Sorties bamakoises

Bamako sous la pluie, 20 degrés, incroyable ! Voilà qui a fait dire à Amélie qu’à quelques détails près, on pourrait se croire en Picardie… En tous cas, nous mettons à profit cette fraîche journée pour vous relater nos dernières sorties, très différentes les unes des autres, dans la capitale.

 

La maison des artisans

 

En plein centre de Bamako, imaginez un grand marché couvert dans les dédales duquel on se perd, formé de galeries et de petites cours intérieures où travaillent, sous nos yeux, certains des artisans. Multitude de boutiques regroupées plus ou moins par cœur de métier : les métiers du cuir, le quartier des instruments de musique, celui des bijoux, des tissus, des sculptures et masques… Il y en a dans tous les sens, de toutes les couleurs, pour tous les goûts, et souvent ce sont réellement de très jolis objets.

 

Nous ne voulions rien acheter, juste découvrir… Nous avons réussi à tenir le pari, mais à quel prix ! Eh oui, le problème à Bamako, c’est qu’on est vite repérés : blancs, donc touristes, donc argent, donc pluie de sollicitations : « entrez dans ma boutique, venez voir mes articles, j’ai des statues du pays dogon, des colliers, des tissus, c’est fabriqué localement ! Même si vous n’achetez pas, venez, plaisir des yeux ! ». Ah, le plaisir des yeux… Nous avons cédé à deux ou trois reprises, difficile de faire autrement. Evidemment, une fois à l’intérieur, on sent la pointe de déception du vendeur lorsque l’on repart les mains vides… Ca n’est pas toujours très agréable d’être perçu comme une bourse sur pattes et de ne pouvoir faire un pas tranquillement ; c’est surtout vite fatiguant. Aussi, la prochaine fois, nous irons découvrir l’autre marché artisanal de Bamako, apparemment moins touristique (on a dû voir 10 toubabs en une heure ! plus que depuis notre arrivée ici !) et plus tranquille.

Un n'goni
Un n'goni

Nous avons tout de même fait une rencontre sympathique, celle de Séverin, musicien de son état, originaire du Burkina, avec qui nous avons discuté un moment autour d’un n’goni (sorte de guitare à 3 cordes en l’occurrence, faite à partir d’une calebasse).

 

Et, à notre grande surprise (jamais personne ne nous a dit ça en Europe !), on nous a demandé à plusieurs reprises si nous étions frère et sœur ! Il paraît que nous nous ressemblons…

Soirée chez Fatoumata

 

Fatoumata est la fiancée d’Amadou (dont nous avons déjà parlé ici). Nous avons été invités à « faire la causette » chez ses parents, en compagnie d’Amadou. Après 20 minutes de mobylette, emmenés par Amadou et un de ses amis, nous arrivons chez Fatoumata, qui habite dans le quartier Kalabancoro ACI, au sud ouest de Bamako. Présentations aux parents, très accueillants, à Fatoumata elle-même (nous ne la connaissons pas encore), aux deux petites sœurs et aux deux jeunes domestiques, toutes quatre intimidées par le fait de nous saluer.

 

Puis nous (les 5 jeunes) nous installons dans la cour, autour d’une table basse installée sous un arbre. Nous sommes impressionnés par la propreté des lieux : ici, pas un papier qui traîne ! C’est la première fois que nous voyons une cour aussi nette. Et ça change vraiment tout… On discute tranquillement autour des biscuits et jus de fruit que nous avons apportés ; parfois la conversation se poursuit en bambara, alors nous profitons simplement du fait d’être assis là, au calme, dans le quotidien d’une famille bamakoise.

 

Cette fois encore, l’hospitalité malienne est fidèle à sa réputation : un grand plat de crudités, pommes de terre, œufs et poisson nous est servi. C’est délicieux, et très différent de la cuisine traditionnelle que nous mangeons habituellement. On savoure… Puis vient le thé, autour de discussions plus animées (le repas a permis de briser la glace !) : études des uns et des autres, souvenirs de Paris, système de santé malien, etc.  Et c'est déjà l’heure du départ, car tout le monde travaille tôt le lendemain. Alors que nous remercions pour l’accueil très chaleureux que nous avons reçu, nos remerciements nous sont retournés : c’est nous qui avons pris la peine de venir dîner ! Le monde à l’envers… Et une très bonne soirée à conserver dans nos souvenirs !

 

Le musée national

 

Dimanche dernier, nous avons décidé d’aller visiter le musée national du Mali, dont l’on nous avait dit beaucoup de bien. Nous n’avons pas été déçus ! [NB: vous pouvez cliquer sur les photos pour les agrandir!]

Le musée se situe sur la rive opposée du fleuve, dans le quartier des ministères, quasiment à la sortie de la ville. Beaucoup de verdure, un jardin qui doit offrir un lieu de promenade agréable en temps normal mais qui est actuellement en travaux, des bâtiments modernes (1982) s’inspirant de l’architecture traditionnelle du pays, personne d’autre que les gardiens et nous dans les salles (ça change des expos du Grand Palais !)… Et surtout une collection permanente riche et vraiment intéressante.

 

Elle se divise en trois expositions : la première est consacrée aux tissus maliens, du bogolan à l’indigo en passant par le basin et les couvertures en laine (on vous expliquera tout ça dans un article à venir, promis) ; la seconde, intitulée « Mali millénaire », présente le résultat de fouilles archéologiques menées dans les différentes régions du pays ; la troisième est consacrée aux masques et autres objets de rite dans les sociétés initiatiques (là aussi quelques explications en vue).

 

Les objets sont bien conservés et mis en valeur, les explications claires, on apprend beaucoup de choses. A ceux qui considèrent que l’Afrique n’est pas suffisamment entrée dans l’histoire, on pourrait conseiller de venir découvrir l’architecture tellem (11ème siècle), qui a su exploiter au mieux un milieu pourtant hostile, les superbes poteries de Djenné (9ème siècle), et plus généralement la richesse d’un patrimoine qui demeure largement ignoré… Ou pillé, au contraire ! Comme pour d’autres richesses africaines, certains indélicats n’hésitent pas à faire fi de la loi ; et l’on lit sur de nombreux écriteaux du musée que l’objet présenté a été « restitué » par les douanes françaises… D’ailleurs, au détour d’une allée, on trouve une statuette en terre cuite… « offerte » par Jacques Chirac ! Il s’agit en fait d’un objet issu du pillage, illégalement exporté hors du Mali et offert à notre ancien président pour un de ses anniversaires. Mis au courant de son origine douteuse, il en a alors, et c’est tout à son honneur, fait cadeau au Musée.

 

A la sortie, nous profitons de la boutique du musée pour acheter enfin notre dictionnaire Français bambara, la méthode associée, rédigée par le Père Bailleul, et ses 4 CD. Si avec tout ça nous ne progressons pas…

 

Sortie dans un maquis

 

Susanne et Félix, nos amis allemands, sont revenus de leur périple à l’intérieur du pays. Samedi soir, Susanne nous emmène à Badalabougou, l’un des deux quartiers festifs de Bamako, tout proche de chez nous. En fait de quartier, il s’agit plutôt d’une rue, bordée de part et d’autre de bars, de discothèques et de « maquis ». Les maquis sont des lieux où l’on peut écouter de la musique et danser, tout en buvant une bière et/ou en mangeant. A la fois restaurant et « bar dansant » donc.

 

Nous choisissons tout d’abord le « Koud’frein », plus calme que les autres car la salle de danse (entrée payante) est séparée de la partie bar / restaurant. Nous en profitons pour discuter autour d’une bouteille de Castel, la bière locale (plutôt agréable !), aux sons de Khaled, Ricky Martin et autres morceaux occidentaux sans grand intérêt. Pas mal de toubabs dans la rue et dans le maquis ; du coup on a l’impression de passer inaperçus, et pour une fois, c’est plutôt agréable.

 

Puis nous décidons de changer d’ambiance, et d’atterrir cette fois dans un vrai maquis malien. Nous nous attablons dans le jardin, à une table Castel sur laquelle, détail incongru, sont inscrites des citations de St Simon, d’où nous observons les quelques danseurs. L’atmosphère est plus animée qu’au Koud’frein, la musique africaine change tout de suite l’ambiance !

 

Nous sommes étonnés de ne voir quasiment que des hommes : Susanne nous explique qu’ici, les seules femmes que l’on rencontre dans ce genre d’endroit et à cette heure-ci sont soit des jeunes femmes non mariées, soit des prostituées (que l’on remarque vite ! les décolletés en particulier sont … majestueux ? renversants ? hallucinants ?...). Les femmes mariées ne sortent pas, si ce n’est pour boire le thé avec leurs amies...

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Commentaires: 4
  • #1

    H. (lundi, 02 novembre 2009 00:08)

    Salut "Nicolas et Pimprenelle"

    Je vous rassure vous ne faites pas "brother and sister".
    Mais je pense qu'il en est pour eux comme pour nous; la non habitude de voir des "traits étrangers" dans leur vie de tous les jours, comme pour nous avec les noirs et encore plus les asiatiques, fait que tous les toubabs se ressemblent.

    Sinon,vous êtes mures pour être correspondants du guide du routard.
    Vrai si je m'écoutais je passe demain en agence et je prend l'avion.

    P.S.
    T. quand A. voit la picardie c'est qu'il est temps de lui offrir une ombrelle ou un grand chapeau. (Et quand elle verra les ortillonages c'est un grand verre d'eau glacée à placer sur le frond.)

    ;-)

  • #2

    chris (mardi, 03 novembre 2009 13:24)

    Elle est de qui l'observation sur les décolletés?

    Assez d'accord avec H. la Picardie doit être très loin et la tête d'A. peut être un peu trop exposée...

  • #3

    Tom et Amélie (mardi, 03 novembre 2009 15:24)

    L'observation sur les décolletés est commune: c'est un constat parfaitement objectif!

    Rassurez-vous en tous cas: la tête d'Amélie va bien (et elle ne délirait pas ce jour-là à cause du soleil... puisque précisément il pleuvait :))

  • #4

    Zack (jeudi, 19 juillet 2012 05:28)

    good post