sam.

12

déc.

2009

Hiver à Bamako

L’hiver s’est déclaré en Europe… Ici aussi ! L’harmattan, ce vent froid venu du Nord, souffle sur Bamako depuis deux jours, charriant d’innombrables particules de poussière rouge qui s’insinuent dans le moindre interstice, même fenêtres fermées… Le matin, tout le monde arrive au travail emmitouflé dans des châles, des pulls, des gants… Drôle d’ambiance ! Cela n’empêche pas le thermomètre de dépasser allègrement les 30 degrés dans l’après-midi…

 

Nous voilà en effet arrivés dans la saison froide, qui s’étend ici de décembre à février. Ensuite, les températures remontent en mars, avril, juin, pour la saison chaude (le mois d’avril est, paraît-il, terrible !). Puis de juillet à septembre, la saison des pluies vient abreuver les terres desséchées, remplir le lit du Niger, faire pousser la végétation… Octobre et novembre sont quant à eux les mois de la « petite saison chaude » (on l’a sentie passer à notre arrivée !), marqués encore par quelques pluies orageuses rafraîchissantes. Et c’est ensuite reparti pour un tour…

 

Les 16 à 17 degrés matinaux actuels sembleront sans doute très agréables à la plupart de nos lecteurs subissant les rigueurs de l’hiver européen. Mais ici, ils sont véritablement ressentis comme froids, même par nous qui ne sommes là que depuis 2 mois et demi (notre organisme s’est habitué) ; sensation d’autant augmentée par les variations de température quotidiennes (imaginez-vous subir les mêmes en France…).

 

En réalité, il ne s’agit pas que d’une sensation ; pour preuve, les rhumes, bronchites et grippes sont légion en ce moment (pour le moment pas entendu parler de cas de H1N1 :-) ). Plus grave, les particules de poussière et de sable véhiculées par l’harmattan amplifient les infections de méningite à méningocoque observées dans les pays sahéliens (zone encore appelée « la ceinture de la méningite » par les scientifiques). D’après les chercheurs de l’IRD : « Durant cette période, les particules de poussière [que l’harmattan] transporte combinées au rafraîchissement des nuits favorisent les infections des voies respiratoires. La muqueuse nasale des habitants de la zone sahélienne ainsi fragilisée, le risque de méningite augmente de manière significative au sein de la population ». Et plus le vent souffle fort, plus le risque s’accroît… A noter à cet égard que les effets du changement climatique sur la santé humaine sont un des éléments discutés et pris en considération dans le cadre des actuelles négociations à Copenhague.

 

L'incidence moyenne de la maladie dans la ceinture de la méningite s'élève à 100-800 nouveaux cas pour 100 000 habitants (à comparer  à celle de la France, inférieure à 1 pour 100 000). Evidemment ici, les vaccins les plus récents, qui couvrent les différentes souches de la maladie, ont un « prix élevé et une disponibilité limitée » ; en outre les enfants de moins de 2 ans ne peuvent être vaccinés car ils ne peuvent fabriquer les anticorps adaptés… D’où des campagnes de vaccination de masse limitées aux phases épidémiques, dans les zones touchées et les zones voisines. D’après l’OMS, si une telle campagne est menée rapidement, 70% des cas peuvent être évités. Restent 30%...

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dim.

18

oct.

2009

Meilleure santé !

Nous n'avons pas été très prolixes cette semaine. C'est que nos plans ont été quelque peu bouleversés par une petite mésaventure... Un petit flash back sur les journées de mercredi et jeudi s'impose donc pour narrer cette expérience certes désagréable, mais finalement banale pour des toubabous en Afrique.

 

Mercredi matin, très tôt vers 3h du matin, j'ai (Thomas) commencé à avoir un très fort mal de ventre, rapidement accompagné de problèmes digestifs (je vous laisse imaginer :)). J'ai tout de même décidé d'aller à mon travail, en pensant que les douleurs passeraient rapidement, et surtout dans l'espoir de rencontrer mon chef de service, rentré depuis le lundi... Finalement, comme les jours précédents, mon entrevue avec le chef de service a été reportée au lendemain ; mon mal de ventre s'était accentué, j'ai préféré rentrer vers 13h pour me reposer. J'ai rapidement constaté que j'avais de la fièvre, malgré un Doliprane pris quelques heures auparavant. Puis des courbatures, mal de tête, troubles de la vision sont arrivés progressivement...

 

Tous ces sympathiques symptômes pouvant être ceux du paludisme, nous commençons vraiment à nous inquiéter. 15h, nous décidons avec Amélie de nous rendre immédiatement au centre de santé situé à côté de chez nous, après avoir prévenu les collègues d'Amélie qui me souhaitent tous « meilleure santé ».

 

Le centre de santé de référence de la commune V est une annexe décentralisée de l'hôpital public (Bamako est découpée en 6 communes). Les locaux sont exigus, partiellement délabrés, ça ne sent pas très bon, les gens rentrent et sortent (on assiste même à une altercation entre un médecin et un couple en bambara), la propreté douteuse... Mais nous sommes « pris en charge » assez vite. Prise en charge est un bien grand mot: après que je lui ai expliqué mes symptômes et qu'il a pris ma température, l'interne prescrit un « test de la goutte épaisse », qui permet de savoir si on a le palu ou pas; nous devons trouver seuls le laboratoire qui effectue le test (qui prend une demi-heure et coûte 750 Fcfa (1,1€)) ; et patienter à l'extérieur, en pleine chaleur (mais tout de même à l'ombre) avant d'avoir les résultats et d'être redirigés vers le premier médecin.

 

Lequel rend son verdict : j'ai le palu et il est développé à un niveau élevé. Un traitement de cheval m'est prescrit. Peu inspirés par l'idée de rester ici, nous décidons de rentrer à l'appartement et d'appeler notre assurance; pour pouvoir être couverts il faut en effet la prévenir préalablement à toute démarche; nous espérons aussi qu'elle pourra nous rediriger vers un meilleur hôpital... Bizarrement, quand la santé est en jeu, on a une très pressante envie de retrouver des standards occidentaux! Cela ne nous empêche pas de penser à tous ces hommes et femmes qui sont ici et n'iront pas ailleurs, eux, faute de moyens. Rien ne justifie a priori que je puisse être mieux soigné qu'eux ...

J'enrage : pourquoi n'avoir pas réagi plus tôt, dès les 1ers symptômes ? Je suis dégoûté : nous ne sommes arrivés qu'il y a 15 jours, j'ai donc dû être contaminé dès les premiers jours (le parasite se développe au bout de 7 jours à plusieurs semaines à compter de la piqûre du moustique infecté). Je ne comprends pas: nous avons été très précautionneux et je n'ai pas le souvenir d'une piqûre... Je joue vraiment de malchance... Je n'ai pas envie d'avoir le palu ; mais c'est trop tard.

 

En arrivant à l'appartement, j'avale en urgence un cachet de Malarone, qui ne suffira pas à me guérir mais peut ralentir la progression du palu. Je me recouche : malgré l'air à 35°C, un duvet de montagne conçu pour aller jusque 0°C suffit à peine à me réchauffer. La fièvre est forte. Je fantasme, m'imaginant des complications dues au palu, un rapatriement sanitaire... Amélie s'occupe des démarches avec l'assurance ; après discussion avec un médecin, il nous est conseillé d'aller à la polyclinique Pasteur, avec laquelle ils ont des accords de paiement. Le temps de glisser le strict nécessaire dans un sac (change, eau, papier toilettes – eh oui, il n'y en a pas partout ici...), et nous y partons en taxi, au son des « meilleure santé » à nouveau lancés par les collègues d'Amélie.

 

17 heures : en arrivant à la clinique, nous sommes rassurés par le bon état des locaux ; et, luxe parmi le luxe, le médecin nous attend (prévenu par l'assurance). Nous sommes cette fois réellement pris en charge, et c'est un vrai soulagement. Le médecin doute du diagnostic établi par le centre de santé (espoir), fait refaire des tests (prise de sang), et les résultats montrent que je n'ai en réalité pas le palu (gros soulagement). Il s'agit en fait d'une gastro-entérite, probablement due à une intoxication alimentaire, doublée d'une légère déshydratation. Une perfusion avec antibiotiques, antalgiques et solution réhydratante permet de faire chuter rapidement la fièvre (après être montée largement au dessus de 40°C), et de diminuer les douleurs. Nous restons 24h à la clinique, le temps de stabiliser la situation, de faire une indigestion de TV (dans l'urgence, nous n'avions pas pensé à emmener de quoi nous distraire), de se faire souhaiter « meilleure santé » par tout le personnel médical, et de subir de nouveaux tests indiquant que tout semble rentré dans l'ordre. Nous sortons donc jeudi en fin d'après-midi, quittes pour une grosse frayeur.

 

En soi, cette expérience n'est pas très originale : tous les blancs sont un peu faibles ici, et je ne suis pas le seul à qui ce genre de désagrément est arrivé. Un peu de positif dans l'aventure: nous savons désormais où aller (et surtout ne pas aller) en cas de problème de santé ; nous savons comment fonctionne l'assurance ; mes défenses immunitaires doivent être un peu renforcées. Et puis nous avons à nouveau eu une preuve de la gentillesse des Maliens : tous ceux qui ont été avertis de mon problème de santé se sont inquiétés véritablement de mon état, loin de l'indifférence que l'on constate parfois chez nous. Meilleure santé !

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jeu.

21

mai

2009

Quelques nouvelles rapides du front « Préparation du voyage »…

1) Ca y est, nous sommes passés (samedi dernier) par l’étape douloureuse des vaccins. Nous avons donc passé la matinée au centre de vaccinations internationales de l’hôpital Saint-Louis, où un charmant médecin nous a expliqué toutes les précautions à prendre pendant notre périple, et où deux infirmiers tout aussi charmants ont pris nos épaules pour terrains de jeu (quatre injections chacun, deux dans chaque épaule, un vrai bonheur).

 

Petit tour d’horizon : nous sommes donc, ou serons très bientôt, vaccinés contre la fièvre jaune, la rage, l’hépatite A et B, la méningite à méningocoques et la fièvre typhoïde. En plus de tout ça, nous avons une belle ordonnance pour nous constituer une trousse de secours « minimale » : anti-paludéens, en curatif seulement, car pour un voyage aussi long il n’est pas conseillé de suivre un traitement préventif sur toute la durée, eu égard aux effets secondaires ; en conséquence on met le paquet sur les répulsifs et moustiquaires, anti-vomitif, anti-diarrhéique, antibiotique, et autres pansements, compresses, seringues, Doliprane, etc.

 

Ouf.

 

2) Plus joyeux, j’ai fêté il y a quinze jours, au cours d’un week-end mémorable au fin fond du Finistère, mon quart de siècle, entourée par ceux des amis qui ont pu faire le déplacement. A priori, rien à voir avec le voyage…

 

Sauf que, évidemment, cette joyeuse troupe a eu l’excellente idée de m’offrir des cadeaux sur le thème « Afrique : introuvable là-bas / nécessaire là-bas », soigneusement rangés dans une caisse « camouflage ». Recensement :

 

1. une bouteille d’Insect Ecran ;

2. de la crème solaire indice 50 (nécessité absolue vu ma peau) ;

3. un gros tube de Biafine (idem) ;

4. un porte-clé répulsif anti-moustiques par ultrasons ;

5. un chargeur solaire ;

6. le guide Petit Futé du Mali ;

7. The natural guide sur le Mali ;

8. des bananes Haribo (et oui, on ne se refait pas), avec une spéciale dédicace : « à défaut d’avoir la frite, faudra avoir la banane » ;

9. une bouteille de Chardonnay (idem) ;

10. des chewing-gum / dédicace : « A ouvrir si besoin de fraîcheur… de vivre ! »;

11. clin d’œil humoristique : un Savane ;

12. un réveil Culbuto de chez Nature et découvertes ;

13. un livre de cuisine d’Afrique noire ;

14. un Aspivenin ;

15. un adaptateur ;

16. un CD de musique malienne ;

17. une bouteille de Clinogel ;

18. le livre Paris vu du ciel de Yann Arthus-Bertrand ;

19. Paroles d’Afrique, aux éditions Albin Michel.

 

Si avec tout ça, on n’est pas parés… Merci à vous les amis ! :-)

 

Et puis, dans la série « cadeaux », en sus des guides qui nous ont été prêtés, ou offerts (Routard Afrique de l’Ouest, par les parents de Thomas), nous avons reçu les Petits Futés Ghana et Botswana en guise de cadeaux de Pâques par les miens. Notre collection s’agrandit de semaine en semaine ; ne manquent plus qu’Afrique du Sud, Togo et Bénin pour être au complet !

 

Amélie

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