ven.

27

nov.

2009

Sélingué

Nous avons à nouveau décidé de quitter Bamako il y a 15 jours. Cette fois, direction Sélingué, à 140 kilomètres au sud de Bamako. Départ en voiture le vendredi soir avec deux collègues d’Amélie. Nous avons réservé deux chambres dans un hôtel « écologique et convivial » recommandé par notre guide, nous réjouissant par avance de profiter de la piscine des lieux. Le trajet de deux heures sur une bonne route, bercé par RFI et une cassette de chants religieux africains, ne nous permet pas de voir grand’ chose : la nuit très noire s’étend sur la campagne alentour, tout au plus devine-t-on les villages traversés. Après quelques difficultés pour trouver l’hôtel à l’arrivée, une ou deux pancartes stratégiques manquant sur le trajet, nous sommes accueillis par le cuisinier, qui nous installe dans les chambres, simples mais agréables. Seul petit souci : le robinet de douche des collègues d'Amélie ne se referme plus… Du coup, le gérant décide de couper l’eau dans notre « bloc » de chambres et de nous faire déménager, après le dîner, dans l’autre « bloc ».

 

Dîner, prise de possession des lieux : un grand jardin calme, la piscine au fond, repos en perspective ! Petite inquiétude tout de même, un « truc » non identifié a bougé dans l’eau… On verra demain à la lumière du jour ! Un peu fatigués, nous nous apprêtons à déménager mais le cuisinier nous explique que pour nous, ce n’est pas la peine, il va faire une « petite » réparation dans la douche voisine et remettra l’eau ensuite… Trois quart d’heure plus tard, en désespoir de cause, nous finissons par nous coucher toujours sans eau, la « petite réparation » n’étant pas encore terminée. Et le lendemain matin… nous sommes réveillés à 7.00 tapantes par des coups de marteau dans le mur voisin : suite et fin de la réparation… Heureusement, ça ne dure pas longtemps et nous nous rendormons facilement.

 

Au petit déjeuner, Amélie, qui n’a pas vraiment récupéré, traverse un moment de découragement : sur la table, pas de thé ni de confiture, simplement café beurre (qui la connaît sait qu’elle ne boit pas de café et ne mange pas de beurre sur ses tartines !), et une mauvaise nouvelle : la piscine est impraticable… Eh oui, le filtre ne fonctionne plus depuis 3 mois, car des câbles ont été endommagés par un orage ; l’hôtel court après Electricité du Mali depuis tout ce temps pour qu’ils soient remplacés mais jusqu’ici, cela n’a pas payé !

La route au-dessus de la retenue d'eau (à gauche, la centrale hydroélectrique ; à droite, le lac !)
La route au-dessus de la retenue d'eau (à gauche, la centrale hydroélectrique ; à droite, le lac !)

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous prenons la voiture pour aller découvrir les alentours. Au programme : le barrage, le lac et les villages bozo autour du lac (les Bozos sont une ethnie de pêcheurs). Après la traversée de Sélingué ville, calme et tranquille, avec ses échoppes le long du goudron, la route continue au milieu des rizières pour arriver directement à la retenue d’eau. Le barrage hydroélectrique, construit en 1978 sur la Sankarani (affluent du Niger), produit environ 30% de l’électricité malienne (puissance de 46 MW) et alimente notamment les villes de Bamako et Koulikoro. Dans la mesure où nous nous sommes sagement conformés à l’interdiction officielle de photographier le barrage, il faudra vous contenter de la vue aérienne depuis google maps, à laquelle nous joignons tout de même une photo de près trouvée sur un autre site. Le lac quant à lui est vraiment immense, avec ses 409 kilomètres carrés d’eau. Outre les ressources halieutiques exploitées par les pêcheurs Bozo, il facilite la riziculture au sein de l’Office du développement rural de Sélingué (mise en place de périmètres aménagés, etc).

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Une fois sur l’autre rive, nous décidons d’aller visiter le Woloni, structure hôtelière située les pieds dans l’eau. L’endroit est vraiment agréable, conçu par un ardéchois d’origine, qui a posé ses valises ici après avoir ouvert puis revendu d’autres structures du même type au Burkina et ailleurs au Mali. Après avoir passé un moment sympathique dans le salon / restaurant sur pilotis et visité l’une des chambres-cases, nous repassons le barrage et nous dirigeons vers un des villages bozo dont le gérant de l’hôtel a parlé. Contrairement aux habitations bamakoises et même à celles de Baguinéda, les constructions sont ici fréquemment en banco (plus d’infos sur la construction en terre dans notre article sur ce sujet), et rondes. On parvient souvent à reconnaître les revenus d’une famille à sa maison : les familles les plus nécessiteuses vivent dans des maisons en banco au toit de paille ; lorsqu’elles sont plus aisées, la tôle remplace la paille ; les familles plus riches font construire en ciment et tôle…

 

Arrivés dans le village, nous nous arrêtons au port. Ce dernier, réalisé dans le cadre d’un vaste projet de développement des ressources halieutiques financé par un prêt de 5,2 millions de dollars octroyé par la banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), doit comprendre à terme une rampe d’accostage, une esplanade de nettoyage du poisson, une chambre froide et une unité de production de glace, un centre de nettoyage, de tri et de conditionnement du poisson et une unité de fumage et de séchage du poisson. Nous n’avons pour notre part vu qu’une assez grande esplanade en béton, jouxtant un hangar en béton lui aussi, sommairement aménagé pour le nettoyage et le conditionnement du poisson, et un peu plus loin, ce qui devait être la chambre froide / unité de production de glace. L’ensemble n’est pas encore en fonction : aucune débarquement ni traitement de poisson, aucune vente ; seuls des enfants jouent dans l’eau, quelques jeunes filles lavent le linge, un piroguier transfère des rondins de bois d’une pirogue joliment peinte à une autre (il nous explique que ce bois servira à fabriquer les figures de proue / poupe de sa pirogue).

Les collègues d'Amélie restent sous le hangar, et nous en profitons pour aller découvrir, à deux pas, le marché traditionnel de poisson, formé de petits étals abrités sous des cabanes en bois. A la vente, beaucoup de friture. Comme toujours, les gens sont très gentils, nous saluent, on discute quelques minutes… Mais nous ne sommes pas très à l’aise : l’arrivée en voiture nous rend difficile le contact avec les gens car nous avons l’impression de faire partie de ces touristes en 4x4 qui s’extasient 10 minutes sur un endroit avant de vite repartir pour le prochain arrêt de leur tour organisé ; de surcroît les collègues nous attendent, nous ne disposons donc pas du temps nécessaire pour prendre le temps comme nous le souhaiterions… Nous rejoignons donc rapidement nos compagnons, qui discutent de la pêche locale : malheureusement, les alevins pris dans les filets ne sont la plupart du temps pas relâchés, ce qui risque évidemment à terme de poser le problème de l’extinction des poissons vivant dans le lac. Des instructions sont pourtant données dans l’objectif de sauvegarder les espèces (contrôle des équipements de pêche  et du respect des saisons de pêche notamment). La question est celle de l’efficacité de ces instructions et de la réalité des contrôles… Certains problèmes sont universels !

 

Après cette excursion, retour à l’hôtel, déjeuner / goûter de bananes, repos, lecture dans le jardin. Puis nous décidons tous les deux d’aller nous promener dans Sélingué ville. Plus tôt en voiture, nous sommes passés devant un bâtiment abritant le « projet d’extraction de gaz à effet de serre ». Thomas est évidemment très intéressé, mais une fois devant le bâtiment, nous nous rendons compte que manifestement, le projet a déménagé : une famille vit ici au grand complet. Nous posons tout de même la question ; du coup tous les enfants de la maison sortent pour voir ces toubabs qui se sont arrêtés pour discuter avec leur mère. Dialogue franco-bambara-gestuel : notre intuition est confirmée, le projet n’existe en fait plus du tout sur Sélingué… Après avoir salué, nous reprenons notre paisible balade : quelques chèvres, des enfants, les salutations habituelles, une discussion avec des vendeuses de fruits et légumes, puis un quart d’heure passé avec des footballeurs en herbe qui nous invitent à les regarder… Et retour à l’hôtel pour une soirée au calme avec nos amis, devant un bon poulet grillé et le match Irlande France (dire qu’il faut que nous soyions au Mali pour regarder les matchs de foot !).

Le lendemain matin, après un petit déjeuner au soleil (le luxe en plein mois de novembre, héhé), nous quittons l’hôtel. Nous découvrons les rizières et autres plantations voisines (bananes, papayes, …) en voiture. Puis, direction le Woloni, à nouveau, où nous avons décidé de tester la cuisine. L’apéro au calme sur le lac est suivi d’un excellent déjeuner (méchoui d’agneau, gratin de pommes de terre fondant à souhait et gratin de papaye). Nous pensions ensuite profiter du début d’après-midi pour une baignade dans le lac ou dans la piscine… Ca ne sera malheureusement pas possible, les collègues d'Amélie souhaitant manifestement ne pas rentrer trop tard à Bamako. C’est à regret que nous abandonnons les lieux et reprenons la route vers la capitale…

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lun.

23

nov.

2009

Rapidement...

Notre premier courrier est arrivé aujourd'hui ! Envoyé le 13 octobre, il aura donc mis un mois et 10 jours à nous arriver. Bon, peut-être un peu mois car cela faisait une dizaine de jours que la boîte postale n'avait pas été relevée ! Alors merci aux Montois :).

 

Nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour écrire depuis une semaine et demi (week-end en dehors de Bamako, quelques sorties, des tracas administratifs à régler... Nous vous raconterons tout ça, les posts sont en cours de rédaction !). La fête de Tabaski se prépare, les moutons fleurissent à tous les coins de rue et leurs bêlements emplissent la ville... La chaleur baisse la nuit (17 degrés ce matin, Amélie a même mis un gilet et l'a gardé toute la journée sans y prêter attention : ça y est, nous nous sommes acclimatés !), le travail suit son cours, pas de souci de santé, bref tout va bien...

 

A bientôt pour plus de nouvelles :)

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mer.

18

nov.

2009

Quelques photos en vrac

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jeu.

12

nov.

2009

Une journée à Baguineda

NB: comme d'habitude, vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir. Par ailleurs, on nous a signalé un problème d'accès aux commentaires depuis la page d'accueil du blog. Nous allons essayer d'y remédier :) (mais vous pouvez toujours accéder à ces commentaires depuis la page de chaque article, après avoir cliqué sur le titre !).

La pollution et le vacarme bamakois commençant à devenir fatigants, nous avions décidé le week-end passé de sortir de la capitale pour aller prendre l’air, sur une journée. Sur les conseils de l’équipe d'Amélie, nous avons opté pour la ville de Baguinéda, à une vingtaine de kilomètres de Bamako.

 

A 8.30, nous attendons sur le deuxième « goudron » derrière chez nous que passe un Sotrama assurant la liaison avec Baguinéda. A peine deux minutes plus tard, nous sommes installés, après avoir sauté à l’intérieur et salué les autres voyageurs qui, comme souvent, nous ont demandé notre prénom (toro) et notre nom (jaamu) bambara (ici, c’est une habitude que de donner à des étrangers un jaamu bamanan : nous n’y avons pas échappé et avons été rebaptisés Keïta (pour Thomas) et Diarra (pour Amélie)). Trajet d’une heure et demi environ, accompagné par la litanie de l’apprenti (« Faladjé Yirimadjo Baguinéda Baguinéda camp ») qui cherche à attirer le maximum de clients, et rythmé par les nombreux arrêts précisément pour faire monter lesdits clients.

 

A l’arrivée, le Sotrama s’arrête au niveau du marché. Baguineda est une petite ville, coupée en deux par la route ; elle se situe à 3 kilomètres du Niger, au sein d’un périmètre irrigué géré par l’OPIB (Office du périmètre irrigué de Baguinéda). On y cultive principalement du riz, mais également des produits maraîchers. Le fleuve sert en outre de carrière d’extraction de sable.

Dans un premier temps, direction les champs de riz, avec pour objectif d’arriver jusqu’au fleuve. Nous traversons donc une partie de la ville : sur le bord de la route, des bâtiments officiels et des maisons plutôt cossues. Atmosphère tranquille, les gens sont aimables et nous saluent tous, sans nous solliciter pour autant. Après être passés sous l’ombre des manguiers qui jouxtent la ville et traversé le canal, nous voilà sur le chemin qui va vers le fleuve en coupant à travers les rizières ; grand soleil, et déjà il fait très chaud. Thomas regrette de n’avoir pas encore de casquette… Des enfants (aux T shirts improbables, annonçant « ATT, un Mali qui gagne », ou « Dieu vous bénisse ») pêchent des petits poissons dans les canaux ou jouent dans l’eau – ça fait envie ! Un groupe de jeunes hommes fauchant les pousses de riz à la faucille nous invite à les rejoindre et nous fait essayer. Couper quelques pousses n’est pas trop difficile, mais n’a rien à voir avec faucher un champ entier, à demi-courbé sous un soleil de plomb… Après cet intermède, nous repartons, mais sommes rapidement bloqués par l’eau : les terres deviennent marécageuses, nous nous enfonçons et préférons donc rebrousser chemin.

 

Retour à Baguinéda. Nous nous dirigeons vers le marché, dont nous faisons assez rapidement le tour. Nous décidons alors de nous mettre en quête du restaurant que l’équipe du Bice nous a indiqué, car c’est bientôt l’heure du déjeuner. Nous remontons donc la route, et nous faisons alors héler par un homme assis avec ses amis devant la « station essence » de la ville. Ils nous invitent à prendre le thé ! Nous acceptons avec plaisir l’invitation. Il y a là Moussa, qui a pris l’initiative de nous inviter ; transporteur routier de son état, après avoir travaillé pendant plusieurs années dans des usines, il est établi à Baguinéda avec sa femme et leur petite fille de 3 mois. Le patron de la station essence s’appelle quant à lui Jacky ; le troisième compère est Youssouf, d’origine togolaise, lui aussi transporteur, qui vient d’avoir des jumeaux avec sa femme malienne (il a également une femme au Togo). On discute, et on apprend de nouveaux mots bambara en prenant le premier thé ; puis surgit un plat de riz au gras, et nous sommes invités à déjeuner. Les trois nous offrent également de l’eau, du muguji (c’est une boisson à base de poudre de mil et de banane, très agréable à boire), de la pastèque… Royal ! L’hospitalité malienne ne se dément pas. Après le déjeuner, Moussa nous emmène dans la concession familiale, très fier de nous montrer sa fille. Nous rencontrons donc la famille, qui veut à nouveau nous inviter à déjeuner… invitation que nous sommes obligés de décliner car nous ne pouvons décemment plus rien avaler !

 

Moussa, à qui nous avons raconté l’échec de notre tentative de voir le fleuve, veut nous y emmener. Mais pas n’importe où, ni n’importe comment : en camion, pour aller voir la carrière de sable. Nous attendons donc qu’un camion passe devant la station ; c’est chose faite après quelques minutes d’attente. Amélie monte dans la cabine, Thomas à l’arrière dans la benne, mais nous devons redescendre presqu’aussitôt : un pneu est crevé, il faut le changer. Pendant ce temps, débarque d’un Sotrama un homme chargé d’énormes baluchons : il a acheté des vêtements sur le marché de Bamako et vient les vendre ici, à Baguinéda. Il y a des T-shirts, des pantalons, et surtout une cargaison de manteaux et doudounes d’hiver (vendus 1500 FCFA – 2,5 euros). Le tout datant des années 80, évidemment ! C’est la ruée : chacun y va de son essayage. Un peu surprise, Amélie demande à Moussa pourquoi tout le monde tient à avoir une doudoune ; c’est très simple : « en novembre, décembre, janvier, ici il fait très très froid ! ». Euh… Très très froid, c’est combien de degrés ? « 25, 26 degrés »… Quand nous leur disons qu’en France, en ce moment il fait une dizaine de degrés, ils ont peine à nous croire !

Le pneu du camion a été changé. Nous reprenons nos places, et partons en direction du fleuve. Le trajet de 3 kilomètres dure une vingtaine de minutes, car la route est très accidentée. Nous en profitons pour admirer la campagne environnante sous un autre angle. La « carrière » se dévoile enfin, et c’est un monde à part entière. Ici, les femmes font la cuisine et vendent des aliments sous des abris de bois et de branchages ; les hommes quant à eux exploitent la carrière. D’abord, ils partent à plusieurs sur une pirogue au milieu du fleuve ; l’un d’eux plonge en apnée, les autres remontent le sable, jusqu’à ce que la pirogue soit pleine. Ils reviennent alors à terre et déchargent le sable deux par deux. Puis intervient l’étape du tamisage pour séparer sable et graviers. Enfin, le sable est transporté à la pelle dans les camions. Point de machines ni d’automatisation : ici tout se fait à la force du poignet ! Et le travail est très physique, 6 jours sur 7, de 8 heures à 18 heures… Nous sommes invités à essayer, et relevons le défi, à la surprise et à la joie des travailleurs : Thomas se sort très honorablement de l’épreuve de déchargement du sable, Amélie a plus de mal avec le chargement à la pelle des camions…

 

Un peu plus loin, l’atelier de fabrication / réparation des pirogues. A titre de repère, une pirogue neuve, en bois, coûte 275 000 FCFA (420 euros)…

 

Après ce petit tour, nous revenons vers la ville, toujours en camion. Discussions et repos à nouveau, puis c’est l’heure du départ car nous commençons à être fatigués. Après avoir salué nos nouveaux amis et promis de revenir, très heureux de cette belle journée, nous sautons à nouveau dans un Sotrama, direction Bamako… Du calme, de l’air pur, du soleil, du riz, de l’eau, du sable, du labeur, de la sueur, de l’amitié.

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dim.

08

nov.

2009

Premier concert

Jeudi soir, nous sommes allés voir Adama Yalomba en concert au CCF (petit nom que donnent les habitués au centre culturel français). Nous voulions depuis un moment profiter de Bamako également au plan musical, mais n’en avions pas encore eu l’occasion…

 

D’abord, découverte du CCF : entre les deux ponts, un lieu qui correspond bien à l’image que l’on s’en fait… Lieu de rassemblement de la communauté expatriée, avec son restaurant Le patio (où, dans la série expériences gustatives, nous dégustons un jus de tamarin – un peu amer - et un jus de fruit du baobab, ou « pain de singe » - doux et acidulé), ses expos, sa médiathèque, sa salle de spectacle. Le public est majoritairement blanc, même si des Maliens sont aussi présents. Différence notable par rapport aux concerts en France, qui rassemblent en général un public relativement homogène, il y a un peu tous les styles, des dreadlocks des musicos aux costards-cravates des officiels du milieu culturel…

 

Sur scène, ils sont 8. Adama Yalomba, au chant, à la guitare sèche et au n’goni (cette fois-ci, contrairement à celle que nous avions vue à la maison des artisans, c’est un n’goni harpe et non pas un n'goni luth - il y a beaucoup plus de cordes!) ; un percussionniste endiablé (djembé, balafon) ; un bassiste (le seul blanc) ; un guitariste ; un batteur ; deux choristes femmes, qui dansent aussi, et un choriste homme.

 

Et il n’y a pas à dire : ils savent faire de la musique ! Vous pouvez les écouter ici. Chant en français, bambara, anglais ou autres langues africaines, rythmes et sonorités variés, voilà la musique africaine d’aujourd’hui, qui a su se renouveler sans perdre son âme en s’occidentalisant trop. Et on ne s’ennuie pas une seconde, il y a trop à regarder et à écouter, car les musiciens sont tous bons ! Les prestations de danse sont elles aussi impressionnantes, un spectacle à elles seules…

 

C’est donc très satisfaits que nous avons regagné nos pénates. Petit message aux parisiens : Adama Yalomba sera en concert le 16 décembre prochain au Satellit’Café  (M° Oberkampf – Parmentier), si vous voulez oublier le thermomètre qui flirte avec le zéro… Et pour tous : le nouvel album, intitulé Yassa, est le premier qui sort en France et sera disponible  à partir du 23 novembre (notamment à la Fnac).

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dim.

08

nov.

2009

Le fruit bizarre

Peu de temps après notre arrivée à Bamako, nous avons remarqué que certaines vendeuses de rue proposaient une sorte de fruit, gros comme une pomme, vert brun, avec des sortes d’écailles. Voilà qui nous a intrigués…

 

 Dans un premier temps, nous n’avons pas osé acheter la chose, ne sachant pas vraiment si c’était un fruit, un légume, comment ça se préparait, etc. Nous nous sommes renseignés auprès de notre ami Amadou, qui nous a dit que c’était un fruit (il nous a donné le nom bambara, que nous n’avons évidemment pas retenu), très agréable à manger.

 

Nous avons donc profité de notre dernier ravitaillement en fruits et légumes pour tester le fruit en question. Après quelques recherches, il s’avère qu’il s’agit d’une pomme-cannelle, ou atte, ou encore sugar apple (le nom savant est annona squamosa), très répandue dans les régions subtropicales.

 

Sous les écailles se cachent de gros pépins noirs, entourés d’une chair blanche très sucrée. C’est vraiment délicieux. Dommage qu’il y ait autant de pépins…

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dim.

01

nov.

2009

Sorties bamakoises

Bamako sous la pluie, 20 degrés, incroyable ! Voilà qui a fait dire à Amélie qu’à quelques détails près, on pourrait se croire en Picardie… En tous cas, nous mettons à profit cette fraîche journée pour vous relater nos dernières sorties, très différentes les unes des autres, dans la capitale.

 

La maison des artisans

 

En plein centre de Bamako, imaginez un grand marché couvert dans les dédales duquel on se perd, formé de galeries et de petites cours intérieures où travaillent, sous nos yeux, certains des artisans. Multitude de boutiques regroupées plus ou moins par cœur de métier : les métiers du cuir, le quartier des instruments de musique, celui des bijoux, des tissus, des sculptures et masques… Il y en a dans tous les sens, de toutes les couleurs, pour tous les goûts, et souvent ce sont réellement de très jolis objets.

 

Nous ne voulions rien acheter, juste découvrir… Nous avons réussi à tenir le pari, mais à quel prix ! Eh oui, le problème à Bamako, c’est qu’on est vite repérés : blancs, donc touristes, donc argent, donc pluie de sollicitations : « entrez dans ma boutique, venez voir mes articles, j’ai des statues du pays dogon, des colliers, des tissus, c’est fabriqué localement ! Même si vous n’achetez pas, venez, plaisir des yeux ! ». Ah, le plaisir des yeux… Nous avons cédé à deux ou trois reprises, difficile de faire autrement. Evidemment, une fois à l’intérieur, on sent la pointe de déception du vendeur lorsque l’on repart les mains vides… Ca n’est pas toujours très agréable d’être perçu comme une bourse sur pattes et de ne pouvoir faire un pas tranquillement ; c’est surtout vite fatiguant. Aussi, la prochaine fois, nous irons découvrir l’autre marché artisanal de Bamako, apparemment moins touristique (on a dû voir 10 toubabs en une heure ! plus que depuis notre arrivée ici !) et plus tranquille.

Un n'goni
Un n'goni

Nous avons tout de même fait une rencontre sympathique, celle de Séverin, musicien de son état, originaire du Burkina, avec qui nous avons discuté un moment autour d’un n’goni (sorte de guitare à 3 cordes en l’occurrence, faite à partir d’une calebasse).

 

Et, à notre grande surprise (jamais personne ne nous a dit ça en Europe !), on nous a demandé à plusieurs reprises si nous étions frère et sœur ! Il paraît que nous nous ressemblons…

Soirée chez Fatoumata

 

Fatoumata est la fiancée d’Amadou (dont nous avons déjà parlé ici). Nous avons été invités à « faire la causette » chez ses parents, en compagnie d’Amadou. Après 20 minutes de mobylette, emmenés par Amadou et un de ses amis, nous arrivons chez Fatoumata, qui habite dans le quartier Kalabancoro ACI, au sud ouest de Bamako. Présentations aux parents, très accueillants, à Fatoumata elle-même (nous ne la connaissons pas encore), aux deux petites sœurs et aux deux jeunes domestiques, toutes quatre intimidées par le fait de nous saluer.

 

Puis nous (les 5 jeunes) nous installons dans la cour, autour d’une table basse installée sous un arbre. Nous sommes impressionnés par la propreté des lieux : ici, pas un papier qui traîne ! C’est la première fois que nous voyons une cour aussi nette. Et ça change vraiment tout… On discute tranquillement autour des biscuits et jus de fruit que nous avons apportés ; parfois la conversation se poursuit en bambara, alors nous profitons simplement du fait d’être assis là, au calme, dans le quotidien d’une famille bamakoise.

 

Cette fois encore, l’hospitalité malienne est fidèle à sa réputation : un grand plat de crudités, pommes de terre, œufs et poisson nous est servi. C’est délicieux, et très différent de la cuisine traditionnelle que nous mangeons habituellement. On savoure… Puis vient le thé, autour de discussions plus animées (le repas a permis de briser la glace !) : études des uns et des autres, souvenirs de Paris, système de santé malien, etc.  Et c'est déjà l’heure du départ, car tout le monde travaille tôt le lendemain. Alors que nous remercions pour l’accueil très chaleureux que nous avons reçu, nos remerciements nous sont retournés : c’est nous qui avons pris la peine de venir dîner ! Le monde à l’envers… Et une très bonne soirée à conserver dans nos souvenirs !

 

Le musée national

 

Dimanche dernier, nous avons décidé d’aller visiter le musée national du Mali, dont l’on nous avait dit beaucoup de bien. Nous n’avons pas été déçus ! [NB: vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir!]

Le musée se situe sur la rive opposée du fleuve, dans le quartier des ministères, quasiment à la sortie de la ville. Beaucoup de verdure, un jardin qui doit offrir un lieu de promenade agréable en temps normal mais qui est actuellement en travaux, des bâtiments modernes (1982) s’inspirant de l’architecture traditionnelle du pays, personne d’autre que les gardiens et nous dans les salles (ça change des expos du Grand Palais !)… Et surtout une collection permanente riche et vraiment intéressante.

 

Elle se divise en trois expositions : la première est consacrée aux tissus maliens, du bogolan à l’indigo en passant par le basin et les couvertures en laine (on vous expliquera tout ça dans un article à venir, promis) ; la seconde, intitulée « Mali millénaire », présente le résultat de fouilles archéologiques menées dans les différentes régions du pays ; la troisième est consacrée aux masques et autres objets de rite dans les sociétés initiatiques (là aussi quelques explications en vue).

 

Les objets sont bien conservés et mis en valeur, les explications claires, on apprend beaucoup de choses. A ceux qui considèrent que l’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire, on pourrait conseiller de venir découvrir l’architecture tellem (11ème siècle), qui a su exploiter au mieux un milieu pourtant hostile, les superbes poteries de Djenné (9ème siècle), et plus généralement la richesse d’un patrimoine qui demeure largement ignoré… Ou pillé, au contraire ! Comme pour d’autres richesses africaines, certains indélicats n’hésitent pas à faire fi de la loi ; et l’on lit sur de nombreux écriteaux du musée que l’objet présenté a été « restitué » par les douanes françaises… D’ailleurs, au détour d’une allée, on trouve une statuette en terre cuite… « offerte » par Jacques Chirac ! Il s’agit en fait d’un objet issu du pillage, illégalement exporté hors du Mali et offert à notre ancien président pour un de ses anniversaires. Mis au courant de son origine douteuse, il en a alors, et c’est tout à son honneur, fait cadeau au Musée.

 

A la sortie, nous profitons de la boutique du musée pour acheter enfin notre dictionnaire Français bambara, la méthode associée, rédigée par le Père Bailleul, et ses 4 CD. Si avec tout ça nous ne progressons pas…

 

Sortie dans un maquis

 

Susanne et Félix, nos amis allemands, sont revenus de leur périple à l’intérieur du pays. Samedi soir, Susanne nous emmène à Badalabougou, l’un des deux quartiers festifs de Bamako, tout proche de chez nous. En fait de quartier, il s’agit plutôt d’une rue, bordée de part et d’autre de bars, de discothèques et de « maquis ». Les maquis sont des lieux où l’on peut écouter de la musique et danser, tout en buvant une bière et/ou en mangeant. A la fois restaurant et « bar dansant » donc.

 

Nous choisissons tout d’abord le « Koud’frein », plus calme que les autres car la salle de danse (entrée payante) est séparée de la partie bar / restaurant. Nous en profitons pour discuter autour d’une bouteille de Castel, la bière locale (plutôt agréable !), aux sons de Khaled, Ricky Martin et autres morceaux occidentaux sans grand intérêt. Pas mal de toubabs dans la rue et dans le maquis ; du coup on a l’impression de passer inaperçus, et pour une fois, c’est plutôt agréable.

 

Puis nous décidons de changer d’ambiance, et d’atterrir cette fois dans un vrai maquis malien. Nous nous attablons dans le jardin, à une table Castel sur laquelle, détail incongru, sont inscrites des citations de St Simon, d’où nous observons les quelques danseurs. L’atmosphère est plus animée qu’au Koud’frein, la musique africaine change tout de suite l’ambiance !

 

Nous sommes étonnés de ne voir quasiment que des hommes : Susanne nous explique qu’ici, les seules femmes que l’on rencontre dans ce genre d’endroit et à cette heure-ci sont soit des jeunes femmes non mariées, soit des prostituées (que l’on remarque vite ! les décolletés en particulier sont … majestueux ? renversants ? hallucinants ?...). Les femmes mariées ne sortent pas, si ce n’est pour boire le thé avec leurs amies...

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