partager nos vacances de Noël... :-)

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sam.

16

janv.

2010

On part au pays dogon...

Nous partons demain pour une semaine au pays dogon (sur une carte, cherchez Bandiagara : la falaise, le plateau et la plaine dogons sont juste à côté, un peu à l'est). Thomas rentrera dimanche, Amélie un peu plus tard car elle continuera sa mission d'évaluation de projet à Mopti.

 

Pendant cette période, nous n'aurons pas d'accès à Internet : pas d'inquiétude à avoir, tout va bien !

 

En rentrant on aura encore plein de choses à vous raconter qui s'ajouteront à toutes celles que l'on vous doit déjà - et, promis, on répondra à tous nos mails en retard...

 

A très bientôt !

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dim.

10

janv.

2010

Mali Angola : 4 partout !

C’est la fête à Bamako ! Pétards en tous sens, klaxons et clameur impressionnante montant de toute la ville… Que nous vaut tant de ferveur ? Eh bien, le Mali vient de faire match nul contre l’Angola, au cours du match d’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations 2010 - un match de folie !

 

La CAN a été très médiatisée ces derniers jours au travers de l’attaque menée contre l’équipe du Togo par les Forces de libération de l'Etat du Cabinda (FLEC). Pour mémoire, Cabinda est une province angolaise très riche en pétrole enclavée entre RDC et République du Congo ; jamais soumise au colonisateur portugais, elle n’accepte pas non plus d’appartenir à l’Angola et revendique son autonomie depuis l’indépendance de ce dernier Etat en 1975. Officiellement, la lutte armée a pris fin en 2008 mais la guérilla continue sur le terrain. Dans le cadre de la CAN, le groupe B (Togo, Côte d’Ivoire, Ghana, Burkina Faso) est basé au Cabinda, l’objectif affiché par le Comité d’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (COCAN) étant la pacification. Pas gagné pour le moment…

 

Quoi qu’il en soit, le premier match de la coupe se jouait ce soir. A la mi-temps, 1-0 pour l’Angola, au terme de 45 minutes pourtant dominées du point de vue technique par le Mali en terme de construction de jeu. Un quart d’heure avant la fin, la partie commençait à se corser sérieusement pour les Aigles maliens, les Angolais ayant ajouté 3 nouveaux buts, dont 2 sur pénalty, à leur palmarès… Contre toute attente, les Aigles réussirent à égaliser au cours des dix dernières minutes : un premier but quelque peu laborieux suivi de 3 autres plutôt jolis ! Atmosphère effervescente chez nos amis du restaurant Yankadi, avec lesquels nous avons suivi le jeu, et qui ont accueilli chaque but avec force démonstrations de joie (et ce d'autant plus intensément qu'ils étaient inespérés !) : cris, sauts, applaudissements, tout le monde prend tout le monde dans ses bras… A notre retour au centre, ambiance aussi survoltée : les filles sont montées sur le toit et acclament les voitures qui passent en klaxonnant…

 

Rendez-vous le 14 janvier pour le prochain match, contre l’Algérie !

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sam.

09

janv.

2010

Ségou, la ville aux multiples qualificatifs

A trois heures de route de Bamako (240 kms), Ségou est le lieu idéal pour passer quelques jours au calme.  Première impression : tranquillité et verdure. Nous sommes entrés dans la ville par l’ancien goudron, bordé de part et d’autre par les bâtiments du quartier administratif, de style néo-soudanais, à l’ombre des caïlcédrats. A quelques mètres du goudron, le Niger, somptueux, déroule ses eaux…

 

Partout des arbres, et notamment les fameux balanzans à l’origine du surnom de « Cité des balanzans » ; d’après la légende, la ville compterait 4444 de ces arbres épineux de la famille des acacias, qui perdent leurs feuilles en saison des pluies, plus un qui, contrairement aux autres, serait bossu et dont nul ne connaîtrait l’emplacement. L’histoire des 4444 plus 1 remonte à l'époque du royaume bambara (cf. ci-dessous) : 4000 pour le nombre de membres de l’armée, composée de tous les hommes de 20 à 50 ans ; 400 pour les soldats de métier encadrant cette armés ; 40 pour les provinces du royaume de Ségou et de son allié Saro ; 4 pour le roi, sa famille, ses courtisans et sa garde. Le balanzan bossu représentait le conseil occulte du roi, véritable support du pouvoir à Ségou.

 

Pour nos deux jours à Ségou, nous avons choisi d’être hébergés non dans un hôtel, mais dans une famille ségovienne, la famille Coulibaly. Il faut dire que les Coulibaly (de Kulun-Bali – « sans pirogue » en bambara) sont légion, ici à Ségou. C’est d’ailleurs un certain Biton Coulibaly – de son vrai nom Mamary Coulibaly - qui fera de la ville la capitale de son royaume fondé en 1712, connu comme le « royaume Bambara de Ségou » et s’étendant de Bamako à Tombouctou. Nommé chef de « Ton » (c'est-à-dire une association regroupant des jeunes gens d’une même classe d’âge – ces associations existent dans quasiment toutes les ethnies du Mali, sous différents noms), après avoir été désigné trois fois lors d’un tirage au sort par un ancêtre aveugle, Biton Coulibaly conquiert les villages environnants et assoit son pouvoir grâce aux tons, dont il fait une véritable armée de métier, et à la flotte de guerre sur le Niger qu’il crée en alliance avec les Somono, une ethnie de pêcheurs.

Oumar Tall
Oumar Tall

Après sa mort en 1755, le royaume traversera différentes crises jusqu’à être renversé par El Hadj Oumar Tall le 10 mars 1861. C’est à cette époque que se perdit la tradition animiste dans la région de Ségou : après avoir détruit les fétiches protecteurs du royaume, Oumar Tall et son fils Ahmadou diffusent, comme ailleurs au Mali, l’islam qui est aujourd’hui pratiqué par la très grande majorité de la population. Une grande mosquée, pouvant accueillir 3300 fidèles, a d’ailleurs été construite en 2007 grâce à un financement libyen – pays très présent au Mali, nous en reparlerons - à travers l’Association Mondiale pour l’Appel Islamique (environ 1,5 milliard de FCFA).

Revenons à notre famille d’accueil. En l’occurrence, Zanke, le chef de famille, maçon de profession, a décidé il y a un an à peine de se lancer dans l’hébergement. Il accueille, face au fleuve, les visiteurs dans sa maison construite en banco rouge (car la terre est un matériau très présent à Ségou, de ce fameux banco rouge aux célèbres poteries de Ségou, fabriquées au village des potières sur l’autre rive du fleuve, village que nous avons visité… on en reparlera aussi !). Convivialité, calme et partage sont au rendez-vous ; repas cuisinés par la maman, soirée en famille dans la cour, discussions autour du thé, rencontre d’autres visiteurs… De vrais moments d'un bonheur tout simple...

Après les balanzans, les poteries et le banco rouge, Ségou est encore la ville du bogolan. En fait, cette technique de teinture  est également utilisée ailleurs au Mali, mais Ségou compte plusieurs ateliers de fabrication de bogolan dont certains ouvrent leurs portes au public, qui peut en suivre les différentes étapes. Ce que nous avons fait avec beaucoup d’intérêt (un autre article à venir !).

 

Et aussi, une agréable balade en pirogue sur le Niger, une tentative ratée de sortie dans un maquis (après avoir tourné dans la ville pour le trouver, déception : deux péquins dans une salle vide, nous avons rebroussé chemin), la visite du centre d’art africain Bajidala qui présentait une intéressante exposition sur les fétiches : réflexion sur cette notion de fétiche, soulignant le regard tout à la fois ignorant et méprisant porté par le monde occidental sur ces objets qualifiés de « primitifs », regard paradoxal lorsqu’on le confronte au rapport de nos sociétés aux objets de luxe et aux marques, par exemple…

 

On n’a pas eu le temps de tout voir… On y retournerait bien !

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ven.

08

janv.

2010

Premier colis, youpi !

Hier est enfin arrivé notre premier colis… parti de France à la mi-novembre ! Nous étions depuis l’envoi passés toutes les semaines à La Poste pour vérifier la boîte postale… toujours vide. Amélie s’était même renseignée au guichet, mentionnant le retard dans l’arrivée de ce paquet, et s’était entendu répondre que, sans le bordereau d’arrivée du colis, glissé en principe dans la boîte aux lettres, on ne pouvait rien faire pour elle…

 

C’est donc à notre grande surprise que nous avons reçu un appel de La Poste malienne, nous informant qu’un colis nous attendait depuis un moment ! En réalité, après moult pérégrinations de bureau en bureau, il nous fût expliqué que certains colis ne sont pas déposés à la Poste centrale… Mais au centre des colis postaux, situé dans un autre quartier de Bamako ; et dans ce cas, aucun papillon n’est glissé dans la boîte postale... Ce genre de petit désagrément ne nous surprend même plus : après tout, dixit un collègue d’Amélie, « En Afrique, tout est possible ! »…

 

Et effectivement, après avoir passé la douane et contre quelques FCFA de taxes, le colis nous fût remis…

 

Décorations de Noël, un peu en retard ; mais elles ont tout de même trouvé leur place dans notre chez-nous. Douceurs diverses et livres sont quant à eux venus compléter les trésors issus d’un autre colis et des cadeaux de Noël arrivés par l’intermédiaire des parents de Thomas (mode de transport plus rapide… bien qu’un peu plus onéreux :-) ).

 

Encore merci à tous les généreux envoyeurs !

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lun.

04

janv.

2010

A l'intérieur du Mali

Comme annoncé dans un précédent billet, nous avons mis à profit le récent séjour de la famille de Thomas pour visiter l’intérieur du Mali. En 10 jours, nous n’avions pas suffisamment de temps pour aller très loin (par exemple au pays dogon). Nous avons préféré restreindre nos pérégrinations à un périmètre relativement proche de Bamako, que nous avons quittée d’abord pour Ségou (3 heures de route), puis Teriya Bugu (à 2 heures de route / piste de Ségou) et enfin Koutiala (5 heures de route depuis Bamako), où habite notre ami Kalifa. La carte ci-dessous vous aidera à mieux vous repérer…

 

En attendant de vous raconter de manière plus détaillée ces quelques jours, nous tenions à vous souhaiter à tous une très belle année 2010… A bientôt !

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