jeu.

03

juin

2010

Le saviez-vous ?

Le saviez-vous ? Vendredi, le Gouvernement du Togo a été mis en place. Plus de 2 mois après les élections présidentielles qui ont reconduit Faure Gnassimbé, le fils du Général Eyadéma Gnassimbé, à la tête du pays... Rappelons que ces élections se sont déroulées de manière vivement contestée par l'opposition, menée par Jean-Pierre Fabre (Union des forces de changement). Depuis les élections, l'opposition, reconnaissable à ses casquettes et T-shirts jaunes, manifestait pacifiquement tous les samedis dans les rues de Lomé. Tension latente mais qui n'a pas été suivie de débordements comme en 2005 - plus de 150 morts selon les chiffres officiels et probablement plus en réalité, doublé d'un très fort sentiment anti-français. Eh oui, le soutien clairement exprimé de nos dirigeants d'alors à Faure, fils d'Eyadéma dont le peuple a souffert des exactions et du pillage des ressources du pays pendant 38 ans, ainsi que les promptes félicitations du Président Chirac au même Faure, alors même qu'il a été élu au terme d'élections manifestement frauduleuses (fraudes dont l'on murmure qu'elles auraient été facilitées par la France), n'ont pas redoré le blason français dans un pays (et un continent) où tous savent qu'une certaine collusion existe entre leurs dirigeants et les nôtres. Collusion qui, comme on nous l'a fait remarquer, peut éventuellement servir les intérêts de la population française (quand elle dépasse le simple cadre du copinage entre politiques et industriels français), tandis qu'elle s'effectue pleinement au détriment des populations africaines. A titre d'illustration du sentiment anti-français, on nous a raconté l'histoire d'un Blanc, pris entre 2 groupes d'émeutiers en 2005, et qui a probablement eu la vie sauve seulement grâce à sa nationalité suisse - heureusement connue d'un des émeutiers qui a bien voulu le sortir de ce mauvais pas.

Quoi qu'il en soit, coup de théâtre, l'UFC a annoncé mercredi qu'à l'issue de longue tractations, elle ferait son entrée au gouvernement avec 7 ministres. Après l'ouverture à la française, l'ouverture à la togolaise... Véritable changement, porteur d'espoir pour la population, ou ralliement de l'opposition, avide de profiter du système, comme les autres ? Seul l'avenir le dira...

 

Le saviez-vous ? Le Cameroun, indépendant depuis 1960, a connu une décennie de guerre civile entre 1954 et les années 60. Objectif : mater les rebelles camerounais emmenés par Ruben Um Nyogbe, leader populaire qui refusait toute compromission avec l'ancienne puissance coloniale. Il est bon de préciser que ces « rebelles » ont été les militants indépendantistes de la première heure, poussés à la clandestinité par l'interdiction de leur parti politique... En effet, la France avait décidé qu'Um Nyogbe ne serait pas dauphin du régime colonial et elle l'empêcha de se présenter aux élections qui aboutirent à la désignation du premier chef d'Etat camerounais. Notre pays appuya le pouvoir camerounais dans sa lutte contre Um Nyogbe – et ses successeurs, car le leader fut tué après quelques années de ratissage des forêts dans lesquelles lui et ses troupes se cachaient. Au cours de cette guerre (que les manuels d'histoire n'évoquent pas, selon nos souvenirs), du napalm fut employé. Commentaire de Pierre Messmer, alors Haut Commissaire de la République au Cameroun puis Ministre des Armées : « Oui. Mais cela n'a pas d'importance »... Édifiant. Si vous vous intéressez au sujet, nous vous conseillons de visionner l'excellent documentaire que nous avons eu l'occasion de voir au centre Mytro Nunya« Cameroun, autopsie d'une indépendance », de Gaëlle Le Roy et Valérie Osouf : il peut être visionné ci-dessous (cliquer sur "play" puis le rectangle pour mettre en plein écran).

 

 

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mar.

01

juin

2010

Flash back sur Cotonou

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dim.

23

mai

2010

Lomé et plus largement

[edit : mise en ligne d'un article sur la technique du bronze à la cire perdue]

 

Nous voilà à Lomé, capitale du Togo. Arrivés mardi, après un trajet en taxi partagé avec Benoît et une Béninoise fort désagréable, qui nous a quittés en cours de route parce que les formalités à la frontière prenaient trop de temps à son goût... Route assez agréable, en bordure de côte : palmiers et mers à l'horizon, quelques lacs et villages lacustres avec leurs maisonnettes comme posées au milieu de l'eau. Traversée de Ouidah, ville historique, d'où partaient les esclaves du Bénin. Nous devions y passer la journée de lundi à la faveur d'un de nos rendez-vous, mais excursion et rendez-vous furent annulés en raison de l'orage dru qui s'abattit toute la matinée sur Cotonou et ses environs. Par conséquent, pour nous pas de maisons afro-brésiliennes des descendants d'esclaves revenus à la recherche de leurs racines, pas de marche le long de la route des esclaves, avec ses arbres du l'oubli et du retour : juste une traversée dénuée de sens – point de repère historiques le long du goudron... Aléas du voyage...

 

En arrivant à Lomé, surprise : une vaste zone franche s'étend à l'est de la ville. Jamais vu une telle concentration d'industries en Afrique de l'Ouest. Il paraît que le Ghana en compte encore davantage – ne parlons pas du Nigéria. La cimenterie en particulier est impressionnante. Après en avoir discuté avec plusieurs personnes et lu un peu sur le sujet, il semble que cette zone franche, destinée à attirer les investissements étrangers, bénéficie d'un statut assez particulier : exemption des taxes et impôts à l'importation et à l'exportation pour les produits qui y sont fabriquées et les matières premières nécessaires à leur fabrication, interdiction de constituer des syndicats, rémunération horaire du travail parmi les plus basses au monde...

 

La ville quant à elle, pour ce que nous en avons vu, est relativement agréable. Nonchalante, par rapport à sa voisine béninoise si frénétique. Circulation bien moins dense, urbanisation plus aérée, retour de la verdure, moins de pollution, quelques degrés en moins aussi. On apprécie. Quelques grands immeubles en centre ville, notamment l'hôtel du 2 février (date du retour à Lomé de l'ancien chef d'Etat, le général Eyadéma, après un accident d'avion). Il faut dire qu'ici, pas mal de noms de rues ou d'immeubles sont liés à l'histoire personnelle du Général Président. Quand ils ne sont pas des vestiges de la colonisation (avenue du Général de Gaulle, avenue Pompidou, avenue Mitterrand – on n'a pas trouvé l'avenue Chirac mais elle doit bien exister ! ça fait un peu bizarre, tout de même...).

 

Pour le reste, il y a quand même pas mal de ressemblances avec la grande sœur de l'Ouest : ces petites lampes à pétrole qu'on ne voyait pas chez les voisins sahéliens, qui s'allument comme autant de lucioles à la tombée de la nuit pour éclairer les échoppes de bord de route ; l'apparition des « pavés », en plus des traditionnels « goudrons » ; les « yovos, yovos ! » qui fusent à chaque coin de rue (et plus « toubabou » comme au Mali et au Burkina) ; la plage, sans ombre bien que bordée par quelques palmiers, déserte en semaine et où il est dangereux de se baigner à cause des courants très forts ; les traditionnels panneaux d'ONG à tous les coins de rue, qui s'occupant des droits des enfants, qui de la lutte contre le sida, la rougeole ou la polio, qui de l'accès à l'énergie, de la microfinance, etc etc. Il y en a tellement, et pourtant les pays sont dans des situations encore tellement difficiles... D'où vient le problème ?...

 

Il y a aussi les messages de sensibilisation diffusés à grande échelle sur des panneaux publicitaires, qui traduisent bien les problématiques auxquelles les pays sont confrontés : « Je n'attrape pas le SIDA en mangeant avec une personne séropositive », « Et si cette homme couchait avec votre jeune fille ? Alors, pourquoi couchez-vous avec sa jeune fille ? Il est temps de faire cesser ces pratiques dangereuses », « Parlons de sexualité avec nos enfants pour une vie responsable et épanouie » (message qu'on ne pourrait sans doute pas diffuser à l'heure actuelle dans un pays comme le Mali par exemple) …

 

Et à côté de ces panneaux, les pubs : pour les grandes compagnies de téléphone (dont le capital est détenu pour partie voie majoritairement dans certains cas... par le groupe France Télécom) et leurs cartes prépayées – qui coûtent, au Togo comme au Burkina, une fortune par rapport aux revenus des gens ; pour des produits de soin et notamment des produits éclaircissants pour la peau ; pour la coupe du monde de football ; pour des places d'avion vers l'Europe... Comme chez nous, le « rêve » et le besoin de consommation sont savamment entretenus. La télévision participe évidemment au mouvement général, diffusant les journaux de France 2 sur les chaînes nationales (vous imaginez ça en France ?...), ou des séries – TV novellas brésiliennes ou mexicaines, séries indiennes type Bollywood) – abrutissantes et donnant à voir une irréalité faite d'argent, de trahisons, d'amour, d'armes, d'océan... C'est Dallas puissance 100... Sinon, on peut regarder les DVD chinois vendus 1000 ou 1500 francs dans la rue : en tête de palmarès, films et séries américaines ou asiatiques, souvent d'action, que les TV diffusent en continu – car quand on a une télé, il est inconcevable de l'éteindre...

 

Et voilà comment un article censé vous raconter ce que nous avons fait de nos dernières journées se transforme au fil de l'écriture en un condensé quelque peu subjectif de nos impressions au fil des jours et des découvertes... La suite au prochain billet !

 

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lun.

17

mai

2010

Quelques photos de Cotonou

Au-delà des quelques petites photos ci-dessous, vous pourrez trouver 2 comptes-rendus de nos visites : le village solaire de Hon et l'association Voûte Nubienne.

 

Sinon TVB, plus de nouvelles + tard !

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mer.

12

mai

2010

Depuis Cotonou

[Ecrit le mardi 12 mai]

 

Cotonou. Notre 3ème « capitale » africaine (précisons que la capitale administrative du Bénin est Porto Novo ; Cotonou n'en est que la capitale économique). Nous y sommes arrivés dimanche, après avoir traversé le pays du Nord au Sud en faisant escale d'abord à Tanguiéta, puis à Koussoucoingou (cf. notre précédent billet), Natitingou, et enfin Abomey / Bohicon. Dans les cars, nous avons été bercés par la musique locale – plus souvent en français que lorsque nous étions au Mali. Mais on doit avouer que finalement, ce n'était peut être pas plus mal de ne pas comprendre les paroles... Les chauffeurs (et peut-être aussi les passagers ?) manifestent un goût certain pour les balades, à notre goût, très sirupeuses dans lesquelles l'artiste peut hurler 15 fois d'affilée « Je t'aime », se demander qui choisir entre « la jolie Fanta » et « la gentille Amina », déclarer son amour à sa dulcinée sur le mode« je vais lui offrir mon cœur dans un grand bouquet de fleurs », … Sinon, il y a le reggae catho, pas mal aussi dans son style.

 

A Natitingou, nous n'avons pas fait grand chose, n'y passant qu'une demi-journée et une nuit. Repos, cyber, et soirée sympathique en compagnie de Dany et Nadine, les deux françaises chez qui nous passions la nuit ; elles sont venues s'expatrier au Bénin il y a près de 2 ans et ont monté une petite structure hôtelière fort agréable – après notre nuit sur la terrasse d'un tata, ça nous a fait du bien. Si jamais vous passez par le Bénin, on vous recommande l'adresse!

 

Abomey a été une étape déconcertante. Ville tranquille en apparence, avec ses larges avenues bordées d'arbres et demeures coloniales en pagaille, c'est la capitale du vaudoun, où la Cour suprême du vaudoun a d'ailleurs son siège. Le vaudoun est la religion traditionnelle au Bénin, réputée pour les sorts, envoûtements, fétiches et empoisonnements qui y sont liés...

 

On avait déjà entendu des histoires quelque peu effrayantes sur ce sujet au gré de nos rencontres : décès du mari qui quitte sa femme quelques semaines après la rupture, secrétaire vengeresse qui empoisonne toute son équipe, menaces, guéguerre entre 2 féticheurs (c'est mon fétiche qui est le plus fort et pas le tien !) aboutissant au décès de 2 des filles de l'un d'entre eux, 9 et 14 ans, en une semaine d'intervalle et dans des circonstances étranges... Pas rassurant tout ça, mais il paraît que les envoûtements et fétiches ne fonctionnent pas sur les Yovos (les Blancs) – ouf, c'est déjà ça (mais reste à prendre garde aux empoisonnements) !

 

Quoi qu'il en soit, nous avons rapidement plongé dans cette ambiance étrange à notre arrivée à Abomey, comme vous aller le constater avec le récit de notre premier déjeuner. Tranquillement assis dans un maquis, nous voyons arriver un type, blanc, l'air un peu bizarre (en fait, il est juste totalement ivre – comme nous l'indiqueront les nombreuses bouteilles de bière vides sur sa table, un peu plus tard). Il nous demande avec un drôle d'accent (normal, il est Allemand... et éméché) si on est Français. Oui, on est Français. Et là, il nous sort : « ils ont brûlé deux hommes, là derrière », en montrant la rue presque voisine. Nous nous regardons, franchement ébahis, ne sachant quoi répondre, nous demandant si c'est du lard ou du cochon... Mais le patron du maquis confirme – et explique : apparemment, une pratique en vogue ces derniers temps consiste à tuer de jeunes enfants pour récupérer leur sang pour « faire de l'argent » (on peut en effet transformer le sang d'enfants en billets de banque grâce à un « torchon magique »... à moins qu'il ne s'agisse de sacrifices destinés à des fétiches ?) ; on retrouve ensuite les cadavres en brousse... La population est à bout et ne supporte plus ces assassinats, tout en considérant la police comme incapable. Il semble donc que les 2 personnes en question aient été soupçonnées de vouloir enlever un gamin du coin. Du coup, vindicte populaire, lynchage, essence, flammes, deux cadavres. On ne rigole pas dans le coin. A moins qu'il ne s'agisse d'un règlement de compte au sein d'une même famille, entre frères, comme nous l'ont affirmé deux autres personnes ? En tout état de cause : bienvenue à Abomey ! (Du coup, lors de la suite de notre déjeuner, on a vu d'un tout autre œil la patronne lorsqu'elle est sortie de derrière le bar armée d'un grand couteau... finalement bien inoffensif !)

Si vous ajoutez à cela :

  • le « secret aimable » d'un autre type un peu éméché le même soir (il a levé le coude « mais dans le bon sens du terme »), nous conseillant de manger à notre hôtel plutôt que de sortir car « Abomey est devenue dangereuse, on risque de vous couper la tête » ;

  • les paroles d'un guide local, se voulant au contraire rassurant : « mais non, ce sont des bêtises, vous ne craignez rien, les touristes ça fait 20 ou 30 ans qu'on ne leur a rien fait » - hum ;

  • les zems (motos taxis) avec qui on se fatigue à discuter de longues minutes car, ville touristique oblige, ils se croient autorisés à multiplier leurs tarifs par 4 pour les blancs,

  • les quelques billets que nous avons été obligés d'aligner sans l'avoir prévu – pour des raisons qui seraient trop longues à expliquer ici,

vous comprendrez que nous n'étions pas insatisfaits de quitter la ville après 3 nuits (dont en réalité, une à Bohicon à 9 kilomètres de là).

 

Nous avons tout de même mis à profit notre passage, sur le plan des projets. Nous avons visité le centre de séchage des fruits tropicaux (et pu à l'occasion goûter ananas et mangue séchée, ainsi que le jus d'ananas local – délicieux !), initiative d'une structure associative qui tend à devenir entrepreunariale, et qui commercialise sa production en commerce équitable. Nous avons également rencontré les responsables de l'Association béninoise pour l'éveil et le développement (ABED), qui a mené avec le PNUD, le GEF et le Barefoot College un programme d'électrification solaire en milieu rural – nous avons d'ailleurs pu échanger avec les villageois puisque nous nous sommes rendus à Hon, l'un des 2 villages solaires concernés. Cela a aussi été l'occasion de goûter le sodabi, alcool local de palme. Ça arrache !

 

Nous sommes arrivés dimanche à Cotonou. Ulrich, ami que Thomas avait rencontré au Mali, nous prend en charge immédiatement : déjeuner dans une fête de communion où il se trouvait à notre arrivée (on goûte l'ablo, gâteau de riz cuit à la vapeur, c'est très bon), bière dans un maquis, spectacle de « revenants »... Il nous emmène, le soir, dans une pension pas très chère où l'on s'installe le moral en berne (chambre un peu déprimante, propreté douteuse, …). Depuis, on a déménagé, pour une auberge de volontaires à peine plus chère, à deux pas de chez Benoît (dont nous vous avions déjà parlé ici) et que nous avons retrouvé après son passage au Togo.

 

Jusqu'à maintenant, nous avons surtout pris nos marques. Au premier abord, Cotonou ressemble à une gigantesque fourmilière : ville étendue, circulation la plus intense qu'on ait eu l'occasion de voir depuis notre arrivée en Afrique de l'Ouest (motos, zems -taxi-motos-, taxis, véhicules particuliers, 4X4, camions de travaux... c'est le bazar !), plein de petites échoppes sur le bord du goudron, qu'on éclaire à la lampe à pétrole le soir, pas mal de piétons aussi, ça s'agite, ca grouille dans tous les sens... On constate aussi, intuitivement mais clairement, l'élévation du niveau de vie par comparaison avec le Burkina et le Mali : ville bien structurée, davantage de véhicules type Berline, davantage aussi de petits supermarchés à l'occidentale, apparition de boulangeries – pâtisseries, prix globalement plus élevés, publicités pour Blackberrys, vin dans les maquis / restos...

 

Globalement (pas seulement à Cotonou), on constate un poids important de la religion. Eglise évangélique des assemblées de dieu du château, église méthodiste, église d'évangélisation « la parole de dieu au monde », église du christianisme céleste... Il y en a pour tous les goûts. Et la religion chrétienne est très pratiquée si l'on en croit les noms des échoppes locales : pressing « A la grâce de dieu », studio photo « L'œil de dieu », Lavage auto-moto « Dieu le très haut », boulangerie « Dieu est grand » … Moins anecdotique, plus préoccupant, nous avons croisé dans un village un instituteur qui nous a très sérieusement expliqué que, si nous sommes sur Terre, c'est que nous avons un Créateur ; que les Européens ont une théorie selon laquelle l'Homme descendrait du singe mais que ce n'est pas possible, car l'Homme descend d'Adam et Eve... Voilà sans doute ce que les enfants apprennent à l'école. Les évangélistes ont bien fait leur travail (NB : au Mali, la religion était aussi très présente – mais musulmane ; au Burkina, Dieu est aussi très présent : ce n'est pas une spécificité béninoise. Quant au rejet de la théorie de l'évolution, rappelons que certaines églises américaines le prônent également...). Et lorsque les gens apprennent que nous sommes l'un athée, l'autre « décroyante » -selon une jolie formule utilisée par un de nos amis-, ils ont peine à le croire...

 

Niveau climat, la chaleur, relative (30 à 33 °C) mais très humide (l'hygrométrie atteint 95% le matin ici), nous saisit dès l'arrivée. C'est surtout en sortant d'une pièce ou d'une voiture climatisée que l'humidité est sensible : l'air est suffocant.

 

Sinon, nous avons pas mal vu Ulrich qui nous a emmené déjeuner avant hier (igname pilé, autre spécialité locale) et nous a un peu montré la ville, pris nos visas pour le Togo, déjeuné ce midi dans un resto végétalien rasta très sympa avec Benoît... A partir de demain on enchaîne avec un emploi du temps plutôt chargé sur différents projets. On vous tiendra au courant, bien sûr...

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jeu.

06

mai

2010

Arrivée au Bénin

[Edit : on a eu quelques difficultés à mettre ce texte en ligne, donc il arrive un peu défraichi ! Par ailleurs on a ajouté quelques photos à nos comptes rendus de visites de projets au Burkina (la suite arrive, à petites gouttes !]

 

Nous voilà au Bénin. La dernière fois que nous avons écrit, c'était depuis Ouaga, où Alex nous a accueillis pour nos deux dernières nuits. Nous avons profité de notre dernière journée sur place pour rencontrer M. Philippe Yoda, vétéran de la guerre contre le plastique : il se bat depuis plus de 20 ans pour lutter contre les conséquences de l'usage immodéré des sachets et pour conscientiser les populations et leurs dirigeants sur ce fléau. On en parlera plus longuement dans un article consacré au plastique. Nous avons aussi, entre autres choses, visionné un film consacré à Thomas Sankara. Absent des livres scolaires français, c'est pourtant le Che Guevara africain, visionnaire à bien des égards même si la politique qu'il a menée n'était pas exempte de toute critique. Amertume de constater que, plus de 20 ans après, celui qui l'a assassiné est encore au pouvoir, avec le soutien de notre pays...

 

Nous avons passé la frontière dimanche, sans encombre.

 

Alors le Bénin, comment c'est ? Jusqu'ici, assez différent des pays que nous venons de quitter. Petit pêle-même... D'abord, c'est plus au Sud : il fait donc plus doux (mille fois ouf !), mais aussi plus humide... Beaucoup de vert (il y a de l'HERBE !) – la saison des pluies a débuté (du coup nous avons aussi décider de commencer notre traitement anti palu). Nous avons d'ailleurs fait l'expérience d'un orage assez violent avant-hier : lorsque le vent souffle, il arrache les toitures de tôle sans souci. Au niveau des paysages toujours, nous sommes dans une zone montagneuse – çà change de la brousse plate s'étendant à perte de vue. Les gens sont sympas, mais beaucoup plus réservés qu'au Mali et même au Burkina. Les constructions sont différentes, les toits pointus à la française ont remplacé les toits plats à la sahélienne, mais les murs restent de terre ou de ciment – suivant les moyens. Les routes sont plutôt en bon état, les conducteurs de motos mettent davantage des casques. Les zems (taxis-moto) ont fait leur apparition, avec leurs gilets verts et jaunes numérotés. Les hommes s'habillent plus souvent qu'au Burkina en boubou, mais en cotonnade wax et non en bazin comme au Mali (une Burkinabée nous a expliqué, à propos des Maliens : « Là-bas, c'est la sape, comme on dit ! » - et c'est vrai que les Maliens, et surtout les Maliennes, du moins ceux qui en ont les moyens, peuvent dépenser des sommes importantes pour un boubou, surtout pour les fêtes, et pour leurs coiffures...).

 

Et sinon qu'avons-nous fait ? Nous sommes restés 2 jours à Tanguiéta, au nord du pays, où nous avons rencontré les représentants de l'U-Avigref (Union des associations villageoises de gestion des ressources en faune) qui nous ont parlé de leurs différents projets, notamment celui pour lequel nous étions venus : le développement de la culture d'un coton biologique et équitable – en lieu eu place du coton conventionnel utilisé autrefois. Nous avons également pu discuter avec des groupements de producteurs dans les villages de Batia et Tanangou (compte rendu à venir !).

 

Moumouni, agronome de son état, travaillant pour l'Avigref, nous a très gentiment invités à dîner un soir, pour partager un repas traditionnel : pâte rouge, pâte blanche et leurs sauces. La pâte rouge est une sorte de tô, mais elle est assaisonnée, mélangée avec de la sauce tomate, et accompagnée d'une sauce tomate / oignons. C'est vraiment bon – en tous cas on a aimé. La pâte blanche est une pâte faite avec l'amidon d'igname et de manioc. C'est plus fade, mais accompagné de la sauce, ça devient agréable. Et, nouveauté, dans la sauce, les Béninois du Nord mettent des morceaux de fromage de vache, un genre de mozzarella coupé en cubes, frits et donc ajoutés à cette sauce.

 

Nous avons ensuite passé une journée dans le village de Koussoucoingou, vers la frontière avec le Togo. C'est un éco village qui reçoit l'assistance d'Eco-Bénin, une ONG qui a développé son modèle d'écotourisme et que nous devons rencontrer lorsque nous arriverons à Cotonou. Nous nous sommes dit qu'il serait intéressant, au lieu de n'en discuter que dans un bureau, d'aller voir directement sur le terrain ce que ça donnait... Nous avons donc eu l'occasion de découvrir les tatas, habitations traditionnelles du pays somba, et même d'y dormir ; nous avons également fait un parcours découverte autour du village, à la découverte de la flore (essentiellement) et en passant à côté des cachettes des habitants de la zone pendant la période coloniale, pour éviter les travaux forcés (construction de la route coloniale, transport de bottes de paille vers Natitingou, à 35 km de là, sur la tête évidemment...).

 

Nous avons quitté le village ce matin pour Natitingou justement – où nous sommes arrivés tant bien que mal, dans une Peugot 504 où nous étions 15 (plus des chaises et quelques kilos de céréales sur le toit, évidemment), qui est tombée en rade d'essence au milieu du parcours... L'apprenti a été envoyer chercher 2 litres qu'il a trouvés on ne sait où, pendant que le chauffeur essayait de réamorcer le moteur... avec sa bouche. C'est une étape tranquille, pas de visite, juste un peu de repos avant de repartir demain vers le Sud ; nous commençons à accumuler un peu de fatigue car nous nous levons tôt, nous couchons pas si tôt que ça, et ne dormons pas toujours très bien...

 

Voilà voilà, quelques premières impressions sur ce nouveau pays pour nous.

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