jeu.

08

juil.

2010

Dernières photos du Ghana

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sam.

26

juin

2010

Coupe du monde

Comme vous le savez tous (puisque vous sans doute eu à subir des JT consacrés au moins pour moitié aux états d'âme, déboires et défaites des Bleus – heureusement, votre calvaire est fini, réjouissons-nous !), la Coupe du Monde se tient cette année en Afrique du Sud. Nous nous souvenons, l'année dernière, alors que nous préparions notre voyage, des articles pessimistes que nous lisions, selon lesquels le pays ne serait jamais prêt à temps, les stades ne seraient pas construits, les transports ne suivraient pas, l'hôtellerie non plus... Il semble que la nation arc-en-ciel ait pourtant tenu ses promesses, pour le plus grand bonheur des fans du ballon rond et pour la plus grande fierté de ses citoyens.

 

La fierté, c'est un peu ce que ressentent tous les Africains en ce moment. Pourquoi ?... Les journalistes de tout bord l'ont sans doute martelé, mais il est bon de rappeler que c'est la première fois, depuis les débuts de la Coupe, que celle-ci a lieu dans un pays africain. Aucun Européen ne peut s'imaginer cela – l'évènement s'est déroulé tant de fois chez nous que cela n'a presque plus rien d'exceptionnel.

 

La fierté et la fièvre demeurent quand bien même les défaites de la quasi-totalité des équipes africaines aient provoqué d'intenses déceptions. Déceptions vite mises de côté, pour supporter de manière unie la seule équipe du continent encore en lice à l'issue des éliminatoires, les Black Stars du Ghana. Imagine-t-on les Anglais supporter, par solidarité européenne, les Français jouant contre disons, le Brésil ? Ou les Français supporter les Allemands contre ce même Brésil ?...

 

Quand on connaît la passion des Africains pour ce sport, quand on se rend compte qu'ils regardent le moindre match diffusé sur leurs chaînes, quand on voit vibrer à l'unisson hommes, femmes et enfants d'un même pays pour supporter leur équipe, comme nous l'avons vu au Ghana, au Mali ou même ici en Namibie (où l'on supporte l'Afrique du Sud, en général), on comprend mieux l'importance que cette Coupe revêt ici. Et mieux encore si l'on est conscient que, comme nous l'ont dit plusieurs personnes : « This will probably happen only once in our lifetime » (« Cela n'arrivera sans doute qu'une fois dans notre vie »).

 

Etre sur ce continent en ce moment, même sans être de grands amoureux du foot, même sans se déplacer dans un stade sud-africain, c'est partager une goutte de cet enthousiasme débordant, c'est être « in the right place in the right time ». C'est se dire aussi que, peut-être, grâce aux nombreux reportages sur le continent et sur l'Afrique du Sud qui ont à l'occasion probablement été diffusés en Europe, en Amérique, en Asie, de nombreux préjugés et idées reçues tomberont ?

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sam.

26

juin

2010

Retour sur le Ghana

Avec notre arrivée au Ghana, nous abandonnons pour 2 mois et demi les Africains francophones. Nous n'entendrons plus les « Y'a pas de problème », « Je te le dis », « ou bien ? » et autres... Il va falloir nous habituer à l'anglais parlé avec les accents d'ici – pas toujours facile, et en tous cas bien loin de l'anglais Oxford ou Harvard (qu'on ne comprend pas beaucoup mieux by the way). Nous allons aussi retrouver les particularités anglo-saxonnes : petit dèj eggs and bacon (ce n'est pas une si grosse rupture par rapport à l'Afrique de l'Ouest qui pratique le pain / omelette), thé qui arrive immanquablement « white » si par mégarde on oublie de le demander sans lait, vœux répétés de « safe journey », … Pas de conduite à gauche en revanche, va savoir pourquoi !

 

Nous arrivons à Accra de nuit – en prévoyant d'en repartir dès le lendemain vers la côte Ouest du pays. La moiteur est toujours présente, mais dans l'obscurité, il nous semble que c'est bien le seul point commun avec les capitales francophones. Immeubles modernes, parfois flambant neufs, de plusieurs étages ; routes à 4 voies ; rues toutes goudronnées avec des trottoirs dignes de ce nom ; éclairage public fonctionnel et répandu ; taxis en bon état ; beaucoup moins de vendeurs de rue ; nombre impressionnant de voitures (et peu de motos)...

 

Beaucoup nous avaient prévenus: « tu vas voir, le Ghana, c'est vraiment bien, c'est mieux qu'ici, notre développement à côté d'eux ce n'est rien »... Eh oui – on entend beaucoup ce genre de commentaires pessimistes en Afrique de l'Ouest francophone - car beaucoup intériorisent leur soit-disant infériorité. Des siècles de brimades morales (rappelez-vous, pendant plusieurs siècles, les Noirs n'étaient pas considéré comme des hommes) sont passés par là ! Quoi qu'il en soit, nous sommes effectivement impressionnés par le fossé existant entre cette capitale et ses voisines. Le lendemain matin, à la lumière du jour, nous nous rendons compte que cette première impression doit être nuancée : certains quartiers, manifestement plus populaires, se rapprochent de ceux que nous avons pu voir ailleurs, plus de bric et de broc, vivants et en pagaille ; en outre, de toutes les villes et villages que nous verrons par la suite (c'est à dire dans le Sud du pays), seule Accra fait preuve de cette « modernité ». Il n'en demeure pas moins que l'on sent que, malgré les difficultés, le niveau de vie moyen est plus élevé, les gens (certains constituant une classe aisée sans être immensément riche) ont davantage les moyens de sortir et de consommer, ce qui se remarque à l'offre en restaurants, bars et magasins.

 

Nous partons dès le lendemain matin vers la côte ; nous avons prévu un trajet qui la longe jusqu'à la Western region, plusieurs projets jalonnant notre route. Le parcours final sera bien différent de nos prévisions, diverses contraintes nous obligeant à revoir un peu sans arrêt nos plans (indisponibilités, incompatibilités de téléphone, précipitations...), et notamment à effectuer un aller-retour supplémentaire vers Accra. Ça fait partie des imprévus du voyage !

 

Un des intérêts de la côte ghanéenne est son versant historique. C'est en effet de là que partirent de nombreux esclaves vers l'Amérique. Certains des forts construits par les différentes puissances coloniales de l'époque (en l'occurrence, Suédois, Danois, Anglais) ont résisté à l'épreuve du temps et se visitent aujourd'hui ; ils sont remarquablement entretenus, lieux de mémoire comme il n'en existe plus tant que cela en Afrique (par exemple, les forts construits au Togo ou au Bénin ont disparu) ; la plupart ont fait l'objet d'une réhabilitation et disposent de guides compétents qui ont reçu une formation spécifique (ce n'est pas toujours le cas...). Nous sommes allés voir les forts d'Elmina et de Cape Coast : le premier a vu passer 60 millions d'esclaves en 450 ans. Deux tiers (soit quarante millions) d'entre eux sont morts avant d'embarquer... Malnutrition (nourriture jetée par une ouverture dans la voûte des cellules : celui qui attrape en premier mange, les autres meurent), mauvais traitements, conditions d'hygiène inimaginables (250 femmes parquées dans un donjon de peut-être 70 m2, sans douches ni toilettes, dormant à même le sol), choc dû au marquage au fer rouge, etc, expliquent ce « taux de perte » incroyable. Il faut y ajouter l'épuisement physique des esclaves, qui ont déjà parcouru à pied, enchaînés, des distances énormes (certains venaient de Ouagadougou, quelques 700 kilomètres au Nord).

 

Comble du cynisme, après avoir parcouru tant de kilomètres dans des conditions déplorables, les marchands d'esclaves faisaient arrêter leur « cargaison » quelques kilomètres avant l'arrivée sur les marchés aux esclaves jouxtant les côtes ; objectif, redorer le blason quelque peu terni de la « marchandise » : bain dans une rivière, corps enduit d'huile, quelques repas plus substantiels, et le commerce pouvait commencer.

 

Idem pour les femmes emprisonnées avant le départ dans les forts : elles avaient droit à une douche et de beaux vêtements... lorsqu'il s'agissait de préparer leur passage dans le lit d'un des officiers qui les avaient sélectionnées. Celles qui osaient résister étaient laissées dans la cour, sous les yeux de leurs compagnes, sans nourriture et sans eau, clouées au sol sous le soleil avec 8 lourds boulets aux pieds.

 

A noter, la plupart des acheteurs européens du « bois d'ébène » ne pénétraient pas à l'intérieur des terres africaines (trop peu sûr...). L'esclavagisme a donc fonctionné avec la participation active de certains rois africains – des rois d'Abomey au Bénin au fameux Samory Touré (plus connu pour sa lutte active contre le colon français). Ces derniers vendaient comme esclaves leurs prisonniers de guerre, leurs propres esclaves (car l'esclavage était aussi pratiqué dans les sociétés africaines – sans toutefois comporter la dimension de déshumanisation du commerce triangulaire), quelquefois même leur propre peuple.

 

Plus de 2 siècles après la fin de l'esclavage, les stigmates s'en font encore sentir dans la société africaine. C'est un élément à ne pas oublier (on a pourtant tendance à le faire, car ici, presque personne ne nous a parlé de l'esclavagisme contrairement à la (dé)colonisation) lorsque l'on se penche, interrogateur, sur la situation actuelle du continent. Même si, évidemment, cela n'explique pas tout.

 

Au-delà de la dimension historique, la côte ghanéenne est aujourd'hui l'un des pôles économiques du pays. Elle compte plusieurs ports commerciaux importants, donc celui de Tema (1er port du pays, que nous n'avons fait qu'entrevoir de loin le soir de notre arrivée à Accra) et celui de Takoradi, ville où nous avons séjourné quelques jours chez Gina et Thierry, couple franco-ghanéen qui nous a accueilli avec une très grande gentillesse. Takoradi, jumelée avec sa voisine Sekondi, est la troisième ville du pays. L'une et l'autre des deux jumelles apparaissent très différentes ; Sekondi, ville autrefois appréciée des colons, comme en témoignent les nombreux bâtiments d'époque (cf. photos), est aujourd'hui quelque peu à l'abandon, gardant le charme nostalgique d'une douceur révolue. Takoradi quant à elle, plus industrielle, vit grâce au port (exportation de bauxyte, manganèse et autres métaux ; quelques usines de transformation...) – et à la découverte de pétrole au large des côtes. L'exploitation devrait bientôt commencer, mais déjà, les prix des terrains (et du reste, d'ailleurs) se sont envolés et la communauté des expatriés a été renforcée par l'arrivée de techniciens et ingénieurs de tous horizons, français, anglais ou autres travaillant dans le secteur de l'or noire. Quant à savoir si la rente pétrolière potentielle (certains disent que cela va être « du très très gros ») va améliorer la vie des habitants de la région ou du pays, il va falloir attendre...

 

On retrouve certains de ces hommes le soir, en groupe, dans les quelques bars et boîtes « chic » de la ville. La plupart sont déjà fort ivres à 23.00 et continuent à aller de place en place vider verre sur verre, en draguant lourdement les femmes noires présentes – quant ils ne sont pas déjà dans les bras d'une prostituée. Ambiance particulière de ce monde de la nuit argenté (celui des Blancs ou des Noirs aisés), que nous a fait découvrir Gina. Quelques échanges aussi cohérents que possible avec un Anglais plein d'humour, un Breton, un Sud-Africain... On réussit à discuter, on rit même parfois, mais les flots d'alcool qui coulent donnent un goût amer à l'ensemble.

 

Échanges commerciaux donc, le long de cette côte. Mais aussi pêche. Nombreux petits ports traditionnels et colorés. Les hommes et les gamins qui apprennent le métier partent en mer sur leurs embarcations, bois et voile, si fragiles lorsque la houle pointe le bout de son nez, ou reprisent les filets le long de l'eau ; les femmes vendent la pêche du jour : crevettes, poissons de mer, langoustes, octopus frit... Il semble que l'activité revête une importance stratégique : lors de notre passage au port de pêche de Sekondi, et alors même que nous étions en compagnie de Thierry, habitant la ville depuis 20 ans, nous nous sommes vus réclamer nos passeports (que nous n'avions évidemment pas sur nous) pour entrer ! On nous a laissé entendre ensuite que cette sévérité serait due à l'importance croissante des trafics de drogue dans la région – en lien parfois avec les pêcheurs.

 

Voilà voilà, quelques lignes tapées au cours des derniers jours entre deux allers-retours, deux conversations, deux balades... La suite arrive, promis !

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mar.

22

juin

2010

Photos du Ghana part 1

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jeu.

17

juin

2010

Page tournée

Nous avons quitté l'Afrique de l'Ouest. Ça y est. Après 10 mois, nous avons changé de latitude (et presque de continent, il faut bien le dire !); une page se tourne...

 

Derrière nous, nous laissons comme une toile d'araignée : des amis, des contacts, reliés entre eux par un fil plus ou moins solide, et dont nous serions le point de connexion. Nous avons partagé le quotidien, ou simplement rencontré et échangé, avec des dizaines de personnes, familles, couples, célibataires, Noirs, Blancs, métisses, riches, pauvres, engagés ou non, ruraux ou urbains... Chacune de ces rencontres a été un enrichissement, à tout le moins un apprentissage ; chacune nous a donné à mieux comprendre les réalités des 5 pays que nous avons traversés – quand bien même nous n'avons fait qu'effleurer un certain nombre d'entre elles. Tous ont pris le temps de nous recevoir, de discuter avec nous, de partager simplement un moment, une plaisanterie, une confidence. Nombreux furent les rires et les sourires, incroyable la gentillesse dont ils ont fait preuve à notre égard, chaleureux l'accueil dont nous avons bénéficié...

 

Nous laissons les nombreux projets et dynamiques, rencontrés dans des champs aussi divers que la défense des droits humains, l'architecture, l'agriculture, l'éco-tourisme, la lutte anti-corruption, le développement durable / la protection de l'environnement, le développement communautaire... Avec les moyens du bord, le plus souvent faibles et inadaptés, des hommes et des femmes engagés essaient de – et parfois parviennent à – faire avancer leurs communautés, leurs pays. Nombreuses sont les difficultés, au rang desquelles la corruption généralisée, le manque de compétences, mais aussi de moyens matériels et financiers, les problèmes de communication, le climat, … Cela rend les réussites (même si elles sont rares) et les progrès (même s'ils sont lents) d'autant plus admirables. On leur souhaite bonne chance à tous, s'ils nous lisent.

 

Nous laissons les 5 territoires traversés, tous différents les uns des autres. Vous qui nous avez lu, vous en êtes sans doute rendu compte : on ne peut pas parler d'une seule Afrique, comme le font souvent les Européens. « Alors, comment c'est l'Afrique ? ». Impossible de répondre à cette question réductrice. Chaque pays d'Afrique est différent de son voisin, chaque région d'un pays africain est différente de sa voisine. Viendrait-il à l'idée d'un Européen de comparer Suède et Italie, de mettre dans le même sac Alsace et Languedoc ? Nous avons vu 5 capitales, de la bourdonnante Cotonou à la moderne et gigantesque Accra, en passant par le village poussé trop vite de Bamako. Nous nous sommes retrouvés dans des forêts luxuriantes, dans la brousse sèche et aride, nous avons grimpé des plateaux granitiques presque déserts, suivi des côtes aux vagues vengeresses ou plus douces. Nous avons connu une chaleur sèche et terrible dans les pays sahéliens, humide et lourde plus au Sud, dans les régions tropicales ; et le dégoulinement permanent, fatiguant, qui va avec. Et pourtant, nous gardons l'impression de ne rien connaître de ce morceaude continent, tant il est vaste, divers et complexe.

 

Nous laissons les couleurs vives, irradiées d'un soleil omniprésent ; le bruit incessant même la nuit (circulation, voix et rires ; radios, télés allumées chez les gens mais dont le bruit porte jusqu'à la rue, absence de fenêtre oblige ; cris d'animaux domestiques en tous genres ; muezzin, chants catholiques et prêcheurs de rue...) ; les senteurs multiples, agréables ou désagréables ; les vendeurs de rue et échoppes ouvertes tard dans la nuit ; bref, nous quittons ce monde où tous vivent à l'extérieur du fait de la chaleur et du manque d'espace.

 

Nous laissons les regards interrogateurs (qu'est ce que tu viens faire ici ?), les « Toubab / Yovo / Obwoni... », la curiosité spontanée, sympathique ou intéressée, manifestée par les Africains de l'Ouest pour ce couple de Blancs... En Afrique australe, nous ne serons plus les seuls au milieu de la foule, nous nous fondrons davantage dans la masse. Nous retrouverons un certain anonymat reposant.

 

Nous laissons aussi les caniveaux à ciel ouvert (quand ils existent), les amoncellements de déchets et décharges sauvages implantées au milieu des habitations, l'eau non potable, le paludisme (présent tout de même au Nord de l'Afrique australe), les délestages et coupures d'eau ; en bref, nous gagnons une partie du continent plus développée (ce qui ne veut pas nécessairement dire mieux développée).

 

A la fois pincement au cœur et envie de découvrir, encore et toujours. Pensées tournées vers celles et ceux grâce à qui on a aimé le Mali, le Burkina, le Bénin, le Togo, le Ghana... et vers la suite, les rencontres à venir, les contacts à activer. Nostalgie et envie. Ainsi va la vie...

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