dim.

11

avril

2010

Bamako - Koutiala

Nous sommes bien arrivés à Bamako, vendredi en fin de journée. Les 37 degrés à la sortie de l'avion sont rudes à supporter (on monte à 45 en journée en ce moment). Nous avons passé la nuit dans la maison bamakoise de Kalifa, et avons quitté la capitale hier à 14 heures pour arriver à Koutiala hier soir, sans encombre. Nous repartons demain vers le Burkina... Tout va bien.

 

Pour vous réhabituer, comme nous, au Mali, nous avons choisi de vous raconter notre trajet en car entre Bamako et Koutiala. Mais ça pourrait être n'importe quel trajet en car en Afrique de l'Ouest...

 

L'histoire commence la veille du voyage, ou le matin pour l'après-midi, avec l'achat des billets à la gare routière. Bousculade au guichet, la queue n'en est pas une, on se fait joyeusement doubler, on attend parfois les guichetiers, occupés à quelque chose d'autre (manger, discuter, …) alors que les clients s'amoncellent devant le guichet...

Toutefois, un peu de patience plus tard, le précieux sésame est finalement obtenu sans encombre.

 

Ça se poursuit avec le rendez-vous, en général une demi-heure avant le départ du car. Dépôt en soute des bagages, sur lesquels sont apposés des bandes d'une sorte de sparadrap sur lesquelles sont indiquées la destination et le numéro du billet. Plutôt bien organisé !

 

5 minutes avant le départ du bus, c'est l'appel. Pas toujours facile de reconnaître les noms français africanisés (Le Provost peut se transformer en Post...), concentration donc de rigueur.

Les passagers sont appelés les uns après les autres en fonction du moment auquel ils ont acheté leurs billets. Premiers à s'être déplacés, premiers à monter dans le car – et donc à pouvoir choisir leur place. Importance stratégique donc d'être dans les premiers – pour pouvoir se mettre en dessous des bouches d'aération de la travée centrale et éviter surtout les banquettes du fond sous lesquelles chauffe le moteur... Ca peut sembler anecdotique mais lorsque la température extérieure monte à 45 degrés, il faut compter plusieurs degrés supplémentaires à l'intérieur du car... Pour notre aller à Koutiala, Amélie a acheté un éventail local en plastique tressé et manche en bois, qui s'est révélé fort utile. Certaines compagnies affichent pourtant des bus climatisés : le petit surplus dans le prix du ticket n'est alors pas un luxe ! Le problème est que le bus en question peut très bien rouler pendant les 4/5ème du voyage avec les trappes de plafond ouvertes comme n'importe quel bus non climatisé. La climatisation n'arrive que sur la fin du voyage pendant quelques minutes avant l'arrivée. Probablement dans un souci d'économies ?

 

Une fois installés, il faut attendre encore que le car démarre. Toujours en retard de 15 à 30 minutes en général...

 

Et puis le trajet lui-même. Plusieurs heures bien au chaud, accompagnés parfois par la radio ou la TV (en général à fond, les boules Quiès ne permettant qu'une légère atténuation du vacarme), ponctuées par les arrêts (fréquents).

 

Eh oui : il y a les postes de contrôle, les gares de transit dans les villes importantes... et tous les autres arrêts, parfois sans raison identifiée. A chaque fois, la moitié des passagers descendent, tant bien que mal puisque les bagages encombrent la travée centrale, pour acheter qui de l'eau, qui des bananes, qui du dibi (viande de mouton grillée emballée dans du papier craft... très odorant lorsque les heureux gourmands ouvrent le paquet dans le bus, les voisins apprécient !), … Les vendeurs et vendeuses entrent parfois dans le car, au son des « Dji bê », « Gato bê », « Pomme bê » (il y a de l'eau, des gâteaux, des pommes...). A la fin du trajet, le car ressemble à une poubelle géante : les passagers balancent leurs ordures sans aucun scrupule sous les sièges et dans les travées (bouteilles vides, pelures de bananes, papiers gras, …).

 

Si on n'a pas de chance, on peut être confronté à une panne... Pas très drôle d'être coincés au milieu de nulle part, par une chaleur écrasante, en n'ayant d'autre solution que d'attendre que ça se passe... Ça a failli nous arriver hier, à 20 kilomètres de Koutiala : le car s'arrête, le chauffeur descend... et ne remonte pas. Certains passagers le suivent, parlent de panne... Oups. Après 20 minutes, nous redémarrons malgré tout, sans avoir su quel était le problème.

 

A l'arrivée à la gare routière, il faut encore écarter les sollicitations insistantes des taxi men « Tsss tsss, taxi, taxi » et récupérer les sacs (maniés en toute délicatesse). Ça y est, le voyage est terminé... Un peu folklo, assez fatiguant, mais finalement on arrive à bon port, et c'est bien ça le principal !

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dim.

21

févr.

2010

Pays dogon - encore et toujours :-)

Carte du pays dogon (cliquez pour agrandir)
Carte du pays dogon (cliquez pour agrandir)

Après la 1re journée à Sangha, boucle de 4 jours à pied, entre plateau, dune et falaise, incluant 2 descentes et remontées de celle-ci, en passant par les villages de Banani, Tiéni, Ibi, Dourou, Youga, Yendouma, Tiougou et retour à Sangha. En moyenne, une dizaine de kilomètres quotidiens, en partageant le portage du gros sac à dos que nous avions pris pour nous tester par rapport à la suite envisagée de notre voyage. Bilan plutôt positif : hormis quelques courbatures, c’est passé comme une lettre à la poste !

 

Il est vrai que le circuit était un peu sportif par moments : Amélie ne s’est pas sentie très à l’aise sur certains passages où le vide était un peu trop proche à son goût. Mais nous étions prévenus, aussi bien par Souleymane que par nos guides papiers évoquant quelques passages abrupts nécessitant un « pied sûr »… Au final, on l’a fait !

 

Et la récompense était à la hauteur de l’effort, grâce aux paysages magnifiques : des dunes orangées sublimées par la lumière dorée du soir aux vertigineux escarpements rocheux de la falaise, en passant par la vue imprenable, d’en haut, sur les étendues infinies de la plaine courant jusqu’au Burkina Faso voisin, et nichés dans ce cadre idyllique, les villages si pittoresques dont chacun a déjà aperçu les images ici ou ailleurs. Une petite sélection d’images vous donne une idée de la variété de ces paysages ! 

Nous n’avons pas été gênés non plus par les conditions d’hébergement plutôt sommaires (un matelas plus ou moins épais sur la terrasse, douche au seau ou avec un filet d’eau, etc), même au bout de 4 jours. Seuls nos cheveux n’ont pas vraiment apprécié le lavage au savon de Marseille, se transformant en une masse hirsute et rêche… Pour le reste, quel bonheur que les nuits à la belle étoile (bien que fraîches et fort ventées) sous un ciel impressionnant de limpidité, à dormir « comme des petits lapins » (comme on dit ici), la fatigue aidant ; ou encore que de terminer nos repas par nos 1res mangues maliennes ou de goûter les délicieux beignets de farine du petit déjeuner.

 

Au niveau humain en revanche, comme nous l’avons déjà écrit dans d’autres billets, nos impressions ont été plutôt négatives… Nous n’avons pas du tout rencontré l’ouverture et la gentillesse pourtant partagées dans le reste du Mali. En dehors des discussions avec notre guide, dont les anecdotes étaient en général intéressantes ou savoureuses, et des quelques mots échangés avec les personnes vivant du tourisme (hébergeurs et vendeurs d’artisanat), il nous a été difficile d’aborder la population, assez fermée. Certes, la barrière de la langue empêchait les discussions poussées, mais même chez les francophones, difficile de passer le cap de l’exercice finalement assez formel des salutations. Certes, notre guide nous a introduits dans les concessions de certains de ses amis ; mais c’était pour nous retrouver au bout de 5 minutes avec la proposition d’aller visiter la boutique du neveu, ou avec une corbeille de bracelets confectionnés par la jeune fille de la maison sur les genoux. Quant aux enfants, encore assez calmes à Sangha, ils sont allés dans certains villages jusqu’à tâter nos poches pour vérifier si elles ne contenaient pas de bonbons.

 

Le tourisme dont le pays dogon est la cible a manifestement créé une relation très particulière entre locaux et visiteurs. Assurément, l’ambigüité de cette relation se retrouve ailleurs : lequel d’entre nous, sur un lieu de villégiature français, n’a pas été confronté à l’hostilité parfois à peine cachée des locaux, qui tout en vivant du tourisme, ne souhaitent qu’une chose, le départ rapide de ces mêmes touristes ? Thomas l’Oléronais-prof-de-voile-à-ses-heures-perdues connaît bien ce sentiment paradoxal qu’il a même pu partager en des temps anciens !

 

Ici toutefois, les différences de niveau de vie entre visiteurs et visités aboutissent au triste résultat que le visiteur, à partir du moment où il a la peau blanche, n’est conçu que comme une bourse vivante, et non une personne qui s’intéresse, qui souhaiterait échanger, partager. En outre, bien que cachées, il est clair que des tensions existent entre ceux qui profitent de la manne et ceux qui en restent à l’écart, que ce soit au niveau des villageois ou même des villages entiers.

 

Qui est responsable ?... Question difficile/ Il est toutefois clair que l’attitude de certains touristes, comme certains que nous avons rencontrés, explique en grande partie que l’on en soit arrivé là : ceux qui arrivent à deux par 4x4 climatisé, font la visite du village en 20 minutes en tenant tout heureux les mains d’autant de gamins que possible, dégustent au campement les plats mitonnés par le cuisinier qui les accompagne (nourriture majoritairement importée), achètent pour se rafraîchir des bières à gogo, emportent l’artisanat local par pelletées sans négocier ou si peu, etc.

 

Alors que ces villages n’ont ni eau ni électricité, obligeant les habitants à faire plusieurs kilomètres par jour pour aller se ravitailler en eau à la pompe la plus proche ; alors que ces gamins, ainsi incités à la mendicité, se détournent, attirés par les gains faciles, des bancs de l’école (parfois à l’insu de leurs parents, parfois avec leur bénédiction) ; alors qu’ici, plus qu’une tradition, le marchandage est un moyen d’être respecté.

 

Le résultat est malsain : il semble que deux mondes se côtoient sans se voir, sans se comprendre. Le fait de références culturelles si différentes, certes, mais surtout d’un niveau de vie sans commune mesure. Au-delà de l’irrespect que traduisent certains comportements et des considérations relationnelles, ce type de tourisme questionne quant à la réalité de son caractère éthique [développements à suivre, en cours de rédaction !].
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dim.

07

févr.

2010

Pain de singe

Nous l’avions d’abord connu par son jus, goûté un soir au hasard d’une soirée à Bamako, doux et sucré. Puis nous l’avions aperçu, pendouillant au bout de sa longue tige, du haut des branches biscornues des baobabs si nombreux dans la brousse s’étendant de part et d’autre des routes maliennes. Nos récentes sorties à l’intérieur du pays nous ont permis de l’approcher de plus près et même d’y goûter. Une écorce dure comme du bois, recouverte d’un duvet vert  pomme légèrement urticant… Et à l’intérieur une chair toute déshydratée, entourant des petites graines noires. Ca se suce par petits morceaux, comme des bonbons. Sucré-acidulé, plutôt agréable en fait !

 

Et ce n’est que l’un des atouts du baobab : comme dans le cochon, (presque) tout est bon ! Les fibres de l’écorce, très résistantes, utilisées pour tresser des cordes (notamment au pays dogon) ; les feuilles, intégrées dans la sauce du tô (la pâte de mil qui constitue le repas quotidien de nombreux Maliens) ; les fruits, consommés tels quels ou en jus (à savoir, ils contiennent 2 fois plus de calcium que le lait !) ; les graines, consommées grillées. Seul le bois est inutile, car gorgé d’eau…

 

En plus de tout cela, il a du charme. Que serait la brousse sans ce géant biscornu, au tronc massif et aux branches tordues et griffues ?...

 

[Pour continuer sur la piste végétale – il y a beaucoup à dire, car les Africains connaissent et exploitent quotidiennement les vertus des arbres et plantes qui les entourent -, allez lire notre article consacré au bogolan ici !]

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mer.

03

févr.

2010

Prise de contact avec le pays dogon

Après une nuit peu reposante, nous décollons à 7.00 du centre, où Souleymane, plutôt silencieux, est venu nous chercher. 2 kms à pied pour rejoindre la gare routière d’où part le minibus pour Bandiagara. Décollage quand c’est plein - évidemment il n’est « pas plein, mais presque »… Petite attente (ça aurait pu être bien pire), mise à profit par les éternels pots de colle vendeurs de pacotille pour essayer de nous refiler qui un chapeau peuhl, qui un bracelet… On laisse faire, on éconduit, on commence à être habitués.

 

Puis une heure et demi de route, petites sardines bien calées entre les autres passagers. Le paysage est fantomatique sous l’effet de l’harmattan, lumière pâle du soleil matinal voilé de poussière sur les baobabs, les palmiers rôniers et les rochers… Arrivés à Bandiagara, nous attendons, dans une gargote affichant de manière improbable une attestation de parfaite hygiène dressée par un pharmacien, le taxi que Souleymane a appelé pour nous conduire à Sangha. Lui-même est parti nous acheter des fruits. La gargotière nous propose des brochettes… Il est 9.30, merci, ça ira ! Devant nous, des cochons très poilus farfouillent dans les sacs plastiques et autres déchets. Ca sera à peu près notre seule vision de Bandiagara la mythique, ville d’Hampâté Ba (le plus célèbre écrivain malien, on en a un peu parlé et vous pouvez aller voir notre bibliographie pour quelques titres), de Tierno Bokar (le « sage » de Bandiagara : maître coranique respecté, prônant contre le puritanisme déjà présent à son époque tolérance et ouverture d’esprit) et de tant d’autres…

 

Encore une heure et demi de trajet pour effectuer les 35 kms qui nous séparent de Sangha. Nous supportons assez bien les secousses de la mauvaise piste, engoncés que nous sommes dans la banquette arrière défoncée du taxi. Les premiers villages, reconnaissables entre mille, pointent le bout de leur nez de temps à autre. Quelques champs d’oignons très verts. Et puis Sangha : passage sous une arche de bienvenue plutôt laide, et sur le plateau rocheux aride, premières maisons, assez espacées, pas très typiques, bâtiments modernes du futur marché artisanal pas encore fonctionnel… Rien de bien enthousiasmant !

 

Souleymane nous emmène déposer nos sacs chez lui. Dans la cour, plusieurs femmes qu’il ne nous présente pas, et des enfants, des poules, un mouton. On se pose quelques minutes et là, 1re bonnesurprise depuis hier soir, il nous sort sa carte de guide homologué. On commençait à ne plus y croire ! Pour commencer, il nous propose d’aller faire le tour de quelques villages de Sangha avant de déjeuner un peu tardivement et de profiter de la fin d’après-midi pour nous reposer avant nos grandes journées de marche. Marché conclu !

Circuit de l’après-midi : Ogol du Haut, Ogol du Bas, tunnel de Gogoli. 6 kms pour goûter aux saveurs du pays dogon : aperçu du panorama sur la falaise (impressionnante malgré la visibilité réduite à cause de la poussière qui obsurcit toujours l’horizon), ocre des maisons en banco contre gris du plateau, tables de divination du renard pâle, maison du hogon et autels sacrificiels, greniers des hommes et des femmes, maison des femmes et autres traditions que nous vous expliquerons plus en détail…

 

Pincement au cœur en voyant les enfants, à notre passage, se rassembler pour entonner un « chant de bienvenue aux touristes ».  Le traditionnel « ça va ? » (même à 2 ans, sans savoir parler français, ils connaissent ces 2 mots !), voire les demandes « toubab, le bicou ! » (ici tout est en « ou » ! à Bamako c’est le bici…), on ne peut pas y échapper, mais le chant, on ne connaissait pas et on aurait préféré s’en passer…

 

Admiration devant le travail des femmes dans la cour de Souleymane : teinturières, elles fabriquent les indigos traditionnels…

 

Et aussi, prise de contact avec la réalité quotidienne de nombreux villages africains : pas d’eau courante (douche au seau – tout un art !) et pas d’électricité (vivent les frontales !) sauf pour les maisons à panneaux solaires ou groupe électrogène. Les conditions de vie sont spartiates (et encore, Souleymane nous loge dans une chambre de passage en dur avec un vrai matelas au sol) mais ça n’est pas vraiment un problème. On le savait et puis il faut qu’on s’habitue, ça va être comme ça pendant un moment une fois que nous aurons quitté Bamako !

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dim.

31

janv.

2010

Dures négociations à Sévaré

Souleymane, notre guide : un brin arnaqueur mais tout de même un bon guide
Souleymane, notre guide : un brin arnaqueur mais tout de même un bon guide

Comme annoncé, nous avons donc profité de la mission d’Amélie dans l’antenne de Sévaré (ville voisine de Mopti) pour pousser quelques kilomètres plus loin, jusqu’au pays dogon. Un des collègues d’Amélie, lui-même Dogon, nous avait mis en contact avec un guide de sa connaissance, Daou, que nous avions contacté avant de quitter Bamako. Lui-même n’était pas disponible pour la période souhaitée, mais il pouvait nous recommander « un de ses employés en qui il a confiance ». OK, et pour le circuit, on a déjà une idée de ce qu’on voudrait faire, qu’est-ce que vous en pensez ? « Ah mais on va discuter de ça quand vous arriverez à Sévaré, on viendra vous chercher à la descente du bus et on discutera… ». D’accord, et pour les tarifs ? « Ah lala, ne t’en fais pas pour les tarifs, vous êtes recommandés par un ami, je te garantis que ça ira » … Oui mais encore ? « Bon, il ne faut pas trop discuter parce que le téléphone ça coûte cher, on verra ça aussi ensemble à Sévaré … » « Oui mais là c’est moi qui vous appelle ! » « Ah oui mais il faut que ça soit équitable »… Embobineur de première, mais on n’a pas trop le choix, RDV est donc pris à Sévaré le dimanche soir.

 

Bamako Mopti. Foire d’empoigne au moment de récupérer les billets le matin, les employés de la compagnie prenant tous en même temps leur petit dèj’ sans aucune considération pour la file de clients qui s’allonge et s’impatiente. Pour le reste, nous sommes agréablement surpris par l’organisation, les bagages se voient attribuer un numéro, l’entrée dans le bus se fait par ordre d’achat des billets… Mieux que l’organisation d’Eurolines ! Et puis 10 heures de bus, moites dès 10.00 du matin… A Ségou montent 2 Irlandaises. Un peu paumées, elles nous confient que c’est pas facile, ce pays, sans la langue française… Tu m’étonnes ! D’ailleurs, les pauvres louperont leur arrêt au carrefour de Djenné, faute d’avoir entendu le chauffeur l’indiquer…

 

C’est un peu lessivés que nous arrivons à Sévaré, où nous sommes attendus par le collègue d’Amélie. Au centre, nous rejoignent bientôt Daou et son « employé en qui il a toute confiance » - qui se révèlera être son grand frère -, Souleymane. Les discussions commencent : définition du périple (de Sangha à Sangha, en boucle, cf. carte), sur 5 jours. Et vient l’annonce du prix. Coup de massue, notre budget max est largement dépassé. On négocie ferme, pendant quasiment une heure. Impression d’être un peu piégés : comment dire non à ce guide conseillé gentiment par le collègue d’Amélie, qui est présent ? Et pourtant, on trouve qu’ils exagèrent, sans manifester la moindre souplesse (refus de dissocier les tarifs de guidage et autres prestations au prétexte fallacieux que l’on nous fera payer 2 fois plus cher – alors que les tarifs mentionnés dans notre guide correspondent à ceux qu’ils connaissent ; refus de passer la nuit dans des hébergements autres que ceux qu’ils fréquentent habituellement, etc). Le discours bien rodé et ultra commercial de Daou (« nuit sous 10000 étoiles », « attention le matin pas question de demander du pain hein, on mange local, c’est beignets de farine ») ne nous plaît pas davantage.

 

Finalement nous tombons d’accord sur un tarif qui nous semble plus raisonnable, bien qu’au-delà de la fourchette haute de ce que nous nous étions autorisés (et pour cause : ce tarif représente à peu près 5 fois le coût moyen de notre vie à Bamako depuis le début du séjour, incluant tous nos postes de dépenses !).

 

Le séjour commence mal, nous sommes dépités et avons le sentiment de nous faire avoir sans pouvoir mettre le holà. Piètre consolation de se dire que, pleine saison touristique oblige, nous n’aurions pas pu obtenir moins…

 

Mais de cette façon, nous rentrons de plain pied dans une des réalités locales : le blanc est perçu comme ayant de l’argent. Tout le monde est mis dans le même panier, des touristes en 4x4 ne s’arrêtant dans les villages que pour manger et acheter sans négocier l’artisanat local aux randonneurs désireux de découvrir la région et sa population de manière plus respectueuse. Très frustrant, mais il faut que nous nous habituions à ce sentiment car il ne nous quittera pas pendant 6 jours…

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sam.

16

janv.

2010

On part au pays dogon...

Nous partons demain pour une semaine au pays dogon (sur une carte, cherchez Bandiagara : la falaise, le plateau et la plaine dogons sont juste à côté, un peu à l'est). Thomas rentrera dimanche, Amélie un peu plus tard car elle continuera sa mission d'évaluation de projet à Mopti.

 

Pendant cette période, nous n'aurons pas d'accès à Internet : pas d'inquiétude à avoir, tout va bien !

 

En rentrant on aura encore plein de choses à vous raconter qui s'ajouteront à toutes celles que l'on vous doit déjà - et, promis, on répondra à tous nos mails en retard...

 

A très bientôt !

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sam.

09

janv.

2010

Ségou, la ville aux multiples qualificatifs

A trois heures de route de Bamako (240 kms), Ségou est le lieu idéal pour passer quelques jours au calme.  Première impression : tranquillité et verdure. Nous sommes entrés dans la ville par l’ancien goudron, bordé de part et d’autre par les bâtiments du quartier administratif, de style néo-soudanais, à l’ombre des caïlcédrats. A quelques mètres du goudron, le Niger, somptueux, déroule ses eaux…

 

Partout des arbres, et notamment les fameux balanzans à l’origine du surnom de « Cité des balanzans » ; d’après la légende, la ville compterait 4444 de ces arbres épineux de la famille des acacias, qui perdent leurs feuilles en saison des pluies, plus un qui, contrairement aux autres, serait bossu et dont nul ne connaîtrait l’emplacement. L’histoire des 4444 plus 1 remonte à l'époque du royaume bambara (cf. ci-dessous) : 4000 pour le nombre de membres de l’armée, composée de tous les hommes de 20 à 50 ans ; 400 pour les soldats de métier encadrant cette armés ; 40 pour les provinces du royaume de Ségou et de son allié Saro ; 4 pour le roi, sa famille, ses courtisans et sa garde. Le balanzan bossu représentait le conseil occulte du roi, véritable support du pouvoir à Ségou.

 

Pour nos deux jours à Ségou, nous avons choisi d’être hébergés non dans un hôtel, mais dans une famille ségovienne, la famille Coulibaly. Il faut dire que les Coulibaly (de Kulun-Bali – « sans pirogue » en bambara) sont légion, ici à Ségou. C’est d’ailleurs un certain Biton Coulibaly – de son vrai nom Mamary Coulibaly - qui fera de la ville la capitale de son royaume fondé en 1712, connu comme le « royaume Bambara de Ségou » et s’étendant de Bamako à Tombouctou. Nommé chef de « Ton » (c'est-à-dire une association regroupant des jeunes gens d’une même classe d’âge – ces associations existent dans quasiment toutes les ethnies du Mali, sous différents noms), après avoir été désigné trois fois lors d’un tirage au sort par un ancêtre aveugle, Biton Coulibaly conquiert les villages environnants et assoit son pouvoir grâce aux tons, dont il fait une véritable armée de métier, et à la flotte de guerre sur le Niger qu’il crée en alliance avec les Somono, une ethnie de pêcheurs.

Oumar Tall
Oumar Tall

Après sa mort en 1755, le royaume traversera différentes crises jusqu’à être renversé par El Hadj Oumar Tall le 10 mars 1861. C’est à cette époque que se perdit la tradition animiste dans la région de Ségou : après avoir détruit les fétiches protecteurs du royaume, Oumar Tall et son fils Ahmadou diffusent, comme ailleurs au Mali, l’islam qui est aujourd’hui pratiqué par la très grande majorité de la population. Une grande mosquée, pouvant accueillir 3300 fidèles, a d’ailleurs été construite en 2007 grâce à un financement libyen – pays très présent au Mali, nous en reparlerons - à travers l’Association Mondiale pour l’Appel Islamique (environ 1,5 milliard de FCFA).

Revenons à notre famille d’accueil. En l’occurrence, Zanke, le chef de famille, maçon de profession, a décidé il y a un an à peine de se lancer dans l’hébergement. Il accueille, face au fleuve, les visiteurs dans sa maison construite en banco rouge (car la terre est un matériau très présent à Ségou, de ce fameux banco rouge aux célèbres poteries de Ségou, fabriquées au village des potières sur l’autre rive du fleuve, village que nous avons visité… on en reparlera aussi !). Convivialité, calme et partage sont au rendez-vous ; repas cuisinés par la maman, soirée en famille dans la cour, discussions autour du thé, rencontre d’autres visiteurs… De vrais moments d'un bonheur tout simple...

Après les balanzans, les poteries et le banco rouge, Ségou est encore la ville du bogolan. En fait, cette technique de teinture  est également utilisée ailleurs au Mali, mais Ségou compte plusieurs ateliers de fabrication de bogolan dont certains ouvrent leurs portes au public, qui peut en suivre les différentes étapes. Ce que nous avons fait avec beaucoup d’intérêt (un autre article à venir !).

 

Et aussi, une agréable balade en pirogue sur le Niger, une tentative ratée de sortie dans un maquis (après avoir tourné dans la ville pour le trouver, déception : deux péquins dans une salle vide, nous avons rebroussé chemin), la visite du centre d’art africain Bajidala qui présentait une intéressante exposition sur les fétiches : réflexion sur cette notion de fétiche, soulignant le regard tout à la fois ignorant et méprisant porté par le monde occidental sur ces objets qualifiés de « primitifs », regard paradoxal lorsqu’on le confronte au rapport de nos sociétés aux objets de luxe et aux marques, par exemple…

 

On n’a pas eu le temps de tout voir… On y retournerait bien !

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lun.

04

janv.

2010

A l'intérieur du Mali

Comme annoncé dans un précédent billet, nous avons mis à profit le récent séjour de la famille de Thomas pour visiter l’intérieur du Mali. En 10 jours, nous n’avions pas suffisamment de temps pour aller très loin (par exemple au pays dogon). Nous avons préféré restreindre nos pérégrinations à un périmètre relativement proche de Bamako, que nous avons quittée d’abord pour Ségou (3 heures de route), puis Teriya Bugu (à 2 heures de route / piste de Ségou) et enfin Koutiala (5 heures de route depuis Bamako), où habite notre ami Kalifa. La carte ci-dessous vous aidera à mieux vous repérer…

 

En attendant de vous raconter de manière plus détaillée ces quelques jours, nous tenions à vous souhaiter à tous une très belle année 2010… A bientôt !

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ven.

27

nov.

2009

Sélingué

Nous avons à nouveau décidé de quitter Bamako il y a 15 jours. Cette fois, direction Sélingué, à 140 kilomètres au sud de Bamako. Départ en voiture le vendredi soir avec deux collègues d’Amélie. Nous avons réservé deux chambres dans un hôtel « écologique et convivial » recommandé par notre guide, nous réjouissant par avance de profiter de la piscine des lieux. Le trajet de deux heures sur une bonne route, bercé par RFI et une cassette de chants religieux africains, ne nous permet pas de voir grand’ chose : la nuit très noire s’étend sur la campagne alentour, tout au plus devine-t-on les villages traversés. Après quelques difficultés pour trouver l’hôtel à l’arrivée, une ou deux pancartes stratégiques manquant sur le trajet, nous sommes accueillis par le cuisinier, qui nous installe dans les chambres, simples mais agréables. Seul petit souci : le robinet de douche des collègues d'Amélie ne se referme plus… Du coup, le gérant décide de couper l’eau dans notre « bloc » de chambres et de nous faire déménager, après le dîner, dans l’autre « bloc ».

 

Dîner, prise de possession des lieux : un grand jardin calme, la piscine au fond, repos en perspective ! Petite inquiétude tout de même, un « truc » non identifié a bougé dans l’eau… On verra demain à la lumière du jour ! Un peu fatigués, nous nous apprêtons à déménager mais le cuisinier nous explique que pour nous, ce n’est pas la peine, il va faire une « petite » réparation dans la douche voisine et remettra l’eau ensuite… Trois quart d’heure plus tard, en désespoir de cause, nous finissons par nous coucher toujours sans eau, la « petite réparation » n’étant pas encore terminée. Et le lendemain matin… nous sommes réveillés à 7.00 tapantes par des coups de marteau dans le mur voisin : suite et fin de la réparation… Heureusement, ça ne dure pas longtemps et nous nous rendormons facilement.

 

Au petit déjeuner, Amélie, qui n’a pas vraiment récupéré, traverse un moment de découragement : sur la table, pas de thé ni de confiture, simplement café beurre (qui la connaît sait qu’elle ne boit pas de café et ne mange pas de beurre sur ses tartines !), et une mauvaise nouvelle : la piscine est impraticable… Eh oui, le filtre ne fonctionne plus depuis 3 mois, car des câbles ont été endommagés par un orage ; l’hôtel court après Electricité du Mali depuis tout ce temps pour qu’ils soient remplacés mais jusqu’ici, cela n’a pas payé !

La route au-dessus de la retenue d'eau (à gauche, la centrale hydroélectrique ; à droite, le lac !)
La route au-dessus de la retenue d'eau (à gauche, la centrale hydroélectrique ; à droite, le lac !)

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, nous prenons la voiture pour aller découvrir les alentours. Au programme : le barrage, le lac et les villages bozo autour du lac (les Bozos sont une ethnie de pêcheurs). Après la traversée de Sélingué ville, calme et tranquille, avec ses échoppes le long du goudron, la route continue au milieu des rizières pour arriver directement à la retenue d’eau. Le barrage hydroélectrique, construit en 1978 sur la Sankarani (affluent du Niger), produit environ 30% de l’électricité malienne (puissance de 46 MW) et alimente notamment les villes de Bamako et Koulikoro. Dans la mesure où nous nous sommes sagement conformés à l’interdiction officielle de photographier le barrage, il faudra vous contenter de la vue aérienne depuis google maps, à laquelle nous joignons tout de même une photo de près trouvée sur un autre site. Le lac quant à lui est vraiment immense, avec ses 409 kilomètres carrés d’eau. Outre les ressources halieutiques exploitées par les pêcheurs Bozo, il facilite la riziculture au sein de l’Office du développement rural de Sélingué (mise en place de périmètres aménagés, etc).

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Une fois sur l’autre rive, nous décidons d’aller visiter le Woloni, structure hôtelière située les pieds dans l’eau. L’endroit est vraiment agréable, conçu par un ardéchois d’origine, qui a posé ses valises ici après avoir ouvert puis revendu d’autres structures du même type au Burkina et ailleurs au Mali. Après avoir passé un moment sympathique dans le salon / restaurant sur pilotis et visité l’une des chambres-cases, nous repassons le barrage et nous dirigeons vers un des villages bozo dont le gérant de l’hôtel a parlé. Contrairement aux habitations bamakoises et même à celles de Baguinéda, les constructions sont ici fréquemment en banco (plus d’infos sur la construction en terre dans notre article sur ce sujet), et rondes. On parvient souvent à reconnaître les revenus d’une famille à sa maison : les familles les plus nécessiteuses vivent dans des maisons en banco au toit de paille ; lorsqu’elles sont plus aisées, la tôle remplace la paille ; les familles plus riches font construire en ciment et tôle…

 

Arrivés dans le village, nous nous arrêtons au port. Ce dernier, réalisé dans le cadre d’un vaste projet de développement des ressources halieutiques financé par un prêt de 5,2 millions de dollars octroyé par la banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), doit comprendre à terme une rampe d’accostage, une esplanade de nettoyage du poisson, une chambre froide et une unité de production de glace, un centre de nettoyage, de tri et de conditionnement du poisson et une unité de fumage et de séchage du poisson. Nous n’avons pour notre part vu qu’une assez grande esplanade en béton, jouxtant un hangar en béton lui aussi, sommairement aménagé pour le nettoyage et le conditionnement du poisson, et un peu plus loin, ce qui devait être la chambre froide / unité de production de glace. L’ensemble n’est pas encore en fonction : aucune débarquement ni traitement de poisson, aucune vente ; seuls des enfants jouent dans l’eau, quelques jeunes filles lavent le linge, un piroguier transfère des rondins de bois d’une pirogue joliment peinte à une autre (il nous explique que ce bois servira à fabriquer les figures de proue / poupe de sa pirogue).

Les collègues d'Amélie restent sous le hangar, et nous en profitons pour aller découvrir, à deux pas, le marché traditionnel de poisson, formé de petits étals abrités sous des cabanes en bois. A la vente, beaucoup de friture. Comme toujours, les gens sont très gentils, nous saluent, on discute quelques minutes… Mais nous ne sommes pas très à l’aise : l’arrivée en voiture nous rend difficile le contact avec les gens car nous avons l’impression de faire partie de ces touristes en 4x4 qui s’extasient 10 minutes sur un endroit avant de vite repartir pour le prochain arrêt de leur tour organisé ; de surcroît les collègues nous attendent, nous ne disposons donc pas du temps nécessaire pour prendre le temps comme nous le souhaiterions… Nous rejoignons donc rapidement nos compagnons, qui discutent de la pêche locale : malheureusement, les alevins pris dans les filets ne sont la plupart du temps pas relâchés, ce qui risque évidemment à terme de poser le problème de l’extinction des poissons vivant dans le lac. Des instructions sont pourtant données dans l’objectif de sauvegarder les espèces (contrôle des équipements de pêche  et du respect des saisons de pêche notamment). La question est celle de l’efficacité de ces instructions et de la réalité des contrôles… Certains problèmes sont universels !

 

Après cette excursion, retour à l’hôtel, déjeuner / goûter de bananes, repos, lecture dans le jardin. Puis nous décidons tous les deux d’aller nous promener dans Sélingué ville. Plus tôt en voiture, nous sommes passés devant un bâtiment abritant le « projet d’extraction de gaz à effet de serre ». Thomas est évidemment très intéressé, mais une fois devant le bâtiment, nous nous rendons compte que manifestement, le projet a déménagé : une famille vit ici au grand complet. Nous posons tout de même la question ; du coup tous les enfants de la maison sortent pour voir ces toubabs qui se sont arrêtés pour discuter avec leur mère. Dialogue franco-bambara-gestuel : notre intuition est confirmée, le projet n’existe en fait plus du tout sur Sélingué… Après avoir salué, nous reprenons notre paisible balade : quelques chèvres, des enfants, les salutations habituelles, une discussion avec des vendeuses de fruits et légumes, puis un quart d’heure passé avec des footballeurs en herbe qui nous invitent à les regarder… Et retour à l’hôtel pour une soirée au calme avec nos amis, devant un bon poulet grillé et le match Irlande France (dire qu’il faut que nous soyions au Mali pour regarder les matchs de foot !).

Le lendemain matin, après un petit déjeuner au soleil (le luxe en plein mois de novembre, héhé), nous quittons l’hôtel. Nous découvrons les rizières et autres plantations voisines (bananes, papayes, …) en voiture. Puis, direction le Woloni, à nouveau, où nous avons décidé de tester la cuisine. L’apéro au calme sur le lac est suivi d’un excellent déjeuner (méchoui d’agneau, gratin de pommes de terre fondant à souhait et gratin de papaye). Nous pensions ensuite profiter du début d’après-midi pour une baignade dans le lac ou dans la piscine… Ca ne sera malheureusement pas possible, les collègues d'Amélie souhaitant manifestement ne pas rentrer trop tard à Bamako. C’est à regret que nous abandonnons les lieux et reprenons la route vers la capitale…

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jeu.

12

nov.

2009

Une journée à Baguineda

NB: comme d'habitude, vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir. Par ailleurs, on nous a signalé un problème d'accès aux commentaires depuis la page d'accueil du blog. Nous allons essayer d'y remédier :) (mais vous pouvez toujours accéder à ces commentaires depuis la page de chaque article, après avoir cliqué sur le titre !).

La pollution et le vacarme bamakois commençant à devenir fatigants, nous avions décidé le week-end passé de sortir de la capitale pour aller prendre l’air, sur une journée. Sur les conseils de l’équipe d'Amélie, nous avons opté pour la ville de Baguinéda, à une vingtaine de kilomètres de Bamako.

 

A 8.30, nous attendons sur le deuxième « goudron » derrière chez nous que passe un Sotrama assurant la liaison avec Baguinéda. A peine deux minutes plus tard, nous sommes installés, après avoir sauté à l’intérieur et salué les autres voyageurs qui, comme souvent, nous ont demandé notre prénom (toro) et notre nom (jaamu) bambara (ici, c’est une habitude que de donner à des étrangers un jaamu bamanan : nous n’y avons pas échappé et avons été rebaptisés Keïta (pour Thomas) et Diarra (pour Amélie)). Trajet d’une heure et demi environ, accompagné par la litanie de l’apprenti (« Faladjé Yirimadjo Baguinéda Baguinéda camp ») qui cherche à attirer le maximum de clients, et rythmé par les nombreux arrêts précisément pour faire monter lesdits clients.

 

A l’arrivée, le Sotrama s’arrête au niveau du marché. Baguineda est une petite ville, coupée en deux par la route ; elle se situe à 3 kilomètres du Niger, au sein d’un périmètre irrigué géré par l’OPIB (Office du périmètre irrigué de Baguinéda). On y cultive principalement du riz, mais également des produits maraîchers. Le fleuve sert en outre de carrière d’extraction de sable.

Dans un premier temps, direction les champs de riz, avec pour objectif d’arriver jusqu’au fleuve. Nous traversons donc une partie de la ville : sur le bord de la route, des bâtiments officiels et des maisons plutôt cossues. Atmosphère tranquille, les gens sont aimables et nous saluent tous, sans nous solliciter pour autant. Après être passés sous l’ombre des manguiers qui jouxtent la ville et traversé le canal, nous voilà sur le chemin qui va vers le fleuve en coupant à travers les rizières ; grand soleil, et déjà il fait très chaud. Thomas regrette de n’avoir pas encore de casquette… Des enfants (aux T shirts improbables, annonçant « ATT, un Mali qui gagne », ou « Dieu vous bénisse ») pêchent des petits poissons dans les canaux ou jouent dans l’eau – ça fait envie ! Un groupe de jeunes hommes fauchant les pousses de riz à la faucille nous invite à les rejoindre et nous fait essayer. Couper quelques pousses n’est pas trop difficile, mais n’a rien à voir avec faucher un champ entier, à demi-courbé sous un soleil de plomb… Après cet intermède, nous repartons, mais sommes rapidement bloqués par l’eau : les terres deviennent marécageuses, nous nous enfonçons et préférons donc rebrousser chemin.

 

Retour à Baguinéda. Nous nous dirigeons vers le marché, dont nous faisons assez rapidement le tour. Nous décidons alors de nous mettre en quête du restaurant que l’équipe du Bice nous a indiqué, car c’est bientôt l’heure du déjeuner. Nous remontons donc la route, et nous faisons alors héler par un homme assis avec ses amis devant la « station essence » de la ville. Ils nous invitent à prendre le thé ! Nous acceptons avec plaisir l’invitation. Il y a là Moussa, qui a pris l’initiative de nous inviter ; transporteur routier de son état, après avoir travaillé pendant plusieurs années dans des usines, il est établi à Baguinéda avec sa femme et leur petite fille de 3 mois. Le patron de la station essence s’appelle quant à lui Jacky ; le troisième compère est Youssouf, d’origine togolaise, lui aussi transporteur, qui vient d’avoir des jumeaux avec sa femme malienne (il a également une femme au Togo). On discute, et on apprend de nouveaux mots bambara en prenant le premier thé ; puis surgit un plat de riz au gras, et nous sommes invités à déjeuner. Les trois nous offrent également de l’eau, du muguji (c’est une boisson à base de poudre de mil et de banane, très agréable à boire), de la pastèque… Royal ! L’hospitalité malienne ne se dément pas. Après le déjeuner, Moussa nous emmène dans la concession familiale, très fier de nous montrer sa fille. Nous rencontrons donc la famille, qui veut à nouveau nous inviter à déjeuner… invitation que nous sommes obligés de décliner car nous ne pouvons décemment plus rien avaler !

 

Moussa, à qui nous avons raconté l’échec de notre tentative de voir le fleuve, veut nous y emmener. Mais pas n’importe où, ni n’importe comment : en camion, pour aller voir la carrière de sable. Nous attendons donc qu’un camion passe devant la station ; c’est chose faite après quelques minutes d’attente. Amélie monte dans la cabine, Thomas à l’arrière dans la benne, mais nous devons redescendre presqu’aussitôt : un pneu est crevé, il faut le changer. Pendant ce temps, débarque d’un Sotrama un homme chargé d’énormes baluchons : il a acheté des vêtements sur le marché de Bamako et vient les vendre ici, à Baguinéda. Il y a des T-shirts, des pantalons, et surtout une cargaison de manteaux et doudounes d’hiver (vendus 1500 FCFA – 2,5 euros). Le tout datant des années 80, évidemment ! C’est la ruée : chacun y va de son essayage. Un peu surprise, Amélie demande à Moussa pourquoi tout le monde tient à avoir une doudoune ; c’est très simple : « en novembre, décembre, janvier, ici il fait très très froid ! ». Euh… Très très froid, c’est combien de degrés ? « 25, 26 degrés »… Quand nous leur disons qu’en France, en ce moment il fait une dizaine de degrés, ils ont peine à nous croire !

Le pneu du camion a été changé. Nous reprenons nos places, et partons en direction du fleuve. Le trajet de 3 kilomètres dure une vingtaine de minutes, car la route est très accidentée. Nous en profitons pour admirer la campagne environnante sous un autre angle. La « carrière » se dévoile enfin, et c’est un monde à part entière. Ici, les femmes font la cuisine et vendent des aliments sous des abris de bois et de branchages ; les hommes quant à eux exploitent la carrière. D’abord, ils partent à plusieurs sur une pirogue au milieu du fleuve ; l’un d’eux plonge en apnée, les autres remontent le sable, jusqu’à ce que la pirogue soit pleine. Ils reviennent alors à terre et déchargent le sable deux par deux. Puis intervient l’étape du tamisage pour séparer sable et graviers. Enfin, le sable est transporté à la pelle dans les camions. Point de machines ni d’automatisation : ici tout se fait à la force du poignet ! Et le travail est très physique, 6 jours sur 7, de 8 heures à 18 heures… Nous sommes invités à essayer, et relevons le défi, à la surprise et à la joie des travailleurs : Thomas se sort très honorablement de l’épreuve de déchargement du sable, Amélie a plus de mal avec le chargement à la pelle des camions…

 

Un peu plus loin, l’atelier de fabrication / réparation des pirogues. A titre de repère, une pirogue neuve, en bois, coûte 275 000 FCFA (420 euros)…

 

Après ce petit tour, nous revenons vers la ville, toujours en camion. Discussions et repos à nouveau, puis c’est l’heure du départ car nous commençons à être fatigués. Après avoir salué nos nouveaux amis et promis de revenir, très heureux de cette belle journée, nous sautons à nouveau dans un Sotrama, direction Bamako… Du calme, de l’air pur, du soleil, du riz, de l’eau, du sable, du labeur, de la sueur, de l’amitié.

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